Publié dans le n° 132 de Allaiter aujourd'hui, juillet 2022.
Par Marie Courdent, animatrice LLLF, puéricultrice IBCLC, DIULHAM
Dès leur naissance, les nouveau-nés, qu'ils soient filles ou garçons, ont des petits seins qui sont fonctionnels. Chez les bébés qui présentent une mammite, un gonflement au niveau des seins, on peut, parfois, voir sourdre une goutte de lait, appelé « lait de sorcière ». Pour éviter toute infection de la glande, il ne faut absolument pas stimuler cet écoulement, mais on voit bien que tout est prêt pour la survie de l'espèce.
Les seins vont rester endormis pendant l’enfance, se réveilleront pour les filles au moment de la puberté, puis se prépareront réellement à l'allaitement dès les toutes premières heures de la grossesse. Le placenta, par le biais de ses hormones, fera frein pour éviter pendant la grossesse une production lactée qui serait inutile. Celle-ci peut néanmoins être stimulée à partir de 36-37 semaines de grossesse afin de recueillir, pour le congeler, du colostrum qui peut se révéler bien utile pour un nouveau-né qui aurait besoin pour une raison x ou y d'un complément (voir Exprimer du colostrum avant la naissance).
Ensuite, ce sera l'arrivée du lait en abondance, arrivée qu’on appelle "montée de lait" sans pour autant que le lait monte de nulle part ! Pendant les premières semaines, le corps de la mère va s'ajuster aux besoins du bébé. Le volume produit au départ peut être excessif par rapport à ces besoins. Il est donc normal que, dans les premières semaines, les mères aient la sensation d'avoir vraiment les seins pleins, voire d'être engorgées par moments.
Les premières semaines, il n'est pas recommandé de chercher à réduire la production de lait, car l’ajustement va se faire en fonction de ce que réclame le bébé. À condition qu'il tète fréquemment et efficacement, c’est-à-dire qu'il tète bien sûr, et déglutisse souvent.
Il faut aux bébés de la pratique et de la maturité pour apprendre à coordonner la succion, la déglutition et la respiration pendant la tétée. Certains épisodes de difficultés d'écoulement du lait et le fait pour le bébé de se retirer du sein sont tout à fait normaux et ne sont pas nécessairement le signe d'une montée de lait excessive.
Cependant, si vous continuez à vous sentir mal à l'aise face à ce surplus de lait et si votre bébé ne vit pas très bien cet excès tout en ayant une prise de poids extraordinaire, vous pouvez peut-être vous renseigner pour voir si, oui ou non, vous présentez une hyperlactation, soit une production excessive de lait par rapport au volume nécessaire à la croissance de votre bébé.
Comme il y a des points communs dans le comportement entre un bébé qui reçoit trop de lait et un bébé qui n’en reçoit pas assez, il pourra être judicieux de considérer la situation dans son ensemble avant de conclure à une hyperlactation ou à une lactation insuffisante, afin de mettre en place des suggestions adaptées. N’hésitez pas à solliciter de l’aide : animatrices LLL, consultantes en lactation certifiées IBCLC.
En général, une surproduction de lait va générer une livraison du lait rapide, intense, qu'on appelle Réflexe d'Éjection du lait Fort ou REF. Mais en allaitement, on ne peut jamais dire "jamais" ni "toujours", même avec une hyperlactation, certains bébés gèrent très bien les flux de lait lors des tétées. On ne parlera pas alors de REF.
Et à l'inverse, quand une mère présente un REF, cela ne signifie pas toujours qu’il y a hyperlactation. On peut avoir une production normale et une éjection du lait intense. À notre connaissance, aucune étude n’a jamais expliqué pourquoi certaines mères, avec une production lactée "ordinaire", livrent leur lait goutte à goutte alors que d'autres ont une livraison rapide et forte.
