Cet article est paru dans Allaiter aujourd'hui n° 53, LLL France, 2002.
Pour les données actualisées sur la conservation du lait maternel tiré, voir le Tableau comparatif des durées de conservation du lait.
Pour toutes celles qui souhaiteront tirer leur lait pour qu’il soit donné au bébé pendant leur absence, nous reprenons ci-dessous, avec quelques petites actualisations, l’article publié dans Allaiter aujourd’hui n° 42, en janvier 2000.
Chaque fois qu’une mère est séparée de son bébé, quelles que soient les raisons et la durée de cette séparation (bébé prématuré, bébé hospitalisé, absences occasionnelles, et bien sûr reprise du travail), elle peut souhaiter à juste titre qu’il continue à recevoir néanmoins la meilleure nourriture possible, à savoir son propre lait.
Elle devra alors tirer du lait qui lui sera donné pendant son absence. Cela permettra également d’éviter d’éventuels engorgements (en cas de longue absence) et, grâce à la stimulation procurée par le tire-lait ou l’extraction manuelle, d’entretenir la lactation.
Tirer à la main
Tirer et donner le lait ne demande pas nécessairement un appareillage sophistiqué.
Chez des peuples n’ayant pas accès à la technologie occidentale, on peut encore voir des mères tirer du lait à la main, le recueillir dans le creux de leur paume, et le donner directement de leur main à la bouche d’un bébé trop faible pour téter efficacement : pas de tire-lait, pas de récipient, pas de biberon ni de gobelet !
La technique d’extraction manuelle est sûrement la moins coûteuse et la plus facile à pratiquer partout, une fois passée la petite période d’apprentissage. La meilleure façon de l’apprendre est encore de pouvoir observer une autre mère en train de la pratiquer (1).
Les tire-lait
Mis à part le modèle en verre en forme de klaxon muni d’une poire en caoutchouc, qui est difficile à nettoyer, peu efficace et susceptible d’abîmer les bouts de sein car l’aspiration ne peut être réglée, à peu près tous les tire-lait sont efficaces, avec un peu de pratique. Le choix d’un modèle plutôt que d’un autre dépendra en fait des circonstances dans lesquelles on prévoit de l’utiliser (2).
Par exemple, si l’allaitement est retardé ou suspendu pendant des semaines (cas d’un bébé né très prématurément), pour établir puis maintenir une lactation suffisante, un tire-lait électrique automatique sera généralement le meilleur choix (3). Mais tous les tire-lait électriques ne se valent pas. Certains (ceux qu’on trouve le plus facilement en pharmacie…) sont peu efficaces, bruyants et peuvent abîmer les seins. Préférez ceux des marques Medela et Ameda, qui de plus permettent, si on le souhaite, de tirer le lait des deux seins en même temps (pour Medela, il faut le préciser à la location). La durée de l’opération est alors divisée par deux, et l’amplitude du pic de prolactine étant directement liée à l’intensité de la stimulation (double si la stimulation est bilatérale), on obtient plus de lait qu’en tirant un sein après l’autre (4).
Pour une utilisation ponctuelle ou pour emporter au travail, un tire-lait manuel ou un mini-électrique peut convenir. Dans tous les cas, il est important de bien se renseigner et comparer. Par exemple, le mini-électrique Medela a 40 cycles-succion à la minute (un bébé a en moyenne un rythme de 50 succions à la minute), contre 4 à 7 cycles-succion à la minute pour d’autres modèles. Vérifiez aussi si le tire-lait peut être utilisé sur secteur, éventuellement sur un allume-cigare, et pas seulement avec des piles (à la longue, ça revient cher, les piles !)
Qu’on tire son lait à la main ou avec un tire-lait, les mêmes questions se posent : quand vaut-il mieux le faire ? Près ou loin d’une tétée ? Pendant combien de temps ? Combien de fois par jour ? Quelle quantité faut-il tirer ? Toutes questions qui appellent des réponses différentes, selon ce qu’on cherche à obtenir (2). Chaque mère, après s’être informée, finira par trouver la routine qui lui convient, étant donné son but et les contraintes qu’elle vit.
