Chauffage du lait après décongélation au réfrigérateur
Dans cette étude, le taux de SIgA (immunoglobulines A secrétoires) dans le lait humain (LH) congelé à -18°C pendant deux mois restait stable après une décongélation nocturne au réfrigérateur (4°C pendant 12 heures) avant réchauffement à 37 °C, comparé au taux dans du lait frais. La décongélation du LH au réfrigérateur pendant la nuit (puis le réchauffement à 25°C ou 37°C pendant 30 minutes) préserve la concentration en SIgA et l'activité du lysozyme dans une plus grande mesure que le chauffage immédiatement après sortie du congélateur.
Stockage du lait maternel après consommation partielle d’un biberon par l’enfant
Storage of unfed and leftover mothers’ own milk. Fogleman AD et al. Breastfeed Med 2018 ; 13(1) : 42-9.
De plus en plus de mères tirent leur lait en complément ou à la place des mises au sein. Des recommandations ont été publiées sur les pratiques optimales de stockage du lait maternel exprimé. Toutefois, il existe peu de données sur le stockage de ce lait dans un biberon partiellement consommé par le bébé, qui a donc été exposé à la flore cutanée buccale de l’enfant. Certains recommandent de jeter le lait restant 1 à 2 heures plus tard, mais cela ne repose pas sur des données scientifiques. L’objectif de cette étude américaine était d’évaluer les différences entre du lait maternel exprimé non consommé par l’enfant et du lait maternel exprimé partiellement consommé pendant le stockage.
Cette étude a été menée en deux volets. Le premier a été mené auprès de 12 mères qui allaitaient un enfant âgé de 2 à 24 mois qui acceptait de prendre des biberons, et qui ont exprimé leur lait en utilisant leur matériel et comme elles avaient l’habitude de le faire. On a donné à ces mères un récipient stérile dans lequel elles devaient transvaser le lait exprimé immédiatement après expression, ce lait étant immédiatement réfrigéré par la mère, et apporté au laboratoire dans les 2 heures suivant l’expression.
Une partie de ce lait était prélevée pour analyse immédiate. Le reste a été réparti en trois fractions, pour stockage à - 20°C, 4°C et 24°C, chaque fraction étant répartie en aliquots maintenus dans leur condition de stockage pendant 1, 2, 7, 14 et 24 jours (- 20°C et 4°C), et 3, 6, 9 et 24 heures, puis 2, 7, 14 et 24 jours (24°C). À la fin de leur durée de stockage prévue par l’étude, tous les échantillons ont été stockés à - 80°C jusqu’à analyse.
Parmi ces 12 mères, 5 ont mis environ 100 ml du lait qu’elles venaient de tirer dans un biberon, et en ont donné à leur bébé 25 à 50 ml. Le lait restant a été versé par la mère dans un récipient de stockage de son choix et placé au réfrigérateur pendant < 24 heures, avant d’être récupéré par un des auteurs pour être apporté au laboratoire dans une glacière pour pratique de toutes les analyses décrites ci-dessus.
Le deuxième volet a été mené auprès de 11 mères qui allaitaient un bébé âgé de 2 à 11 mois, qui ont exprimé leur lait dans les mêmes conditions avant sa collecte et son stockage à - 20°C par le laboratoire après répartition du lait en deux fractions. Dans le mois qui a suivi cette collecte, l’une des fractions du lait a été rendue à la mère, qui l’a réchauffé et donné à son bébé comme elle avait l’habitude de le faire. Le bébé devait consommer seulement environ la moitié du biberon, le reste étant transféré dans un récipient stérile immédiatement rapporté au laboratoire.
Ces échantillons ont été répartis en fractions et aliquots comme décrit ci-dessus et soumis aux mêmes conditions et durées de stockage. Pour les analyses, tous les échantillons ont été décongelés, mis en culture sur divers milieux, et on a recherché le taux total de protéines, le niveau de dégradation des protéines, l’activité du lysozyme et des IgAs.
