Quel est le taux lacté moyen d’iode permettant un statut correct pour ce micronutriment
- DA 195 - Relations entre le taux lacté d’iode et le statut pour l’iode de dyades allaitantes : méta-analyse
Impact d'un dysfonctionnement thyroïdien sur l'allaitement
Publié dans les Dossiers de l'allaitement n° 71
D’après : The impact of thyroid dysfunction on lactation. L Marasco. Breastfeed Abst 2006 ; 25(2) : 9-12.
Les hormones thyroïdiennes jouent un rôle dans la fonction mammaire. Pendant la lactation, elles participent à la régulation des taux de prolactine et d’ocytocine. Cependant, il n’existe guère de données sur l’impact d’un dysfonctionnement thyroïdien sur la lactation. On a constaté qu’une hypothyroïdie pouvait abaisser la production lactée, mais il n’existe pas de données sur l’impact éventuel d’une hyperthyroïdie.
Pour lire la suite, téléchargez le fichier en bas de page.
Hypothyroïdie
Extrait du Traité de l'allaitement maternel (format de poche), page 108 : "L'hypothyroïdie cause souvent de la fatigue, une perte d'appétit et la dépression. L'intolérance au froid, l'amincissement des cheveux et la peau sèche peuvent constituer d'autres symptômes. La mère ou son médecin peuvent attribuer à tort ces symptômes à une fatigue post-partum normale, à une dépression post-partum ou même à l'allaitement.
Un faible taux d'hormones thyroïdiennes peut réduire la production de lait."
Hypothyroïdie néonatale causée par une surcharge maternelle en iode
Hyperthyroïdie, maladie de Basedow
- Voir DA 52 : Hyperthyroïdie et allaitement
- Traitement de la maladie de Basedow chez les femmes en âge de procréer, voir le Coin du prescripteur du DA n° 116 à télécharger en bas de la page
- pour l’enfant né d’une mère ayant des anticorps antithyroïdiens, voir cet article Dysthyroïdies maternelles : quel bilan pour le nouveau-né ?, où il est dit : "Parfois, le passage transplacentaire d’anticorps antirécepteurs TSH bloquants (TRAb bloquants) bloquant la thyroïde du fœtus puis du nouveau-né peut entraîner une hypothyroïdie fœtale puis néonatale (transitoire, durant quelques semaines, jusqu’à élimination complète des anticorps maternels transmis)". Et ce quel que soit le mode d'alimentation du nouveau-né..
Thyroïdite du post-partum
Extrait de Plus de lait ! de Diana West & Lisa Marasco : "Le diagnostic d'une thyroïdite du post-partum prend souvent du temps parce qu'elle présente plusieurs aspects. Cela peut commencer par une hyperthyroïdie pendant plusieurs semains, puis une hypothyroïdie qui peut se poursuivre sur plusieurs mois. Parfois la période d'hyperthyroïdie démarre juste après la naissance, accompagnée d'hypertension sévère. Mais la thyroïdite du post-partum peut également démarrer par de l'hypothyroïdie et devenir de l'hyperthyroïdie, ou encore la thyroïdite peut rester dans l'état où elle est.
Lorsque l'hyperthyroïdie survient en premier, on ne s'en rend pas vraiment compte, jusqu'à l'hypothyroïdie où là, on a davantage de symptômes évidents. Même lorsque l'hyperthyroïdie du post-partum est détectée, nombreux sont les médecins qui ne traiteront que l'éventuelle phase d'hypothyroïdie. Les galactogogues peuvent être utiles mais ne feront probablement pas une grand différence si les disfonctionnements thyroïdiens ne sont pas corrigés en même temps."