Il est quand même bon de savoir au préalable deux choses. D’une part, le sein est fait pour donner du lait à la bouche d’un bébé, pas à une machine. Il est donc normal que les premières fois, rien ne vienne, ou seulement quelques gouttes (ce qui fait d’ailleurs que tirer son lait pour vérifier si on a du lait ou non n’est pas du tout une bonne idée !). Il ne faut pas s’inquiéter ; au bout de quelques fois, le lait jaillira aussi dans le tire-lait, et ce d’autant plus si l’on connaît quelques « trucs » pour aider au déclenchement du réflexe d’éjection : photo du bébé, musique relaxante… ou mieux : le bébé qui tète d’un sein pendant qu’on tire l’autre !
Conserver
Trois questions principales se posent : comment conserver le lait ? Dans quoi ? Combien de temps ?
En fait, les trois questions sont liées, car le mode de conservation et les récipients à utiliser dépendent en grande partie du temps pendant lequel on veut/doit le conserver.
Le lait simplement réfrigéré est toujours préférable au lait congelé, car la congélation détruit certains de ses facteurs anti-infectieux. Or le lait se conserve au réfrigérateur (5) beaucoup plus longtemps qu’on ne le croit habituellement : sa propriété de limiter la prolifération des bactéries pathogènes ne s’exerce pas seulement dans les intestins du bébé, mais aussi dans le récipient où on le stocke !
Dans l’état actuel des recherches, on peut dire que le lait se conserve pendant ces durées, selon qu'il est gardé à température ambiante, réfrigéré ou congelé : voir le Tableau comparatif des durées de conservation du lait)
(attention, ces durées ne sont pas cumulables : on ne peut pas par exemple laisser du lait 10 heures à température ambiante, puis trois jours au réfrigérateur et ensuite le congeler pour six mois).
Ces données sont valables pour un usage domestique (les hôpitaux et les lactariums peuvent avoir des règles différentes), la mère ayant soigneusement lavé au préalable ses mains et les récipients utilisés.
Pour ce qui est maintenant des récipients, on peut dire que le seul qui soit parfait, c’est l’emballage d’origine, à savoir le sein, mais que tout récipient bien lavé et rincé, et pouvant fermer hermétiquement, peut convenir.
Au cours des dernières années, les écoles se sont affrontées pour savoir quel matériau, du verre ou du plastique, était préférable. Les études donnent des résultats contradictoires. Pour la congélation, il semble actuellement que le verre (de préférence teinté) soit le meilleur choix, suivi du plastique transparent (polycarbonate) et du plastique opaque (polypropylène). Les sacs de congélation prévus pour le lait maternel (marques Medela ou Lactisac) sont également un bon choix, apprécié pour sa commodité (6).
Donner
Lorsqu’un bébé tète, le lait passe, invisible, du sein à sa bouche. Mais quand on le tire, on se rend compte à quel point sa couleur, sa consistance, son odeur… peuvent varier. Une fois tiré, il change encore : la crème se sépare du reste du lait, presque transparent. Parfois, on observe un aspect mousseux, un goût savonneux… dans tous ces cas (la personne gardant l’enfant devra en être informée), le lait est toujours bon !
Pour le décongeler et le réchauffer, le mieux est de mettre le récipient sous un robinet d’eau froide en ajoutant progressivement de l’eau chaude, ou en le mettant dans un chauffe-biberon thermostat 1. Il est déconseillé de décongeler et/ou réchauffer le lait humain au micro-ondes, qui détruit certains de ses composants.
Une question que se posent souvent les mères et/ou les personnes qui gardent l’enfant : faut-il jeter ou peut-on garder le lait restant après un repas ? Une étude (7) a observé la contamination bactérienne dans le volume résiduel d’un biberon de lait humain partiellement consommé, puis réfrigéré pendant 48 h à 4-6° (il s’agissait à l’origine de lait réfrigéré et non congelé). Conclusion des chercheurs : il n’est pas nécessaire de jeter le lait non consommé, on peut le mettre au réfrigérateur (mais surtout pas le congeler), puis le donner à un repas suivant.
On peut aussi choisir de congeler (et décongeler) le lait par petites quantités (certaines utilisent pour cela des bacs ou des sacs à glaçons, des pots à yaourt en verre, des petits pots pour bébés, des petites bouteilles de jus de fruit…), ce qui évite de se retrouver avec du lait non consommé.
Signalons que le lait une fois décongelé se conserve pendant 24 heures.
