La naissance de mon fils ne s'est évidement pas passée comme dans mon imagination. Mon fils était de petit poids (2,3 kg), et n'a pas supporté le travail. J'ai eu droit à une césarienne en urgence.
Dès qu'ils ont sorti mon fils de mon ventre, ils l'ont immédiatement emmené pour vérifier qu'il était en bonne santé (ce qui était le cas). Je n'ai même pas pu le voir sur le coup.
La première rencontre s'est faite ensuite, une fois la césarienne finie. Heureusement, l'infirmière anesthésiste a été adorable et, pendant qu'on me recousait, elle faisait des allers-retours pour me donner des nouvelles de mon fils. J'étais soulagée de savoir qu'il allait bien et qu'il était plus gros que prévu.
Ensuite, j'ai été emmenée dans une pièce, sur un brancard, ne pouvant pas bouger, car j'avais toujours les jambes anesthésiées. Je me rappelle une soignante qui m'a dit à ce moment-là : "Venez, votre fils vous attend."
Sur le coup, ça m'a angoissée, je me suis demandée si j'allais être capable de le reconnaître. Surtout s'il était au milieu d'autres bébés. Heureusement, il était seul dans la pièce, et ma mère était là avec lui, donc aucun doute sur son identité. On m'a approchée de l'incubateur où il était, j'ai pu juste le regarder et toucher son pied et sa main à travers la vitre. J'aurais voulu le prendre dans mes bras, mais on m'a rapidement emmenée en salle de réveil durant 2 heures. La sage-femme m'a demandé rapidement avant de partir si je voulais allaiter (alors que je pensais que c'était déjà écrit dans mon dossier). J'ai dit oui, elle m'a dit : "D'accord, je lui donnerai à la seringue, alors." (Je ne sais plus ce que c'était exactement, je pense que c'était du sucre ou du lait pour prématuré)
J'aurais voulu protester, parce que je ne voulais pas que mon fils ait autre chose que mon lait ! Mais j'étais trop fatiguée, et trop sous le coup de l'émotion pour dire quoi que ce soit. La sage-femme a vu tout de même que quelque chose n'allait pas et m'a rassurée en me disant que je l'aurais en peau à peau et pour une mise au sein dès mon retour dans ma chambre. Je suis montée et j'ai attendu 2 heures difficilement : je voulais voir mon bébé, je voulais le toucher, et surtout j'étais très énervée qu'on lui donne, pour la première fois, autre chose que mon colostrum. Surtout que rien ne le contre-indiquait !
Au bout de 2 heures, je redescends dans ma chambre, je demande immédiatement à voir mon bébé. On me répond qu'il dort en nurserie et que je dois le laisser se reposer ! Je me mets à pleurer sous le coup de la fatigue, de la douleur qui se réveillait. La sage-femme prend pitié de moi et finit par me l'amener. Elle me laisse en me disant d'essayer de l'allaiter.
La première mise au sein a été catastrophique. Mon bébé dormait, je ne savais pas comment faire, j'avais des tuyaux partout, j'avais mal et surtout j'étais seule. D'ailleurs il n'a pas tété, il a simplement léché le sein et il est resté endormi. Moi, ça m'a donné l'impression que j'étais nulle de ne pas y arriver.
Je suis restée en peau à peau avec lui 30 minutes, puis la sage-femme est revenue le chercher. Une heure et demie après environ, on me le ramène, car il a faim. La soignante reste auprès de moi pour la mise au sein, me rassure, m'accompagne, et là, miracle, mon petit bonhomme a les yeux ouverts, il prend parfaitement l'aréole dans sa bouche et tète vigoureusement.
Je suis rassurée, la soignante me félicite (comme si c'était moi qui faisais le boulot de téter ! Mais ça fait tout de même du bien d'entendre du positif).
Après, je n'ai eu aucun problème durant l'allaitement. Mon petit garçon si petit se réveille toutes les 3 heures de lui-même, tète très bien, je suis vite autonome pour les mises au sein.
Il me manquera toujours ces deux heures après la naissance avec mon fils. Sept ans après, j'ai les larmes aux yeux en y repensant, mais je suis contente, j'ai réussi l'allaitement qui me tenait tant à cœur.
