Éditorial du n° 122 d'Allaiter aujourd'hui, janvier 2020.
Ces dernières semaines, plusieurs événements sont venus rappeler que l’allaitement, sa promotion et le soutien aux mères qui allaitent sont bien des sujets de santé publique, et doivent à ce titre faire partie des politiques publiques.
Le 20 novembre, on fêtait les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant qui, dans son article 24, stipule que "Les États parties [dont fait partie la France] s’efforcent d’assurer la réalisation intégrale du droit susmentionné [droit de jouir du meilleur état de santé possible] et, en particulier, prennent les mesures appropriées pour (...) faire en sorte que tous les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une information sur la santé et la nutrition de l’enfant, les avantages de l’allaitement au sein".
Le 4 novembre, le conseil municipal de Seyssinet-Pariset (Isère) annulait sa décision du 8 juillet qui avait interdit aux parents d’apporter des biberons de lait maternel pour nourrir leurs bébés confiés en crèche. Cette victoire était le résultat de la mobilisation de nombreux acteurs : parents concernés, pétition largement diffusée (11 000 signatures), associations locales de soutien à l’allaitement, associations nationales d’usagers (CIANE, CoFAM...), professionnels de santé (Association Française de Pédiatrie, médecin responsable du lactarium de Rhône-Alpes...), jusqu’au préfet qui avait dénoncé un "excès de pouvoir".
Une victoire dans un combat qui ne devrait pas avoir lieu d’être quand on lit notamment, dans le PNNS 4 (Plan National Nutrition Santé), enfin paru le 20 septembre, l’objectif 10 et l’action 27 dont "le but est à la fois d’inciter les femmes à choisir, à la naissance de leur enfant, l’allaitement maternel exclusif, de les aider à surmonter les éventuelles difficultés de l’initiation de l’allaitement et de faciliter son maintien dans la durée".
Le PNNS insiste à juste titre sur la période dite des "1 000 jours", déjà mise en avant par l’Unicef, qui constitue "une période de sensibilité au cours de laquelle l’environnement sous toutes ses formes, qu’il soit nutritionnel, écologique, socio-économique, et les modes de vie ont un impact sur le développement et la santé future de l’enfant". C’est sur cette période que planche également la Commission sur les 1 000 premiers jours de l’enfant, lancée la veille, le 19 septembre, par le président de la République. Elle devrait rendre ses travaux en janvier et permettre notamment de "tenir un nouveau discours de santé publique pour accompagner les parents dans leurs relations avec leurs enfants (alimentation, langage, relation aux parents, sommeil, exposition aux écrans, etc.)", afin de "garantir à chaque petit de grandir dans le meilleur environnement possible" (6).
Les vents seraient-ils enfin favorables pour que la France cesse d’être la "mauvaise élève" de l’Europe en matière d’allaitement ?
Claude Didierjean-Jouveau
L'allaitement est un enjeu de santé public et à ce titre, tous les acteurs en contact avec les mères, les pères et les bébés, devraient être encouragés à visiter leurs propres croyances en matière d'allaitement. Combien sont encore convaincus qu'un biberon de préparation commerciale infantile est au moins aussi bon qu'un biberon de lait maternel ?
Mais l'allaitement maternel devrait aussi être considéré comme un droit pour les bébés et les mères. Aucune mère ne devrait se voir opposer un refus lorsqu'elle souhaite donner son lait à son bébé, que ce soit à la crèche, dans l'espace public ou encore lorsqu'elle a besoin d'exprimer son lait sur son lieu de travail.
Une mère qui allaite a besoin de pouvoir allaiter aussi dans les espaces publics, sans craindre les regards ou les remarques déplacées.
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