Article de Kelly Bonyata, BS, IBCLC, Let-down Reflex: Too slow?
Traduit par Clare McRae, animatrice LLL France, avec l'autorisation de l'auteure
Mon réflexe d'éjection fonctionne-t-il correctement ?
Il est normal de ne plus sentir le réflexe d'éjection aussi fortement à mesure que votre bébé grandit. Certaines mères ne sentent jamais leur réflexe d'éjection, et d'autres ne sentent plus la sensation du réflexe au fil du temps. Cela n'indique pas nécessairement que l'éjection de lait n'a pas lieu.
Les signes fiables d'un réflexe d'éjection sain et qui fonctionne bien sont les suivants :
- Dans la première semaine, la mère peut ressentir des crampes utérines pendant l'éjection du lait.
- Le bébé passe d'une succion courte et irrégulière (comme la succion d'une tétine) en début de tétée à une succion plus longue, tirante et rythmique après environ une minute de tétée.
- La mère peut avoir une sensation de calme, de détente, ou de somnolence.
- La mère peut avoir une forte sensation de soif pendant qu'elle allaite.
- Le bébé déglutit plus souvent. La déglutition fait le bruit d'une petite bouffée d'air sortant du nez du bébé, et vous pouvez habituellement voir le muscle qui bouge devant l'oreille du bébé, ce qui donne l'impression que les lobes des oreilles remuent légèrement.
Il arrive que des mères éprouvent également d'autres symptômes pendant le réflexe d'éjection, y compris des démangeaisons, des nausées, des maux de tête ou des émotions négatives.
Les causes possibles d'un réflexe d'éjection lent
Il est tout à fait normal qu'une mère ait plus de difficulté à déclencher son réflexe d'éjection quand elle tire son lait que lorsqu'elle allaite. Le lait peut être là, mais vous pouvez avoir du mal à déclencher le réflexe et « lâcher » le lait. Certaines mères ont également un réflexe d'éjection qui ne fonctionne pas correctement même lorsque c'est le bébé qui tète.
Le réflexe d'éjection peut être ralenti ou inhibé pour beaucoup de raisons : l'anxiété, la douleur, la gêne, le stress, le froid, la consommation excessive de caféine, le tabagisme, la consommation d'alcool ou l'utilisation de certains médicaments (Ndlr : voir le dossier Tabac, alcool, caféine, drogues). Chez les mères qui ont subi une chirurgie mammaire, des nerfs peuvent avoir été endommagés, ce qui peut interférer avec le réflexe d'éjection. Dans les situations extrêmes de stress ou de crise, la libération d'adrénaline supplémentaire dans le système de la mère (la réponse « combat-fuite ») peut réduire ou bloquer les hormones qui conditionnent le réflexe d'éjection.
Parfois, un cercle vicieux s'installe : le bébé s'agite et se retire du sein parce que le réflexe d'éjection est lent à venir, ce qui rend la maman tendue et tend à retarder encore davantage le réflexe d'éjection, etc. Vous pouvez utiliser des techniques de relaxation et des « signaux d'éjection » pour rompre ce cycle.
Le réflexe d'éjection comme réflexe conditionné
Le réflexe d'éjection est en partie un réflexe conditionné, acquis à la suite d'un « entraînement » répété. Le pionnier de la recherche sur ce qu'il a appelé les réflexes conditionnés était le neurophysiologiste russe Ivan Pavlov.
Une expérience typique de Pavlov était la suivante : à de nombreuses reprises, une cloche sonne juste avant qu'un chien soit nourri. Le chien salive comme toujours lorsqu'il reçoit sa nourriture. Puis la cloche sonne sans que de la nourriture soit présentée. Le chien salive en réponse à la sonnerie de la cloche.
Transposons cela en termes d'allaitement. Utilisez un « signal d'éjection» juste avant d'allaiter (par exemple, respirer profondément ou boire une tasse de thé). Votre lait s'écoulera en réponse à la succion du bébé. Une fois que vous aurez établi un réflexe conditionné, l'éjection commencera en réponse au signal d'éjection sans que le bébé ait besoin de téter (ou de téter aussi longtemps).
