Sur allaitement et cancer du sein, voir ici : Allaitement et cancer
Documentation LLL
Sur les douleurs de seins et les pathologies mammaires en général
• Pathologies du sein lactant, août 2024
• AA n° 23 - Les douleurs de l'allaitement : comment y remédier
• DA n° 163 - Dysbiose mammaire et ampoules sur les mamelons : traitement par daptomycine et dalbavancine
• DA n° 63 - Les pathologies mammaires pendant la grossesse et la lactation
• DA, spécial hors-série 9ème Journée Internationale de l'Allaitement - Problèmes de mamelons ou de seins douloureux, Bridget Ingle
Sur l'engorgement
Voir le dossier ICI.
Sur les pores et canaux bouchés, les ampoules, les glandes de Montgomery bouchées ou infectées, les plaies sur les seins lactants, les fistules
• La vie des seins lactants et ses péripéties : pore et canal lactifère bouchés
• DA n° 190 - Gestion des ampoules de lait
• DA n° 171 - Le point sur les ampoules sur les mamelons
• Les glandes (ou tubercules) de Montgomery peuvent-elles se boucher et/ou s'infecter ?
• Fistule lactée et allaitement
Voir aussi les Trucs et astuces plus bas
Sur la mastite
• DA n° 181 - Gestion d’une mastite granulomateuse idiopathique pendant la lactation
• La mastite du sein lactant, la reconnaître et la traiter, Marie Courdent et Vanessa Lasne
• DA n° 127 - Réflexions sur la prise en charge des mastites et des abcès
• DA n° 51 - Le point sur les mastites
Questions/réponses
Q – Je lis cet article dans le but de mieux comprendre ce phénomène de mastite chronique dont je souffre depuis le début de l'allaitement (cela a commencé d'ailleurs après quelques mois).
J'ai toujours eu un REF, on a diagnostiqué à mon fils des freins de langue/lèvre qui ont fait l'objet d'une frenotomie avec exercices pendant 6 semaines.
J'en suis à ma 13ème mastite approximativement. J'ai traité les premières avec feuilles de choux, puis antibios quand la rougeur se propageait, en faisant téter bébé +++ et en drainant.
Aujourd'hui, mon fils a 21 mois, et j'en suis à ma deuxième mastite en 1 semaine. Sein gauche avec état grippal, et aujourd'hui sein droit, après avoir repris le travail alors que mon fils prenait le sein à la demande.
J'ai l'impression que le fait de rester parfois plusieurs heures sans qu'il boive crée d'office une mastite. Pourquoi ?
R de Julie Hamdan, animatrice LLLF – Le tableau de "dysbiose mammaire" (dérèglement de la flore lactée plus pourvoyeuse d’infections) commence à être évoqué avec des mamans qui font en effet des mastites à répétition pendant toute la durée de l’allaitement parfois.
Des études ont été faites sur des traitements probiotiques avec des souches particulières (pas dispo à notre connaissance en France), ça semblait prometteur.
Sinon, le protocole de l’ABM sur la douleur persistante pendant l'allaitement évoque la possibilité de traiter par antibio au long cours (2 à 6 semaines).
Les analyses de lait maternel au laboratoire montrent parfois des bactéries, mais reviennent souvent négatives.
Voir également les protocoles de l'ABM sur la mastite.
Q – J'ai arrêté d'allaiter mon garçon à ses 3 ans, il y a 8 mois. Tout s'est bien jusqu'à ce soir où j'ai les tétons sensibles, un liquide jaunâtre qui s'écoule des deux seins lorsque je presse spécifiquement, et ce qui me paraît être une masse mammaire granuleuse dans chacun des seins, sans douleur aucune. J'ai lu que dans les galactocèles, le liquide est du lait. Chez moi, le liquide est jaunâtre. Enfin, est-il possible d'avoir un galactocèle identique dans chaque sein ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF – Le fait que cela soit bilatéral est plutôt rassurant. Pour en avoir le cœur net, il serait judicieux de consulter pour vous faire prescrire une échographie, un bilan hormonal et une analyse bactériologique du liquide. En fonction de ce que trouvera l’échographiste, il voudra peut-être ponctionner les masses. En attendant, vous pouvez poser des cataplasmes d’argile verte ou de feuille de chou cru.
R de la mère quelques mois plus tard – Après examens biologiques, échographie et mammographie, il s'avère qu'il s'agit d'une ectasie des canaux galactophoriques, ce qui est apparemment très commun chez les femmes ayant allaité longtemps.
