Cet article est paru dans Allaiter aujourd'hui n° 62, LLL France, 2005, et est régulièrement complété.
Un des obstacles à la poursuite de l’allaitement dans notre pays est certainement la vision déformée qu’on en donne : allaiter, ça fatigue, il faut beaucoup se reposer, sinon l’organisme de la mère n’y résistera pas, ou alors c’est son lait qui va se tarir, ou devenir mauvais, etc.
Pas étonnant dans ces conditions que tant de mères croient incompatibles allaitement et activités sportives (1).
Pourtant, toutes les études récentes montrent qu’il est non seulement possible mais souhaitable d’avoir une activité physique quand on allaite.
Exercice physique, sécrétion lactée et croissance de l'enfant
Une seule étude a évalué à long terme l'impact de l'exercice physique chez des femmes allaitantes (Dewey et al, 1994). Entre 6 et 8 semaines, des femmes ont été réparties par tirage au sort en deux groupes, un groupe témoin et un groupe pratiquant régulièrement un exercice physique modéré, et ce pendant douze semaines. Il n'y avait aucune différence entre les deux groupes pour ce qui était de la composition du lait ou de la croissance de l'enfant.
Plusieurs études ont évalué l'impact à court terme de l'exercice physique (variation dans la composition du lait avant et après une séance d'exercice). L’une d’elles, largement diffusée dans les médias, avait cru constater que l'enfant consommait moins de lait pendant une tétée qui suivait une séance d'exercice, attribuant ce fait à l'acide lactique présent dans le lait, et dont l'enfant n'aurait pas aimé le goût. D’autres études (2) ont montré que si le taux lacté d'acide lactique est effectivement plus élevé après un exercice intense (en moyenne 0,09 mmol/l avant contre 0,21 mmol/l après), ce n'est pas le cas après un exercice modéré. Et elles n'ont constaté aucun impact sur la prise du sein par l'enfant ou la quantité de lait, que l’exercice ait été modéré ou intense. Une autre étude encore (3) n’a trouvé aucun impact de l’exercice physique même intense sur le taux lacté des principaux minéraux (phosphore, magnésium, sodium et potassium).
Une étude a évalué l'impact d'un exercice intense sur les facteurs immunologiques du lait maternel. Les auteurs ont enregistré un taux plus bas d'IgA 30 minutes après la fin de l'exercice, le taux étant revenu à la normale 60 minutes après la fin de l'exercice. Cette étude était cependant entachée de nombreux biais méthodologiques. Et même si le résultat obtenu était confirmé par d'autres études, cet impact sur le taux d'IgA était ponctuel. Une autre étude (4) a montré qu’un exercice physique modéré et régulier n’avait pas le moindre impact sur le taux lacté d’IgA, de lactoferrine ou de lysozyme.
Exercice, état cardio-vasculaire, métabolisme et équilibre psychologique
La pratique régulière d'un exercice physique modéré par une mère allaitante améliore nettement son état cardio-vasculaire, ainsi que d'autres paramètres métaboliques : élévation du HDL, meilleurs résultats au test d'hyperglycémie provoquée.
Une étude dont le but était d’évaluer le vécu de femmes allaitantes pratiquant un exercice physique régulier (5) a montré qu’elles se sentaient mieux dans leur corps, pleines d’énergie, plus calmes, détendues et positives, et que cela facilitait leur maternage.
Exercice, régime et poids
On considère dans l'ensemble qu'il est préférable de ne pas perdre plus de 2 à 3 kg par mois pendant l'allaitement (voir le point sur régime et allaitement dans AA n° 55), et que la combinaison régime + exercice physique est préférable au seul régime. L'exercice physique permet en effet de conserver la masse musculaire (la perte de poids se fait uniquement aux dépens de la masse grasse), d'augmenter le niveau du métabolisme, et de favoriser la mobilisation des graisses.
