Ces dernières années, des études ont paru, plus ou moins relayées par les médias, tendant à montrer que ce que mange ou ne mange pas la mère allaitante pourrait avoir un impact plus ou moins important sur l’enfant allaité. Pour le n° 83 d’Allaiter aujourd’hui (2005), nous avions demandé à Françoise Railhet, éditrice des Dossiers de l’allaitement, de réagir face à ces informations, notamment celles sur le rôle des oméga-3 (ou AGPI en n-3). Vous trouverez ses réponses sur le site ICI.
Voici quelques autres études parues depuis.
Impact d’une supplémentation en AGPI en n-3
Les principaux acides gras polyinsaturés (AGPI) sont l’acide linoléique (LA), précurseur des AGPI en n-6, et l’acide alpha-linolénique (ALA), précurseur des AGPI en n-3.
Un déséquilibre entre les AGPI en n-3 et en n-6 perturbera toute la chaîne de synthèse des dérivés des précurseurs de chaque famille. On a par exemple constaté qu’un déséquilibre en faveur des AGPI en n-6 favorisait les allergies.
Une étude française a évalué, auprès de femmes qui donnaient leur lait à un lactarium, l’impact de quatre types d’alimentation : un groupe « huile d’olive » (0,3 g et 2,5 g/jour d’ALA et de LA), un groupe « margarine enrichie » (1,4 et 7,4 g/jour d’ALA et de LA), un groupe « huile de colza » (3,2 et 6,4 g/jour d’ALA et de LA), et un groupe « margarine enrichie + huile de colza » (4,3 et 11,3 g/jour d’ALA et de LA).
Au bout de trente jours, le taux total d’AGPI dans les échantillons de lait était le plus bas dans le premier groupe et le plus élevé dans le quatrième.
Pour les chercheurs, on peut recommander aux mères allaitantes d’avoir une alimentation variée, incluant des poissons gras, des margarines enrichies en AGPI en n-3 ou de l’huile de colza.
Mazurier E et al. Effects of maternal supplementation with omega-3 precursors on human milk composition, J Hum Lact 2017 ; 33(2) : 319-28.
En 2016 est paru une méta-analyse sur l’impact de la nutrition maternelle sur la composition du lait : Bravi F et al. Impact of maternal nutrition on breast-milk composition : a systematic review. Am J Clin Nutr 2016 ; 104(3) : 646-62.
Impact sur le microbiome du lait maternel
Des études ont constaté que l’alimentation maternelle pendant la grossesse et l’allaitement a un impact significatif sur la flore intestinale du nourrisson. Or on sait maintenant que les perturbations de la flore intestinale jouent un rôle important dans diverses pathologies de l’âge adulte (syndrome métabolique, obésité, diabète...).
Cette étude, faite sur sept mères (petit échantillon...) auxquelles on a demandé de manger, selon les périodes, une alimentation riche soit en glucose soit en galactose, puis une alimentation avec des taux de graisses différents, a constaté que cela avait des conséquences sur la flore microbienne (ou microbiome) du lait.
Meyer KM et al. Maternal diet alters the breast milk microbiome and microbial gene content, 18th International Society for Research in Human Milk and Lactation Conference, Breast Med 2016 ; 11(2) : A52.
Polyamines du lait humain et maturation du tractus digestif
Les polyamines sont des molécules dérivées des acides aminés, retrouvées dans toutes les cellules de notre corps ainsi que dans le lait de tous les mammifères.
Plusieurs études, menées tant chez les humains que chez les animaux, permettent de penser que les apports en polyamines en période néonatale jouent un rôle crucial pour l’absorption des nutriments, le développement d’une flore intestinale de bonne qualité et le risque d’allergies.
Les laits industriels à base de lait de vache ou de soja en contiennent dix fois moins que le lait humain.
Et leur taux dans le lait maternel semble bien fonction de l’alimentation de la mère.
Une étude a ainsi constaté des différences significatives dans le taux lacté de deux des trois polyamines présentes dans le lait humain, la putrescine et la spermidine, chez des femmes vivant dans quatre pays différents, et les chercheurs ont attribué ces différences à l’alimentation spécifique dans ces diverses cultures.
Une autre étude pour laquelle les mères ont noté tout ce qu’elles avaient consommé sur une période de trois jours, ce qui a permis de calculer leurs apports en polyamines, a constaté que les taux lactés de putrescine, de spermine et de spermidine étaient corrélés aux apports alimentaires maternels.
Gómez-Gallego C et al. Breast milk polyamines and microbiota interactions : impact of mode of delivery and geographical location. Annals Nutrition Metab 2017 ; March 17.
Atiya Ali M et al. Polyamine levels in breast milk are associated with mothers’ dietary intake and are higher in preterm than full-term human milk and formulas. J Hum Nutr Diet 2014 ; 27 : 459-67.
Pas de restriction alimentaire après l'accouchement.
Même si vous attrapiez la toxoplasmose à ce moment-là, vous pourriez allaiter. Voir e-lactancia sur allaitement et toxoplasmose (https://e-lactancia.org/breastfeeding/maternal-toxoplasmosis/product/) : "Compte tenu de l'absence de preuve de sa transmission par le lait, de la bénignité de l'infection postnatale et de la présence d'anticorps contre Toxoplasma dans le lait maternel, il n'y a aucune raison de contre-indiquer l'allaitement chez les mères ayant souffert de toxoplasmose dans le passé, pendant la grossesse ou au moment de l'allaitement (CDC 2018, Lawrence 2016 p 225, 466 et 789)."
Bonjour,
Je suis enceinte de 7 mois et je me pose la question d el'allaitemeny. Pour le moment je n'ai pas encore pris de décision définitive.
Je pense essayer les premiers jours pour que le bébé prenne le colostrum et pour la suite avoir si ça se passe bien.
Cependant je me pose une question point de vu alimentation. Je ne suis pas immunisé contre la toxoplasmose. Je voudrai savoir si après l'accouchement je dois continuer à faire attention à mon alimentation par rapport à la toxo ou pas ?
Merci pour votre réponse
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