La Soixante-Troisième Assemblée mondiale de la Santé,
Ayant examiné le rapport sur la nutrition chez le nourrisson et le jeune enfant (1) ;
Rappelant les résolutions WHA 33.32, WHA 34.22, WHA 35.26, WHA 37.30, WHA 39.28, WHA 41.11, WHA 43.3, WHA 45.34, WHA 46.7, WHA 47.5, WHA 49.15, WHA 54.2, WHA 55.25, WHA 58.32, WHA 59.21, WHA 61.20 sur la nutrition chez le nourrisson et le jeune enfant et sur la nutrition et le VIH/sida, ainsi que les Directives du Codex Alimentarius pour l’emploi des allégations relatives à la nutrition et à la santé (2) ;
Sachant que pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement, il faudra réduire la malnutrition chez la mère et chez l’enfant ;
Consciente que la malnutrition représente 11 % de la charge mondiale de morbidité et qu’elle est cause d’un mauvais état de santé et d’incapacités à long terme ainsi que de mauvais résultats scolaires et de troubles du développement ; que 186 millions d’enfants dans le monde présentent un retard de croissance (3) et que, chaque année, 20 millions d’enfants souffrent de la forme la plus meurtrière de malnutrition aiguë sévère ; et que les facteurs de risque nutritionnels, y compris l’insuffisance pondérale, l’allaitement maternel sous-optimal et les carences en vitamines et en minéraux, en particulier en vitamine A, en fer, en iode et en zinc, sont à l’origine de 3,9 millions de décès (35 % de la mortalité totale) et de 144 millions d’années de vie ajustées sur l’incapacité (33 % de la totalité des années de vie ajustées sur l’incapacité) chez les enfants de moins de cinq ans ;
Consciente que les pays sont confrontés aux problèmes croissants de santé publique que pose le double fardeau de la malnutrition (aussi bien la dénutrition que la suralimentation), avec des conséquences négatives plus tard dans la vie ;
Reconnaissant que 90 % des enfants ayant un retard de croissance vivent dans 36 pays et que les enfants de moins de deux ans sont les plus touchés par la dénutrition ;
Reconnaissant que la promotion des substituts du lait maternel et de certains aliments commerciaux pour le nourrisson et le jeune enfant compromet les progrès sur la voie d’une alimentation optimale du nourrisson et du jeune enfant ;
Consciente des problèmes posés par la pandémie de VIH/sida et des difficultés liées à la formulation de politiques adaptées pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, et constatant avec préoccupation que l’aide alimentaire ne répond pas aux besoins nutritionnels des jeunes enfants infectés par le VIH ;
Notant avec préoccupation que dans les situations d’urgence, dont beaucoup surviennent dans des pays qui ne sont pas en voie d’atteindre l’objectif 4 du Millénaire pour le développement et qui comprennent des événements créés par les effets du changement climatique, les nourrissons et les jeunes enfants sont particulièrement vulnérables au risque de malnutrition, de maladie et de décès ;
Reconnaissant que les plans nationaux de préparation aux situations d’urgence et les interventions internationales d’urgence ne prévoient pas toujours de protéger, de promouvoir et de favoriser une alimentation optimale du nourrisson et du jeune enfant ;
Se déclarant profondément préoccupée par les informations continuant à faire état de violations du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel par certains fabricants et distributeurs d’aliments pour nourrissons, en ce qui concerne la promotion ciblant les mères et les agents de santé ;
Se déclarant en outre profondément préoccupée par les informations révélant l’inefficacité des mesures, en particulier des mesures facultatives, visant à faire respecter le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel dans certains pays ;
Consciente que les pratiques d’alimentation inappropriées et leurs conséquences sont des obstacles majeurs à un développement socio-économique durable et à la réduction de la pauvreté ;
Préoccupée par le grand nombre de nourrissons et de jeunes enfants qui ne sont toujours pas convenablement nourris et dont l’état nutritionnel, la croissance et le développement, la santé et la survie sont de ce fait compromis ;
