Quand une femme qui allaite tombe malade, il est malheureusement fréquent que le premier avis médical qu'elle reçoive soit de sevrer l'enfant dans la minute qui suit. Les raisons généralement invoquées sont de trois ordres :
- l'allaitement la fatigue et risque donc de compromettre sa guérison,
- les médicaments qu'elle doit prendre sont incompatibles avec l'allaitement,
- elle risque de transmettre sa maladie à l'enfant.
En fait, dans l'immense majorité des cas, non seulement l'allaitement peut être poursuivi, mais il est bon de le poursuivre, tant pour la mère que pour l'enfant.
Allaiter aujourd'hui n° 29.
Documentation LLL
Allaiter Aujourd'hui
- AA n° 92 - La santé dentaire de l'enfant allaité et de sa mère
- AA n° 92 - Edito : On peut allaiter ET se soigner !
- AA n° 76 - Allaiter avec un handicap
- AA n° 33 - Materner quand l'allaitement n'est pas possible
- AA n° 29 - Allaitement et maladies de la mère
- AA n° 25 - L'allaitement et la santé des femmes
Editoriaux/Actualités
- Mai 2009 - Allaitement et grippe A/H1N1
- Mars 2006 - L'allaitement dans un contexte d'épidémie (chikungunya)
Dossiers de l'allaitement
- DA n° 134 - Syndrome de Lacomme et allaitement
- DA n° 124 - Les praticiens doivent-ils parler d’allaitement avec les mères séropositives pour le VIH vivant dans les pays industrialisés ?
- DA n° 119 - Médicaments et allaitement : une attitude positive pour conseiller les mères
- DA n° 92 - Allaitement et troubles alimentaires chez la mère
- DA n° 76 - Lorsque la mère allaitante doit être hospitalisée
- DA n° 69 - Lait humain et infections
- DA n° 65 - Maladies auto-immunes, grossesse et allaitement
- DA n° 64 - Allaitement et VIH : aucune certitude sur le risque de transmission
- DA n° 63 - 3 articles sur le CMV et Hépatite C et allaitement
- DA n° 61 - Le point sur allaitement et rhumatologie
- DA n° 59 - Le fait d'allaiter abaisse le risque de polyarthrite rhumatoïde chez la femme
- DA n° 52 - Hyperthyroïdie et allaitement
- DA 48 et 64 - Dystrophie polykystique ovarienne et allaitement
- DA n° 28 - Allaiter avec un handicap, cas clinique
Médicaments et allaitement - Edition 2016

Compilation des coins du prescripteur des Dossiers de l'allaitement - 5ème édition - mars 2016
18,00 €
Sur le forum LLL
Autre texte LLL et études
- Pharmacies amies de l'allaitement maternel (PHAAM)
- Problèmes thyroïdiens et allaitement
- Hépatite B et allaitement : une méta-analyse
- Allaitement et cancer
Témoignages
Sur allaiter avec un handicap :
Sur l'hospitalisation de la mère :
Maria : Peu de temps avant les fêtes de Noel, j’ai commencé à avoir des douleurs sous-costales. L’impression qu’un étau se resserrait autour de ma poitrine. Ces douleurs coïncidaient avec l’imminente reprise du travail. Ma fille allait avoir 5 mois. Je mettais ça sur le compte de l’anxiété, mais après une violente douleur de quatre heures, j’ai fini par aller voir mon médecin traitant. Suite à une échographie abdominale, le diagnostic est tombé : ma vésicule biliaire était totalement empierrée, et je risquais des complications graves, comme une pancréatite. Il allait falloir m’opérer sous cœlioscopie.
Je me pose tout de suite un tas de questions. L’opération, réalisée sous anesthésie générale, est-elle compatible avec l’allaitement ? Je parcours le site LLL et vais à une réunion. Je regarde les forums et le site du CRAT. J’appelle le centre de pharmacovigilance, qui me dit de leur indiquer tous les produits qui seront utilisés durant mon hospitalisation. Selon les informations récoltées alors, l’anesthésie générale est a priori compatible avec l’allaitement et, dès mon réveil, je pourrai donner le sein.