Sur les abcès
• DA n° 189 - Traitement non conventionnel d’un abcès du sein
• DA n° 175 - Anesthésie générale et allaitement
• DA n° 168 - Efficacité de l’aspiration guidée par échographie des abcès du sein à S. doré sensible ou résistant à la méticilline
• Abcès du sein : cas cliniques
• DA n° 127 - Réflexions sur la prise en charge des mastites et des abcès
• DA n° 127 - Dossier et études de cas sur les abcès du sein. À télécharger ci-dessous
• DA n° 109 - Abcès du sein lactant : et si on ne les opérait plus ?
• DA n° 63 - Abcès du sein : attention aux situations cliniques parfois trompeuses
• Protocole de l'ABM, Analgésie et anesthésie en peripartum chez la mère allaitante
• Protocole de l'ABM, Soutenir l'allaitement pendant une hospitalisation maternelle ou infantile
• Dossier La mère malade, hospitalisée, opérée
Témoignages d'abcès du sein incisés
• Voir les études de cas publiées dans le n° 127 des Dossiers de l'allaitement. À télécharger ci-dessous
Tatiana : Je vois de plus en plus de publications concernant des mamans opérées d’un abcès au sein qui n’ont pas osé ou n’osent pas reprendre leur allaitement par peur ou bien par manque d’accompagnement.
J’ai donc décidé de partager mon expérience. J’ai été opérée d’un méchant abcès de plus de 14 cm sur le sein droit le 12 janvier dernier. J’avais donc un trou de 7 cm environ de largeur sur plus de 5 cm de profondeur.
J’ai eu droit à la totale : septicémie, lame pendant deux jours, puis ensuite méchage... Les soins ont duré 10 semaines dont 8 semaines de méchage, et la plaie était (est) au bord de mon mamelon.
Bien évidemment, à l’hôpital, on m’a conseillé de drainer le sein puis d’abandonner mon allaitement. Taratata, j’ai pas vécu tout ça pour lâcher ! J’ai donc consulté une consultante en lactation qui est venue me voir cinq jours après mon opération pour m’aider.
Elle m’a montré la position BN pour mettre ma fille au sein, position qui a été délivratrice (ça se dit ?!). pour moi et ma fille. Cette position permettait à ma puce de prendre le sein sans me faire trop mal puisqu’elle n’appuyait pas sur la plaie. Et j’ai repris mon allaitement !
Pour favoriser la prise du sein, mes merveilleuses infirmières m’ont fait des pansements en silicone (de la marque Allevyn), elles découpaient le haut pour laisser le mamelon sorti. L’avantage de ces pansements, c’est qu’ils tiennent plus de trois jours même avec le lait qui coule dessus, les douches, etc., et ils ne gênent pas bébé pour prendre le sein.
Bien évidemment, cinq jours juste à drainer à la main ont fait baisser ma lactation. Il m’a fallu plusieurs jours, je dirais une dizaine, avant d’avoir de nouveau une montée de lait et avoir suffisamment pour nourrir ma fille en une tétée rien qu’avec ce sein. Mais c’est possible !
Et franchement, si vous avez survécu à la douleur de l’abcès avant l’opération, à cette lame monstrueuse dans votre sein, au retrait de la lame, aux soins quotidiens de méchage tellement agréables (!), croyez-moi, la douleur n’est rien et même plus que supportable pendant la tétée.
J’ai même remarqué que redonner le sein a vraiment accéléré la guérison et a amoindri très rapidement ma douleur.
En revanche, le tire-lait... Je le refais depuis une petite semaine et encore en position minimale, car ça tire sur ma peau et sur la cicatrice, et j’ai beaucoup de mal. Je préfère donner le sein, du coup.
Voilà, pour conclure, ayez confiance en vous et en votre bébé, et demandez conseil à des professionnelles si vous souhaitez continuer ! C’est possible, c’est réalisable, et vous n’en serez que plus fière une fois que vous aurez réussi à surmonter cette étape !