Le lait coule par réflexe : quand la mère voit son bébé commencer à manifester par des micro-signes qu’il aimerait téter, quand elle le met au sein, son cerveau libère une hormone appelée ocytocine qui va déclencher l'écoulement de lait, et ce par salves. Avec un premier bébé, les premières semaines, il peut être très surprenant de voir que, si le bébé lâche le sein, un ou plusieurs jets peuvent continuer d'en sortir. C’est banal au début, mais si cela s'intensifie, que ce ou ces jets sont capables d'arroser le bébé et tout ce qui l’entoure, et que cela complique les tétées, on peut à ce moment-là parler de REF. Avec un peu d’apprentissage, beaucoup de bébés s'en accommodent très bien, mais pour quelques-uns, c’est compliqué de boire aussi rapidement.
Comportement du bébé face à une hyperlactation ou/et un REF
On peut observer les choses suivantes :
- le bébé est agité pendant les tétées, il peut pleurer, tirer sur le sein ou se retirer du sein, parfois en hurlant ;
- le bébé peut tousser, s'étouffer, entrouvrir la bouche pour laisser du lait couler, ou déglutir rapidement, bruyamment au début de la tétée et, pour certains bébés, à chaque éjection du lait ;
- le bébé peut presser le mamelon contre son palais pour essayer d'arrêter ou de ralentir l'écoulement rapide du lait ; cela peut causer des mamelons douloureux et déformés (en bâton de rouge à lèvres) ;
- il peut arrêter sa succion, d’où des bruits de claquement ; à force, ces troubles de la succion peuvent entraîner une réduction de la production lactée vers 4 mois ;
- le bébé peut se cambrer ou se raidir, souvent avec des cris douloureux ;
- chaque tétée ressemble à une lutte, à une bataille.
Particularités du bébé face à une surproduction de lait
- sa prise de poids est très rapide, plus qu’excellente (mais, parfois, il refuse tellement de téter que la prise de poids peut être insuffisante) ;
- un sein par tétée lui suffit ;
- les tétées peuvent être très espacées (toutes les 5 heures) ou au contraire très fréquentes (toutes les 1 h 30) ;
- elles peuvent être courtes, car le bébé boit très vite ;
- il ne boit pas pour le plaisir, se réconforter ou s’endormir ;
- il peut avoir des selles vertes et mousseuses, molles ou explosives, générant parfois un érythème fessier, ou elles sont très aqueuses, sans petits morceaux, parfois avec des traces de sang. Au fur et à mesure que la situation s’améliorera, les selles redeviendront normales ;
- le bébé peut avoir beaucoup de gaz douloureux et régurgiter fréquemment ; on finira par parler de reflux, voire de RGO ;
- étonnamment, les tétées de nuit se passent souvent bien.
Particularités du bébé face à un Réflexe d'Éjection Fort
- les tétées sont très rapides, le bébé boit à toute vitesse et donne l’impression de se noyer ;
- il peut avoir une congestion nasale, car il recrache par le nez et a du lait dans les sinus ;
- il avale du lait et de l’air ;
- il est inconfortable et a beaucoup de gaz.
Quels problèmes rencontrent les mères qui ont trop de lait ? qui ont un REF ?