Dans le premier volet, l’activité du lysozyme augmentait significativement pendant le premier jour à - 20°C ; cette augmentation se ralentissait entre 1 et 2 jours, puis augmentait significativement après 14 et 21 jours de stockage. À 4°C, la dégradation des protéines devenait significative au bout de 14 jours, ainsi que la prolifération bactérienne aérobie. À 24°C, la prolifération bactérienne aérobie devenait significative au bout de 2 jours, le taux total de protéines baissait significativement au bout de 7 jours, le niveau de dégradation de ces protéines était significatif au bout de 7 jours et la baisse d’activité des IgAs était significative au bout de 3 semaines.
Dans le lait maternel partiellement consommé et maintenu à 4°C, aucune prolifération bactérienne aérobie notable n’était constatée au bout de 6 jours de stockage. À 24°C, une augmentation du nombre de bactéries était constatée au bout de 9 heures, et elle devenait significative entre 9 et 24 heures de stockage.
Concernant le deuxième volet de l’étude, à 4°C, il n’y avait toujours pas de prolifération bactérienne significative dans le lait partiellement consommé au bout de 7 jours, et il n’y avait pas non plus de baisse significative de l’activité du lysozyme ou des IgAs au bout de ce délai. Le taux total de protéines baissait légèrement. À 24°C, une prolifération microbienne significative était constatée dans ce lait au bout de 9 heures de stockage, une augmentation significative du nombre de coliformes étant même constatée au bout de 6 heures. Jusqu’à 12 heures, on ne constatait pas de baisse du taux total de protéines ou de l’activité du lysozyme ou des IgAs.
Le principal point fort de cette étude est sa méthodologie rigoureuse. Son principal point faible est le petit nombre de mères incluses ; des études portant sur davantage de mères seraient nécessaires. Par ailleurs, le fait de participer à une étude a pu amener les mères à prendre davantage de précautions que d’habitude pour exprimer et collecter leur lait. Les mères et les enfants étaient en bonne santé, et les résultats pourront ne pas s’appliquer dans d’autres conditions. Le niveau de contamination bactérienne dans le lait maternel exprimé analysé immédiatement était plus élevé dans le premier volet que dans le deuxième, ce qui montre l’existence d’importantes variations individuelles, susceptibles d’avoir un impact sur la conservation du lait partiellement consommé. Les résultats de cette étude permettent toutefois de penser que le lait humain, y compris après consommation partielle, se conserve nettement mieux aux températures courantes de stockage qu’on le pensait.
Il reste toutefois nécessaire d’attendre le résultat d’autres études avant de modifier les recommandations actuelles.
Conservation du lait au réfrigérateur en néonatalogie
Slutzah M et al, Refrigerator storage of expressed human milk in the neonatal intensive care unit, The Journal of Pediatrics 2010 ; 156(1) : 26-28.
Une étude américaine faite en néonatalogie (donc dans un endroit où les précautions à prendre sont encore plus importantes qu’ailleurs) a analysé du lait conservé à 4° (température d’un réfrigérateur bien réglé) pendant 24, 78, 72 et 96 heures.
Résultats : pas de variation sur les quatre jours en ce qui concerne l’osmolarité du lait, la concentration en immunoglobulines IgA, en lactoferrine et en graisses, tout comme la concentration en bactéries gram- ; très faible baisse du pH, du contenu en protéines, du nombre de leucocytes et de bactéries gram+ ; augmentation des acides gras.
Conclusion de l’étude : les variations sont minimes, et le lait conserve toutes ses qualités. On peut donc le conserver pendant quatre jours à 4° en toute sécurité.
Impact de la durée et de la température de conservation sur la protéolyse, la lipolyse et la croissance bactérienne dans le lait humain
Breastfeeding and the working mother : effect of time and temperature of short-term storage on proteolysis, lipolysis and bacterial growth in milk. M Hamosh, LA Ellis, DR Pollock et al. Pediatrics, vol 97, n°4, 492-98, 1996.