Médicaments de la thyroïde et allaitement
Pour les médicaments et produits en lien avec les pathologies thyroïdiennes, voir le Coin du prescripteur du DA n° 85 à télécharger en bas de la page
Pour les anti-thyroïdiens, voir le Coin du prescripteur du DA n° 116 à télécharger en bas de la page
Produits de diagnostic et produits radioactifs, et allaitement
- DA 183 - Accumulation d’iode 131 après traitement pour un carcinome thyroïdien pendant l’allaitement
- Voir les Coins du prescripteur 115, 157 et 160 à télécharger en bas de la page
Allaitement et scintigraphie à l'iode 131
Cas présenté par Sophie Chevalier, animatrice LLLMadame B. a été opérée d'un cancer de la thyroïde à l'âge de 19 ans, avec ablation totale de la thyroïde et prise d'iode 131. Elle est depuis traitée par hormones thyroïdiennes. Sa première grossesse se passe normalement. Elle accouche de son premier enfant à l'âge de 28 ans. Dès le démarrage de l'allaitement, cette mère contacte une animatrice LLL de sa région ; après quelques petits tracas au début, l'allaitement se déroule bien. Mme B. a repris son travail d'enseignante alors que son bébé avait 2 mois ½. Elle tire son lait de façon fréquente.
Un contrôle de l'évolution de son cancer est effectué par des scintigraphies réalisées avec de l'iode 131, tous les trois ans environ. En accord avec son endocrinologue, l'examen sera retardé du fait d'abord de la grossesse, puis de l'allaitement. Comme elle ne souhaite pas arrêter l'allaitement, Mme B. contacte à nouveau l'animatrice pour s'informer sur l'utilisation d'iode 131 pendant l'allaitement. En effet, une scintigraphie est programmée, avec injection de 5 millicuries d'iode 131, alors que son enfant a 21 mois.
Toutes les informations retrouvées préconisent un arrêt total de l'allaitement d'au moins 40 jours à partir du jour de la prise du produit. Les médecins qui suivent Mme B. lui interdisent la reprise de l'allaitement, sauf une praticienne : suite à la lecture des données publiées sur le sujet dans les Dossiers de l'allaitement, elle propose à la mère une reprise possible de l'allaitement six semaines après la prise d'iode 131. Mme B. a également été mise en contact avec une autre mère ayant subi le même examen et ayant témoigné dans les DA, qui avait réussi à reprendre l'allaitement après l'arrêt imposé de 80 jours, durée plus longue car la quantité d'iode était plus importante (traitement d'un cancer thryroïdien).
Mme B. a donc poursuivi l'allaitement jusqu'à la date de l'examen. Sa petite fille a été séparée pendant 72 heures par mesure de précaution, en raison de la radioactivité dégagée par la thyroïde de la mère. Ensuite, elle a materné son enfant sans l'allaitement. Elle a entretenu sa lactation pendant toute la durée de la suspension de l'allaitement, en tirant son lait deux à quatre fois par jour.
Cette période a été éprouvante pour la mère, car si, au début, son enfant manifestait très fortement l'envie de téter, elle est ensuite devenue colérique et a rapidement cessé de demander à téter. Ce comportement a fait penser à Mme B. que sa fille allait se sevrer. Au 43ème jour, elle a proposé à sa petite fille de téter. Celle-ci n'a pas accepté d'emblée. Mme B. a profité de la sieste pour proposer le sein à sa fille, qui l'a pris.
L'allaitement a repris comme avant l'examen, pour leur plus grande satisfaction à toutes les deux.
Cancer de la thyroïde
Quelques cas publiés dans les Dossiers de l'allaitement.
Cancer de la thyroïde chez une mère allaitante
Cas présenté par Mme M Lebeurier. 44 Haute rue. 41350 VineuilCette mère avait 40 ans lorsqu’elle a accouché de son troisième enfant. Elle souhaitait absolument l’allaiter jusqu’au sevrage naturel, et à 3 ans ½, sa fille était toujours allaitée.
À ce moment-là, un cancer de la thyroïde a été diagnostiqué chez cette femme, et elle a subi une ablation chirurgicale de la thyroïde.
Dès le lendemain de l’intervention, elle a cherché à se renseigner sur la possibilité de poursuivre son allaitement. On lui a répondu qu’elle pourrait continuer à allaiter pendant les quelques semaines qui s’écouleraient entre l’intervention et la mise en route d’un traitement, mais que l’hypothyroïdie résultant de la chirurgie aurait pour conséquence une accentuation de sa fatigue, que l’allaitement aggraverait encore.
