Étude de cas et études publiées dans le n° 52 des Dossiers de l'allaitement, juillet-août-septembre 2002.
Cas présenté par Mme Marie Courdent, puéricultrice, animatrice LLL, consultante en lactation IBCL, Lille, et Mme D. Lecouffe
Cette jeune femme de 29 ans souffrait d’hyperthyroïdie (maladie de Basedow) depuis 1995. Un traitement par Néo-Mercazole® a induit la disparition totale des troubles, et le traitement a été arrêté.
Elle est devenue enceinte en janvier 1997, et a accouché en octobre par césarienne.
Le démarrage de l’allaitement s’est bien passé, mais l’hyperthyroïdie a resurgi après 5 mois d’allaitement. La mère a dû reprendre le Néo-Mercazole®, à la posologie de 30 mg/jour, et le médecin a prescrit un sevrage immédiat de l’enfant.
En novembre 1999, elle prenait encore 5 mg/jour de Néo-Mercazole® lorsqu’elle a débuté une seconde grossesse. Le traitement a été stoppé à 4 mois de grossesse. Elle a accouché fin août 2000 par voie basse.
4 mois après l’accouchement, l’hyperthyroïdie s’est à nouveau manifestée (T4 libre à 41,80 ng/l, TSH à 0,012 mU/l). Elle a alors contacté LLL pour information.
Elle a repris 10 mg/jour de Néo-Mercazole® tout en poursuivant l’allaitement, avec suivi de l’enfant (il avait à l’époque deux tétées par jour). Savoir que son bébé aurait une anesthésie locale avec EMLA® a aidé la mère à accepter l’idée d’une surveillance de son statut thyroïdien. Après 1 semaine de traitement maternel, le bilan thyroïdien du bébé était normal (T4 libre à 11,99 ng/l, TSH à 3,509 mU/l), ainsi qu’au bout d’un mois de traitement (T4 libre à 13,26 ng/l, TSH à 3,935 mU/l).
L’enfant a été allaité jusqu’à 10 mois ½, âge auquel il s’est sevré de lui-même.
Thyroid function in wholly breast-feeding infants whose mothers take high doses of propylthiouracil. N Momotani, R Yashimata, F Makino et al. Clin Endocrinol 2000 ; 53(2) : 177-81
Le propylthiouracile (PTU) est considéré comme l’antithyroïdien de premier choix chez les femmes allaitantes, en raison de son faible passage dans le lait. La maladie de Graves a tendance à s’aggraver en post-partum, et une augmentation de la posologie pourra être nécessaire pour contrôler la maladie pendant l’allaitement. Il existe toutefois très peu de données sur l’impact de la prise quotidienne de plus de 300 mg de PTU par la mère sur son enfant allaité. Le but des auteurs était de tenter de combler cette lacune.
Onze mères qui prenaient entre 300 et 750 mg de PTU par jour ont été enrôlées, ainsi que leurs enfants exclusivement allaités. Le statut thyroïdien a été évalué. La T4 libre, la TSH et l’anticorps inhibant la liaison de la TSH (TSHAb) ont été recherchés à la naissance et dans le sang du cordon lorsque la mère était traitée pendant sa grossesse, puis au moins une fois chez les enfants entre 9 jours et 9 mois, et chez la mère la même semaine que chez son enfant.
Seulement 3 de ces 11 enfants ont présenté un taux de TSH plus élevé que la normale, et ce à l’occasion d’un seul prélèvement. L’un des enfants (à 19 semaines) avait un taux était juste au-dessus de la normale. Chez les 2 autres enfants, le taux de TSH dans les 7 premiers jours post-partum était plus élevé que la normale ; les mères avaient été traitées pendant la grossesse ; le taux infantile de TSH est ensuite revenu à la normale, alors que la posologie maternelle de PTU pendant l’allaitement était au moins aussi élevée que pendant la grossesse. Il n’y avait pas de corrélation entre la posologie maternelle de PTU ou le taux sérique maternel de T4 et les taux sériques infantiles de TSH.