- dès la grossesse, certaines mères prennent plus de deux tailles de bonnets de soutien-gorge, et cela devrait attirer l’attention des professionnels de santé ;
- après la naissance, la "montée de lait" peut arriver très rapidement, et les seins engorgés peuvent être très douloureux, parfois l’un plus que l’autre ;
- les réflexes d’éjection pendant et entre les tétées peuvent être douloureux ;
- les fuites de lait sont fréquentes, en dehors des tétées, ou sur le second sein pendant la tétée ; le lait coule tout seul et trempe les vêtements jour et nuit. Pour y remédier, on peut : appuyer sur les mamelons pour stopper l’écoulement ; si les coussinets sont insuffisants, utiliser des gants de toilette, des couches pour bébés, des serviettes hygiéniques bio ; après quelques semaines, se servir ponctuellement d’un disque en silicone (LilyPadz) pour empêcher l’écoulement du lait (en société par exemple) ; ne pas utiliser de coquilles recueil-lait qui, en appuyant sur le complexe mamelon-aréole, aggraveraient la situation ;
- les seins sont toujours pleins, semblent se remplir très vite ; si l’on exprime son lait, le faire a minima, juste pour être confortable, afin de ne pas stimuler la lactation ; pendant la tétée, on peut poser un recueil-lait sur le sein non tété (les aînés apprécieront peut-être de goûter ce lait !) ; on peut appliquer des cataplasmes froids pendant une vingtaine de minutes (gants de toilette mouillés, mis dans un sac en plastique puis congelés, coussinets d’allaitement imbibés d’eau…) afin de réduire l’apport de la matière première pour fabriquer le lait, à savoir le sang ;
- les mères peuvent souffrir de canaux lactifères bouchés à répétition. Pour les prévenir : pendant les tétées, masser la zone impactée, doucement, en direction du mamelon ; utiliser la chaleur, tremper le sein dans l’eau chaude avant la tétée pour faciliter la sortie du lait ; varier les positions lors des tétées pour faciliter un bon drainage des seins ; réduire les graisses saturées de son alimentation (celles qui durcissent à température ambiante) ; ajouter des granulés de lécithine de soja à son alimentation ;
- les mastites peuvent être fréquentes (voir le dossier Pathologies du sein lactant : canal lactifère bouché, pore bouché, mastite, abcès) ;
- les mamelons peuvent brûler car le bébé pince le mamelon pour réduire le flux de lait ; après la tétée, le mamelon peut prendre une forme biseautée ; un vasospasme peut apparaître, indépendamment d’une maladie de Raynaud ; il sera soulagé par de la chaleur sèche (coussinets chauffants, petite bouillotte de riz confectionnée avec une chaussette, chauffée 30 à 60 secondes au micro-ondes) ou en pinçant le mamelon pour garder le sang ;
- on fait souvent face à l’incompréhension de l’entourage qui trouve génial d’avoir beaucoup de lait sans en voir les contraintes (ne serait-ce que les vêtements tâchés en permanence qu’il faut souvent changer...).
Qu’est-ce qui cause une surproduction de lait ?
Certaines mères produisent naturellement de gros volumes de lait dès la naissance.
Cela peut entraîner des tétées courtes et fréquentes chez le bébé qui se sent vite rassasié et ne termine jamais le premier sein. Pour se sentir plus confortable, la mère utilise un tire-lait, ce qui stimule de plus en plus sa production lactée.
Certaines mères peuvent croire qu'elles doivent commencer à tirer leur lait dès le début de l’allaitement pour :
- que leur volume de lait augmente rapidement ;
- "vider" les seins après chaque tétée ;
- avoir du lait supplémentaire en cas d'urgence ;
- commencer à stocker du lait en vue du retour au travail.
Certaines mères pensent que le bébé doit boire obligatoirement aux deux seins lors d'une tétée sans favoriser, privilégier, le premier sein avant de proposer le second :
- elles vont interrompre le bébé qui tète encore activement sur le premier sein pour s'assurer qu'il va au deuxième ;
- cela peut entraîner une consommation déséquilibrée de lait de début de tétée faible en matières grasses, avec peu de lait de fin de tétée plus riche en graisses, ce qui fait que le bébé a faim plus rapidement.
Certaines mères en tire-allaitement exclusif (TAE) ont manqué d’informations et vident à fond leurs seins à chaque fois qu’elles tirent, et ce toutes les 3 heures le jour et toutes les 4 heures la nuit, ce qui les rassure mais va générer un excès de production par rapport à ce que boit le bébé.
Certaines mères de bébés prématurés commencent à tirer tôt et souvent pour obtenir du lait pour leur bébé hospitalisé, ce qui est parfait. Quand leur bébé commence à boire au sein, elles continuent à juste titre à tirer leur lait après chaque tétée et restent sur ce rythme. Elles peuvent devenir tellement habituées à exprimer leur lait après chaque tétée qu'elles continuent à le faire même lorsque le bébé est pleinement satisfait au sein, "juste au cas où".
Certaines mères donnent au lactarium, de plus en plus au fil des semaines. C’est bien pour les prématurés, mais leur corps finit par croire qu’elles ont accouché de jumeaux !
Comment l’excès de lait affecte la digestion du bébé ?