En conclusion
Environ 7 % de mères qui allaitent font état de difficultés d’allaitement après un exercice physique intense (difficultés, ajoutons-le, tout ce qu’il y a de temporaire : uniquement à la première tétée après la séance d’exercice), sans qu’on sache exactement pourquoi (on ne trouve pas toujours d’augmentation du taux lacté d’acide lactique). Mais il est sûr qu’un exercice modéré et régulier n’a que des avantages et aucun inconvénient, toutes les études le montrent. Alors pourquoi s’en priver ?
(1) Un exemple tout récent : dans un article du magazine Jogging international sur « Grossesse : courir mais en sécurité », un encadré déconseille de reprendre l’entraînement de course à pied « durant toute la période d’allaitement en raison du risque préjudiciable à l’esthétique de la poitrine. En cause, les secousses et le risque sur la quantité de l’allaitement à cause de la déshydratation au cours de l’entraînement » !
(2) Infant acceptance of breastmilk after maternal exercise, KS Wright et al, Pediatrics 2002 ; 109(4) : 585-89.
(3) Major mineral concentrations in human milk do not change after maximal exercise testing, Fly AD et al, Am J Clin Nutr 1998 ; 68 : 345-49.
(4) Effect of exercise on immunologic factors in breast milk, CA Lovelady, CP Hunter, C Geigerman, Pediatrics 2003 ; 111 : e148-52.
(5) Physical exercise and the lactating woman : a qualitative pilot study of mothers’ perceptions and experiences, Rich M et al, Breastfeeding Review 2004 ; 12(2) : 11-17.
Plongée sous-marine
Ce qu'en dit e-lactancia : La plongée sous-marine quelle qu'en soit la modalité (libre, en apnée ou en scaphandre autonome) est compatible avec la poursuite de l'allaitement.
La charge des tissus corporels en azote et autres gaz qui peut se produire pendant la plongée n'affecte pas la qualité du lait. Il est improbable qu'une arrivée significative de bulles d'azote dans le lait se produise pendant la phase de décompression. Et de toute façon, cela ne représenterait aucun risque pour l'enfant puisque l'intestin contient normalement de l'air avalé, formé à 79 % d'azote qui est un gaz inerte inoffensif.
Les taux de prolactine diminuent de façon transitoire pendant la plongée sans risque d'altération de la lactation.
Pour des raisons obstétricales, il est recommandé d'attendre 3 à 4 semaines après un accouchement par voie vaginale et 4 à 8 semaines après une césarienne pour reprendre la plongée.
Compte tenu de la pression élevée générée par les combinaisons de plongée (en Néoprène et autres matériaux) et de l'augmentation de la pression pendant l'immersion, il serait judicieux de vider les seins le plus possible avant de plonger (par une tétée ou au tire-lait). Pensez à mettre un tissu de coton entre les mamelons et la combinaison de plongée en cas de frottement excessif.
Bonjour!
Sportive de haut niveau, j'ai été suivi toute ma grossesse avec des séances de cardio et musculation adaptées à chaque trimestre. Suite à l'accouchement j'ai repris petit à petit le sport tout en allaitant ma fille. Il est vrai que cela demande bcp d'organisation au début soit je tirais le lait sois elle en avait en poudre ( qu'elle ne prenait quasi pas à la crèche). Elle n'a jamais refusé une tétée après une de mes séances( même intense)
Maintenant elle a un an et je l'allaite encore, j'ai repris mon activité de sportive de haut niveau à plein temps. Lors des déplacements, je tire un peu mon lait pour maintenir ma lactation et pour l'instant ça dure comme ça et nous sommes super contente lors de la tétée de retrouvaille! C'est possible croyez en vous!
J’ai toujours fait du sport avant, pendant et après ma grossesse (Je fais du triathlon. J’ai bien évidemment arrêter la course à pied et le vélo lors de ma grossesse mais j’ai nagé jusqu’à la veille de mon accouchement).