Rassurée, je vais en consultation chez l’anesthésiste. Il me reçoit pressé, regarde ostensiblement sa montre, enchaîne un protocole de questions en cochant des cases. J’essaie de poser des questions, mais comme elles viennent perturber son ordre établi, il a l’air agacé. Comme je lui dis que j’allaite, il me dit d’arrêter 48 heures. Étonnée, je lui donne les informations récoltées. Il me sort alors sèchement que je n’ai qu’à arrêter de lire des conneries sur Internet, ou m’adresser à Internet pour qu’il m’opère... Quant au CRAT, "il ne va pas l’empêcher de faire son travail". Aucun dialogue n’est possible. Je ne remets pourtant pas en cause ses compétences. Pour finir, d’après lui, le bébé ne sera pas non plus autorisé à venir à mon réveil, car l’hôpital n’est pas bon pour les nourrissons.
J’ai fondu en larmes. Comment allais-je faire ? Ma fille s’endort au sein, elle n’est pas encore diversifiée, on pratique le cododo... Même si je tirais mon lait d’ici là, ce sevrage brutal serait très compliqué. L’anesthésiste me conseille de reporter l’opération si ça me gêne tant. Je sais pertinemment que je ne pourrai pas tenir longtemps avec ces douleurs et que je risque une opération en urgence. Je lui demande quand même le cocktail anesthésiant prévu, mais il tarde à me le délivrer, je dois réitérer plusieurs fois ma demande. Je sors de cette consultation catastrophée et démunie, mais avec les informations. C’est vrai que beaucoup de médecins réagissent mal si le patient vient informé. Au mieux, ils ne le prennent pas au sérieux, comme mon gynécologue qui a dit une fois durant ma grossesse que les femmes enceintes devraient arrêter Internet. Comment discuter avec les professionnels de la santé sans les froisser ?
Finalement, je décide de changer d’anesthésiste. Heureusement pour moi, le chirurgien opère avec plusieurs anesthésistes. L’opération est repoussée de deux semaines et je prends un autre rendez-vous.
Je prépare ma prochaine visite scrupuleusement. Grâce au centre de pharmacovigilance et à Marie Courdent de LLL, j’obtiens des informations sur toutes les molécules utilisées lors de l’hospitalisation : Xanax, Sufentanil, Diprivan, Nimbex, Céfuroxime. Tout va bien pour les produits, excepté pour la Céfuroxime, qui est un antibiotique et qui risque de donner un peu de diarrhée à l’enfant, et la demi-vie du Xanax, un anxiolytique, qui est assez longue. J’imprime tous les documents et, armée d’une bonne dizaine de feuilles, je vais chez l’anesthésiste.
Mes craintes disparaissent. Le médecin est très à l’écoute, rassurant. Je lui explique mon projet d’allaitement. Sa femme allaite aussi, une petite fille de 3 mois. Il prend toute la documentation pour "charrier ses collègues moins documentés là-dessus". Il me conseille par précaution de tirer quand même mon lait, parce que je risque d’être fatiguée après l’opération et d’avoir mal au bras à cause de l’air injecté pour la cœlioscopie. Il décide de ne pas me donner de Xanax. Comme quoi, tout est question d’ouverture au dialogue.
Le jour de l’opération, j’arrive à la clinique à 7 h. J’allaite ma fille avant d’aller au bloc opératoire. Le brancardier m’y amène un peu avant 10 h. Je ne reçois aucun sédatif, comme c’était convenu. J’essaie d’utiliser quelques méthodes de relaxation, l’anesthésiste me propose et utilise l’hypnose. Je me réveille vers 11 h 30, l’anesthésiste me donne un flacon rempli d’un grand nombre de calculs. Je reviens dans ma chambre vers 12 h 30. J’ai cinq petits trous dans le ventre. Ça tire un peu, mais je n’ai pas mal. La séparation a duré moins de trois heures. Vers 13 h, avec l’aide du papa, je donne le sein en restant allongée sur le côté. Vers 16 h, je me sens déjà très bien, je peux marcher et donner le sein assise. Le chirurgien me dit que je peux porter jusqu’à 10 kg sans problème ; aucun souci donc pour soulever ma fille de 8 kg. Vers 18 h 30, nous quittons l’hôpital. En traitement anti-douleur postopératoire, j’ai juste du paracétamol que je ne prends que trois fois, tellement la douleur est supportable.