En termes pavloviens :
- la nourriture (la succion du bébé) est un stimulus non conditionné
- la salivation (l'éjection du lait) en réponse à la nourriture (la succion du bébé) est un réflexe non conditionné
- le son de la cloche (le signal d'éjection) est le stimulus conditionné
- la salivation (l'éjection de lait) en réponse au stimulus de la cloche seul (le signal d'éjection choisi) est le réflexe conditionné.
Pavlov a également constaté que :
- Il est beaucoup plus facile de créer un réflexe conditionné si le stimulus non conditionné suit le stimulus conditionné (c'est-à-dire si la nourriture vient après la cloche).
- Il est plus facile de créer un réflexe conditionné si le stimulus conditionné (la cloche) est très rapproché dans le temps du stimulus non conditionné (la nourriture).
- L'intensité des stimuli est importante – un chien salive plus si l'expérience est faite avec de plus gros morceaux de nourriture; et il salive aussi davantage en réponse à une cloche plus forte.
Transposé à l'allaitement et au réflexe d'éjection, cela donne :
- Votre signal doit être utilisé juste avant que vous commenciez à allaiter.
- L'intensité fait la différence : l'utilisation de plusieurs signaux différents au début de la tétée (par exemple, s'asseoir, boire un verre d'eau et respirer profondément) devrait fonctionner mieux que tout simplement s'asseoir pour allaiter.
Lorsque vous avez des problèmes de réflexe d'éjection, il peut être utile d'essayer d'allaiter au même endroit et dans les mêmes circonstances à chaque fois, ou d'avoir au moins une chose que vous faites à chaque fois que vous allaitez (respiration profonde, visualisation, la même boisson dans la même tasse, etc.). Si vous commencez à utiliser régulièrement quelques-uns de ces signaux d'éjection, votre réflexe d'éjection devrait arriver dans l'instant.
Des signaux d'éjection qui se sont montrés utiles
Utilisez tous vos sens pour faciliter l'éjection. Concentrez-vous sur la vue, le son, l'odeur et la sensation de votre bébé. Ayez une boisson particulière que vous buvez (le sens du goût) au début de chaque tétée, un son particulier que vous écoutez, etc.
Juste avant la tétée :
- Prenez une douche ou un bain chaud avant d'allaiter.
- Si vous avez mal, envisagez de prendre un antalgique (Advil/ibuprofène ou Tylenol/paracétamol) environ 30 minutes avant le moment où vous pensez allaiter. La douleur peut causer du stress et inhiber le réflexe d'éjection.
- Choisissez un environnement calme pour allaiter, avec peu de distractions.
- Mettez de la musique que vous aimez.
- Ne laissez au bébé que sa couche et découvrez-vous au-dessus de la taille pour augmenter le contact peau à peau.
- Prenez quelque chose à boire, comme un verre d'eau ou une tasse de thé.
- Asseyez-vous dans un siège confortable offrant un bon soutien à vos bras et à votre dos ou, mieux, allaitez en position allongée.
- Prenez un bain chaud avec le bébé, et allaitez dans le bain.
- Avant de mettre le bébé au sein, massez vos seins, faites rouler vos mamelons entre vos doigts et étirez-les délicatement. Une application de chaleur humide sur vos seins devrait aussi vous aider. Voir la partie "Trucs pour favoriser l'écoulement du lait" ICI.
- L'assouplissement par contre-pression aide le réflexe d'éjection chez certaines mamans.
Pendant la tétée :
- Respirez profondément ou utilisez d'autres techniques de relaxation au début de la tétée, comme celles apprises pour l'accouchement.
- Chanter ou fredonner peut aussi aider à l'éjection du lait.
- Utilisez la visualisation. Prenez plusieurs respirations profondes et fermez les yeux lorsque vous commencez. Essayez de visualiser et de « ressentir » ce que vous ressentez lors du réflexe d'éjection (si vous ressentez normalement quelque chose). Certaines femmes imaginent leur lait en train de couler ou utilisent des images de chutes d'eau. Certaines se concentrent sur la douce petite main du bébé qui bouge sur leur poitrine, les doigts pliés. D'autres s'imaginent à la plage ou dans un autre endroit relaxant. Utilisez vos cinq sens; imaginez la vue, les odeurs telles que l'air salé, les sensations telles que celle du sable sous votre corps ou la chaleur du soleil sur votre peau, imaginez les goûts et ce que vous pourriez entendre aussi. Un excellent livre sur les techniques de visualisation est Mind Over Labor de Carl Jones.