Pour conclure, rappelons que pour donner le lait au bébé, on peut (et dans certains cas, on doit) éviter le sacro-saint biberon, et lui préférer d’autres récipients, à commencer par le verre. En effet, la mère qui tire son lait le fait généralement pour deux raisons : assurer la meilleure alimentation possible à son bébé, et faire en sorte que l’allaitement soit possible plus tard (bébé prématuré) ou préservé (hospitalisation, reprise du travail). Il serait dommage que l’administration de biberons vienne compromettre ce but en créant une "confusion sein/tétine", toujours possible quel que soit l’âge de l’enfant. En effet, le biberon peut poser problème à deux niveaux : la sensation en bouche pour le bébé est différente de la succion au sein, et le débit du biberon peut être plus rapide qu'au sein. D'autres contenants peuvent limiter les risques de ces changements de repère, même s'ils ne le suppriment pas complètement.
(1) Voir aussi L’Art de l’allaitement maternel, LLLI, p. 138-147 ; le Traité de l’allaitement maternel, LLLI, p. 190-216 ; et la vidéo Tirer le lait, 15 min (Médialactée, 80000 Amiens).
(2) Voir le feuillet n° 9 Expression et conservation du lait.
(3) Il faut savoir que la Sécurité sociale et les mutuelles peuvent rembourser le prix de la location du tire-lait s’il y a prescription médicale (d'un médecin ou d'une sage-femme).
(4) Ces modèles se trouvent en pharmacie, auprès de loueurs de matériel paramédical ou en s’adressant aux distributeurs.
(5) Si l’on tire au travail, on peut garder le lait au frigo et le transporter dans une bouteille thermos ou une glacière portative. Certaines marques commercialisent des sacs spécialement conçus pour le transport du lait.
(6) Les autres modèles de sacs de congélation peuvent aussi être utilisés, mais étant moins épais, ils risquent d’éclater et de fuir pendant la décongélation. Il en est de même pour les sacs Avent, conçus à l’origine pour préparer des biberons de lait industriel sans avoir à rien laver et pas vraiment adaptés au lait maternel, dont les graisses adhèrent aux parois.
(7) Bacterial analysis of refrigerated human milk following infant feeding, R Brusseau. 1998
Peut être reproduit, imprimé ou diffusé à condition de mentionner la provenance de cet article.
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Bonjour Mury je suis exactement dans la même situation que la votre , quand est il de votre situation ? Avez vous eu réponse à vos questions ? Merci @Mury
Bonjour, jeune maman d'un bébé de 7 semaine un petit garçon j'ai quelque question je lallaite au sein exclusivement et la depuis 3 jours environs j'ai commencer à tirer mon lait pour que papa puisse lui donner au biberons occasionnellement tout les jours 1 fois voir tout les deux jours sa dépend,le bémol ces que bébé est très nerveux (je parle avant de tirer mon lait déjà) et sa depuis quelque semaine sa m'inquiète car il s'énerve a mon sein même en les changant de seins plusieurs foi dans la même tèter,en plus qu'il s'énerve à mon sein il ne trouve jamais le sommeil la journée alors qu'il est fatiguer je le voie bien... Après une tèter il est ronchon souvent defois ça va surtout le matin il est génial après la tèter mais au fils des heures le drame commence, dailleur j'ai essayer le portage en écharpe avec une animatrice de la LLL a ergersheim et on a remarqué qu'il arrive pas en position verticale a prendre un sein... bizarrement ces a l'autre que j'ai superb mal, bébé à une grosse demande de sussion depuis la naissance et s'énerve à cause de sa aussi d'ailleurs, j'ai un tire lait électrique ardo carum double pompage et j'ai du mal a avoir une bonne quantité de lait a chaque foi... Je le tire le soir avant d'aller me coucher et je met un réveil à 2h du matin pour tirer mais jarrive pas a me reveiller pour tirer bébé dors de 22h/22h30 jusqu'à 6h du matin sans tèter sans problème dailleur alors que la journée c'est la galère, du coup je retire mon lait après la tèter du matin de 6h car il redire ensuite jusqu'a 9h30, le tire lait me fait mal au seins dailleur surtout celui qui est abîmé...
Je ne sais pas quand ni a quel fréquence et combien de temps tirer mon lait?
mon chéri a donner un biberons de90 de mon lait se soir à 19h puis bébé avais encore faim donc j'avais réussi à tirer 50 se matin et il a tour vider puis 1h après il a réclamer le sein, mais du coup moin de crise que d'habitude !