Considérant que pour mettre pleinement en œuvre la Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant et ses cibles opérationnelles, il faut une volonté politique ferme et une approche exhaustive, et notamment renforcer les systèmes de santé et les communautés en mettant particulièrement l’accent sur l’initiative des hôpitaux « amis des bébés », et surveiller attentivement l’efficacité des interventions utilisées ;
Reconnaissant que l’amélioration des pratiques en matière d’allaitement maternel exclusif, une alimentation complémentaire suffisante et fournie en temps voulu, parallèlement à la poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans ou au-delà, pourraient chaque année sauver la vie de 1,5 million d’enfants de moins de cinq ans ;
Sachant qu’il faut des politiques multisectorielles en matière d’alimentation et de nutrition pour appliquer à plus grande échelle des interventions nutritionnelles sûres et efficaces reposant sur des données factuelles ;
Reconnaissant qu’il faut des politiques nationales complètes en matière d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant qui fassent partie intégrante des stratégies nationales en faveur de la nutrition et de la survie de l’enfant ;
Convaincue que l’heure est venue pour les gouvernements, la société civile et la communauté internationale de renouveler l’engagement qu’ils ont pris de promouvoir une alimentation optimale du nourrisson et du jeune enfant et de collaborer étroitement à cette fin ;
Convaincue que le renforcement de la surveillance nutritionnelle au niveau national est crucial pour mettre en œuvre des politiques nutritionnelles efficaces et appliquer les interventions à plus grande échelle ;
1. INVITE INSTAMMENT les États Membres :
1) à accroître la volonté politique pour prévenir et réduire la malnutrition sous toutes ses formes ;
2) à renforcer et à hâter la mise en œuvre suivie de la Stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant en insistant notamment sur l’effet à donner au but et aux principes du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, ainsi que la mise en œuvre de l’initiative des hôpitaux « amis des bébés » ;
3) à élaborer des mesures législatives, réglementaires et/ou d’autres mesures efficaces, ou à les renforcer, pour contrôler la commercialisation des substituts du lait maternel afin de donner effet au Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et à la résolution en la matière adoptée par l’Assemblée mondiale de la Santé ;
4) à mettre un terme aux formes inappropriées de promotion des aliments pour nourrissons et jeunes enfants et à faire en sorte que les allégations relatives à la nutrition et à la santé ne soient pas autorisées pour les aliments destinés au nourrisson et au jeune enfant, sauf si les normes du Codex Alimentarius ou la législation nationale en disposent autrement ;
5) à élaborer des cadres d’orientation visant le double fardeau de la malnutrition, en y incluant l’obésité de l’enfant et la sécurité alimentaire, ou à examiner ceux qui existent actuellement, et à allouer des ressources humaines et financières suffisantes pour assurer leur mise en œuvre ;
6) à appliquer à plus grande échelle les interventions visant à améliorer la nutrition chez le nourrisson et le jeune enfant d’une manière intégrée, les interventions de base consistant à protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement maternel et une alimentation complémentaire, sûre, appropriée et fournie en temps voulu ; les interventions de prévention et de prise en charge de la malnutrition sévère ; et la lutte ciblée contre les carences en vitamines et en minéraux ;
7) à prendre en considération et à mettre en œuvre, au besoin, les principes et les recommandations révisés sur l’alimentation du nourrisson dans le contexte du VIH publiés par l’OMS en 2009, afin de résoudre le dilemme des mères infectées par le VIH et de leurs familles qui doivent nourrir les nourrissons, tout en veillant à protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement au sein exclusif et prolongé dans l’ensemble de la population ;
8) à veiller à ce que les plans de préparation nationaux et internationaux et les interventions d’urgence suivent les directives opérationnelles à l’intention des personnels et des administrateurs de programmes pour les secours d’urgence (4) concernant l’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants dans les situations d’urgence, qui prévoient notamment de protéger, de promouvoir et de soutenir l’allaitement optimal au sein, ainsi que de réduire le plus possible les risques de l’alimentation artificielle en faisant en sorte que les substituts du lait maternel nécessaires soient achetés, distribués et utilisés selon des critères stricts ;