Témoignages d'abcès du sein ponctionnés
Emmanuelle : Malgré tout, la ponction faite par du personnel qualifié a été une vraie réussite. Je peux continuer d’allaiter, je n'ai pas eu de plaies ni de douleurs pendant l’allaitement suite à la ponction. J’ai simplement dû attendre que l’anesthésie soit dissipée pour allaiter mon bébé. Je suis aussi un cas « à part » puisque j’ai eu 5 abcès, ce qui est extrêmement rare. Il faut savoir qu’avec la ponction, la récidive est fréquente puisque l’abcès est vidé mais pas enlevé, et qu’il peut se remplir à nouveau. Mais si par hasard j’avais une nouvelle fois des abcès, je ferais une énième ponction sans hésiter ! Mon sein a retrouvé un aspect normal (malgré quelques bleus là où le médecin a piqué). La seule condition est de demander un spécialiste dans les ponctions et biopsies mammaires pour être sûre de ne pas souffrir. Voir tout le témoignage d'Emmanuelle ICI.
Claire : J’ai souhaité que cet épisode douloureux et qui m’a fortement marquée ne soit pas inutile. J’ai pensé que mon expérience pourrait servir à d’autres mamans allaitantes, et c’est pourquoi j’ai eu le réflexe de prendre des photos régulièrement lorsque j’ai senti que la situation se dégradait. J’espère que ces photos pourront permettre à des mamans de se rassurer, de voir que ce qui leur arrive est "normal" en cas d’abcès, et que la guérison est possible et pas si lointaine, même quand on se sent aussi atteinte dans son identité de femme et dans ses compétences de mère. Mon souhait est que si une maman cherche le mot "abcès" sur le site de LLL France, elle puisse lire mon témoignage pour ne pas se sentir aussi seule que j’ai pu me sentir face à ce vide de "publications" sur le sujet. Voir tout le témoignage de Claire sur un abcès multiponctionné ICI.
Émilie : J’ai 36 ans, je suis primipare, maman d’un petit garçon de 6 semaines que j’ai eu beaucoup de mal à avoir. J’ai souhaité allaiter mon bébé afin qu’il puisse recevoir mes anticorps et pour suivre les recommandations de l’OMS. Je dois dire qu’à la maternité, on ne m’a pas vraiment bien renseignée sur l’allaitement, mais j’étais déterminée, et j’ai donc décidé de persister dans cette voie. Les débuts ont été un peu compliqués, car j’ai eu une césarienne en urgence avec anesthésie générale, ce qui ne m’a pas permis d’allaiter tout de suite. Ensuite mon bébé ne prenait pas beaucoup de poids, les infirmières m’ont incitée à donner des biberons de complément, ce qui a rendu la prise au sein difficile et ce m’a obligée à mettre des bouts de sein en silicone pour que mon bébé accepte le sein. De retour à la maison, je suis passée à l’allaitement exclusif, mais toujours avec les bouts de sein, car bébé ne l’accepte pas sans. Au bout de 4 semaines, j’ai commencé à sentir que mon sein droit présentait une masse légèrement dure. J’ai donc consulté une sage-femme spécialiste de l’allaitement, afin de recevoir des conseils d’une part concernant cette douleur au sein droit et d’autre part pour arriver à me débarrasser des bouts de sein. A priori, la masse était due a un canal lactifère bouché et on m’a conseillé de masser sous la douche, de faire des cataplasmes de chou et d’argile verte, et surtout de continuer l’allaitement. Au bout de 2 jours, la masse était de plus en plus présente, et mon sein était de plus en plus rouge et chaud (signe d’une mastite). J’ai donc consulté un gynécologue qui m’a dit la même chose que la sage-femme et que je devais continuer à faire tous les gestes que je faisais déjà. Au bout d’une semaine, mon sein droit était toujours gonflé et douloureux : quand le petit appuyait son menton sur la zone surtout, la douleur était insupportable. J’ai donc rappelé la sage-femme qui m’a envoyée aux urgences d’un hôpital de proximité. Après 4h30 d’attente, je rencontre le gynécologue de garde qui me dit à son tour que ce n’est rien, car pas de fièvre et pas de “signe clinique” en faveur d’une éventuelle complication de la mastite, et ce malgré la durée de mon état et de l’allure de mon sein qui avait viré au rouge écarlate, sans parler de la douleur intense. Suite à ça, j’ai décidé d’aller voir mon médecin traitant, même verdict. La douleur immense et le désarroi dans lesquels je me trouvais ne m’ont pas empêchée de continuer l’allaitement, car la force de conviction nous permet, en tant que mère, de dépasser nos limites. Nous étions à 15 jours de douleurs, et tout cela s’empirait.J’ai donc revu la sage-femme