Diverses raisons pourront amener les mères allaitantes à tirer leur lait pour qu’il soit donné à leur enfant pendant leur absence. Diverses études permettent de conclure qu’il est possible de conserver le lait humain à température ambiante (19 à 22°C) pendant plusieurs heures, ou au réfrigérateur pendant plusieurs jours. Plusieurs études, faites tant en Afrique qu’aux USA ou en Europe ont montré que le fait de conserver le lait humain au réfrigérateur pendant 6 à 8 H diminuait la quantité de germes bactériens présents dans le lait. Le propos de cette étude était de suivre l’évolution de certains nutriments du lait humain (protéines et lipides en particulier) ainsi que la croissance bactérienne au cours d’un stockage dans diverses conditions de température. Cette étude a été conduite sur 16 femmes de catégorie socio-économique moyenne vivant dans la banlieue de Washington (USA). Le groupe 1 comprenait 11 femmes allaitant exclusivement et restant à domicile avec leur bébé. Le groupe 2 comportait 5 femmes qui tiraient leur lait, soit parce qu’elles avaient repris leur travail (n=3) soit parce que leur bébé était hospitalisé (n=2). Entre 8 et 10 H, toutes les mères ont tiré des deux seins le maximum de lait possi-ble à l’aide d’un tire-lait électrique, en présence et avec l’aide d’une consultante en lactation. Ces prélèvements ont été effectués à 1 mois post-partum, ainsi qu’à 6 mois post-partum chez 5 mères du groupe 1. Le lait a ensuite été mélangé et réparti en tubes stériles de 50 ml. Pour chaque tube, un premier échantillon de 1 ml de lait a été placé dans la glace (1°C) dès le prélèvement, tandis que le restant du lait a été transporté au laboratoire à température ambiante (18 à 25°C). Dès l’arrivée au laboratoire (durée du transport ± 7,8 mn), un nouvel échantillon de 1 ml était prélevé et congelé à -70°C. Le lait restant a ensuite réparti en diverses fractions qui ont été entreposées à 15, 25 ou 38°C dans des récipients en verre. Pour chaque température, 0,6 ml de lait ont été prélevés pour analyse à 1, 2, 4, 8 et 24 heures. Le taux de lipides a été calculé par crématocrite, et la lipolyse a été appréciée par dosage des acides gras libres. Les protéines et la pro-téolyse ont été mesurées après délipidation. Tous les échantillons ont été manipulés avec du matériel stérile, mis en culture et évalués par les techniques classiques de microbiologie.
Le pH du lait variait en fonction de la température et de la durée du stockage. Il baissait progressivement dans tous les échantillons ; cette baisse était d’autant plus importante que la température était élevée ; elle était plus importante dans le lait mature que dans le lait provenant de mères en début de lactation. Il n’y avait aucune croissance bactérienne au bout de 25 H de stockage à 15°C. A 25°C, les seuls germes retrouvés après 8 H étaient des bactéries commensales. Des bactéries pathogènes (Coliforme, Entérocoque, S doré) apparaissaient dans le lait au bout de 24 h à 25°C, et entre 8 et 24 h à 38°C.
Le taux de protéines était plus élevé dans le lait provenant de femmes en début de lactation. La protéolyse était très faible à 15°C ou à 25°C. Elle ne devenait mesurable qu’après 24 h de conservation à 38°C. Par contre, il existait une lipolyse marquée. Elle débutait dès la première heure de stockage, et augmentait progressivement. Le taux d’acides gras libres était 5 à 6 fois plus élevé après 24 h à 25°C, température à laquelle la lipolyse était la plus importante.
