DA 54 : Vasospasme du mamelon

Article publié dans les Dossiers de l'allaitement n° 54 (Janvier - Février - Mars 2003)

Cette mère primipare de 30 ans, non fumeuse, a accouché à terme par césarienne sous péridurale, effectuée en raison d’une souffrance fœtale qui s’est avérée induite par un circulaire serré du cordon.
L’enfant a été mis au sein environ 30 minutes après la naissance, et il a tété efficacement 90 minutes après la naissance.
La mère a présenté des crevasses à J3, qui ont été traitées par la correction de la position de l’enfant au sein, l'application de pommade Castor equi®, et l'exposition des seins à l’air.

Le bébé avait 1 mois ½ lorsque la mère a commencé à avoir les mamelons douloureux une à deux fois par jour après les tétées (à l’occasion d’une vague de froid). Environ une demi-heure après la tétée, le mamelon se décolorait, phénomène associé à une douleur du sein décrite par la mère comme « une contraction de sein » qui partirait du mamelon, suffisamment intense pour empêcher la mère de faire quoi que ce soit pendant plus d’une heure.
La mère a contacté l’association Le Tétou. La position du bébé au sein a été vérifiée ; il n’y avait pas de signes de mycose. Il lui a été conseillé d’éviter les changements brusques de température, et de bien couvrir sa poitrine et ses bras. Au bout de 10 jours, la douleur apparaissait après chaque tétée, empêchant toute vie sociale. La mère a recontacté l’association. Un vasospasme a été diagnostiqué. Un traitement par paracétamol s’est avéré inefficace, ainsi que les applications chaudes sur les mamelons. La mère a débuté un traitement par Adalate LP® 20 mg 2 fois par jour.

Après un espacement transitoire, les crises ont recommencé de plus belle. La mère avait mis le chauffage à fond chez elle, et elle s’habillait très chaudement, sans que cela soulage les crises. Complètement découragée, la mère envisageait de sevrer son bébé quand un « traitement de la dernière chance » a été tenté, suggéré par le médecin traitant : application de pommade Emla® sur le mamelon après la tétée, bien nettoyer avant la tétée suivante. Ce traitement s’est avéré parfaitement efficace ! L'effet antalgique durait environ une heure, le temps pendant lequel la douleur était intense ; la mère sentait très bien la fin de l'efficacité, mais elle survenait à un moment où la douleur était très atténuée. Au bout de 4 jours, l’Adalate a été arrêté, mais les crises sont redevenues plus intenses, la douleur étant supérieure à l’effet de la pommade Emla®.

Quatre mois après la naissance, la situation est bien stabilisée, avec l’association d’Adalate LP® 20 mg 1 fois par jour, et application de la pommade Emla® après les tétées, traitement prescrit a priori pour tout l’hiver. La maman est ravie, l’allaitement continue, la prise de poids du bébé est excellente. Elle a recontacté l’association pour avoir des renseignements au sujet de sa reprise du travail à temps partiel, car elle compte bien poursuivre l’allaitement.