J’ai repris la natation un mois après l’accouchement et la course à pied environ trois mois après. J’allaite toujours ma fille de bientôt cinq mois et je n’observe absolument aucune différence. Il y a toujours du lait tiré au frais et au congélateur « au cas où », mais je ne vois pas de différence notable concernant la tétée poste séance de sport. Je crois même que je ne me suis jamais posé la question. Je suis plutôt de nature anxieuse, mais sur ce point je me suis fait confiance et ça marche parfaitement.
Pour Florence! Vous dites avoir repris le sport aux 3 mois et demi de votre petit, les tétées plus nombreuses étaient peut-être plus lié au fait qu'à 3 mois il y a un pic de croissance et donc ils réclament plus. Ça n'avait peut-être rien à voir avec le sport!
Je suis contente de lire votre article sur la compatibilité entre sport et allaitement. Pour ma je pratique la course à pied depuis 1 mois et ma petite a 4 mois et demi. Bon l'article du magazine Jogging international ne me décourage pas. Je préfère me faire ma propre expérience
bonjour,
pour ma part j'allaite mon petit garçon de 3 mois et demie et j'ai essayé de reprendre le sport : 30 minutes de renforcement musculaire par jour, à la maison, rythme modéré. Au bout de quelques jours il réclamait beaucoup plus de tétée (toutes les 2h au lieu de toutes les 3h habituellement) et je me suis sentie épuisée.
j'ai donc arrêté ma reprise du sport. je re-essayerai plus tard quand je serais plus en forme. Peut-être que ce n'était juste pas le bon moment...
Salut ! Je faisais laquagym avec bébé de 3 à 7 mois et ça allait super bien! Maintenant, je fais yoga pilates piscine et boxe. Elle a 9 mois, je continue d allaiter et je me sens dans une super bonne forme + bien dans ma peau. Personnellement, je trouve que ça modifie pas l allaitement. C est important de renouer avec son corps et d avoir du temps pour soi. Je recommande!
Bonjour Virginie !
Pour répondre à ta question..
J'ai repris le sport depuis 3 semaines et j'allaite toujours ma puce qui a 7 mois...
Je tire mon lait pour laisser du lait pour bébé (en cas de faim) à la maison pendant ma séance de sport (je pratique de l'aquagym 3 fois par semaine) et ça se passe très bien d'ailleurs elle attend souvent mon retour comme je pars seulement 1 heure...
Bébé boit le lait à la tasse à bec souple car je n'ai pas souhaité lui donner de biberon et ça se passe très bien. J'ai commencé la diversification mais très doucement en lui faisant de la purée maison le midi mais seulement avec le légume comme conseillé et elle adore en complément du lait maternel car je ne souhaite pas donner de lait artificiel en aucun cas tant que je peux continuer à allaiter !
J'espère avoir répondu à votre interrogation ;)
En vous souhaitant bon courage, en sachant que bébé tète encore très régulièrement, comme quoi tout est possible, il faut juste s'organiser !
Eh bien, c'est à vous de choisir entre les trois possibilités que vous donnez : faire un sport avec le bébé (par exemple le jogging avec le bébé en poussette), tirer votre lait qui sera donné au bébé en votre absence, ou lui faire donner du lait artificiel. Vous pouvez aussi aller faire un sport avec le bébé gardé par quelqu'un.
Tout dépend de l'âge du bébé, de la durée de votre absence et de votre souhait.
bonjour, j aimerai savoir comment m organiser afin d allaiter et pratiquer une activité sportive. Dois je tirer mon lait? Ou bien passer a l allaitement mixte ou encore pratiquer seulement des sport qui peuvent se faire avc bebe comme la marche a pied? Je suis une adepte du roller et de la natation. Merci beaucoup pour votre aide et soutien.
Pour poser une question, n'utilisez pas l'espace "Commentaires" ci-dessous, envoyez un mail à la boîte contact. Merci