Ces résultats montrent que la croissance bactérienne est faible dans le lait humain. A température ambiante, le lait peut être conservé pendant 24 heures sans risque à 15°C. Par contre, des températures de 25 ou 38°C ne permettront pas de conserver le lait de façon correcte pendant plus de 4 heures, même lorsque le lait à été prélevé dans de bonnes conditions d’hygiène (ce qui ne sera pas toujours le cas, en particulier dans les pays en voie de développement au climat très chaud). Le taux de protéines du lait reste relativement stable pendant 24 à 48 h à température ambiante. Cela peut être attribué à leur glycosylation, ainsi qu’à certaines particularités structurales les rendant particulièrement hydrophobes. Les mêmes mécanismes sont probablement à la base de la résistance importante de bon nombre de protéines aux enzymes digestives du nourrisson, ce qui leur permet de garder leur activité biologique. Par contre, il existe une lipolyse rapide et marquée à 15°C. Cette lipolyse concerne surtout les triglycérides, qui constituent l’essentiel des graisses du lait, les phospholipides n’étant pas touchés. Le fait que la lipolyse soit plus marquée à 25°C qu’à 38°C pourrait provenir de l’inhibition partielle de la lipoprotéine lipase à température plus élevée. Cette lipolyse rapide et précoce pourrait jouer un rôle dans la prévention de la croissance bactérienne, les acides gras libres et les monoglycérides inhibant en effet cette croissance.
Impact du stockage sur la microbiologie du lait humain
The microbiology of human breastmilk : impact of storage time and temperature. CA Berry et al. Breastfeed Med 2008 ; 3(1) : 82.
Les recommandations de l’Association Australienne pour l’Allaitement disent qu’une mère peut tirer son lait et le conserver à température ambiante (< 26°C) pendant 6 à 8 heures, ou au réfrigérateur (< 4°C) pendant 3 à 5 jours. Les recommandations concernant la durée de conservation du lait au réfrigérateur à environ 4°C varient énormément, de moins de 24 heures à 7 jours. Par ailleurs, il n’y a pas de réel consensus sur ce qui est considéré comme acceptable sur le plan de la prolifération microbienne dans le lait maternel pendant le stockage. Le but de cette étude était d’évaluer le degré de contamination microbienne dans du lait conservé à 4°C pendant jusqu’à 7 jours, à température ambiante, et à 37°C.
Les méthodes de recueil et de stockage du lait étaient celles utilisées par le lactarium australien. L’étude bactériologique des échantillons de lait montrait que le comptage microbien dans le lait maternel était en moyenne de 102 CFU/ml, ce chiffre restant stable pendant les 7 jours de conservation. A température ambiante et à 37°C, on constatait une augmentation progressive de la prolifération microbienne, qui était de 105 CFU/ml au bout de respectivement 4 et 2 jours. Les principaux germes mis en évidence appartenaient à la flore cutanée, digestive et environnementale : Staphylocoque epidermidis, E coli, Streptocoque mitis, divers pseudomonas, et Chryseomonas.
Ces données pourront être utiles tant aux mères qui tirent leur lait pour leur bébé qu’aux lactariums qui souhaitent avoir un lait contenant aussi peu de germes que possible.
Impact des conditions environnementales sur le lait humain non pasteurisé
Effect of environmental conditions on unpasteurized donor human milk. DJ Rechtman, ML Lee, H Berg. Breastfeed Med 2006 ; 1(1) : 24-26.
Le lait humain provenant de donneuses est recueilli et traité par les lactariums. Ce traitement a pour objectif de détruire un certain nombre de germes pathogènes ; d’un autre côté, la pasteurisation détruit certains composants du lait. Le but de cette étude était d’évaluer l’impact de diverses conditions environnementales sur le lait humain.
