Introduction à l'article des Dossiers de l'Allaitement n° 56 "Le point sur les suppléments vitaminiques et minéraux" :
La nécessité de donner des compléments vitaminiques et minéraux aux bébés allaités reste un sujet controversé. Dans l'ensemble, les carences vitaminiques sont rares chez les enfants allaités par une mère correctement nourrie*. Les seules exceptions sont la vitamine K pendant la période néonatale, et la vitamine D chez les enfants de peau sombre, ou qui sont peu exposés au rayonnement solaire, quoique cette vitamine soit naturellement synthétisée par notre corps. Parmi les minéraux, les principales carences qui ont été constatées sont celles en fer et en zinc.
* Les mères qui suivent un régime alimentaire particulier (notamment végétalien) peuvent présenter une carence en certaines vitamines, en particulier du groupe B. Voir le dossier Se nourrir quand on allaite
Documentation LLL
Dossiers de l'allaitement
- DA n° 189 : Supplémentation infantile avec 400 IU/jour de vitamine D versus supplémentation maternelle avec 6 400 UI/jour : impact sur la densité osseuse infantile
- DA n° 167 : Impact d’une supplémentation orale maternelle en vitamine D pendant la lactation
- DA n° 138 : Les bébés allaités ont-il besoin de fer ?
- DA n° 80 : Redécouverte de l’importance de la vitamine D
- DA n° 70 : Impact d'une supplémentation en vitamine D chez des mères allaitantes
- Texte publié dans le Spécial études n° 1 : Supplémentation en eau d'enfants exclusivement allaités pendant la période estivale sous les tropiques
- Quelques études sur les besoins en eau des enfants allaités - sous les climats chauds
Communiqué de La Leche League International sur la vitamine D
16 octobre 2008
LLLI encourage toutes les mères à reconnaître l’importance de la vitamine D pour la santé de leurs enfants. Des recherches récentes montrent que le mode de vie actuel ne permet peut-être pas à toutes les mères allaitantes d’avoir assez de vitamine D dans leur propre corps pour en transmettre assez à leurs enfants par le lait maternel.
En octobre 2008, l’American Academy of Pediatrics a émis la recommandation que les bébés reçoivent 400 IU de vitamine D par jour, dès les premiers jours de vie. Les enfants qui ne reçoivent pas assez de vitamine D risquent d’être atteints de rachitisme, et ont un risque accru d’infections, maladies auto-immunes, cancer, diabète et ostéoporose.
La vitamine D s’obtient principalement par l’exposition au soleil, et accessoirement par la nourriture. La recherche indique que la vie en intérieur et l’utilisation d’écran solaire ont sérieusement diminué le taux de vitamine D chez la plupart des femmes. La capacité à obtenir assez de vitamine D par l’exposition au soleil dépend de la couleur de peau et de la situation géographique. Les personnes à peau sombre peuvent avoir besoin de six fois plus de soleil que celles à peau claire. Les gens vivant près de l’équateur peuvent obtenir de la vitamine D pendant les douze mois l’année, alors que ceux qui vivent plus au nord ou au sud peuvent n’en absorber que pendant six mois, voire moins.
Pendant de nombreuses années, les recommandations de LLLI, basées sur les recherches existantes, ont été que les bébés bénéficiant d’un allaitement exclusif recevaient suffisamment de vitamine D par le lait maternel. Les professionnels de santé ont actuellement une meilleure compréhension des fonctions de la vitamine D et des quantités requises, et les recherches les plus récentes indiquent que ceci n’est vrai que si les mères ont elles-mêmes des taux suffisants de vitamine D dans leur corps. Or les statistiques indiquent que ce n’est pas le cas pour un pourcentage important de femmes.
LLLI reconnaît que les mères allaitantes dont le corps contient suffisamment de vitamine D peuvent en transmettre assez à leurs enfants par le lait maternel.
Il est recommandé aux femmes enceintes et aux mères allaitantes d’avoir un taux adéquat de vitamine D ou de supplémenter si nécessaire.
Les professionnels de santé peuvent recommander aux femmes qui ne sont pas sûres d’avoir assez de vitamine D de faire une analyse de sang avant de décider de ne pas supplémenter.
