À l’occasion du vingtième anniversaire de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, qui, dans beaucoup de pays, continue à être fêtée la première semaine d’août, l’UNICEF a publié le 1er août 2013 un communiqué disant entre autres : « Parmi les obstacles à l’amélioration des taux d’allaitement maternels, figurent les stratégies publicitaires dépourvues d’éthique par les producteurs de produits de substitution à l’allaitement maternel. »
Contrer ces stratégies publicitaires, c’est entre autres à quoi sert le Code OMS (1).
Or ces derniers temps, quand un certain nombre de pays ont justement envisagé d’intégrer dans leur législation les mesures préconisées par le Code, que s’est-il passé à chaque fois ? Les médias ont poussé les hauts cris, disant qu’on voulait « interdire les biberons » et forcer toutes les femmes à allaiter...
C’est le maire de New York, Michael Bloomberg, qui, en septembre 2012, lance la campagne « Latch on NYC » pour inciter les maternités à limiter le recours au lait artificiel. Les maternités (volontaires, soulignons-le) s’engagent notamment à arrêter la distribution gratuite d’échantillons de lait artificiel ou d’objets promotionnels liés (une mesure contenue dans la loi française de 1994). Que titre le Daily Mail ? « Le maire de New York veut CACHER le lait artificiel dans les hôpitaux, pour faire pression sur les nouvelles mères afin qu’elles allaitent. »
C’est le gouvernement suédois qui, en novembre 2012, dit préparer une loi interdisant la représentation de bébés sur les emballages de lait artificiel, ainsi que la distribution gratuite d’échantillons de lait artificiel dans les centres de santé. Que titre le site rue89 ? « Le sein-roi : en Suède, une loi pour renforcer la dictature de l’allaitement. » Alors que là encore, il n’y a rien de plus dans ce projet de loi que dans la directive européenne et la loi française.
C’est enfin le projet de loi vénézuélien visant à appliquer le Code OMS de façon un peu musclée (c’est-à-dire avec des sanctions en cas de non-respect de la loi, ce qui devrait être le cas partout, n’est-ce pas ?, s’agissant d’une loi) qui déchaîne les passions en juin dernier. Le Figaro titre aussitôt : « Les femmes bientôt obligées d’allaiter au Venezuela. » Et Le Point : « Le Venezuela veut interdire les biberons et forcer à l’allaitement. » (2)
Alors, répétons-le haut et fort : appliquer les mesures du Code OMS, ce n’est pas interdire le biberon ni forcer les femmes à allaiter. C’est simplement protéger l’allaitement en interdisant la publicité non éthique pour le lait artificiel, et permettre ainsi aux nouveaux parents de faire un choix vraiment éclairé.
Citons à ce sujet une avancée récente de la législation européenne (3) : « L’étiquetage, la présentation et la publicité des préparations pour les nourrissons ainsi que l’étiquetage des préparations « de suite » ne devront pas comporter « d’images de nourrissons ou d’autres images ou du texte susceptibles d’idéaliser l’utilisation de ces préparations. » Donc les laits « 2e âge » sont maintenant eux aussi concernés !
Et pour finir, lu cet été dans un hypermarché sur une boîte de lait 2e âge : « Le lait maternel, aliment exclusif des premières semaines de vie, reste l’aliment de base du jeune enfant lorsque son régime se diversifie. » C’était écrit en petit, mais quand même !
Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau
1. www.who.int/nutrition/publications/code_french.pdf
2. Pour un bon décortiquage de cette intox, voir ici : www.boutsdeficelle.net/news/le-venezuela-l’allaitement-et-les-biberons-5988
3. http://www.europarl.europa.eu/news/fr/news-room/content/20130607IPR11385/html/ Denrées-pour-bébés-médicales-et-hypocaloriques-de-nouvelles-règles
Pour poser une question, n'utilisez pas l'espace "Commentaires" ci-dessous, envoyez un mail à la boîte contact. Merci