Des mères allaitantes ont recueilli des échantillons de lait sans prendre de précautions d’hygiène autres que celles qu’elles avaient l’habitude de pratiquer pour leur allaitement. Le lait a été stocké à – 20°C pendant 2 mois, puis à – 80°C jusqu’au moment des analyses. Pour ces dernières, le lait a tout d’abord été décongelé en l’espace d’une nuit, et amené à 4°C. Il a ensuite été réparti en fractions de 25 ml, qui ont été recongelées à – 80°C. Puis les échantillons ont été placés pendant une journée à – 20°C, et enfin amenés à température ambiante (23°C). Ils ont ensuite été répartis en 6 groupes, qui ont été placés respectivement à 8°C pendant 4 heures, à 8°C pendant 24 heures, à 23°C pendant 4 heures, à 23°C pendant 8 heures ; le 5ème lot a subi un cycle de réchauffage-refroidissement : 8°C pendant 4 heures ou 24 heures, 20 heures à – 20°C, 4 heures à 8°C, à nouveau 20 heures à - 20°C, et enfin 24 heures à 8°C. Le dernier lot a été replacé à – 20°C et a servi de témoin. Tous ces échantillons ont enfin été analysés sur le plan de la contamination bactérienne, du taux de vitamine A, de vitamine C et des acides gras.
Les analyses microbiologiques n’ont retrouvé aucune prolifération microbienne supérieure à la limite considérée comme acceptable dans du lait humain cru (< 104 CFU/ml) par la plupart des lactariums. Ce taux de prolifération microbienne était similaire dans tous les lots de lait. Le taux lacté de vitamine A était similaire dans tous les échantillons. Le taux de vitamine C était abaissé de 50 % dans tous les échantillons qui avaient été laissés à 23°C pendant 8 heures, et de 25 % dans les échantillons qui avaient été à 8°C pendant un total de 24 heures. L’analyse des acides gras n’a retrouvé des aldéhydes à un taux supérieur à 0,1 ppm dans aucun des échantillons.
Les auteurs concluent que le lait humain s’avère être un liquide très stable, qui résiste sans modifications notables à de nombreuses fluctuations de température. Les divers traitements subis par les échantillons testés n’avaient induit aucune conséquence susceptible d’avoir un impact négatif significatif sur la qualité du lait, ou de faire courir un risque à l’enfant. Il est raisonnable de penser qu’une période d’observation plus longue aurait permis une prolifération bactérienne, en particulier dans les échantillons laissés à 23°C. Il est toutefois très intéressant de constater qu’il n’y a eu aucune prolifération bactérienne dans les échantillons qui ont subi plusieurs cycles de congélation-réchauffage. Il était également intéressant de constater que les échantillons laissés pendant 8 heures à 23°C présentaient un taux moyen de contamination bactérienne 1,67 fois plus bas que la limite utilisée par les lactariums américains pour le don de lait humain cru. Savoir que leur lait résiste bien à diverses conditions environnementales sera utiles aux mères à qui on recommande souvent de jeter leur lait s’il a été conservé dans des conditions sub-optimales.
Activité bactérienne dans du lait humain, du lait de vache et du lait industriel
Bacterial activity in fresh and frozen human milk compared to cow’s milk and baby formula. R Wight, NE Wight. 10th Annual Meeting of the Academy of Breastfeeding Medicine, Oct 20-24, 2005. ABM News and Views 2005 ; 11(4) : 34.
De nombreuses femmes qui travaillent tirent leur lait pour qu’il soit donné à leur bébé pendant qu’elles sont au travail. Ces femmes se posent souvent des questions sur le risque de prolifération microbienne dans leur lait. Le but de cette étude était de mesurer l’activité bactérienne dans du lait humain, du lait de vache, et du lait industriel pour nourrissons, soit frais, soit après congélation pour des périodes variables.
Des échantillons de lait humain et de lait de vache ont été testés sur le plan bactériologique à l’état frais, après pasteurisation, et après avoir passé 3, 10 et 26 jours dans un congélateur à environ – 17,5°C. On a également testé des échantillons de lait industriel pour nourrisson. D’autres échantillons ont été testés après congélation pendant 4 à 5 mois. L’activité bactérienne a été évaluée régulièrement sur l’échantillon laissé pendant 72 heures à température ambiante, à l’aide d’un test au bleu de méthylène ; plus la couleur change rapidement, plus la croissance bactérienne est rapide.
