Publié dans le n° 183 des Dossiers de l'allaitement, juin 2022.
D'après : Vitamin B12 deficiency : case report and review of literature. El Hasbaoui B et al. Pan Af Med J 2021 ; 38 : 237.
La carence en vitamine B12 est une cause rare et facile à traiter de stagnation staturo-pondérale et de retard du développement chez les jeunes enfants. Elle survient habituellement chez les enfants exclusivement allaités, dont la mère souffre elle-même de carence en vitamine B12 pour des causes variées. Le nouveau-né a un faible stock de cette vitamine et il en reçoit très peu via le lait maternel. Les manifestations cliniques débutent habituellement entre 2 et 12 mois. Les auteurs rapportent un tel cas.
Ce bébé de 10 mois a été amené à la consultation des auteurs en raison d’une hypotonie apparue progressivement, d’une pâleur et d’une stagnation pondérale. Il était né à terme avec un poids de 3 500 g, après une grossesse et un accouchement normaux. Il était exclusivement allaité. Sa mère était végétarienne depuis de nombreuses années. Son développement et sa croissance avaient été normaux jusqu’à 5-6 mois, puis le bébé a cessé de prendre du poids et il est devenu de moins en moins actif. À l’examen, il était pâle, léthargique, hypotonique, il ne souriait pas, ne suivait pas les objets des yeux. Il était incapable de s’asseoir, ne marchait pas à quatre pattes et ne vocalisait pas. Son poids était < au 3e percentile.
Le bilan biologique a constaté une anémie macrocytaire (taux d’hémoglobine à 6 g/dl, hématocrite à 21,3 %, volume globulaire moyen à 112 fl), une hypoalbuminémie à 23 mg/l. Le taux sérique de cobalamine était de 35 pg/ml (normale : 211-911 pg/ml). Les taux de folates, de fer et de ferritine étaient normaux, ainsi que le bilan urinaire. Le taux sérique maternel de vitamine B12 était bas. On a diagnostiqué chez cet enfant une carence en vitamine B12. La tomographie crânienne a constaté une atrophie cérébrale et un retard de la myélinisation. L’enfant a été traité par injections intra-musculaires de cobalamine 1 mg. 3 jours après la 1re injection, il souriait à nouveau et n’était plus léthargique ni hypotonique. Le bilan hématologique s’est amélioré pendant la 2e semaine du traitement, et son développement moteur et neurologique s’était significativement amélioré. Il avait retrouvé l’appétit. L’IRM crânienne effectuée 3 mois après le début du traitement a montré la disparition de l’atrophie cérébrale. Il a marché à 18 mois, moment auquel les injections de cobalamine ont été arrêtées.
La vitamine B12 est importante pour le développement cérébral, et sa carence peut induire des déficits neurologiques sévères et des anomalies du développement visibles à l’imagerie médicale. Il est donc très important de diagnostiquer le plus rapidement possible cette carence, car son impact neurologique ne sera que partiellement réversible à partir d’un certain stade. Les mères végétariennes et véganes doivent être informées du risque de carence et de son impact pendant la grossesse et l’allaitement, et leur statut pour cette vitamine devrait être recherché et corrigé si nécessaire.
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