Dr Océane Pécheux : Je suis gynécologue et souhaite présenter mon propre cas clinique.
Je me réveille en milieu de nuit pour la tétée habituelle avec des douleurs importantes dans le sein gauche. Je suspecte un engorgement dans un contexte d’espacement récent des tétées la nuit, mais trouve un sein souple, sans rougeur cutanée. La douleur irradie de manière centrifuge à partir du mamelon, le long des canaux, et est vraiment intense, type "feu liquide" (j’avais déjà lu cette description clinique et me suis immédiatement dit qu’il s’agissait de ce type de douleurs, que je n’avais jamais expérimenté).
Le mamelon est très rouge, chaque contact profondément douloureux. Parfois, mon aréole est bicolore, notamment la partie sous le bout de sein (utilisation systématique, car ma fille de 3 mois n’a jamais su s’en passer) apparaît souvent plus claire. J’évoque la "candidose mammaire". J’y pense encore plus du fait que les bouts de sein, que j’utilisais à l’époque de manière systématique depuis la naissance de ma fille, impliquent une certaine macération… D’autant que, la nuit, je m’endors pendant les tétées, et change juste le bout de sein de côté à la tétée suivante ! Pas de démangeaisons initialement, et l’autre côté asymptomatique. Mais le lendemain, ces deux symptômes présents également, j'ai de moins en moins de doute sur le diagnostic probable de "candidose cutanée du mamelon", pathologie dont je n’avais jamais entendu parler avant les réunions LLL auxquelles je participe, et dont l’existence est questionnée parmi les professionnels de santé.
J’ai bien sûr pensé à certains diagnostics différentiels comme les traumatismes répétés (je tire mon lait tous les jours, et ma fille tourne souvent assez violemment la tête pendant la tétée), mais le début brutal des symptômes ne collait pas. Et, dans tous les cas, une pommade du type de celle de Jack Newman serait efficace aussi dans ce cas, grâce à la cortisone. Je lis que le "test au bicarbonate" (de soude alimentaire) est un argument diagnostique : l’application sur le mamelon est supposée apporter un soulagement des douleurs. Je ressens un léger soulagement, sans être vraiment convaincue : n’est-ce pas juste l’effet de l’application d’eau fraîche sur cette zone douloureuse ? En effet, il ne s’agit pas non plus d’une disparition miraculeuse de toute douleur.
Départ en week-end à l’étranger prévu le jour-même, pas le temps de tergiverser ou de commander une préparation officinale de crème. Je me suis dont prescrite les différents ingrédients (mupirocine crème, bétaméthasone crème et miconazole poudre – le miconazole gel buccal n’étant pas disponible dans cette pharmacie) et pris le parti de faire le mélange dans ma main au maximum après chaque tétée, bien que ce ne soit pas toujours possible dans ce type de voyage.
Outre l’accès rapide aux ingrédients, cette initiative avait l’avantage d’être intégralement prise en charge par la sécurité sociale, à l’inverse des préparations officinales type Dr Jack Newman qui peuvent coûter jusqu’à une quarantaine d’euros.
Informée que, dans cette situation, les mamans ne mettent souvent pas assez de miconazole, et assez convaincue du diagnostic devant mes symptômes, après lecture de plusieurs articles et témoignages sur le sujet, je décide d’alterner : une fois sur deux, mon mélange type Jack Newman dans le creux de la main, l'autre fois miconazole seul (plus ergonomique, en plus !).
Je traite en parallèle la bouche de ma fille (qui ne présente néanmoins pas de muguet visible) (Ndlr. Voir avec le médecin pour le traitement de l'enfant).
Aussi, par précaution, j'achète de nouveaux bouts de sein, et range séparément des bouts de sein pour le mamelon droit et le gauche ; en plus de les stériliser quotidiennement dans l’eau bouillante, et de changer régulièrement de coussinets d’allaitement.
Eh bien, à 48 heures de traitement, j’étais complètement asymptomatique. Et ravie ! J’ai continué l’alternance mélange type Dr Jack Newman/miconazole pendant 24 heures, mais n’ayant plus de douleurs, j’ai ensuite poursuivi le miconazole seul jusqu’au septième jour, puisque c’est la durée totale en général recommandée.
Je n’ai depuis plus jamais ressenti de symptôme similaire – bien que ma fille continue à parfois malmener mes mamelons.
PS. Depuis, ma fille a réussi à téter sans bout de sein et j’en suis ravie.
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