Les auteurs concluent que des femmes qui prennent jusqu’à 750 mg/jour de PTU peuvent allaiter sans que cela ait un impact négatif sur le statut thyroïdien de leur enfant.
Thyroid function and intellectual development of infants nursed by mothers taking methimazole. F Azizi, M Khoshniat, M Bahrainian, M Hedayati. J Clin Endocrinol Metab 2000 ; 85(9) : 3233-38
L’allaitement a longtemps été interdit aux femmes traitées par antithyroïdiens. Puis des études ont montré que l’allaitement était possible lorsque la femme prenait du propylthiouracile ou du méthimazole. Cette étude porte sur des femmes traitées par antithyroïdiens et ayant allaité pendant 1 an et plus.
139 femmes hyperthyroïdiennes ont été suivies par les auteurs entre 1988 et 1998. 88 d’entre elles ont pris du méthimazole pendant leur allaitement ; pendant le premier mois post-partum, 46 femmes prenaient 10 mg/jour de méthimazole, et 42 prenaient 20 mg/jour de méthimazole. Toutes ont pris 10 mg/jour de méthimazole pendant le second mois, puis 5 à 10 mg/jour ensuite, pendant la durée de l’allaitement. Les taux sériques de T3, de T4 et de TSH ont été recherchés chez toutes les femmes et leurs enfants à 1, 2, 4, 8 et 12 mois. Le taux sérique de méthimazole a été recherché chez les enfants des mères ayant reçu 20 mg/jour de méthimazole. La fonction thyroïdienne, le taux urinaire d’iode et les anticorps antithyroïdiens ont été recherchés à 48 et 74 mois chez les enfants ainsi que dans un groupe témoin, et divers tests de développement neurologique ont aussi été effectués.
Chez tous les enfants étudiés, les taux de T3, T4 et TSH étaient parfaitement normaux pendant les 12 mois du suivi. Le taux de méthimazole chez les enfants chez qui il a été recherché était inférieur à 0,03 mg/l. Les mères qui ont pris 20 mg/jour de méthimazole avaient des taux sériques de TSH compris entre 26 et 135 mU/l après un mois de traitement ; leurs enfants étaient euthyroïdiens, et leurs taux sériques de TSH étaient inférieurs à 2,6 mU/l. Aux bilans effectués à 48 et 74 mois, il n’existait aucune différence entre les enfants étudiés et le groupe témoin pour tous les paramètres étudiés.
L’allaitement pendant 12 mois et plus par une mère traitée par méthimazole à des posologies allant jusqu’à 20 mg/jour n’a eu strictement aucun impact sur la croissance, ni sur le développement, ni sur la fonction thyroïdienne des enfants.
Bonjour Pauline
Propylène ? Vous voulez parler du Propylthiouracile ?
Allez voir le dossier sur allaitement et problèmes thyroïdiens : https://www.lllfrance.org/1974-allaitement-et-problemes-thyroidiens
Et notamment le fichier Pathologies thyroïdiennes, médicaments et allaitement (4349 Téléchargements)
85-prescripteur-thyroide.pdf
Et ce que dit le CRAT :
ETAT DES CONNAISSANCES
La quantité de propylthiouracile ingérée via le lait est très faible : l’enfant reçoit moins de 1% de la dose maternelle (en mg/kg) (calcul effectué sur un faible effectif).
Aucun événement particulier (notamment hépatique ou thyroïdien) n’a été signalé à ce jour chez une vingtaine d’enfants allaités de mères recevant en majorité une dose autour de 300 mg/j et au maximum de 750 mg/j.
EN PRATIQUE
Au vu des données disponibles sur le propylthiouracile (PTU) et l’allaitement (cf. Etat des connaissances), l’utilisation du propylthiouracile est possible en cours d’allaitement.