et le gynécologue qui m’ont prescrit une échographie et des anti-inflammatoires, en m’expliquant qu’il n’y avait pas de fièvre donc pas de quoi s’inquiéter, tout en me parlant de la chirurgie si un abcès était repéré. Je commençais à être vraiment inquiète de savoir comment j’allais pouvoir continuer à allaiter et surtout de la séparation avec mon fils le temps de l’opération, sans parler de l’esthétisme de mon sein qui aurait une grosse cicatrice tout du long. J’avais rendez-vous le lundi suivant pour l’échographie, et le dimanche, la douleur était vraiment critique, je ressentais presque des difficultés à l’idée de mettre mon fils sur ce sein. En faisant des recherches, j’ai obtenu le numéro de Claire, de La Leche League, qui m’a de suite rappelée pour échanger et me rassurer, mais également pour me proposer d’autres solutions qui me permettraient de poursuivre mon allaitement sereinement. Ses conseils m’ont été très précieux et surtout son expérience et son expertise, qui m’ont permis de mieux comprendre ce qui m’arrivait et comment je devais réagir. Le lundi matin, sur ses conseils, j’ai pu obtenir un rendez-vous dans un cabinet de radiologie spécialisé dans le sein pour effectuer mon échographie. Il s’est avéré que j’avais un abcès de près de 7 cm de diamètre. J’ai tout de suite été prise en charge et j’ai eu une première ponction dans la foulée de mon échographie, ponction qui m’a tout de suite soulagée. On m’a donné un rendez-vous de contrôle pour le jeudi en m’expliquant qu’il y avait une possibilité de nouvelle ponction lors du rendez-vous de contrôle. Effectivement, le lendemain, mon sein a commencé à regonfler et à être de nouveau douloureux, même si ce n’était pas comparable à la semaine précédente. Le jeudi matin, en me levant, mon sein droit présentait une zone un peu molle au niveau de la ponction, avec un point blanc comme un bouton prêt à percer. J’ai donc contacter Claire qui m’a expliqué que c’était une fistule, que le pus cherchait à sortir de lui-même (ce qui est la suite logique de l’abcès et surtout très bon signe). J’ai donc percé le “bouton” avec une aiguille stérile, et il s’est effectivement écoulé du pus pendant de longues minutes. J’ai purgé l’abcès jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de pus qui coule. Sur le coup, c’est assez impressionnant, et surtout, on se pose plein de questions, mais cela soulage immédiatement la tension au niveau du sein. J’ai bien désinfecté la plaie et je me suis rendue à mon rendez-vous de contrôle. Le docteur m’a fait une dernière ponction pour vérifier que tout était parti, et c’était bien le cas : le liquide qui sortait était du liquide “propre”. J’ai pu rentrer chez moi sereine. Seulement, le jeudi soir, une fois à la maison, en remettant le petit au sein, j’ai senti du liquide sortir de mon sein par la plaie de la fistule, c’était du sang en grande quantité. En rappelant le docteur, il m’a expliqué que c’était normal, car le corps purge en totalité la cavité de la plaie en la remplissant de sang propre. Cette aventure m’a permis de comprendre plusieurs choses. Tout d’abord qu’il faut toujours s’adresser aux bonnes personnes, car tout le monde n’est pas bien renseigné ; ensuite que la détermination nous permet d’accomplir beaucoup et que vouloir le meilleur pour son enfant nous permet de nous surpasser ; et enfin que le soutien de son conjoint et de sa famille est très important dans ses moments-là. J’espère que ce témoignage pourra aider d’autres mamans qui rencontreront peut-être ce cas. En tout cas, on peut toujours trouver des solutions, et si l’allaitement nous tient vraiment à cœur, il ne faut pas abandonner à la première difficulté.
Ndlr. La mère n'a pris ni Doliprane, ni Ibuprofène, ayant peur que cela nuise à son bébé. Elle a fistulé un jeudi, et le mardi suivant, il ne restait quasi plus rien, à part quelques hématomes internes là où elle avait été ponctionnée (ce qui montre encore une fois à quel point la guérison est rapide avec la poursuite de l’allaitement).
Questions/réponses
Voir aussi Abcès du sein, questions/réponses
Q – Je viens de subir la ponction d’un abcès du sein. Je n'ai presque plus du tout mal au sein, qui est beaucoup moins tendu. On m’a dit de vider le sein atteint par l’abcès (sein droit) et d'en jeter le lait, et de continuer l'allaitement avec le sein gauche. Est-ce vraiment la conduite à tenir ou puis-je reprendre dès maintenant l’allaitement des deux seins ?