Elle n’est restée hospitalisée que trois jours pour cette intervention, ce qui n’a pas perturbé sa fille. Elle a cherché alors à se renseigner sur le traitement post-chirurgical auprès du service qui allait la suivre. On lui a répondu qu’elle pourrait allaiter au maximum jusqu’à la date où elle recevrait une injection d’iode 131 (six semaines après l’intervention), qui rendrait son lait toxique pour sa fille. La mère a insisté pour savoir au bout de combien de temps elle pourrait reprendre l’allaitement, et on a fini par lui répondre qu’un arrêt de 80 jours était à prévoir, et que, vu l’âge de sa fille, le moment était venu de la sevrer.
Lorsqu’elle a reçu le courrier qui lui fixait rendez-vous, elle a appris qu’il y aurait une première visite, pendant laquelle elle recevrait une première injection d’iode 131 destinée à effectuer un bilan. Elle rentrerait ensuite à son domicile, et reviendrait deux jours plus tard, pour être hospitalisée pendant 48 heures, et recevoir l’injection de la dose thérapeutique. Elle a aussi appris qu’à partir de sa sortie après cette seconde injection, elle ne pourrait pas avoir de contacts avec de jeunes enfants pendant environ une semaine.
La mère a alors entrepris d’expliquer à sa fille qu’elle allait devoir quitter la maison pendant une dizaine de jours, et qu’après son retour, elle ne pourrait probablement plus jamais téter. Elle n’avait quasiment jamais été séparée de sa fille, et lui annoncer cela était émotionnellement très difficile pour elle. Sa fille a réagi avec une compréhension qui a étonné la mère, et qui lui a fait décider d’essayer d’entretenir sa lactation pendant les 80 jours de suspension qui étaient à prévoir.
Afin de permettre à sa fille de mieux visualiser ce qui allait se passer, la mère a utilisé un grand calendrier et des crayons de couleur ; elle a colorié en jaune les jours précédant les injections, pendant lesquels sa fille pourrait téter, en bleu les jours pendant lesquels elle serait partie de la maison, en vert les jours pendant lesquels le lait serait radioactif, et à nouveau en jaune les jours où l’allaitement pourrait être repris. Elle a ensuite essayé plusieurs tire-lait, et a trouvé celui qui lui convenait le mieux : un tire-lait pouvant être utilisé sur les deux seins en même temps ; cependant, même avec ce tire-lait, elle n’obtenait pas plus de 20 ml de lait à chaque sein, 4 à 5 fois par jour, même en tirant 20 à 30 minutes à chaque fois.
Lors du premier rendez-vous, la mère a expliqué qu’elle avait décidé de tirer son lait, et de reprendre son allaitement par la suite. Le médecin lui a annoncé qu’en raison des règles de sécurité, il était hors de question qu’elle tire son lait tant à l’hôpital qu’à son domicile, et qu’elle devait impérativement sevrer sa fille. La mère a répondu qu’elle ne pensait pas que son lait serait plus radioactif que ses urines, et qu’elle pourrait toujours le jeter dans les toilettes ; par ailleurs, elle a demandé si des précautions spécifiques devaient être respectées pour tirer son lait. L’avis du radiothérapeute a été demandé ; ce dernier a dit qu’il était possible de tirer le lait et de le jeter dans les toilettes, et a insisté sur les précautions à prendre pour tirer le lait.
Pendant les deux jours d’hospitalisation, la mère a tiré son lait cinq fois par jour à l’aide d’un petit tire-lait manuel à poire, qui a été passé au compteur Geiger avant sa sortie. Après son retour, elle s’est organisée pour tirer son lait au tire-lait électrique double 3 à 4 fois par jour. La mère appréhendait la façon dont les choses se passeraient lorsque sa fille reviendrait chez elle, mais tout s’est bien passé, et la petite fille a bien accepté le fait que, pendant plusieurs jours encore, sa mère ne puisse pas rester près d’elle plus d’une dizaine de minutes 4 à 5 fois par jour.
