Publié dans le n° 195 des Dossiers de l'allaitement, juin 2023.
D'après : Breast milk iodine concentration (BMCI) as a biomarker of iodine status in lactating women and children < 2 years of age : a systematic review. Liu S et al. Nutrients 2022 ; 14 : 1691.
L’iode est indispensable au fonctionnement de la glande thyroïde et à la synthèse des hormones thyroïdiennes, ces dernières jouant un rôle important dans la croissance et le métabolisme. La carence en iode est l’une des carences en micronutriments les plus fréquentes (environ 30 % de la population mondiale). Les besoins en iode sont plus élevés pendant la grossesse et la lactation car la mère doit couvrir les besoins de son enfant. On a constaté d’importantes variations individuelles dans les taux lacté et urinaire d’iode, et nous manquons de données sur la fiabilité du taux lacté d’iode pour évaluer le statut pour l’iode des mères allaitantes et de leurs enfants. Le but de cette étude anglaise était de faire le point sur la fiabilité du taux lacté d’iode en tant que marqueur du statut maternel et infantile pour l’iode.
Les auteurs ont recherché toutes les études examinant le lien entre le taux lacté et le taux urinaire d’iode menées auprès de mères allaitantes et d’enfants de < 2 ans et publiées jusqu’en 2021. Au total, 51 études répondaient aux critères d’inclusion. Le taux lacté d’iode variait de 18 à 1 154 µg/l. Il allait de 26 à 185 µg/l chez les mères carencées en iode (taux urinaire d’iode < 100 µg/l), et de 15 à 1 006 µg/l chez les mères non carencées (taux urinaire d’iode ≥ 100 µg/l). Dans la majorité des études, le statut pour l’iode évalué en fonction de son taux urinaire permettait de déterminer l’existence d’une carence quand ce taux était < 100 µg/l chez la mère allaitante ou chez l’enfant de < 2 ans. Il était intéressant de constater que certaines femmes ayant un taux urinaire d’iode ne montrant pas de carence avaient un faible taux lacté d’iode, tandis que d’autres femmes ayant un faible taux urinaire d’iode avaient un taux lacté d’iode n’indiquant pas de carence. D’autres études sont nécessaires pour comprendre les raisons de ces constatations, qui pourraient être génétiques par exemple. Par ailleurs, la glande mammaire concentre l’iode, ce qui permet au bébé allaité de recevoir suffisamment d’iode même si sa mère est carencée.
Les données de cette analyse permettent de penser qu’un taux lacté d’iode ≥ 100 µg/l pourrait être utilisé comme marqueur d’un statut correct d’iode chez la mère allaitante et l’enfant de < 2 ans. D’autres auteurs estiment qu’on peut considérer comme satisfaisant un taux lacté d’iode compris entre 60 et 465 µg/l. Toutefois, ces données doivent être interprétées avec prudence en raison des biais constatés dans les études incluses dans cette analyse. Les taux lactés d’iode retrouvés par ces études étaient très variés. Cela pourrait être lié au manque de standardisation de la collecte des échantillons de lait, des mécanismes physiologiques de gestion de l’iode pendant la grossesse et la lactation, des apports alimentaires maternels, de la région de résidence… Les futures études sur le statut maternel et infantile d’iode devraient être menées selon une méthodologie rigoureuse, afin de permettre de déterminer le taux lacté moyen d’iode permettant un statut optimal pour ce micronutriment.
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