Aujourd’hui, quatre jours après l’opération, je vais très bien, ma fille aussi. Nous avons réussi. (Allaiter aujourd'hui n° 116)
Linda : Il y a quelques semaines, j'ai dû me faire opérer. Cette intervention a été programmée et j'ai donc pu m'organiser. En effet, j'ai tout fait pour que ma petite Aliyah puisse rester près de moi et, ainsi, ne pas rompre le lien et maintenir ma lactation le mieux possible.
Lorsque j'ai vu les chirurgiens en consultation, je leur ai demandé avec vigueur l'autorisation d'amener ma fille avec moi. Elle était alors âgée de 5 mois. J'ai posé mes arguments : maintien du lien mère-enfant, maintien de la lactation, bébé allergique aux protéines de lait de vache et donc maman en régime d'éviction... et puis, après tout, ne sommes-nous pas en 2017 ?! Dans un « hôpital ami des bébés » !
J'ai bien vu leurs yeux ronds, l'air un peu embêté, mais ils n'ont rien trouvé à redire, sauf bien sûr : mais, madame, il y a des infections à l'hôpital. Mon bébé ne risquait pas de toucher à quoi que ce soit, et nous serions là, son père et moi, pour veiller sur elle ! Sur ces derniers arguments, ils ont accepté.
Pour des raisons d'organisation familiale et de projets personnels me tenant à cœur, j'ai repoussé l'intervention au maximum.
La semaine précédant celle-ci, j'ai téléphoné à la cadre du service. Cela m'avait été demandé par les chirurgiens. Celle-ci a souhaité être rassurée sur les points suivants : le personnel hospitalier n'aurait pas à prendre en charge tous les soins liés à mon bébé ainsi que sa sécurité ; nous apporterions tout le nécessaire pour Aliyah ; et enfin, une personne majeure serait présente à mes côtés jour et nuit pendant toute la durée de l'hospitalisation.
Nous avons donc tout préparé au mieux.
À la date choisie, ma fille était âgée de 10 mois. La veille au soir, à notre arrivée, j'ai remarqué que le personnel soignant n'avait pas l'habitude de cette démarche, et que ma fille leur semblait « grande ». J'ai senti aussi quelques réticences, sûrement par peur d'avoir une charge de travail supplémentaire. Chacun me rappelant que mon mari ou une autre personne majeure devait rester pour s'occuper d'Aliyah.
Le jour du bloc, j'ai pu lui donner la tétée jusqu'au dernier moment. Ce fut bien plus apaisant que tous les anxiolytiques possibles... Nous avons été séparées six heures.
Au bloc, l'anesthésiste a pris à cœur le fait que j'allaitais ma fille et qu'elle était allergique. Il a tout mis en œuvre pour que je puisse l'allaiter dès mon retour en chambre. Et c'est exactement ce qui s'est passé. C'était merveilleux et très réconfortant de l'avoir près de moi. Un grand merci au papa d'avoir accepté de dormir à l'hôpital avec moi, et à mes ainées d'avoir été si compréhensives.
Nous sommes restés cinq nuits (au départ, c’était prévu pour une dizaine de jours, car je devais avoir une laparotomie et pas une cœlioscopie).
En résumé, être hospitalisée avec son bébé, C'EST POSSIBLE ! Et cela devrait l'être chaque fois qu'une maman concernée en éprouve le besoin.
J'ai poussé l'expérience au maximum : mon mari a fixé notre berceau cododo à mon lit d'hôpital, ma fille a dormi près de moi, comme à la maison.
Je pense que mon entêtement a porté ses fruits et que, malgré leurs préjugés, les membres de l'équipe soignante ont dû reconnaître que cela n'avait en rien entravé leur travail quotidien. Peut-être même que certains ont apprécié les doux sourires et les rires que ma fille a souhaité partager avec eux, parfois même à 2 h du matin.
Je tiens tout de même à préciser que je suis puéricultrice dans le même hôpital, un CHUR. Cependant, je ne connaissais personne de ce service, ni même la cadre de santé. Mon intervention était en lien avec des soucis rencontrés suite à ma césarienne, pratiquée dans ce même hôpital. Est- ce pour ces raisons que ma demande a été entendue ? Peut-être.
