À l'heure où la gastro fait son retour en France quelques semaines plus tôt que prévu, il est bon de rappeler un certain nombre de faits.
L'allaitement diminue fortement le risque de gastro pour le bébé
Dans une étude (1), le risque de diarrhée chez les enfants nourris au lait industriel par rapport aux enfants allaités était multiplié par 3,63 à 2 mois et par 2,07 fois à 5 mois. Et la durée de l’épisode de diarrhée était plus longue chez les premiers.
Une seconde étude, faite en Angleterre, montrait que l’alimentation au lait industriel ou l’introduction de compléments de lait industriel était le principal facteur de risque de survenue d’une pathologie intestinale à rotavirus (2).
Une simulation faite en 2005 estimait quant à elle que si la proportion d’enfants allaités était la même en France qu’en Norvège, 8 000 cas de diarrhées à rotavirus et 1 000 hospitalisations pourraient être évités chaque année (3).
Si le bébé a la gastro, la diarrhée, des vomissements
On sait que les bébés allaités peuvent avoir des selles nombreuses et très molles (voire quasiment liquides), parfois verdâtres, sans avoir pour autant la diarrhée. Il n’en reste pas moins que les bébés allaités ont parfois la diarrhée (définie par plus de huit selles par jour, des selles liquides, en quantité beaucoup plus importante que d'habitude, sans substance et pouvant dégager une odeur fétide), et dans ce cas, il ne faut surtout pas arrêter l’allaitement, mais multiplier les tétées, parfois toutes les 15 minutes. Le lait maternel est alors à la fois nourriture et médicament.
Comme le lait maternel se digère très rapidement, même si le bébé a la diarrhée, il absorbera quand même une certaine quantité de liquides et d’éléments nutritifs.
Toutes les recherches ont montré que la poursuite de l’allaitement diminue significativement la durée et la gravité de la diarrhée aiguë (4), ainsi que le risque de déshydratation. Du coup, la plupart du temps, il n'est pas nécessaire d'administrer au bébé des sels de réhydratation. Un avis médical, d'autant plus si l'enfant est un petit nourrisson, est néanmoins nécessaire. Ainsi qu'un suivi de l'évolution du poids de l'enfant.
Comment l'allaitement hâte la guérison
En cas de maladie du bébé, tous les facteurs anti-infectieux que contient le lait maternel (anticorps, interféron, lactoferrine, lymphocites, etc.) se mettent en branle pour combattre la maladie. Et cela selon plusieurs mécanismes bien décrits par le Dr Jack Newman dans son article paru dans Pour la science en 1996 : « Certaines molécules se lient aux micro-organismes dans les intestins, les empêchant de se fixer sur la muqueuse et de traverser cette couche de cellules. D’autres molécules diminuent la disponibilité de sels minéraux et de vitamines dont les bactéries ont besoin pour survivre dans le système digestif. Certaines cellules immunitaires du lait humain attaquent directement les micro-organismes, d’autres libèrent des substances qui stimulent les réactions immunitaires du nourrisson. »
Autrement dit, le lait maternel empêche les microbes de passer, les affame ou leur tombe dessus ; et la plupart du temps, il fait tout ça à la fois !
De plus, grâce à ce qu’on appelle le « cycle entéro-mammaire », le lait maternel va contenir des anticorps spécifiquement dirigés contre les agents pathogènes – virus et bactéries – présents dans l’environnement immédiat de la mère et de l’enfant, et donc éventuellement responsables de sa maladie.
Comment ça marche ? Chez chacun d’entre nous, les cellules qui produisent les anticorps voyagent dans tout le système sanguin comme sur une autoroute, et prennent régulièrement la « sortie » vers les intestins, prêtes à défendre l’organisme contre les infections. Dès qu’une femme commence à allaiter, certaines de ces mêmes cellules productrices d’anticorps commencent soudainement à prendre une autre « sortie », qui mène aux glandes mammaires. Jusqu’à présent, les scientifiques ne savaient pas comment l’organisme maternel envoyait le signal aux cellules productrices d’anticorps de prendre la « sortie » différente. En 2008, une étude a identifié la molécule (appelée CCR10) qui leur donne le feu vert.
Si la mère a la gastro
Comme pour la plupart des maladies aiguës, l'arrêt de l'allaitement ne se justifie aucunement si la mère a la gastro.