Une semaine après sa sortie, la mère pouvait s’occuper normalement de sa fille. Environ 40 jours après l’injection, la petite fille a commencé à supporter de plus en plus mal l’impossibilité de téter, et la mère, très affectée par cela, a commencé à se renseigner pour savoir si une interruption de 80 jours était réellement indispensable. Elle a en particulier contacté le Dr Lecerf, endocrinologue à Lille, qui lui a répondu que le lait était indiscutablement toxique pendant 40 jours, mais que le délai de 80 jours était recommandé pour une sécurité absolue, et qu’elle pouvait probablement raccourcir cette durée de quelques jours sans que cela pose un réel problème.
La mère a donc décidé de reprendre l’allaitement quatre jours plus tôt que prévu. Les derniers jours ont été très difficiles ; la petite fille était très perturbée, et demandait à longueur de journée quand elle pourrait recommencer à téter. De plus, la mère n’obtenait quasiment plus de lait avec le tire-lait. 75 jours après l’injection, elle a « craqué » et accepté que sa petite fille reprenne le sein. Mais cette dernière ne savait plus téter. La mère lui a alors proposé d’utiliser un biberon pour réapprendre à téter. Pendant trois jours, la petite fille s’est entraînée avec le biberon et, le quatrième jour, elle a repris le sein, mais elle avait toujours du mal à téter. Il a fallu trois jours supplémentaires avant qu’elle recommence à téter correctement.
À partir de ce moment, l’allaitement a repris comme auparavant, pour le plus grand bonheur de cette mère et de sa fille : tétée matin et soir, ainsi qu’avant la sieste les jours où la mère ne travaillait pas.
Quelque temps avant la découverte de son cancer, la petite fille avait dit à sa mère : « Tu sais, maman, le tété, c’est trop bon, trop bon, trop bon. » Avec le recul, cette mère estime que sa fille a traversé avec beaucoup de courage toute cette période difficile, et qu’elle méritait bien le bonheur de retrouver le sein maternel. La mère a très mal vécu le manque de soutien (voire la désapprobation ouverte) des professionnels de santé qui l’ont suivie pendant son traitement. Même lorsque l’enfant est un bambin, l’allaitement reste très important pour lui, comme pour sa mère. Lorsqu’une mère souhaite faire en sorte de pouvoir poursuivre l’allaitement dans ce genre de circonstances difficiles, tout devrait être fait pour l’aider.
Un cas de cancer de la thyroïde chez une mère allaitante
D'après JD Le Ber. Thyroid cancer, I 131 and breastfeeding : one woman's experience. JHL 11(3), 175, 1995.Cinq semaines après son accouchement, on a diagnostiqué chez cette mère un cancer de la thyroïde. Trois semaines après l'établissement de ce diagnostic, elle a été opérée. Elle a continué à mettre sa petite fille au sein jusqu’à 106 jours post-partum, date à laquelle la radiothérapie a été mise en place. La mère a reçu une dose de 99 µC d'iode 131.Il était impossible de savoir à l'avance pendant combien de temps le lait resterait radioactif, raison pour laquelle on a conseillé à la mère de sevrer son bébé. Il existe en effet peu de données sur la durée pendant laquelle la radioactivité persiste dans le lait en pareil cas. Une étude fait état de la nécessité d'attendre 56 jours pour que le produit ne soit plus retrouvé dans le lait, et les auteurs concluent qu'il est utopique de supposer qu'une femme puisse tirer son lait pendant aussi longtemps, afin de pouvoir reprendre l'allaitement par la suite.
La mère souhaitait toutefois vivement pouvoir continuer son allaitement. Elle a donc tiré son lait pendant 80 jours, et l'a fait tester par un laboratoire de médecine nucléaire. L'iode 131 a une demi-vie de 8 jours. Le taux de radioactivité du lait était de 0,03 µC/ml au bout de 18 jours, de 0,004 µC/ml au bout de 29 jours, de 0,000004 µC/ml au bout de 58 jours ; la radioactivité n’était plus mesurable au bout de 80 jours.