L’opportunité d’un bilan thyroïdien chez l’enfant allaité sera appréciée en fonction de l’importance des posologies maternelles et/ou de signes cliniques chez l’enfant.
Bonjour,
Merci aumeunier pour ton message,
Je suis également en hyperthyroïdie et je souhaite faire perdurer mon allaitement.
Mon endocrinologue m'a prescrit du propylène 50mg matin et soir, mais j'ai comme consigne de ne pas allaiter pendant minimum 3h suite à la prise du traitement.
C'est très difficile pour mon bébé qui tête très souvent, il pleure beaucoup. As tu eu toi aussi cette consigne car je n'en vois pas de trace dans la littérature.
Merci beaucoup pour cet article.
Bonjour,
je viens ici témoigner parce qu'il y a quelques semaines, j'étais en désespoir complet. Environ 6 mois après mon accouchement, j'ai commencé à avoir chaud tout le temps, mon cœur battait très vite même au repos, j'avais toute le temps faim (et je mangeais) et en parallèle je perdais du poids. ça ressemblait bien à une hyperthyroïdie. Je décide de consulter chez un généraliste qui penche aussi sur ce diagnostic et me prescris une analyse de sang. Il m'annonce que je vais devoir arrêter d'allaiter. Je n'étais pas prête et ma fille non plus. Les résultats indiquent une TSH très basse (36 pmol/l. Je vais voir un second généraliste avec ces résultats et après avoir lu une grande partie de ce qu'il y avait à lire concernant l'hyperthyroïdie et l'allaitement. J'avais notamment lu que le PTU était compatible (CRAT). Il me prescrit des bétabloquants pour ralentir mon coeur et il ne savait pas que le Propanolol était compatible avec l'allaitement (référence du CRAT) et il me prescrit un anti thyroidien de synthèse non compatible (que je décide de ne pas prendre) et me demande d'arrêter d'allaiter. Je finis par prendre un rendez-vous avec une endocrinologue (en visio) qui me dit d'abord elle aussi qu'il va falloir que je cesse d'allaiter ma fille. Elle me prescrit une nouvelle prise de sang et pense à la maladie de Basedow. Une semaine plus tard, on se revoit et elle m'annonce que c'est en effet une maladie de Basedow qu'il va falloir traiter. Elle me dit ensuite qu'elle me prescrit le PTU (propylex) sans dose d'attaque, seulement 50mg le matin et 50 mg le soir et que je vais pouvoir continuer d'allaiter alors que je m'étais préparée à arrêter. Dix jours pus tard je fais une nouvelle prise de sang qui montre que je réagis très bien au traitement, mes T4L en trop on été réduites de moitié et mes symptômes sont bien réduits. Elle m'a redit qu'à ce doses là de propylex, il n'y a aucun soucis pour que je continue d'allaiter sereinement. J'ai pleuré face aux trois médecins qui ne devait pas comprendre à quel point c'était important pour moi d'allaiter ma fille, j'étais vraiment très triste à l'idée d'être forcée d'arrêter. Je pense que beaucoup de médecin ne connaissent pas ces solutions et préfèrent ne pas prendre de risque pour le bébé en demandant à la mère d'arrêter d'allaiter (ce qui se conçoit aussi). Des fois ça sert d'être butée.
Allez voir les deux fichiers en téléchargement en bas de cette page :
https://www.lllfrance.org/1974-allaitement-et-problemes-thyroidiens
Vous y trouverez toutes les connaissances sur allaitement et médicaments des problèmes thyroïdiens
bonjour j'étais en hyperthyroïdie traitée par Neuromercazole quand je suis tombée enceinte , ce traitement a été remplacé puis stop à 2 mois de grossesse car prise de sang ok. Mon bébé a presque 4 mois et je suis de nouveau en hyperthyroïdie , j'ai peur pour l'allaitement . Un médecin m'a prescris de l'aubépine et glandulaire thyreoidea en injection , demain je vois l'endocrinologue qui préférera surement autre chose ....quoi faire?
merci
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