AA 11 : Les bébés kangourous

Cet article est paru dans Allaiter aujourd'hui n° 11, LLLFrance, 1992

Lorsque les petits des kangourous naissent, ils sont totalement inachevés. La mère lèche et imbibe sa fourrure entre le cloaque de sortie et la poche marsupiale, créant ainsi le "chemin de la salive" qui amène le petit vers les mamelles. Pendant 86 jours, il va rester ainsi fixé à la mamelle et compléter son développement. Puis il sort, grimpe sur le pelage et exécute des va-et-vient vers la poche pour aller téter.
"Ce qui est extraordinaire, c'est que la femelle kangourou va porter dans son ventre un autre petit, tandis qu'elle termine la maturation de celui qui est dans sa poche. À sa naissance, à son tour, le jeune va suivre le chemin du lait pour gagner la poche marsupiale et la mamelle qui lui est réservée. Merveilleuse nature qui va donner au dernier-né un lait plus léger qu'à l'aîné, mieux adapté à sa fragilité de larve. Deux seins, deux laits !" (Monique Brossard-Legrand, Le Sein ou la vie des femmes, Ed. Renaudot et Cie).

Pour les petits d'homme

La méthode du contact peau-à-peau baptisée "bébés kangourous" à cause de la ressemblance avec la poche des kangourous, a démarré en 1979, dans un hôpital de Bogota (Colombie) où beaucoup de bébés naissaient prématurément et où, faute de moyens, les incubateurs n'étaient pas toujours disponibles. Les décès par infection étaient courants, la plupart du temps, les bébés de moins de 1 500 g à la naissance ne survivaient pas, et l'abandon des enfants prématurés par leur mère était devenu un problème grave. Depuis, cette méthode a été étudiée par des chercheurs du monde entier.

Comment cela se passe

Dès que son état est stable, le bébé, seulement vêtu d'une couche et d'un bonnet, est porté peau à peau contre sa mère, entre ses seins, ou habillé contre sa poitrine, sous un corsage ou un chemisier ample. Il peut regarder sa mère, répondre à sa voix, téter à volonté s'il a commencé à être allaité, ou simplement se détendre et s'endormir en paix.
En Colombie, les bébés ainsi portés et qui sont en bonne condition physique, peuvent quitter rapidement (parfois à moins d'un jour de vie) le milieu hospitalier infecté, et être suivi régulièrement dans des dispensaires spécialisés. La perte de chaleur - problème majeur chez les prématurés - est évitée en gardant l'enfant entièrement sous les vêtements de la mère (ou du père ou de la grand-mère, si la mère souhaite par exemple se reposer un moment allongée).

Les avantages

En Colombie, la méthode a été utilisée pour des bébés de 1 000 g. En Angleterre, des nouveaux-nés pesant seulement 700 g ont pu, en étant ainsi portés, maintenir stable leur température corporelle ainsi que leur rythme respiratoire et cardiaque, pendant un laps de temps allant jusqu'à trois heures (Whitelaw, 1986). Ce contact peau a peau peut être démarré alors même que le bébé est encore sous appareil de ventilation.

Et l'allaitement ?

Avant que le bébé ne soit prêt à téter, cette méthode améliore la lactation. La sécrétion d'ocytocine (l'hormone qui fait couler le lait) est stimulée. Cela a un effet positif sur la quantité de lait tiré, augmentant du même coup la sécrétion de prolactine (l'hormone qui fait fabriquer le lait). Cela améliore la production de lait et encourage la mère. Les mères qui portent ainsi leur bébé sont plus enclines à allaiter, ont plus de lait et allaitent plus longtemps.

Marie Courdent, animatrice LLL, puéricultrice, consultante en lactation, formatrice en allaitement LLLFF

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Voir aussi le dossier Allaiter son bébé prématuré.