R – (tirée de l’article de Rigourd V et al., Prise en charge par ponctions écho-guidées des abcès du sein lactant et poursuite de l’allaitement maternel, Gynéco Online, juin 2018). "Un abcès n’est pas une indication au sevrage, même sur le sein affecté, car il est rarement connecté avec un canal lactifère, et le nouveau-né ne peut ainsi pas ingérer de pus. Il n’y a pas plus de risque infectieux pour l’enfant si l’antibiothérapie est adaptée. Un arrêt brutal de l’AM majore la stase lactée et peut augmenter la taille de l’abcès, voire favoriser sa non-résorption malgré un traitement adéquat. Après ponction, la poursuite de l’allaitement permet de diminuer l’inflammation en favorisant la bonne vidange du sein, accélérant la guérison de l’abcès. La prise en charge non chirurgicale (Ndlr : par ponction) autorise la poursuite de l’AM sur les deux seins, avec un meilleur pronostic par rapport à la chirurgie. L’étude réalisée à Lyon montrait une poursuite de l'AM dans 87,8 % des cas, dont 48,5 % des cas sur le sein abcédé. Dans notre étude, 100 % des mères ont poursuivi leur allaitement au décours immédiat du geste de la ponction."
Les nombreux témoignages de ponctions d’abcès du sein, mais aussi d’incisions, publiés sur notre site montrent qu’il est tout à fait possible de reprendre les tétées dès que la mère le souhaite, et que cette poursuite de l’allaitement facilite la guérison du sein.
Q – J’ai été ponctionnée/opérée d’un abcès du sein et du lait s’échappe des points de ponction/de l’incision. Est-ce normal ?
R de Rachel, animatrice LLLF – Oui, c’est normal, car il n’est pas recommandé de boucher les points de ponction ou l’incision d’un abcès du sein. La fabrication du lait se poursuit et ce lait sous pression a besoin de sortir pour éviter la récidive d’une mastite et/ou la formation de nouvelles poches d’abcès.
Quand mon bébé avait six semaines j'ai d'abord été ponctionnée d’un abcès du sein lors deux séances distantes de deux jours, puis l'abcès s'est complétement ouvert, fistulisé à la peau. J'avais donc du lait qui s'écoulait en goutte à goutte des quatre points de ponction et de la plaie de l'abcès au travers de la mèche et du pansement. J'ai pris soin d'éponger durant les tétées le lait qui s'échappait par le trou de l'abcès comme d’un robinet ouvert. En effet, ce lait passait au travers de la mèche, de la vaseline, du tulle gras et du pansement, et je ne voulais pas du tout que mon bébé ingère un lait passé dans autant de matériaux différents.
Une consultante en lactation certifiée IBCLC m'a proposé de faire un test en absorbant mon lait sur une compresse, et de regarder si, en séchant, il se formait un contour vert sur le pourtour de la flaque de lait. D'après elle, ce contour vert signifiait qu'il y avait du pus dans mon lait (et ça ne remettait pas en cause le fait que mon bébé puisse téter malgré tout, c'était surtout informatif). Effectivement, il y avait une lisière verte, qui est devenue de moins en moins marquée dans les jours suivant la fistulisation de l'abcès.
Q – Je viens d’être ponctionnée/opérée d’un abcès du sein et j’ai reçu des avis contradictoires quant à la poursuite de mon allaitement.
R de Magali, animatrice LLL et consultante en lactation certifiée IBCLC – Pour avoir accompagné des mamans ayant eu des abcès dans ma pratique de consultante en lactation IBCLC, je peux témoigner que ce sont celles qui ont gardé un sein lactant qui ont le mieux cicatrisé. Parce que le lait sort par le trou de l'abcès, les mamans ont le sentiment que cela ne va pas cicatriser, mais c'est plutôt le contraire. L'année dernière, j'ai eu (la loi des séries sans doute...) trois mamans quasi en même temps qui ont présenté un abcès, toutes pour la même raison, à savoir une mise sous antibiotiques pas assez forte suite à une mastite. Sur les trois mamans, deux ont arrêté l'allaitement et une a continué. Les deux mamans qui ont arrêté ont dû avoir plus d'un mois de soins infirmiers pour la mèche, etc., celle qui a continué d'allaiter a vu les ouvertures très vite se refermer, et en deux semaines, c'était très joli. Le lait maternel est un excellent cicatrisant.
