Publié dans le n° 203 des Dossiers de l'alalitement, avril 2024.
D'après : Case report : induced lactation in an adoptive parent. Glover K et al. Am Fam Physician 2023 ; 107(2) : 119-20.
L’allaitement présente de nombreux bénéfices nutritionnels et psychologiques. L’induction d’une lactation est le fait de démarrer une production lactée chez une personne qui n’a pas accouché de l’enfant à allaiter, et cela pourra intéresser certains parents, comme ceux qui adoptent un enfant, ou les couples de femmes qui souhaitent allaiter toutes les deux l’enfant que l’une d’entre elles a porté. Il est possible de conseiller un protocole permettant l’induction de la lactation en simulant la grossesse biologique et l’accouchement. Pendant le premier stade, l’œstrogène stimule le développement du tissu mammaire, tandis que la progestérone inhibe la production lactée. L’arrêt de la prise de ces hormones simulera la naissance, la baisse des taux d’œstrogène et de progestérone permettant à la prolactine de démarrer la production lactée. Lorsque la production lactée est lancée, la prolactine et l’ocytocine sont sécrétées suite à la stimulation régulière des mécanorécepteurs des aréoles et des mamelons. L’ocytocine peut également être sécrétée lorsque la mère voit ou entend un bébé. La prolactine stimule la production lactée par la glande mammaire tandis que l’ocytocine stimule les petits muscles lisses qui entourent les acini, ce qui éjecte le lait vers les canaux lactifères.
Cette femme de 27 ans, en bonne santé et nullipare, a consulté son médecin généraliste car elle souhaitait induire une lactation avant d’adopter un bébé. Suite à une discussion avec un service de pharmacologie, un protocole hormonal a été débuté, avec la prise d’un progestatif à faible androgénicité et un œstrogène. On a prescrit à cette femme une combinaison d’éthinyl œstradiol et d’éthynodiol diacétate (35 µg/1 mg 1 fois par jour), la prise devant être arrêtée 48 heures avant de commencer à induire la lactation. Après 23 semaines de ce traitement, la femme a été avertie de l’arrivée prochaine du bébé et elle a arrêté la prise de ces produits. Elle a en revanche commencé à prendre de la dompéridone (20 mg 4 fois par jour) et à tirer son lait toutes les 2 à 3 heures. Cette femme a rapidement produit environ 480 ml de lait par jour, volume qui a augmenté jusqu’à 850 ml/jour après consultation avec un professionnel de l’allaitement.
Ce cas montre comment un médecin généraliste peut soutenir une mère qui souhaite allaiter un bébé qu’elle n’a pas mis au monde. Cela nécessite une forte motivation. Il est nécessaire d’être prudent et d’assurer un suivi régulier dans la mesure où il existe très peu de littérature médicale sur le sujet, mais les bénéfices peuvent justifier les efforts aux yeux de certains parents. Il serait également utile de mener des études randomisées en aveugle avec placebo afin d’évaluer le niveau de sécurité et d’efficacité d’un tel protocole d’induction de la lactation.
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