Publié dans le n° 91 des Dossiers de l'allaitement, avril 2012.
Cas clinique présenté par Myriam Loreau, animatrice LLLF.
Environ 13 mois après la naissance de son quatrième enfant, cette mère a présenté une douleur très vive au poignet gauche. Elle a commencé par se donner du temps en pensant à un muscle froissé. Au bout d’une semaine, devant la persistance de la douleur, voire son aggravation ponctuelle lorsqu’elle entendait un craquement, elle a consulté un médecin généraliste (son médecin référent étant en vacances). Celui-ci a diagnostiqué une douleur de fatigue liée à la manipulation de son enfant (prendre, poser, porter...). Il a préconisé du repos pour ce poignet, et lui a prescrit du paracétamol, 1 g 3 fois par jour pendant une semaine.
Après cette semaine de traitement, la douleur était toujours présente, parfois estompée avec la prise de paracétamol. Le poignet droit de la mère devenait douloureux par compensation des mouvements non effectués avec le poignet gauche. Elle a alors consulté son médecin traitant, qui a confirmé le diagnostic de son confrère et lui a prescrit de l’ibuprofène (200 mg 3 fois par jour, pendant 6 ours) et une échographie du poignet. La prise d’ibuprofène a permis de réduire notablement la douleur, notamment pour le poignet droit, mais par à-coups ; lors de craquements, la douleur se faisait toujours plus vive sur le poignet gauche. Cette mère a alors remarqué que parfois, lors de ces épisodes douloureux, une saillie osseuse au niveau du scaphoïde était présente.
À l’échographie, aucun problème n’a été détecté, et l’échographiste a pensé à un problème de gainage des nerfs. La douleur s’étendant jusque dans l’épaule, la mère a consulté un ostéopathe qui a trouvé un déplacement cervical, mais rien au niveau du poignet. Lors de cette consultation, elle se souvient qu’on n’observait pas la saillie osseuse sous la peau du poignet.
Au bout de 2 mois, devant l’absence d’évolution satisfaisante, le médecin référent a adressé cette mère à un rhumatologue, qui a diagnostiqué une tendinite de l’extenseur externe du pouce, et a proposé en première intention des infiltrations. Suite au dialogue avec la mère, le rhumatologue a finalement prescrit 10 séances de rééducation chez un kinésithérapeute du sport avant, si nécessaire, de procéder aux infiltrations. Lors de la première séance, le kinésithérapeute a observé que cette mère présentait une hyperlaxité : le poignet était décrit comme "plus souple que l’articulation d’un bébé". Lors des craquements qu’entendaient la mère, les os du poignet se "déboîtaient", et une arête osseuse de l’un d’eux se mettait sur le passage de l’extenseur externe du pouce gauche, ce phénomène étant à l’origine de la douleur ressentie par la mère.
Un travail de renforcement musculaire a été entrepris pour compenser le relâchement des ligaments. Les séances de kinésithérapie ont permis à la mère de retrouver un tonus musculaire suffisant pour stabiliser son poignet, et les douleurs ont disparu. Elle était alors en aménorrhée lactationnelle. Elle a présenté quelques autres épisodes douloureux qui ont vite cédé car elle refaisait les exercices appris lors des séances de kinésithérapie. Suite à son retour de couches, 27 mois après la naissance, cette maman a senti que son tonus musculaire augmentait et n’a plus présenté d’épisodes douloureux.
Ce cas clinique illustre l’impact du climat hormonal issu de la grossesse, même des mois après l’accouchement, qui peut chez certaines mamans affecter la laxité ligamentaire. Voir par exemple Rééducation périnéale et allaitement, de Bernadette de Gasquet (Les Dossiers de l’Allaitement n° 47, Avril -Mai-Juin 2001) : "En réalité, l'allaitement va retarder le retour de couches qui signe le retour à l'équilibre œstro-progestatif. On sait que le terrain à dominance progestative qui caractérise la deuxième partie du cycle, la grossesse, et les suites de couches jusqu'au retour de couches, diminue la tonicité du périnée et augmente la laxité ligamentaire. De même, à la ménopause, la baisse du taux d’œstrogènes accentue le relâchement périnéal."
Merci pour cet article qui me conforte dans les dires de ma kiné.
J'ai les sensations d'avoir une tendinite a chaque poignet ( je fais des gestes répétitifs a mon boulot). Les douleurs sont apparus en fin de grossesse et ne m'ont pas quittée. Sensation également de brûlures aux genoux et aux chevilles...
Ma kiné m'affirme que ça ira mieux quand l'allaitement sera te terminé....
Nous verrons bien...
Merci encore pour vos conseils
Julia
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