R de Rachel, animatrice LLLF – Une analyse bactériologique a été réalisée sur un prélèvement du liquide obtenu lors de la ponction. Dans l'attente du résultat (une petite semaine), j'ai dû me décider entre faire téter ou pas sur le sein avec l'abcès, car certains professionnels de santé disaient que mon bébé risquait une infection. La lecture de cet article m’a convaincue que je pouvais poursuivre les tétées des deux seins : Abcès du sein : attention aux situations cliniques parfois trompeuses ! Il dit que "La plupart des professionnels de santé pensent qu’il existe un risque de contamination de l’enfant par le lait maternel et recommandent l’expression du lait, voire le sevrage. Or de nombreuses études ont montré que l’on pouvait continuer l’allaitement sans mettre l’enfant en danger en cas d’infection par staphylocoque doré (OMS 2000). Il semble donc qu’il y a plus de désavantages à arrêter l’allaitement dans ces cas-là".
Il est important de réaliser que les microbes et le pus, le bébé les a bus pendant la mastite et pendant que l’abcès s’est collecté, Une fois l'abcès collecté, le lait est bien plus propre finalement puisque le corps a "poussé" tous les microbes dans une sorte de boîte.
J'ai choisi de continuer à faire téter mon bébé d'abord parce qu'en tétant, mon bébé me permettait de me soigner en vidant mon sein et en évitant ainsi les engorgements. Ensuite parce que, même si mon lait contenait du pus, j'avais lu que ce pus allait être détruit par l’acidité de l’estomac de mon bébé
J'ai été méchée 6 semaines, le temps que le trou de l'abcès se résorbe, et j'ai allaité mon fils pendant deux ans.
(Ndlr : dans le cas de Rachel, la mise sous antibiotiques 48 heures avant la première ponction et le prélèvement bactériologique a "décapité" l’infection, et aucun germe n’a été mis en évidence.)
Q – Je viens d’être ponctionnée/opérée d’un abcès du sein, je ne sais pas comment m’installer pour allaiter sans que cela tire ou appuie sur la zone douloureuse.
R de Rachel, animatrice LLLF – Très vite, j'ai vu qu'il était compliqué de faire téter mon bébé (6 semaines) sur ce sein, car la position que je prenais était crispée, mon bébé était mal installé, dès qu'il s'agitait, j'avais peur qu'il me fasse mal. Je me suis mise à le faire téter "à table" : je posais sa couverture sur la table, je le posais dessus, je m'asseyais à table comme pour manger, et je roulais mon bébé sur le côté en lisière de table. De cette manière, il était détendu pour téter, moi je ne portais plus de charge de ce côté, je pouvais mieux voir sa façon de prendre le sein, et je pouvais soutenir mon sein d'une main pour éviter de trop tirer sur la plaie et pour diminuer la douleur. Et j'en profitais pour éponger avec une compresse le lait qui s'écoulait de partout ailleurs. C'est une façon de faire qui nous a beaucoup aidés. Et le bébé peut avoir le menton côté extérieur du sein ou bien côté intérieur, ce qui permet d'alterner les positions et de bien drainer le sein qui est un peu malmené par tous ces événements (et que dire de la maman !).
Q – Je pense avoir un canal de lait bouché et je voudrais essayer la technique des ultrasons. En attendant le rendez-vous avec un kiné, que puis-je faire ?
R d'Adèle, animatrice LLLF – En attendant de consulter un professionnel de santé, vous pouvez essayer durant quelques minutes les vibrations d'une brosse à dents électrique en appliquant le dos de la brosse tout autour de la zone tendue, sans se faire mal, avec douceur.
Q – J’ai des fibroadénomes (ou adénofibromes) dans les seins, avec un suivi médical, et tout va bien. Ma maman en a aussi et ça ne pose pas de problème. Est-ce que cela pose un souci pour l'allaitement ? Douleur, grossissement, évolution, lactation...
R de Carole, animatrice LLLF – Il y a six ans, au cours de ma première grossesse, un fibroadénome a été détecté dans un de mes seins. Une biopsie a été faite pour s'assurer que c'était bien ça. Je n'ai pas eu de souci depuis, il n'a pas pris d'ampleur, il est indolore et j'allaite sans problème (dont co-allaitement puis allaitement de jumelles). D'après ce que m'a dit un gynécologue, un fibroadénome ne peut pas dégénérer en cancer. Mon sein concerné est plus gros que l'autre et produit plus.
