Publié dans le n° 193 des Dossiers de l'allaitement, avril 2023
D'après : Successful co-lactation by a queer couple : a case study. Schnell A. J Hum Lact 2022 ; 38(4) : 644-50.
En raison des évolutions culturelles et sociales et des progrès dans les technologies reproductives, un nombre croissant de personnes LGBTQIA+ ont des enfants. Dans le cadre des rôles parentaux et de l’expression du genre, le sujet de l’allaitement de ces enfants est de plus en plus étudié. Diverses options sont envisageables, incluant la co-lactation impliquant le parent gestationnel et le parent non gestationnel. Si ce dernier souhaite allaiter, il devra induire une lactation. Si le nombre d’études publiées sur la lactation induite est en augmentation, il existe encore peu de données sur la co-lactation.
Un couple s’identifiant comme queer s’est présenté en consultation de lactation pour des informations sur l’induction d’une lactation chez le parent non gestationnel, ainsi que des conseils sur la gestion du partage de l’allaitement entre les deux parents. Environ 6 mois avant la date de naissance prévue, le parent non gestationnel a commencé à stimuler ses seins régulièrement : massage des seins, manipulation des mamelons, démarrage de l’expression du lait et/ou succion des seins par le partenaire 1-2 fois par jour. Cela a induit une augmentation de volume des seins et l’obtention de quelques gouttes de lait lors de l’expression. Deux mois avant la date du terme, le parent non gestant a augmenté les séances d’expression du lait (manuelles ou avec un tire-lait) à 8-9 fois par jour, incluant 1 fois pendant la nuit. Ce parent a également commencé à prendre de la dompéridone, ainsi que des plantes galactogènes (galéga officinal et moringa oleifera), et a effectué une stimulation de la lactation par acupuncture. Au moment de la naissance, ce parent obtenait environ 30 ml de lait par séance d’expression (environ 250 ml par jour). Après la naissance de l’enfant du couple, le parent non gestationnel a poursuivi les séances d’expression du lait (au moins 8 fois par jour) et a commencé à mettre le bébé au sein à une fréquence croissante jusqu’à arriver à 5-6 tétées par jour, en baissant progressivement la fréquence des sessions d’expression du lait. Ce parent obtenait 75 à 105 ml de lait par séance d’expression avec 1-3 séances quotidiennes. Il poursuivait également la prise de dompéridone et de plantes galactogènes, et pratiquait régulièrement le peau à peau avec son bébé. Les parents ont partagé à égalité l’allaitement de leur enfant, chaque parent tirant son lait lorsque l’autre parent mettait le bébé au sein afin de maintenir ou d’augmenter la production lactée.
Grâce à l’aide par une personne spécialisée dans l’allaitement, à une forte motivation, au respect d’un planning d’induction d’une lactation, à la communication entre les deux parents et à leur étroite coopération, ainsi qu’à un parentage sensible aux besoins du bébé, ces deux parents ont pu co-allaiter pendant plus d’un an, le don d’un supplément au bébé ayant été rarement nécessaire.
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