Cependant, cela a tout de même servi d'expérience positive et a apporté sa « pierre à l'édifice » pour que, demain j'espère, être hospitalisée avec son bébé ne soit plus une exception mais une habitude courante et ancrée dans les normes, que ce soit pour les soignants ou pour les mamans.
Feuillets du docteur J. Newman
- Feuillet n° 18 : Comment savoir qu'un professionnel de la santé ne soutient pas l'allaitement - Extrait : Il (elle) vous dit que vous devriez arrêter l'allaitement parce que vous êtes malade ou que votre bébé est malade, ou parce que vous allez prendre des médicaments, ou bien encore vous allez subir des examens médicaux. Il y a de rares situations où l'allaitement ne peut pas être poursuivi, mais souvent les professionnels de santé ont tort de supposer que la mère ne peut pas continuer. Le professionnel de santé qui soutient l'allaitement fera l'effort de trouver un moyen pour éviter l'interruption de l'allaitement (l'information donnée par le Vidal n'est pas une bonne référence : la plupart des médicaments y sont contre-indiqués parce que les laboratoires pharmaceutiques se sentent plus concernés par le risque de poursuites que par l'intérêt des mères et des bébés). Lorsqu'une mère doit prendre un médicament, le médecin essayera de prescrire un traitement compatible avec l'allaitement (en fait, très peu de traitements imposent l'arrêt de l'allaitement). Il est extrêmement rare qu'il n'existe qu'un seul traitement pour un type de problème. Si le premier choix du médecin est un traitement médical demandant l'interruption de l'allaitement, vous êtes en droit de penser qu'il (elle) ne se sent pas réellement concerné par l'importance de l'allaitement.
- Protocole clinique #30 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur masses mammaires, problèmes mammaires, et imagerie diagnostique chez la femme allaitante
Autres documents
- Produits de contraste (pour examen d'imagerie médicale) et allaitement
- Article de Marie Courdent, "Allaitement et épilepsie", publié dans Profession sage-femme n° 208. À télécharger ci-dessous.
- Fiche technique VIGItox (bulletin d'information rédigé par les médecins et pharmaciens du service Hospitalo-Universitaire de Pharmaco-Toxicologie des Hospices Civils de Lyon), Anesthésie chez la femme en début de grossesse ou qui allaite : quel est le risque ?
- Protocole clinique #15 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur l'analgésie et l'anesthésie chez la mère allaitante. Extrait : "Les mères d’un nouveau-né à terme, ou d’un bébé plus âgé, peuvent habituellement reprendre l’allaitement dès qu’elles sont réveillées, stables, avec un bon niveau de vigilance."
- Protocole clinique #31 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur la radiologie et la médecine nucléaire chez la femme allaitante. Extrait : "Le but de ce protocole est de fournir des informations et des recommandations concernant la sécurité des examens courants de radiologie et de médecine nucléaire pendant la lactation. Bien qu’il ne soit pas nécessaire d’interrompre l’allaitement dans la grande majorité des cas, il existe des exceptions et elles seront passées en revue."
Pensez à aller voir le site du CRAT : lecrat.fr
sur la compatibilité médicaments/allaitement (même s'il n'est pas toujours complet)
J'ai eu une angine avec traitement de 5j à l'Orelox (allaitement possible) et Solupred (allaitement à éviter). J'en suis à mon 3ème jour et je viens de tomber sur cet article. Je suis dégoutée, le doc + la pharmacie m'ont conseillé de tirer mon lait et le jeter car non consommable avec les médicaments et de passer provisoirement au lait HA le temps de ma guérison...Si j'avais lu ça avant j'aurai continué d'allaiter !!! Chose que je vais reprendre dès maintenant !!
Bonjour,
J'ai un mal de gorge fou depuis 2-3 jours, je suis passée à la pharmacie et on m'a donné des médicaments...non compatibles avec l'allaitement ! Du coup j'ai toujours très mal (difficultés à déglutir, douleur quand je touche ma gorge) et je dois y retourner pour un remboursement...
Je vous remercie bcp pour ce site et pour ces informations.
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