Tous les échantillons de lait avaient un taux d’activité bactériologique supérieur aux standards commerciaux pour le lait de vache. Le lait humain était celui qui limitait le mieux la croissance bactérienne : aucune augmentation de l’activité microbienne n’était constatée, sauf dans un des échantillons. Le lait de vache cru était celui qui avait l’activité microbienne la plus importante. La congélation n’avait aucun impact mesurable sur l’activité microbienne de tous les laits testés, sauf en ce qui concernait le lait de vache pasteurisé, chez qui l’activité microbienne était d’autant plus importante que la durée de congélation était longue.
Le lait humain présentait de bonnes garanties de sécurité sur le plan microbien. Un seul échantillon de lait, qui avait été congelé pendant 10 jours, a été le siège d’une augmentation de l’activité microbienne, peut-être en raison d’une maladie chez la mère, ou d’une contamination à l’occasion de l’expression ou la manipulation du lait. Le lait humain inhibait la croissance bactérienne de façon nettement plus efficace que le lait de vache ou le lait industriel, y compris après une longue durée de stockage. Un kit simple, permettant aux mères de vérifier la qualité bactériologique de leur lait, comme celui testé par les auteurs, pourrait être utile aux mères.
Bactériologie du lait humain en fonction de la nature du récipient utilisé
A comparison of bacteriological findings in unpasteurized donor breast milk in different containers (glass vs hard plastic vs flexible plastic bags). YL Piovanetti, J Martinez, C Cabrer, I Rodriguez, Y Rivera. AAP November 2003 Section on Breastfeeding Educational Program.
Dans certains cas, le bébé sera séparé de sa mère, et cette dernière devra tirer son lait pour qu’ils soit donné à son bébé. L’objectif de cette étude était de déterminer l’importance de la prolifération bactérienne dans du lait humain cru en fonction de la matière du récipient utilisé pour stocker le lait.
10 mères ont tiré leur lait et l’ont stocké dans 3 récipients différents (verre, plastique dur, plastique souple). Des échantillons de lait ont ensuite été prélevés à partir de tous les récipients, pour mise en culture bactériologique. Les germes isolés ont été caractérisés et dénombrés.
Parmi les 30 cultures effectuées, aucune différence significative n’a pu être mise en évidence qui soit corrélée à la nature du récipient utilisé. Des germes pathogènes ont été retrouvés dans 50 % des échantillons, des germes appartenant à la flore cutanée ont été retrouvés dans 43 % des cultures, et aucun germe n’a été retrouvé dans 7 % des échantillons. La bactériologie était la même quel que soit le récipient utilisé dans 34 % des échantillons. La présence d’un taux élevé de bactéries Gram négatif dans le lait de 4 femmes sur 10 est surprenante, et ne peut pas être attribuée à la méthode d’expression du lait, toutes les femmes ayant utilisé le même modèle de tire-lait provenant du même fabricant.
Les auteurs concluent que le matériau dans lequel est fabriqué le récipient utilisé pour stocker du lait humain cru n’a aucun impact mesurable sur la contamination bactérienne de ce lait. Cette étude a porté sur un petit nombre de femmes. Les auteurs estiment cependant que les mères et les professionnels de santé doivent être avertis de la contamination possible du lait maternel exprimé et stocké cru dans des récipients qui n’ont pas été stérilisés, surtout si le lait n’est pas entreposé au réfrigérateur.
Impact du stockage du lait humain à température ambiante
Storage beyon three jours at ambient temperature alters the biochemical and nutritional qualities of breast milk. MU Eteng, PE Ebong, EU Eyong, RR Ettarh. Afr J Reprod Health 2001 ; 5(2) : 130-4.
L’impact du stockage du lait humain à température ambiante a été étudié sur des échantillons de lait donnés par 30 mères nigériennes.
Les échantillons ont été stockés pendant 3, 6 et 24 heures à température ambiante (29°C). Ils ont ensuite été analysés pour mesure du taux de protéines, de lactose, du pH et de la contamination microbienne. Une baisse significative du taux de protéines et du lactose a été constatée au bout de 6 et 24 heures de stockage par rapport aux échantillons stockés pendant 3 heures, ainsi qu’une baisse du pH. Il existait une corrélation positive significative entre le taux de lactose et le pH.