- Le contraire peut également être utile : regarder la télévision, parler au téléphone, lire un livre, etc. – tout ce qui vous détendra et vous fera penser à autre chose que l'allaitement.
- Placez une compresse chauffante sur vos épaules et votre dos. Demandez à quelqu'un de vous masser le dos et les épaules avant et pendant que vous allaitez.
- changez fréquemment de sein jusqu'à ce que le réflexe se déclenche.
- Continuez à masser et à faites la compression du sein pendant que vous allaitez.
Suggestions supplémentaires si vous tirez votre lait alors que vous êtes séparée de votre bébé
- Regardez une photo de votre bébé (si possible en train de téter).
- Essayez d'écouter un enregistrement de votre bébé fait alors qu'il s'agite juste avant une tétée et/ou les bruits qu'il fait lorsqu'il est au sein. Utilisez un lecteur portable avec des écouteurs si besoin. Ou bien imaginez tout simplement les bruits qu'il fait quand il est prêt à téter.
- Mettez une grenouillère, un t-shirt ou une couverture que le bébé a porté dans un sac plastique fermé. Ouvrez-le lorsque vous êtes prête à tirer votre lait – sentez-le et touchez-le.
- Une étude a montré que les mamans de bébés hospitalisés qui écoutaient une relaxation guidée ou de la musique apaisante pendant qu'elles tiraient leur lait obtenaient un rendement plus élevé. Lorsque la maman écoutait un enregistrement comprenant à la fois de la musique et une relaxation guidée pendant qu'elle tirait son lait, et qu'elle regardait en plus des photos de son bébé, le rendement de lait tiré était encore plus élevé. Dans cette étude, ces interventions ont permis aux mères de produire deux à trois fois le volume qu'elles obtenaient habituellement. La teneur en matière grasse du lait a également augmenté dans les premiers jours de l'étude. (Référence: Keith DR, Weaver BS, Vogel RL. The effect of music-based listening interventions on the volume, fat content, and caloric content of breast milk-produced by mothers of premature and critically ill infants. Adv Neonatal Care. 2012 Apr;12(2):112-9)
Informations supplémentaires
- Tirer à la main : Expression manuelle et tire-lait. Avec des photos d'explication sur un sein en tissu. À voir ICI.
- Le fenouil est parfois utilisé pour aider à provoquer l'éjection (Pour le fenouil, voir la mise en garde ici : Galactogogues).
- Un elixir Fleurs de Bach appelé Rescue Remedy a également été utilisé dans ce but.
Exercices de relaxation et de visualisation
- Relaxation Techniques for pumping, de Diane O'Brien Juve, du site internet Working Cow
- Elicitation of the Relaxation Response du Mind Body Medical Institute
- Progressive muscular relaxation script du Centre for Clinical Interventions (Australie)
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Totalement d'accord. Tout n'est pas un problème de relaxation. J'avais des réflexes sans problème et d'un coup, bébé a 8 mois, ça a du mal à venir. Et même si cela n'est pas obligatoire pour avoir du lait, je vois bien qu'il essaye désespérément de le déclencher. Mais s'il est fatigué ou pas assez affamé, il laisse tomber. Très frustrant, car en tirant du lait, même si ça arrive moins, ça arrive quand même.
Bonjour,
Je suis en plein dans la situation du réflexe d’éjection qui a disparu. J’ai eu ce problème dès le début de l’allaitement mais je ne trouve aucune info dessus. Depuis 10 mois c’est une bataille ! Lorsque je crois que le problème est réglé, pouf, il revient de plus belle ! Cette fois c’est la fin, j’arrête de batailler. C’est la mort dans l’âme que j’arrête l’allaitement mais n’ayant pas de solution...
j’espère qu’un jour ce cas de figure sera étudié et qu’une solution sera trouvée car je reste persuadée qu’il y a un problème là dessous. Quand je vois des mères qui arrivent à maintenir un allaitement avec seulement 2 tétées c’est que c’est Possible, alors pourquoi ce ne ne serait pas avec 5 à 6 tétées pour un bébé de 10 mois? Pourquoi cela conduit à une disparition du réflexe d’ejécrion ?
Bref, bon courage à toutes les mamans dans ce cas de figure.
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