En effet, quand elle commence à éprouver les premiers symptômes de la maladie, son bébé est déjà exposé, parfois depuis plusieurs jours, à l'agent infectieux. La poursuite de l'allaitement ne peut que l'aider à éviter d'attraper lui-même la maladie, ou s'il l'attrape, à l'avoir sous une forme atténuée.
Et ce grâce aux anticorps et autres facteurs immunitaires contenus dans le lait maternel. Anticorps "généralistes", sécrétés en permanence dans le lait. Mais aussi produits "sur mesure" pour répondre aux micro-organismes pathogènes présents dans l'environnement de l'enfant et éventuellement absorbés par sa mère (cycle antéro-mammaire, voir ci-dessus). Les anticorps ainsi produits, des immunoglobulines A sécrétoires, ont l'avantage supplémentaire (contrairement à la plupart des autres anticorps) d'enrayer l'infection sans causer d'inflammation. Or l'inflammation, phénomène de destruction des micro-organismes, s'attaque parfois aussi aux tissus de l'organisme, et dans le système digestif de l'enfant, la muqueuse est fragile, de sorte qu'un excès de ces composés serait très dommageable.
Pour la mère aussi, la poursuite de l'allaitement en cas de maladie aiguë a ses avantages. Elle peut, en gardant son bébé avec elle et en l'allaitant couchée, éviter d'avoir à se lever et économiser ainsi ses forces. De plus un sevrage brutal, en plus de la détresse émotionnelle qu'il peut provoquer chez l'enfant et chez la mère, risque d'aggraver l'état de santé de cette dernière, en ajoutant à sa maladie un engorgement fort probable, voire une infection du sein.
À noter qu'en cas de fièvre, il est fréquent qu'on mange et boive peu, ce qui peut entraîner une baisse momentanée de la lactation.
(1) López-Alarcón M et al., Breast-feeding lowers the frequency and duration of acute respiratory infection and diarrhoea in infants under six months of age, DF Nutr 1997 ; 127(3) : 436-43.
(2)Sethi D et al., A study of infectious intestinal disease in England : risk factors associated with group A rotavirus in children, Epidemiol Infect 2001 ; 126(1) : 63-70.
(3) Melliez H. et al., Mortalité, morbidité et coût des infections à rotavirus en France, Bulletin épidémiologique hebdomadaire 2005 ; 35.
(4) Haffejee J, Cow’s milk-based formula, human milk, and soya feeds in acute infantile diarrhea : a therapeutic trial, J Ped Gastro Nut 1990 ; 10 : 193-98.
Voir aussi les dossiers Le bébé malade et/ou hospitalisé et Maladie de la maman
Témoignage
“Ma fille a presque 3 ans, elle est porteuse d'une différence et sa prise de poids est lente. L'allaitement tient toujours, je ne sais pas encore combien de temps, mais encore la semaine dernière, j'ai été contente de pouvoir l'allaiter quand même alors qu'elle avait une gastro. Le médecin qui l'a vue (médecin d’une consultation de génétique du CHRU) m'a proposé une solution de réhydratation, mais lorsqu'elle a su que je l'allaitais, elle a admis que mon lait était plus complet encore que la solution de réhydratation. Ouf, quelqu'un qui est informé !"
Aujourd'hui, j'ai amené mon fils de 16 mois (toujours allaité) chez le médecin pour un vaccin. Pas possible de le faire car il a la gastro depuis 48 heures. Jusque là, je ne suis pas surprise, ni par l'ordonnance que mon médecin me fournit avec Vogalène et tout le reste. Mon fils n'a quasiment rien mangé depuis deux jours, par contre, il a teté, mon lait étant le seul aliment qu'il arrive à garder, et le seul qu'il réclame, refusant tout ce que je propose d'autre.
Me voilà rassurée, car au moins il s'hydrate et mon lait lui fournit ce qu'il faut pour combattre ce germe. Mais qu'est-ce qu'il me dit le docteur ? "Mieux vaut suspendre le lait quelques jours. " Comment ça, pardon ? "Même le lait maternel ?!" je lui dis, incrédule. "Erm, oui, si vous pouvez..." Plus très sûr, le docteur. J'ai rien dit, mais bien sûr je n'applique pas ses conseils (et je ne suis pas passée à la pharmacie pour le Vogalène non plus).