Pendant 80 jours, la sécrétion lactée de cette mére s'est maintenue aux alentours d'un litre par jour. Mais toutes les tentatives de cette mère pour remettre sa fille au sein par la suite se sont soldées par un échec : elle s'était habituée au biberon, et refusait catégoriquement de prendre le sein. La mére avait prévu au départ d'allaiter pendant deux ans au moins. Elle était habituée à tirer son lait. Elle a donc continué à le tirer pour le donner à sa fille à l'aide d'un biberon.
Elle a tiré ainsi son lait pendant deux ans. La sécrétion lactée a progressivement baissé au fil des mois, pour atteindre 50 ml/jour pendant les deux derniers mois d'expression. Cette mére était très déçue de n'avoir pas pu vivre la relation d'allaitement qu'elle souhaitait, et il lui avait paru très important de faire le maximum pour atteindre le but qui restait à sa portée, à savoir donner à sa fille le meilleur aliment possible pendant aussi longtemps que possible.
Témoignages
Isabelle : Mon petit Florian avait tout juste 3 mois et je l'allaitais à temps complet pour le plus grand bonheur de toute la famille quand je dus passer une échographie de contrôle de nodules thyroïdiens. Et là, catastrophe : aggravation décelée, biopsie dans la foulée et, le 6 janvier, verdict d'opération obligatoire. On me demande d'arrêter immédiatement l'allaitement afin de me préserver. Froidement, dans un bureau. J'esaie de négocier. On me dirige vers un chirurgien en me disant que des milliers de bébés vivent avec des biberons, et que je fais des manières. La traversée du désert commence, et surtout mon combat : vaincre la maldie et continuer d'allaiter mon bébé.
Je contacte mon médecin traitant et LLL. Tous deux me disent qu'on peut allaiter même avec une opération. Je m'accroche et essaie de faire comprendre l'importance de l'allaitement pour moi. Sur les conseils du médecin et de LLL : repos, meilleure alimentation, allaitement au lit avec bébé, longues tétées, location d'un tire-lait. Et j'essaie de retarder l'opération. Rendez-vous avec le chirurgien qui m'annonce l'opération pour juin. Ouf, cinq mois de gagnés, qui me permettent de diversifier l'alimentation de Florian. Il pousse comme un champignon, mange à la cuillère, tète goulûment, mais ne prend aucun biberon. Je laisse tomber, on verra bien...
Je réussis à faire comprendre au service hospitalier à quel point l'allaitement est important pour moi. J'obtiens une chambre seule, avec fauteuil pour mon mari, une prise pour le tire-lait, des anesthésiques qui s'éliminent plus vite. Florian, à qui j'ai tout expliqué, passe ce cap sans biberon, tout à la cuillère, même le lait.
Retour à la maison. Florian se remet à téter goulûment dans le lit avec moi. C'est gagné !
Aujourd'hui, à presque 11 mois, je l'allaite toujours. Il ne veut toujours pas de biberons de lait, tout juste de l'eau, et encore. Je vais bien et suis heureuse. Je vis avec du Levothyrox, je n'ai pas eu de chimiothérapie. Trois mois après l'opération, nous avons retrouvé le sourire et la joie de vivre. (Allaiter aujoud'hui n° 33, 1997).
Séverine : J’ai 43 ans, et je suis maman de quatre enfants, que j’ai allaités pendant plus de trois ans chacun pour les trois premiers. Mon petit dernier est né en mars 2021.
Je suis arrivée toute confiante à la maternité, fière de mes neuf ans d’expérience d’allaitement. Mais malheureusement, quand vous tombez sur une équipe qui n’y connaît rien, et pour peu que le destin s’acharne… j’ai bien failli rater mon allaitement. Mais heureusement, LLL a une fois de plus été là pour moi, et je lui dois beaucoup ! Bébé est né dans son méconium, très faible, trop faible pour téter. Un jour, deux jours, pas de montée de lait, car pas de stimulation et une équipe incapable de m’aider… Mais grâce à LLL, j’ai pu être conseillée correctement et adapter la bonne attitude qui m’a permis de sauver mon allaitement.