J'ai accouché il y a trois mois de mon deuxième enfant. Dans le même hopital, mais 7 ans après. On m'a annoncé une césarienne programmée à 38 SA. J'étais plus sereine, car déjà le papa était présent et parce que je savais que j'avais déjà réussi à allaiter mon fils dans ces conditions et que ça allait forcément marcher pour ma deuxième. Je tenais cette fois-ci à avoir plus de temps pour découvrir ma fille, et j'espérais une mise au sein avant de monter en salle de réveil.
Après ma césarienne, on me ramène donc dans cette fameuse salle de nurserie pour voir mon bébé, la même salle où 7 ans auparavant, je découvrais son grand frère. Mais à ce moment-là, je vois mon bébé dans les bras de mon mari.
Son papa déjà fou d'elle... ça se voyait dans ses yeux. On m'a installée à côté d'eux, et les soignants ont fermé la porte pour nous laisser un peu d'intimité. Je voulais attendre le retour d'une soignante pour qu'on me la mette dans les bras, mais quand j'ai vu qu'elle cherchait à manger en ouvrant la bouche, j'ai dit à mon mari de me la donner.
Je l'ai prise, j'ai pu la toucher, la regarder comme je voulais, la sentir, bref, m'emplir de mon bébé. Et j'ai pu l'allaiter. Je l'ai mise au sein toute seule. Ou plutôt, ma petite a pris le sein toute seule et a tété vigoureusement, tout de suite.
J'avais l'impression d'avoir réussi une mission : l'avoir mise au monde (même si c'était une césarienne) et lui donner la première fois le sein. C'était juste le bon moment, c'était parfait.
Cela n'a pas duré aussi longtemps que je voulais, car le brancardier est venu me chercher pour aller en salle de réveil. J'avais eu le bon réflexe de la mettre moi-même au sein, sinon personne ne serait venu pour m'y inciter. Cela m'a déchiré le coeur de lui enlever le sein de la bouche, mais elle s'est vite endormie et je suis partie plus sereine en salle de réveil.
J'ai appris plus tard qu'elle aura eu aussi du lait pour prématuré à la seringue. Cette fois, on ne m'avait pas prévenue avant. Mais j'étais rassurée de savoir que le premier aliment qu'elle ait gouté, ça avait été mon colostrum.
Pour les suites de couches pour mes deux enfants, je n'ai pas eu de problème particulier. Le premier jour, j'étais dépendante des soignantes, je les appelais pour qu'elles changent la couche et me donnent mes enfants. Mais rapidement, j'ai tout géré moi-même. Les premières nuits, pour mon premier, je n'ai pas eu le choix, j'ai dû le laisser à la nurserie, car il était en incubateur et devait être surveillé. Les soignantes me le ramenaient pour les tétées.
Pour la seconde, je l'ai laissée à la nursery aussi les deux premières nuits, car j'étais épuisée. Par la suite, j'ai géré 24 h sur 24. Le plus dur avec la césarienne, c'est de se mobiliser, de sortir du lit, de se rasseoir, de sortir le bébé du berceau (les parois en plastique sont hautes).
À la maternité, je les ai allaités uniquement dans la position de la madone. Je levais le dossier du lit électrique au maximum, je m'appuyais sur mon coussin d'allaitement et sur l'oreiller, et je pliais légèrement les genoux pour ramener bébé contre moi. C'était une position confortable pour allaiter, car le dos bien soutenu, le bébé en travers de ma poitrine, rien ne touchait mon ventre hormis mon bras.
La seule position un peu difficile au début avec la césarienne, c'est d'allaiter couchée, car se mettre sur le côté est très douloureux. Pour mon garçon, la douleur a persisté durant 2-3 semaines, mais pour ma fille, heureusement, au bout d'une semaine, j'ai pu l'allaiter allongée. C'est une position idéale la nuit ou quand on est très fatiguée, alors c'est frustrant de ne pas pouvoir le faire au début.
Voilà pour mon témoignage. En gros, je regrette surtout de ne pas avoir eu de contact et de mise au sein avec mon premier lors de l'accouchement. Heureusement, cela n'a pas eu d'incidence sur mon allaitement pour la suite qui s'est merveilleusement bien déroulée. Mais il me manquera toujours un petit quelque chose.
❤️
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