En cas de surproduction de lait, le bébé consomme plus de lait riche en lactose, le sucre du lait, mais avec peu de matières grasses, que de lait riche en graisses.
La lactase, une enzyme intestinale, est chargée de digérer le lactose. Lorsque la lactase est submergée, il reste du lactose non digéré dans l’intestin grêle, il fermente au niveau du côlon, provoquant des gaz et des selles vertes, mousseuses. Cela peut entraîner un érythème fessier et, si les intestins sont irrités, des selles sanglantes.
Diminuer la production de lait permettra au bébé de consommer plus de lait riche en matières grasses, cela ralentira le transit intestinal, permettant à la lactase d’effectuer son travail.
On pense parfois que le bébé a des coliques ou qu'il présente une intolérance au lactose ou une allergie aux protéines du lait de vache, alors qu’en fait il s’agit d’une hyperlactation. Ne pas rester seule et se rapprocher d’une animatrice LLL ou d’un professionnel de santé formé en allaitement est dans ce cas judicieux
Comment gérer le REF ?
- Allaitez votre tout-petit sans attendre les signes d'éveil (car il sait téter en étant à moitié endormi, comme il le faisait dans votre ventre), ou dès qu’il se manifeste s’il est un peu plus âgé (vous changerez sa couche après) pour qu’il soit plus calme pour prendre le sein.
- Ajustez la position du bébé de façon qu’il ait la tête plus haute que son corps. Beaucoup de mamans apprécient alors la position BN ou position instinctive, la maman étant semi-assise, bien soutenue par des coussins, et le bébé reposant à plat ventre sur elle. Si c’est compliqué pour vous de vous installer en BN, mettez votre bébé au sein, puis installez-vous semi-assise (voir Positions d’allaitement – vidéos).
Pour certaines mamans, c’est la position allongée sur le côté qui sera la plus pratique.
- Exprimez un peu de lait à la main pendant 1 à 2 minutes, soit avant d'amener le bébé au sein quand il y a eu un long intervalle sans tétée, soit quand, en l’observant en début de tétée, vous voyez qu’il commence à avaler de plus en plus vite ; et évacuez sur un bavoir ou une couche en tissu cette première forte arrivée de lait.
- Arrêtez la tétée dès que le bébé commence à tousser ou à se débattre. Ayez un bavoir, une serviette à portée de main pour "attraper" le jet de lait.
- Appliquez une pression derrière l'aréole vers la cage thoracique pour limiter la force du jet, en utilisant une position "en ciseaux" avec les premier et deuxième doigts de votre main libre. Relâchez la pression pendant que bébé s'installe dans la tétée. Variez la position des doigts pour éviter de créer un canal lactifère bouché.
Si l’autre sein coule et que c’est gênant, appliquez une pression sur le côté où bébé ne tète pas à l'aide d'une serviette, de la paume de votre main, du côté de votre bras le plus proche de ce mamelon, ou utilisez un disque en silicone pour réduire les fuites. La pression peut arrêter la libération du lait. Vous pouvez aussi recueillir un peu de lait avec une poire en silicone.
- Interrompez la tétée et faites faire des rots souvent, dès que le bébé se tortille. Ne lui ramenez pas les jambes sur l’estomac, pour éviter une compression abdominale qui pourrait le faire régurgiter.
- Certaines mamans vont utiliser un bout de sein pour "casser" les jets de lait, mais le risque est que le bébé ne veuille plus prendre le lait directement au sein. Même problème si l’on propose au bébé un biberon de lait maternel ; certains bébés ne veulent plus ensuite prendre le sein.
- Tenir le bébé vertical après les tétées (autre parent, porte-bébé vertical, transat souple en tissu) Évitez tout ce qui peut entraîner une hyperpression abdominale : maxi-cosy, couche serrée trop fort (on doit pouvoir passer facilement un doigt entre la couche et le petit bidon du bébé), petits vêtements avec une ceinture qui serre…
Si votre bébé régurgite durant le changement de couche, vous pouvez apprendre à changer sa couche et à le nettoyer non pas en lui relevant les fesses, mais en le roulant sur la droite puis sur la gauche.
Comment ralentir la production de lait ?
