Publié dans le n° 203 des Dossiers de l'alalitement, avril 2024.
D'après : Red cabbage : a novel treatment for periductal lactational mastitis. Abramowitz C et al. Cureus 2023 ; 14(2) : e331919.
Les engorgements et les mastites sont des problèmes fréquents chez les mères allaitantes. La mastite peut être uniquement inflammatoire ou être également infectieuse. Les mastites sont les plus fréquentes pendant les 3 premiers mois post-partum. Le diagnostic se fait habituellement sur la clinique : présence d’une zone érythémateuse au niveau d’un sein, avec gonflement et douleur, pouvant s’accompagner d’un syndrome grippal (fièvre, myalgies, frissons). Le mamelon pourra présenter des crevasses, qui facilitent l’entrée de germes pathogènes. Un prélèvement de lait pour bilan bactériologique sera effectué uniquement en cas de mastite sévère (étendue, bilatérale, avec éventuellement signes de septicémie). Si le traitement s’avère inefficace, il sera nécessaire de suspecter un abcès ou un carcinome mammaire et d’effectuer un bilan approprié. Le germe le plus souvent en cause dans les mastites infectieuses est le Staphylocoque doré (éventuellement résistant à la méticilline), mais divers autres germes peuvent être rencontrés. La poursuite de l’allaitement est un élément important du traitement. Les femmes qui ne souhaitent pas prendre un traitement médical pourront privilégier d’autres approches. Des études ont fait état de l’impact positif de l’application de feuilles de chou sur le sein touché par exemple. Les auteurs présentent un cas de mastite traitée par des applications de chou rouge.
Cette femme de 28 ans avait accouché sans problème de son deuxième enfant. Elle avait allaité son premier enfant sans la moindre difficulté et elle allaitait son deuxième enfant âgé de 6 mois lorsqu’elle s’est présentée chez son médecin en raison d’une douleur au niveau du sein droit ayant débuté 3 jours auparavant, avec érythème et gonflement de la zone touchée, qui s’aggravait progressivement. Le sein était douloureux pendant et entre les tétées, ainsi qu’au toucher. Cette mère avait également constaté la présence d’une traînée rouge partant du sein vers l’aisselle gauche, ayant débuté environ 6 heures avant son arrivée au cabinet médical. Elle a dit avoir limité la fréquence des tétées deux jours avant le début des symptômes car elle souhaitait introduire un lait industriel et des solides. Avant de voir son médecin traitant, elle était allée consulter aux urgences où on lui avait prescrit des antibiotiques, mais la mère ne souhaitait pas les prendre. Elle n’avait aucun antécédent personnel ou familial particulier. Elle n’avait pas de fièvre. L’examen a constaté la présence d’une zone érythémateuse, sensible et irrégulière, de 2 x 1,5 cm, située près de l’aréole entre 9 et 12 h. Elle n’avait pas de ganglions axillaires palpables. On a diagnostiqué une mastite favorisée par la baisse de la fréquence des tétées. Comme elle ne voulait toujours pas d’antibiotiques, on lui a conseillé d’appliquer des feuilles de chou rouge sur la zone inflammatoire et de les recouvrir d’une compresse chaude. Au bout de 24 heures, une amélioration notable était constatée et tous les signes cliniques avaient disparu au bout de 36 heures.
Chez cette mère qui refusait l’antibiothérapie, l’application de feuilles de chou sur la zone du sein concernée par la mastite a induit une disparition rapide de tous les symptômes, alors que la mastite s’était progressivement aggravée pendant les trois jours précédents. Aux États-Unis et d’après les données du CDC, environ 747 prescriptions d’antibiotiques pour 1000 femmes ont été constatées en 2020, dont 28 % semblaient inutiles. Étant donné la prévalence des mastites et le fait qu’elles sont souvent traitées par des pénicillines ou des céphalosporines, les mastites contribuent certainement au pourcentage d’antibiothérapies inutiles. L’utilisation de traitements alternatifs, tels que l’application de feuilles de chou parallèlement à des consignes conservatoires, permettrait d’améliorer ces statistiques et d’abaisser le risque de résistances multiples, dont l’augmentation est de plus en plus préoccupante. L’application de feuilles de chou a été utilisée dans la gestion des engorgements et des mastites, et les choux contiennent des molécules bioactives telles que des polyphénols, des anthrocyanosides et des flavanoïdes, qui ont des propriétés entre autres anti-oxydantes et anti-inflammatoires. Il serait utile de mener des études pour évaluer plus précisément leur intérêt dans le traitement des mastites, ainsi que leurs modalités d’utilisation les plus efficaces.
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