R de Cindy, animatrice LLLF – J'ai été opérée d'un adénofibrome avant, bien avant ma première grossesse. Cela ne m'a pas empêchée d'allaiter ma grande, d'allaiter enceinte, de co-allaiter et de continuer longtemps. La cicatrice est au niveau de l'aréole. Contrairement à Carole, mon sein opéré a toujours été moins sollicité, donc était moins gros que le droit. Cela ne m'a donc posé aucun problème.
R de Sophie, animatrice LLLF – J’avais une vingtaine d’années lorsque j’ai découvert que j’avais, sur le côté de mon sein gauche, une petite masse. J’étais jeune, sans projet d’enfant à court terme. J’ai alors consulté deux médecins. Le premier chirurgien obstétricien au CHU d’Angers, "spécialiste du sein" me dit qu’il faut opérer, rapidement, il s’agit d’un adénofibrome. Je ne suis pas enthousiaste avec cette proposition. J’ai l’idée d’aller voir un autre chirurgien, plus jeune, qui lui va me proposer d’attendre en me disant : "Vous êtes jeune, vous n’avez pas encore eu d’enfant et vous n’avez pas encore vécu un allaitement, alors nous allons surveiller et attendre, souvent ces adénofibromes disparaissent au fur et à mesure de la vie de nos seins." 25 ans plus tard, j’apprécie encore la sagesse de ce médecin, car j’ai eu cinq enfants, je les ai tous allaités, et mon petit adénofibrome a disparu ! J’ai échappé à une intervention chirurgicale inutile ! Quand j’ai attendu mon premier enfant, mon désir d’allaiter était très fort, et j’avais aussi en tête les mots de ce docteur "l’allaitement modifie nos seins, c’est la vie de nos seins qui se poursuit comme un cycle qui dure toute la vie !". Ce fut indéniablement une grande motivation pour allaiter mes bébés.
Q – J’ai allaité mon premier enfant un mois difficilement. Six semaines après le sevrage, j’ai dû être opérée d’un abcès du sein. Ma gynéco m’a déconseillé d’allaiter mon prochain bébé, mais j’aurais bien aimé réessayer ! Elle me dit qu’il y a des risques d’une nouvelle infection.
R de Marie Courdent, animatrice LLLF – Ne plus allaiter après un abcès, c’est ce que l’on disait au siècle dernier, et les idées fausses ont la vie dure !.L’Organisation Mondiale de la Santé est formelle, voici ce qui est écrit depuis des années dans son document Mastite, causes et prise en charge, à la page 24 : "Il importe que les médecins et autres agents de santé qui s'occupent d'une femme présentant un abcès du sein la rassurent en lui disant qu’elle peut continuer à allaiter, que cela ne nuira pas à son enfant, et qu’elle devrait pouvoir allaiter à nouveau si elle a d'autres enfants. Ils doivent lui expliquer comment y parvenir et comment on va traiter l’affection."
Vous faites appel à une association d’animatrices bénévoles qui portent l’expérience de milliers de femmes. Nous avons accompagné de très nombreuses femmes qui, après un premier allaitement avec un abcès, ont allaité leurs bébés suivants. J’ai le souvenir d’une femme qui a eu un abcès avec 120 ml de pus retiré lors de l’intervention. Elle vous ressemble, car cet abcès était la conséquence d’un allaitement mal accompagné et donc inefficace. Elle a allaité son deuxième enfant sans difficulté, mais entre deux, elle s’était sacrément renseignée sur la conduite de l’allaitement.
Si je devais insister sur quelque chose, c’est de bien vous informer pour comprendre pourquoi vous avez dû sevrer si vite, et comment, pourquoi cet allaitement et ce sevrage ont abouti à cet abcès. Avez-vous déjà réfléchi à tout cela ?
Y a-t-il un groupe LLL proche de chez vous pour participer aux réunions dès que possible, dès maintenant car souvent, en fin de grossesse, on a de multiples rendez-vous médicaux qui tombent les jours de réunion ? Sinon, vous pouvez participer aux réunions LLL via Zoom.
Notre livre L’Art de l’Allaitement Maternel vous donnera beaucoup d’informations sur les règles d’or permettant un allaitement serein.
Q – Le lait tiré et congelé pour me soulager lors d’un épisode d’engorgement est-il consommable ?
R de Julie Hamdan, animatrice LLLF, médecin, IBCLC, DIULHAM – Oui, bien sûr ! Les mêmes règles s’appliquent avec du lait tiré que lors des tétées données à l’occasion d’un épisode d’engorgement, mastite, ou abcès du sein. Un enfant en bonne santé peut poursuivre l’allaitement en direct au sein, l peut donc boire également du lait tiré et conservé. Des restrictions peuvent s’appliquer dans certains cas particuliers, par exemple un enfant né prématurément, hospitalisé (comme pour l’allaitement en direct).