- Ne vous précipitez pas, attendez au moins trois semaines que votre corps s’auto-régule, car, les premiers temps, il est habituel d’avoir beaucoup de lait. La lactation s’établit sur ces trois premières semaines, passant de quelques millilitres de colostrum le jour de la naissance à une moyenne de 800 ml de lait par 24 heures vers 3 semaines, et ce jusqu’à 6 mois environ. Cela ne se fait pas en un jour mais grâce à des tétées fréquentes et efficaces dès la naissance.
- Avant de chercher à freiner votre lactation, assurez-vous que votre bébé a une excellente prise de poids. Pour un nouveau-né à terme et en bonne santé, on s'attend à une prise de poids quotidienne de 30 g par jour en moyenne, les garçons prenant un peu plus. Ce qui donne environ 900 g à 1 kg par mois les deux premiers mois. Puis la prise de poids ralentit, mais l'enfant reste dans le couloir de sa courbe de poids. Si c'est le cas, vous n'êtes pas en surproduction, et faire baisser votre lactation n'est pas recommandée.
- Si le poids de votre enfant traverse les couloirs de sa courbe de poids, s'il prend entre 340 et 450 g par semaine, et qu'il maîtrise très bien la technique de succion, vous pouvez alors momentanément freiner votre lactation.
- Face à une hyperlactation, certains bébés prennent l’habitude d’ouvrir la bouche pour recevoir passivement le lait. Quand la lactation va baisser, il faudra les stimuler pour qu’ils tètent réellement, voire les aider concrètement avec le geste de la compression du sein pour les aider à extraire le lait au mieux
- Établissez un rythme des tétées qui permet au bébé de contrôler le volume de lait et par ricochet la force du jet.
Si vous donniez les deux seins à chaque tétée, ne proposez plus qu’un seul sein par tétée, et ce de façon progressive. Dans un premier temps, considérez le premier sein comme fournissant le "repas" et laissez le bébé le téter à volonté. Traitez le deuxième sein comme un "dessert", et proposez-le, mais ne vous attendez pas à ce qu'il tète aussi longtemps de ce côté. Il s'arrête quand il veut.
Ensuite, ne proposez plus qu’un seul sein par tétée. Exprimez du lait du deuxième sein uniquement si c’est nécessaire pour être confortable jusqu’à la prochaine tétée.
Si ce schéma ne suffit pas à diminuer votre production lactée, vous pouvez essayer de proposer le même sein pour les "repas" durant une période de 2-3 heures avant de changer de sein. Certaines mamans reviennent le soir à un sein par tétée et donnent à volonté la nuit.
Quelques mamans auront besoin de rester six heures, parfois huit, dix ou douze heures sur le même sein avant de passer sur l’autre pour une période de six-huit heures ou plus.
- Soyez flexible, tout en ayant en tête les mécanismes physiologiques de l’allaitement : plus le bébé tète efficacement, plus le tire-lait tire, plus on fabrique du lait ; moins le bébé tète, moins le tire-lait tire, moins le sein est drainé, moins on fabrique du lait.
Puisque vous allez ainsi freiner votre production lactée et que ce freinage n’aura qu’un temps, surveillez régulièrement urines, selles, poids et comportement de votre bébé durant cette période, ainsi que l’état de vos seins pour éviter engorgement, canaux lactifères bouchés et mastites.
- Rester au même sein pendant deux tétées ou plus ralentira le volume de lait, car il y aura moins de stimulation globale.
Rester au même sein aide à s'assurer que le bébé reçoit le lait le plus riche en calories.
Ce processus permettrait au corps de déclencher le Feedback Inhibitor of Lactation (FIL), une protéine du lactosérum qui, en s'accumulant dans le lait non retiré, enverrait le message de ralentir la production de lait. On sait aussi que la sérotonine joue un rôle dans cette régulation bien complexe.
Freiner la production lactée n’est nécessaire qu’un temps, peut-être une semaine, et lorsqu’elle aura ralenti, peut-être reviendrez-vous à un sein par tétée à certains moments de la journée.