Autres documents
- Vitamine K1 : un schéma posologique simplifié chez le nouveau-né, 2014
- L'EFSA définit des valeurs nutritionnelles de référence pour la vitamine D (octobre 2016)
- Pas de fluor avant 6 mois, communiqué de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), 13 février 2017.
- Article de Marie Courdent, "Boissons et allaitement : les bons choix", publié dans Profession sage-femme n° 220, novembre 2015. À télécharger ci-dessous.
- Protocole #29 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur les suppléments de fer, de zinc et de vitamine D pendant l’allaitement
- Association française de pédiatrie ambulatoire, Apport de vitamine D, nouvelles recommandations, mars 2022.
- ANSES, Vitamine D, des intoxications chroniques de nourrissons dues à un mésusage de compléments alimentaires, mars 2023
Questions/réponses
– La supplémentation en vitamine D du nourrisson allaité au sein peut-elle passer par la mère ?
– Réponse de Marie Courdent, animatrice LLLF. L’Academy of Breastfeeding Medicine (ABM) écrit dans son protocole clinique #29 Suppléments de fer, de zinc et de vitamine D pendant l'allaitement :
"Pour la supplémentation maternelle en vitamine D destinée à augmenter le taux lacté de vitamine D afin d’assurer un statut adéquat pour la vitamine D chez l’enfant, une dose maternelle de 160 μg/jour (6 400 UI) maintenait un bon statut infantile pendant 7 mois, tandis que des doses maternelles de 125 μg/jour (5 000 UI) ou une dose unique de 3 750 μg (150 000 UI) maintenaient un bon statut chez l’enfant pendant 28 jours. La prise maternelle de 60 μg/jour (2 400 UI) était insuffisante pour obtenir un bon statut chez l’enfant. Ces études montrent qu’il est possible d’obtenir un taux lacté suffisant de vitamine D avec une supplémentation maternelle adéquate.
Pour prendre connaissance de l’argumentaire et avoir les références bibliographiques, consultez le protocole ICI.
On voit que l’étude a porté sur une supplémentation maternelle à la dose de 6 400 UI durant les 7 premiers mois de vie de l’enfant, et non au long cours, année après année.
Cette supplémentation, avec une dose de vitamine D inhabituelle en France, doit se faire sous supervision médicale, pour tenir compte de tous les paramètres influant le taux sérique de vitamine D maternel et infantile (naissance en été ou en hiver, exposition au soleil avec ou sans protection vestimentaire ou par un lait anti-UV, consommation de produits lactées contenant de la vitamine D, etc.)
Une étude récente (voir ci-dessous) reprend cette idée de supplémenter la mère pour supplémenter l’enfant, ce qui permettrait d’optimiser le statut de la vitamine D également chez la mère, là aussi jusqu’aux 7 mois de l’enfant.
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"La supplémentation en vitamine D du nourrisson allaité au sein pourrait passer par la mère…
La vitamine D joue un rôle majeur dans le maintien de l'homéostasie minérale osseuse. L’allaitement maternel exclusif qui est la formule nutritionnelle idéale pour le nourrisson n’en expose pas moins à un déficit en vitamine D. Sa prévention repose sur une supplémentation avec une dose quotidienne recommandée de 400 UI de vitamine D3.
Cette dernière peut être amenée au nourrisson via le lait maternel, dès lors qu’une supplémentation est mise en route chez la mère. Encore faut-il choisir la bonne dose permettant de prévenir la carence vitaminique chez le nouveau-né ou le nourrisson concerné. Il faut aussi vérifier que ces deux modes de supplémentation, l’un direct, l’autre indirect, ont le même effet tant sur le contenu minéral osseux (CMO) que sur la densité minérale osseuse (DMO).
C’est là l’objectif d’un essai randomisé dans lequel ont été inclus des nourrissons sous allaitement maternel exclusif. Deux groupes ont été constitués par tirage au sort. Dans l’un a été instaurée une supplémentation indirecte en vitamine D3 administrée à raison de 6 400 UI/j chez la mère, cependant que dans l’autre, la vitamine D était directement apportée au nouveau-né à la dose de 400 UI/j. Seuls les apports de lait maternel ont été autorisés tout au long de l’étude, tous les autres laits étant exclus. La DMO et le CMO ont été mesurés par absorptiomètrie biphotonique X, respectivement à 1, 4 et 7 mois.
Pas de différence significative pour la DMO et le CMO.
