EPIFANE
À l’automne 2014, il a été pas mal question d’allaitement à l’occasion de la sortie des chiffres de l’étude Épifane, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 7 octobre.
Citons l’article : "Parmi les 3 365 enfants inclus dans les analyses (nés au premier trimestre 2012 dans 136 maternités tirées au sort en France métropolitaine), 2 806 (83 %) ont été suivis jusqu’à 12 mois.
À 3 mois, 39 % des enfants étaient encore allaités :
- 10 % de façon exclusive ;
- 11 % de façon prédominante ;
- et 18 % recevant aussi des préparations pour nourrissons (PN) du commerce.
À 6 mois, seul un enfant sur quatre était encore allaité et plus de la moitié d’entre eux consommaient des PN en complément. À un an, seuls 9 % des enfants recevaient encore du lait maternel. Parmi les enfants allaités à la naissance (74 %), la moitié l'étaient encore à 15 semaines."
74 % allaités à la naissance, 25 % à 6 mois, et encore 9 % à 1 an ? Pour qui connaît les chiffres d’il y a une vingtaine d’années (45,6 % à la naissance en 1995, et combien à 6 mois ?!), il y a plutôt de quoi se réjouir.
Mais ce qui est vraiment intéressant (et nouveau), c’est la façon dont ces chiffres ont été présentés. Citons la conclusion de l’article du BEH : "Les résultats de cette étude montrent la nécessité de promouvoir l’AM et d’encourager sa poursuite jusqu’à 6 mois auprès des mères qui ont choisi d’allaiter, comme le recommande le PNNS. Si la promotion de l’AM passe nécessairement par une information plus importante des futures et nouvelles mères, elle devrait également faire l’objet d’une formation renforcée des personnels exerçant dans les domaines de la périnatalité, de la pédiatrie et de la protection maternelle et infantile."
On ne peut qu’être d’accord, n’est-ce pas ?
Et à la suite, (presque) toute la presse de gloser sur le fait que les Françaises n’allaitent pas assez ! Le Figaro du 14 octobre titrait : En France, l’allaitement ne dure pas assez longtemps, et citait Aurélie Serry, présidente de la CoFAM. Sur le site elle.fr : Les Françaises allaitent moins que les autres mères européennes. Même son de cloche sur le site de L’Express. Le 14 octobre, Le Parisien se demandait "pourquoi on allaite si peu en France".
Seule note discordante dans ce concert unanime : l’interview de Sylviane Giampino dans Libération du 10 octobre titrée Être une bonne mère ne suppose pas forcément d’allaiter, qui s’étonnait de "la manière dont sont présentés les résultats de ces enquêtes, [où] la France est présentée comme étant ‘en retard’". Pour elle, "dans un pays où la santé des bébés n’est pas menacée par l’alimentation au biberon, les pouvoirs publics n’ont pas à se mêler de ce qui relève d’un jugement intime et relationnel".
Exactement ce qui se disait communément jusqu’aux années 2000 : en France, l’allaitement n’est pas un sujet de santé publique, il est uniquement affaire de choix individuel. Mais justement, depuis, il y a eu les trois PNNS (Plan National Nutrition Santé) qui ont fait rentrer l’allaitement dans la santé publique. Et ce n’est pas un article de Libération qui l’en fera sortir !
ELFE
Rebelote un an après avec la sortie des chiffres de l'étude Elfe dans le BEH du 22 septembre 2015 à propos de "la durée de l'allaitement en France selon les caractéristiques des parents et de la naissance".
Elfe (Étude Longitudinale depuis l’Enfance) est une cohorte lancée en 2011 qui concerne plus de 18 000 naissances survenues après 33 SA à travers 320 maternités de France métropolitaine.
Citons l'article : "Parmi les 70 % de mères ayant initié un allaitement, la médiane de la durée totale d’allaitement était de 17 semaines et celle de l’allaitement prédominant était de 7 semaines. Seuls 19 % des enfants recevaient encore du lait maternel à 6 mois. La durée totale d’allaitement était plus courte chez les mères âgées de moins de 30 ans, vivant seules, ayant un faible niveau d’études ou ayant repris le travail moins de 10 semaines après l’accouchement. En revanche, l’allaitement était plus long chez les mères cadres (par rapport aux mères employées), en congé parental (par rapport à celles qui avaient un emploi) ainsi que chez celles ayant suivi des séances de préparation à la naissance." À 1 an, 5,3 % des nourrissons étaient toujours allaités.
Des chiffres un peu inférieurs mais assez semblables à ceux d'Epifane. Et le même constat : "Malgré son allongement depuis les années 1990, la durée de l’allaitement en France reste très éloignée des recommandations du PNNS et encore plus de celles de l’OMS." Constat repris dans la presse sous les titres L'allaitement en France ? Trop court selon l'OMS ou Pourquoi les Françaises n'allaitent pas aussi longtemps que le préconise l'OMS ou encore Pourquoi les mères allaitent moins longtemps en France.
Une étude faite sur la cohorte Elfe, parue en février 2019 dans la revue Midwifery (Breastfeeding initiation and duration in France: The importance of intergenerational and previous maternal breastfeeding experiences - results from the nationwide ELFE study) a interrogé 10 182 familles sur leurs pratiques en matière d’allaitement.
Les pratiques d’alimentation infantile ont été notées à l’occasion d’un entretien pendant le séjour en maternité de la mère en 2011, puis par téléphone à 2 et 12 mois post-partum, ainsi que via des questionnaires papier ou via Internet tous les mois entre 3 et 10 mois.
Conclusions de l'étude : les femmes qui ont elles-mêmes été nourries au sein sont plus susceptibles de démarrer et de poursuivre un allaitement (c'est particulièrement vrai pour les primipares). Avoir allaité le(s) enfant(s) précédents augmente également la probabilité de démarrer un allaitement et la durée de cet allaitement. Avoir l'expérience de soin aux enfants dans un cadre professionnel encourage à démarrer un allaitement mais ne joue pas sur la durée.
À voir : Conférence en ligne avec les familles participant à l'étude Elfe (décembre 2014), de 16' à 32'.
Bonjour,
merci merci pour votre site grâce auquel j'ai réussi à allaiter mes 2 enfants!
Pour moi si les françaises n'allaitent pas assez longtemps, c'est.....
A la maternité, il suffit d'une seule personne soignante pour réussir à vous mettre le doute pendant ces quelques jours où on est très faible moralement. Et hop un complément en bibi, et hop proposition d'une tétine, et hop des tétées pesées... (tout du vécu et pourtant je n'en voulais pas je le savais avant d'accoucher, j'ai déjà allaiter ma première!) mais pourquoi ces mauvaises bonnes intentions? Manque de formation ?? Un accompagnement spécial pour les mamans qui allaitent, par du personnel pro allaitement, super motivé, ça pourrait être sympa non pour nous aider?
Et la durée du congés maternité... Je reprends le boulot, mon petit aura 11semaines. Impossible de prendre un congés parental financièrement. Et je ne pourrai tiré mon lait qu'une fois par jour au boulot... Donc je suis obligé de lui donner du lait en poudre pour compléter. A quand un allongement du congés maternité ???!
Bonne journée à ttes!
Pour poser une question, n'utilisez pas l'espace "Commentaires" ci-dessous, envoyez un mail à la boîte contact. Merci