Sur les mastites et abcès pendant la grossesse
• DA 109 - Mastite anténatale avec abcès
• DA 136 - Engorgement mammaire pendant la grossesse suite à un traitement par bétaméthasone
Feuillets du Docteur J. Newman
• Traitement des abcès : La chirurgie mammaire et ses effets sur l'allaitement (deuxième partie)
• Chirurgie mammaire et allaitement (troisième partie)
Autres documents
• Brochure de l'OMS, Mastite : causes et prise en charge
• Protocole #36 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur les mastites - Le spectre des mastites
• Protocole clinique #30 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur masses mammaires, problèmes mammaires, et imagerie diagnostique chez la femme allaitante
• Article de Marie Courdent, "Quand le lait ne peut couler" (pore bouché), publié dans Profession sage-femme n° 226, juin 2016. À télécharger ci-dessous.
• Rigourd V et al., Prise en charge par ponctions écho-guidées des abcès du sein lactant et poursuite de l’allaitement maternel, Gynéco Online, juin 2018.
• Zhou F et al., The effectiveness of needle aspiration versus traditional incision and drainage in the treatment of breast abscess : a meta-analysis, Ann Med 2023 ; 55(1) : 2224045. Conclusion de cette méta-analyse : " La ponction à l'aiguille présente de meilleurs avantages en termes de temps de guérison, d'évitement de la fistule mammaire, de poursuite de l'allaitement et de satisfaction des patientes. Bien que la ponction et l'incision/drainage aient des taux de guérison et de récidive similaires, la ponction, avec ou sans guidage échographique, pourrait être utilisée comme traitement de première intention des abcès du sein."
Trucs et astuces
- Élodie : pour le point blanc qui était en fait un canal lactifere bouché, nous avons tout d'abord percé ce pore à l'aide d une aiguille stérile, du lait en est sorti. La douleur s'est atténuée, mais est revenue quelques jours plus tard. Mon conjoint a alors stérilisé la tige interieure d'un stylo de la marque Bic et a pressé mon mamelon avec la partie sans encre afin de faire des points de compression. Il a appuyé de façon homogène et périphérique autour du pore, et un filament a été evacué. Je n'avais pas réussi à l'avoir avant cette technique.
- Une autre maman a depuis utilisé cette technique avec succès. Elle précise qu’elle l'a fait dans son bain après avoir fait "tremper" son sein, et qu'elle a ensuite mis son bébé au sein en position BN.
- Pour un tubercule de Montgomery bouché et/ou infecté, qu'on pourrait confondre avec un abcès.
- Une mère a vu se développer une boule sur un de ses mamelons (on peut supposer qu'un canal était bouché à son extrémité par un pore bouché). Elle n'osait pas y toucher, d'autant que ça n'était pas douloureux. Quand, au bout d'un mois, ça a commencé à faire mal, elle s'est décidée à percer (à l'aide d'une aiguille désinfectée) et à presser (après avoir mis du chaud). Voici ce qu'il en est sorti (deux fois ça). Après avoir tout vidé, elle a demandé à son fils de téter.
- Vanessa : Quand mon bébé – 8 mois maintenant – était petit, j'ai eu un tubercule de Montgomery qui s'était enflammé et avait gonflé. Il faisait à la fin la taille d'un gros petit pois sur le côté du mamelon. La peau était tendue et le tubercule était blanc. J'ai vu une petite peau sèche qui, je me suis dit, devait obstruer la sortie et gêner l'écoulement naturel de la substance contenue dans les tubercules. Après m'être bien lavé les mains, j'ai piqué plusieurs fois avec une aiguille désinfectée à l'endroit de la petite peau sèche, pour recréer la "sortie", et j'ai ensuite appuyé comme lorsqu'on perce un bouton. Il en est sorti une quantité folle. Quand cela ne sortait plus tellement, j'ai arrêté. J'ai désinfecté et étalé du lait dessus. Cela n'est jamais revenu. Par contre, c'était très sensible avant de "vider" la substance qui s'était accumulée.
Voir aussi Les glandes (ou tubercules) de Montgomery peuvent-elles se boucher et/ou s'infecter ?
Vidéo
Vidéo de Global Health Media, Que faire en cas de douleur aux seins
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