Aucune différence intergroupe significative n’a été mise en évidence quant à ces deux paramètres, qui ont évolué de manière similaire dans les deux groupes. La différence moyenne de CMO entre le 1er et le 7e mois a été estimée à + 1,624 et + 1,464 g dans les groupes 400 et 6 400 UI (NS). Il en a été de même pour la DMO, les valeurs correspondantes étant respectivement de + 0,042 et + 0,032 g/cm2 (NS). La supplémentation maternelle indirecte en fortes doses de vitamine D3 pourrait-elle constituer une alternative à la supplémentation directe classique qui passe par le nouveau-né, notamment en cas d’allaitement maternel exclusif ?
Cet essai randomisé plaide en faveur de la-non infériorité de la supplémentation indirecte à partir de critères d’efficacité basés sur l’absorptiométrie biphotonique. Cette appréciation de la minéralisation osseuse est défendable et complémentaire des critères d’efficacité biologique, mais il faudra d’autres études aux résultats concordants avant de répondre positivement à la question précédente.
La supplémentation maternelle indirecte en vitamine D3 à doses élevées (≥ 4 000 UI par jour) semble donner de bons résultats biologiques : les taux sériques de 25 (OH) sont de fait voisins de ceux atteints avec la supplémentation classique directe (400 UI/j) chez le nourrisson, mais le niveau de preuve apporté par les études disponibles est trop faible pour que les recommandations actuelles en tiennent compte.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE
Andrews L et coll. : Comparison of Infant Bone Mineral Content and Density After Infant Daily Oral Vit D 400 IU Supplementation Versus Nursing Mother Oral 6,400 IU Supplementation: A Randomized Controlled Lactation Study. Breastfeed Med. 2022 ;17(6):493-500.
Bonjour Virginie,
Animatrice LLL j'ai reçu votre commentaire et j'ai envie de vous rassurer et de vous suggérer de vous laisser guider par votre bébé.
A partir du moment où il reçoit des solides, vous pouvez lui proposer lors de ces repas un petit peu d'eau qu’il pourra boire au gobelet, à la paille, avec une tasse 360, avec une tasse avec un bec verseur, à la cuillère à café, mais ne vous étonnez pas il en boira très, très peu. Tous les légumes et les fruits contiennent de l'eau, les compotes aussi et cetera donc s'il a soif, il boira sinon il repoussera le récipient.
Quant à passer une journée entière en votre absence sans lait maternel, ce n'est pas très grave surtout que je crois lire qu’il en boit quand même un petit peu.
Même s’il boit de moins en moins de lait maternel, au biberon je suppose, à vous de voir si vous souhaitez introduire des laitages à base de lait de vache, les yaourts étant plus liquides que les petits suisses mais ce n’est absolument pas obligatoires puisqu’il a de nombreuses tétées en votre présence et votre lait c’est le 1er choix.
Vous pouvez aussi cuisiner ave votre lait et lui préparer des petites semoules au lait maternel, des flancs, du riz au lait maternel etc
Comme les bébé s'équilibrent au niveau alimentaire sur une semaine, ce qu'il ne prend pas chez l’assistante maternelle, il le retrouvera le soir, la nuit et le week-end donc j'ai envie de conclure en disant « cool » essayez, observez, et faites confiance à votre bébé
Bon maternage par l’allaitement
Marie
Bonjour,
Mon bébé (allaité)a 7 mois, et mange depuis ses 4 mois, actuellement il mange le midi une purée (parfois avec de la viande) et une compote et à 4h il goute une compote aussi et le soir il mange une demi purée a peu près (env 50ml)
Je l'allaite encore la nuit, plus pour le rassurer je pense ...
Il va chez nounou depuis ses 4 mois et demi et la il va faire des journées de 7 heures (10h/17h), alors qu'habituellement il fait 9H/13H
je tire évidemment mon lait, mais il boit de moins en moins chez nounou et préfère la vraie tétée à la source ; )
Je me demande donc si je dois introduire un petit peu d'eau quand même pour la journée sachant qu'il ne boit pas de lait.
Et maintenant qu'il est plutôt bien diversifié puis-je le laisser sept heures sans lait?
Je ne souhaite pas arrêter à l'allaitement et le laisse Teter absolument quand il veut le week-end et le soir.
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