Je m'inquiète pour mon bébé qui lui avais déjà bezucoup de bobo avant colique reflux ... les colique ce son calmer fzulleur mais souvent il vomit du lait cailler au bout de 2h après tèter il est nerveux et bave beaucoup beaucoup beaucoup... si vous avez des conseils je suis preneuse ! Surtout pourquoi la journée quand il est fatiguer il n'arrive pas à dormir ?il sendor a mon seins ( quand il ces pas énerver...) puis boum se réveil d'un coup et redemande le seins et sa sa dure defois très longtemps... merci à vous
Bonjour Jennifer,
Pour faire évoluer les pratiques peut être pourriez vous transmettre à la directrice de la crèche, et au médecin de PMI, les informations suivantes :
Dans les crèches hospitalières du CHR de Lille, dont la maternité et les services de néonatalogie ont le label HAB, la durée de conservation pour le lait maternel exprimé à domicile est de 5 jours. Il doit être possible de joindre soit la directrice des deux crèches, soit la pédiatre des crèches, soit la puéricultrice IBCLC responsable du lactarium qui a fait partie du comité qui a élaboré ces recommandations.
Cette durée de 5 jours est également recommandée par le réseau de périnatalité du Languedoc Roussillon
http://www.nglr.fr/images/naitre/pdf/referentiels/allaitement/plaquette_parents.pdf
http://www.nglr.fr/images/naitre/pdf/referentiels/allaitement/Soutenir_l_allaitement_apres_la_reprise_du_travail.pdf.
http://www.nglr.fr/images/naitre/pdf/referentiels/allaitement/NGLR_allaitement_travail_pro_2012.pdf
En plus de toutes les études que vous pouvez trouver sur notre site http://www.lllfrance.org il y a des informations utiles dans le lien suivant de la CoFam
http://www.coordination-allaitement.org/images/informer/memotravailetallaitementcofam.pdf
Bonne continuation
Merci de nous tenir au courant
Marie Courdent
Animatrice LLL à Lille
Bonjour
La crèche suit des recommandations beaucoup plus drastiques (lait de 48h maximum, pas de possibilité de conservation après un premier réchauffage de lait frais... etc)
ce protocole a été rédigé par le médecin de PMI. Comment les aider à faire évoluer les choses ?
Merci
Ci-dessous un extrait du livre Petit guide de l'allaitement pour la mère qui travaille : http://www.lllfrance.org/boutique/livres/petit-guide-de-lallaitement-pour-la-mère-qui-travaille-detail
Si l’on tire son lait au travail, il sera bon de disposer d’un réfrigérateur pour le stocker jusqu’à la fin de la journée de travail. À défaut, on pourra utiliser une glacière portative. Celle-ci sera bien utile également pour transporter le lait entre le travail et son domicile, ou entre le travail et le lieu d’accueil de l’enfant.
En effet, si l’on va soi-même chercher le bébé, il sera préférable de laisser le lait pour le lendemain chez la nounou ou à la crèche, plutôt que lui imposer un transport supplémentaire. Il existe également des sacs spéciaux pour les femmes qui travaillent et allaitent, permettant de transporter soit uniquement le lait, soit également le tire- lait. Le tire- lait Lactaline de chez Ameda est vendu dans une mallette dont le compartiment réfrigéré permet de garder le lait jusqu’à dix heures. Chez Medela, on trouve le sac City Style, fourni avec quatre biberons et un bloc réfrigérant, permettant, d’après le fabricant, la conservation du lait jusqu’à dix heures dans un environnement d’environ 25 degrés. Et Avent commercialise depuis longtemps un sac de voyage isotherme contenant son tire- lait manuel Isis avec des biberons de conservation. Cela dit, un sac isotherme ordinaire avec un pain de glace peut très bien convenir, et reviendra moins cher.
Bonjour
Je me permet de vous contacter car j'aimerais vous poser une question.
Je suis une jeune maman qui allaite a 100%
Je reprend le travaille bientôt , je me demandais comment faire pour transporter le lait tiré au travail, jusqu'à chez moi?
A quelle température ?
Quelles précautions prendre ?
En attente d'une réponse
Cordiallement
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