9) à inclure les stratégies visées au paragraphe 1.4) ci-dessus dans des services de santé de la mère et de l’enfant complets et à défendre l’objectif de la couverture universelle et les principes des soins de santé primaires, renforcement des systèmes de santé compris, comme indiqué dans la résolution WHA 62.12 ;
10) à renforcer les systèmes de surveillance de la nutrition et à mieux utiliser et notifier les indicateurs convenus des objectifs du Millénaire pour le développement afin de suivre les progrès accomplis ;
11) à appliquer les normes OMS de croissance de l’enfant en les intégrant pleinement dans les programmes de santé de l’enfant ;
12) à appliquer les mesures de prévention de la malnutrition précisées dans la stratégie OMS de prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë sévère (5), surtout en améliorant les systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement ainsi que l’hygiène, afin de protéger les enfants contre les maladies et infections transmissibles ;
2. EXHORTE les fabricants et distributeurs d’aliments pour nourrissons à pleinement assumer leurs responsabilités en vertu du Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et des résolutions en la matière adoptées ultérieurement par l’Assemblée mondiale de la Santé ;
3. PRIE le Directeur général :
1) de développer la base de données factuelles sur les interventions nutritionnelles sûres et efficaces propres à lutter contre les effets du double fardeau de la malnutrition sur la santé publique, et de définir les bonnes pratiques pour une mise en œuvre efficace ;
2) de placer la nutrition au centre de toutes les politiques et les stratégies de l’OMS en matière de santé et de confirmer la mise en place d’interventions nutritionnelles essentielles, y compris l’intégration des principes et recommandations révisés sur l’alimentation du nourrisson dans le contexte du VIH publiés par l’OMS en 2009, dans le cadre de la réforme des soins de santé primaires ;
3) de maintenir et de renforcer les dispositifs existants de collaboration avec d’autres institutions des Nations Unies et organisations internationales engagées dans le processus visant à assurer une meilleure nutrition, y compris en désignant clairement les chefs de file et en déterminant la répartition des tâches et les résultats à atteindre ;
4) de fournir aux États Membres qui le demanderont un appui pour élargir leurs interventions nutritionnelles liées au double fardeau de la malnutrition, surveiller et évaluer leur impact, renforcer ou mettre en place des systèmes efficaces de surveillance de la nutrition et appliquer les normes OMS de croissance de l’enfant et l’initiative des hôpitaux « amis des bébés » ;
5) de fournir aux États Membres qui le demanderont un appui pour élaborer des mesures législatives, réglementaires ou autres mesures efficaces de contrôle de la commercialisation des substituts du lait maternel, ou renforcer les mesures existantes ;
6) d’élaborer un plan d’application exhaustif concernant la nutrition chez le nourrisson et le jeune enfant qui soit une composante essentielle d’un cadre multisectoriel mondial en matière de nutrition, en vue de son examen préliminaire à la Soixante-Quatrième Assemblée mondiale de la Santé, et de son examen final à la Soixante-Cinquième Assemblée mondiale de la Santé, par l’intermédiaire du Conseil exécutif et à l’issue d’une vaste consultation avec les États Membres.
Huitième séance plénière, 21 mai 2010.
1. Document A63/9.
2. Document CAC/GL/23.
3. Statistiques sanitaires mondiales, mai 2010.
4. Disponibles en ligne à l’adresse https://www.who.int/hac/techguidance/ops_guidance/fr/
5. La prise en charge communautaire de la malnutrition aiguë sévère : déclaration commune de l’Organisation
mondiale de la Santé, du Programme alimentaire mondial, du Comité permanent de la nutrition du système des Nations Unies
et du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance, Genève, OMS, 2007.
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