Après cette première péripétie, aux 7 mois de mon bébé, ma maladie de Basedow est réapparue, après quinze années de silence. Comme, la première fois, je n’avais eu aucun souci pour me soigner tout en continuant d’allaiter car j’étais accompagnée par une endocrinologue ayant les connaissances suffisantes pour me soigner tout en conservant mon allaitement, je ne me suis pas inquiétée du tout. C’était sans compter encore une fois sur le destin : je me suis vite aperçue que l’endocrinologue en question était partie à la retraite, et le cauchemar a commencé. Aucun endocrinologue n’était disposé à me soigner si je ne stoppais pas l’allaitement ! J’ai vu rouge et je leur ai demandé ce qui avait bien pu changer en quinze ans pour qu’on refuse de me soigner !
J’ai finalement trouvé un endocrinologue, assez loin de mon domicile mais disposé à m’écouter. Malheureusement, il a certes accepté de me soigner, mais à la dose minimale de 2 Propylex par jour alors qu’il m’en aurait fallu 6 pour calmer ma thyroïde. Au bout de 7 semaines de traitement inefficace, j’ai pris mon courage à deux mains ainsi que toutes les études que Mme Railhet, l’éditrice des Dossiers de l’allaitement, m’avait envoyé 15 ans auparavant sur le passage du Propylex (ou PTU) dans le lait maternel, ainsi que le lien internet du CRAT. Ce fut difficile, mais l’endocrinologue a accepté de me passer à 4 Propylex par jour. Ce n’est certes pas les 6 dont j’aurais besoin, mais avec 4 comprimés, les symptômes sont supportables, et ce sera, je l’espère, suffisant pour une rémission totale de la maladie.
Je déplore qu’encore aujourd’hui, en 2022, dans notre pays, nous, les mères allaitantes, soyons sans cesse confrontées au manque d’information du corps médical qui nous oblige à choisir entre pouvoir se soigner OU pouvoir allaiter, alors que très souvent les deux sont compatibles.
Rachel : Je suis sous Levothyrox depuis l'adolescence pour une hypothyroïdie à l'originet inconnue. J'en prends 75 μg chaque jour. Lors de chaque grossesse, mon médecin et mon endocrinologue m'ont fait augmenter ma prise de Levothyrox, puis je suis revenue à ma prise "normale" après les naissances. J'avais lu sur la lactation qui pouvait être insuffisante, mais je me suis trouvée en très grosse production de lait pour chaque enfant. C'est surprenant et inexpliqué. En tout cas, c'est possible. Peut-être que l'origine de l'hypothyroïdie peut jouer.
Marie-Elise : J'ai la maladie de Hashimoto, donc en hypothyroïdie depuis des années, même avant la naissance de mes enfants. Je suis sous Levothyrox 50 μg.
Mon endocrinologue n'a jamais posé de question sur l'allaitement ni même la possibilité de grossesse avec le Levothyrox. Concrètement, le corps ne produisant pas assez d'hormone thyroïdienne, Le levothyrox le fait à sa place afin de maintenir toutes les fonctions vitales dépendant de cette hormone (régulation de l'humeur, du poids, de la libido, de la fertilité et de la production lactée). Donc vraiment aucun problème avec ce médicament ; au contraire, c'est lui qui va permettre de tomber enceinte et d'allaiter. Tous les médecins diront que cela ne pose aucun problème. En revanche, si c’est mal dosé, cela peut avoir un impact sur la lactation. Donc si une mère qui a un problème d'hypothyroïdie soupçonne une baisse de lactation, il peut être intéressant d'en parler avec son médecin ou endocrinologue pour vérifier les taux hormonaux, et au besoin ajuster la dose de Lévothyrox.
Liens
Forum de l'association Vivre sans thyroïde.
Pour poser une question, n'utilisez pas l'espace "Commentaires" ci-dessous, envoyez un mail à la boîte contact. Merci