- Certaines mères ont constaté que réduire leur consommation de lait et/ou de chocolat et/ou d’amandes avait un effet à la baisse sur leur lactation. Il ne s’agit pas d’un régime d’éviction strict pour une intolérance alimentaire, mais de jouer sur les hormones qui se trouvent dans ces aliments et semblent influencer la lactation. Et bien évidemment, les tisanes d’allaitement n’ont plus leur place dans ces situations !
Quid du "drainage complet" ?
C’est l’étape suivante si les précédentes n’ont pas été assez efficaces.
Choisissez une tétée qui marquera le début du processus.
Environ une heure avant le début habituel de la tétée, avec un tire-lait double pompage, videz vos deux seins jusqu'à ce qu'ils soient mous et qu'ils ne coulent plus (rappelez-vous que vos seins ne sont jamais complètement vides et que bébé peut toujours faire un meilleur travail qu'un tire-lait mécanique).
Lorsque le bébé demande la tétée, allaitez des deux seins "vides" aussi longtemps qu'il est intéressé.
Le reste de la journée est divisé en périodes de trois heures. Chaque fois que le bébé se réveille dans un espace de trois heures de temps, offrez-lui le même côté à volonté.
Pendant les trois heures suivantes, allaitez toujours du sein opposé pour toutes les tétées.
Si le sein non allaité est inconfortable, exprimez à la main ou tirez juste pour soulager la pression, puis arrêtez.
Si les seins deviennent inconfortables et pleins à un moment donné, tirez complètement et recommencez le processus. Certaines mères peuvent avoir besoin de faire des périodes plus longues de 4, 6, 8 à 12 heures jusqu'à ce que les choses soient maîtrisées.
Il est arrivé que lors d’un co-allaitement, l’aîné remplace le tire-lait et, avec une très bonne tétée, effectue un drainage complet et aide à rééquilibrer la lactation.
Le temps est votre allié. Peu à peu, vous comprendrez mieux votre bébé. Ayant mis des mots sur ce que vous vivez, vous allez pouvoir agir pour freiner la production de lait et/ou réduire la vitesse d’éjection et ainsi connaître enfin un allaitement serein.
Bibliographie
- Abundant milk supply and its impact on the breastfeeding relationship, LLLI 65th anniversary conference, Celebrating Connections, octobre 2021, Kay Hoover, animatrice LLL et IBCLC.
- Site LLLI, Oversupply
- Overabundant milk supply : an alternative way to intervene by full drainage and block feeding, Caroline GA van Veldhuizen-Staas, International Breastfeeding Journal 2007 ; 2 : 11.
- Protocole clinique #32 de l’Academy of Breastfeeding Medicine, Gestion de l’hyperlactation, 2020.
- Nancy Mohrbacher, LLL Leader, IBCLC, FILCA, Block Feeding Dos & Don'ts
- La Leche League GB, Fat Content of Breastmilk – FAQs
.
Bonjour Anne,
Pour vous répondre il faudrait comprendre pourquoi vous voulez utiliser un tire-lait. Une chose est sûre plus le bébé tète, plus le tire-lait tire et plus vous allez fabriquer
du lait aussi il serait en effet judicieux de dialoguer avec une animatrice LLL pour qu’elle vous aide à trouver le bon équilibre.
Allez sur cette page et avec les dates des réunions vous aurez aussi les coordonnées des animatrices bénévoles près de chez vous ou sur le répondeur prêtes à vous aider.
https://www.lllfrance.org/reunions
Bonjour Anne,
Bonjour
Je vous remercie de cet article sur le Ref.
Je pense avoir cela (ma fille ne suit pas sa courbe et a une prise de poids extraordinaire, elle s étouffé au début des tétées parfois, souhaite manger toutes les 1h30_2h).
Je souhaitais commencer mercredi à utiliser mon tire lait.
Je suis un peu perdue suite à la lecture de cet article sur ce que je dois faire.
Où puis-je trouver le nom d'une animatrice pour me faire aider ?
En vous remerciant par avance,
Cordialement,
Anne Nomblot
Pour poser une question, n'utilisez pas l'espace "Commentaires" ci-dessous, envoyez un mail à la boîte contact. Merci