Extrait de : Allaiter, c'est bon pour la santé, Claude Didierjean-Jouveau, éditions Jouvence, 2003
L’allaitement est-il oui ou non protecteur vis-à-vis des manifestations allergiques ? Cela reste un sujet controversé. A court terme, il est indéniable qu’on voit régulièrement des bébés pourtant exclusivement allaités être victimes d’allergies. Il semble qu’ils réagissent à des allergènes passant de l’alimentation de leur mère dans son lait. Un régime d’éviction alimentaire plus ou moins sévère permet généralement d’améliorer la situation. Mais ces bébés se seraient-ils mieux trouvés de ne pas être allaités ? Et qu’en est-il à plus long terme ?
En 2002, la presse s’est largement fait l’écho d’une étude néo-zélandaise parue dans le Lancet qui concluait que l’allaitement ne protège pas à long terme vis-à-vis de l’asthme et de l’atopie (rhinite allergique, eczéma), et qu’il pourrait même augmenter la prévalence de ces pathologies. Cette étude a été très critiquée sur le plan méthodologique (mauvaise définition de l’allaitement : les enfants « allaités » avaient pour la plupart reçu du lait artificiel à la maternité, sans compter qu’à l’époque du recueil des données – début des années 70 –, l’alimentation mixte était pratique courante et l’allaitement exclusif rarissime) et éthique (l’auteur de l’étude travaille dans un institut qui a récemment reçu un million de dollars de la firme pharmaceutique GlaxoSmithKline qui commercialise… des médicaments contre l’asthme). Et elle allait à l’encontre de plusieurs autres études qui avaient montré l’intérêt de l’allaitement exclusif les premiers mois pour la prévention des allergies.
En 1995, par exemple, était publiée une étude finlandaise ayant suivi 200 enfants jusqu’à 17 ans. A cet âge, on trouvait 8 % d’atopie « substantielle » (c’est-à-dire concernant plus d’un organe) chez les jeunes du groupe I (allaités plus de 6 mois), 23 % dans le groupe II (allaités de 1 à 6 mois) et 54 % dans le groupe III (allaités moins d’un mois ou pas allaités). En 2002, une équipe de chercheurs australiens ayant suivi plus de 2 000 enfants de leur naissance à l’âge de 6 ans a trouvé qu’un allaitement exclusif d’au moins 4 mois réduisait de façon significative le risque d’asthme et d’atopie à cet âge.
Le passage dans le lait d’un certain nombre de molécules potentiellement allergisantes ne serait-il pas justement conçu pour habituer l’enfant à l’alimentation qu’il aura par la suite, en induisant un phénomène de tolérance grâce aux molécules immunomodulatrices et immunoprotectrices qui viennent avec ? C’est en tout cas ce que pensent un certain nombre de spécialistes de l’allergie.
Allaitement et allergies
L’allaitement est-il oui ou non protecteur vis-à-vis des manifestations allergiques ?
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