C'est le deuxième enfant que j'allaite et je me suis pas mal documentée grâce à LLL, mais il a quand même réussi à semer un petit doute en moi. Petit, heureusement, tres petit. Mais une jeune maman allaitante moins sûre d'elle serait beaucoup plus vulnérable face à ce genre de conseil. Il est gentil mon médecin, je le connais depuis pas mal d'années mais je lui en veux pour son ignorance et ses conseils erronés. Et je m'en veux car je n'ai pas osé lui dire.
Bonjour,
Ça fait tellement de bien de lire ENFIN quelque chose de rassurant... J'ai dû me rendre aux urgences pour une gastro et je suis encore passée pour une extraterrestre quand j'ai demandé à avoir un traitement compatible avec l'allaitement..."votre nourrisson à quel âge ?"..."elle a 13mois"..."ha oui c'est une grande déjà vous pouvez arrêter"....
Bref, continuons de donner le meilleur à nos enfants...
Merci encore de répondre à nos interrogations, pour la santé de tous.
Bonjour
Merci pour ces informations.
Je suis maman d'une petite Lysa de 7 mois et demi et bien sûr je l'allaite ! et c'est un pur bonheur et je n'ai pas l'intention d'arrêter ! quoi qu'en disent les gens et même ma Belle mère qui ne comprend rien ! et les soignants n'en parlons pas ! À la maternité mon dieu quel discours ! c'est navrant... Sans parler des autres et de cet air surpris : "quoi ? Tu l'allaite encore ?"
Bref je me vide depuis plusieurs heures et j'avoue que j'avais déjà lu quand j'étais enceinte que ça ne posait pas de problème et qu'on pouvait continuer à donner la tétée, mais confrontée à la situation c'est bon de le relire !
merci et encore merci.
Continuons d'allaiter c'est bon pour nos bébés !!!
Merci pour vos conseils et votre soutien. Encore aujourd’hui on m’a demandé pourquoi je continuer d’allaiter. (Bébé a 8 mois)
Que c’était contraignant, que j’allais avoir des vergetures, les seins qui tombent, qu’une fois que bébé aura des dents il faudra que j’arrete (Il en a déjà 2, m’a déjà mordu à sang mais je continue... pourquoi les gens sont ils si incompréhensifs.
J’ai une gastro qui est en place et j’avais peur que cela compromette mon allaitement et vous venez de me rassurer. Allé, chouette! On continue!
Bonjour,
Je viens vers vous car je sens la gastro pointer son nez, et je ne suis pas sure de ce que je peux prendre...
J’ai envie de vomir et je sens que mes intestins ne sont pas au top non plus...
J’ai une petite de 2 mois et demi en allaitement exclusif.
Quel médicaments puis je prendre?
Merci pour votre aide...
Amandine
Bjr j allaite et donne le lait guigoz à ma fille de 20 jours et je vient d attraper la gastro rot qui put l oeuf DSL mais je préfère détailler pour une bonne réponse gaz au ventre et selle liquide sans température que dois je faire vite arrêter le seins ou continuer svppp ????
Tous ces commentaires me sidèrent ! Ce que disent tous ces médecins est scandaleux ! Je vis en Catalogne et le discours est totalement différent ! On est encouragée à allaiter le + longtemps possible et ma pédiatre m'a dit textuellement "à part si vous avez le SIDA il n'y a aucune raison d'arrêter d'allaiter". Bon courage à toutes les mères allaitantes et merci LLL !
Merci pour vos conseils
Un grand Merci ⯑ Pour toute votre Aide cest un réel Bonheur le soutien que vous apporté.
Être la pournousmaman allaitante !
Grâce à vous j'ai pu allaiter mes trois derniers enfants sur 4 Car mon premier en 2000 je ne vous connaissais pas Jécoutai les sages femmes qui me disaient d attentre 3h entre les tétés donc engorgement, bébé dormait Car épuisé, tire lait etc... obligé d arrêter ✋.
Un grand Bravo pour votre travail naturellement indispensable
Une bise à tousssss
Mon medecin généraliste m'a conseillé de donner un peu d'eau à mon bb allaité de 2 mois qui avait de la température pour qu'elle ne risque pas de déshydratation. Quand je lui ai dit 'mais je l'allaite très souvent pour éviter ça' elle m'a dit 'oui mais ça c'est pour manger' en me regardant comme si je ne comprenais rien ...
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