Les principaux germes recherchés étaient le Staphylocoque doré, le Streptocoque viridans et le Staphylocoque blanc. La prolifération microbienne augmentait entre 3 et 24 heures. La principale bactérie retrouvée était S blanc, suivie de S viridans et S doré.
Ces résultats permettent de penser qu’à la température étudiée (29°C), le lait humain reste stable pendant les 3 premières heures ; par la suite, des modifications significatives surviennent dans sa composition biochimique, qui altèrent ses qualités nutritionnelles.
Impact du stockage du lait humain sur ses propriétés antibactériennes
Effets of storage on the physicochemical and antibacterial properties of human milk. MO Ogundele. Br J Biomed Sci 2002 ; 59(4) : 205-11.
Le stockage du lait humain est inévitable pour une utilisation dans les services de néonatalogie, ou lorsque la mère souhaite tirer son lait pour qu’il soit donné à son bébé après la reprise du travail. Cette étude a évalué l’impact de diverses méthodes de stockage sur les propriétés physico-chimiques et antibactériennes du lait humain.
Des mères ont donné des échantillons de colostrum et de lait, qui ont été stockés à 4°C et à – 20 °C pendant des périodes allant de 1 jour à 12 semaines. On a recherché dans tous ces échantillons de lait le pH, l’activité bactéricide, et la capacité de séquestration d’un Escherichia coli, et on a comparé les résultats obtenus avec ceux obtenus sur des échantillons de lait juste exprimé, en l’absence et en présence d’EDTA.
Le lait devenait progressivement plus acide pendant le stockage. L’activité bactéricide du lait réfrigéré baissait rapidement. Plus des 2/3 de l’activité bactéricide restait intacte au bout de 3 mois de congélation. La capacité des globules lipidiques à adhérer aux bactéries disparaissait progressivement dans les échantillons de lait congelé, alors qu’elle augmentait fortement pendant les premiers jours de réfrigération, avant de baisser rapidement.
Ces résultats montrent que la baisse de l’activité bactéricide du lait humain pendant la réfrigération est bien compensée par l’augmentation de la capacité de séquestration bactérienne. Il n’y a aucune crainte à avoir pour l’enfant qui consommera du lait maternel qui a été conservé par réfrigération ou par congélation.
Impact des techniques de stockage du lait humain sur les propriétés antimicrobiennes
Techniques for the storage of human breast milk : implications for anti-microbial functions and safety of stored milk. MO Ogundele. Eur J Pediatr 2000 ; 2000 ; 159(11) : 793-97.
De nombreuses mères doivent reprendre un travail après la naissance de leur enfant, et souhaiteront continuer à allaiter. Par ailleurs, certains enfants prématurés ou malades ne pourront pas être mis au sein, et recevront le lait tiré par leur mère.
Diverses techniques de stockage du lait humain ont été préconisées : réfrigération, congélation, avec ou sans pasteurisation. Le principal problème posé par le stockage du lait maternel est la possibilité d’une contamination bactérienne par des germes pathogènes, rendant le lait dangereux pour l’enfant. De nombreuses études ont constaté que le lait humain, tiré dans des conditions correctes d’hygiène et réfrigéré, ne présentait aucune multiplication microbienne notable pendant plus de 72 heures. Pour un stockage de plus longue durée, il est recommandé de congeler le lait à la température de congélation courante. Il serait encore préférable de congeler le lait à – 70°C, mais ce type de congélation nécessite un matériel spécial. Les craintes soulevées par certains auteurs concernant l’augmentation du niveau d’acidité du lait se sont avérées infondées. Pendant la conservation, il y a essentiellement augmentation des acides gras libres sous l’action des lipases, ce qui est totalement différent d’une augmentation de l’acide lactique qui pourrait se produire par fermentation bactérienne du lactose.
Toutes les études concordent pour montrer que, en respectant un minimum de conditions, le stockage du lait humain est chose simple, et ne présente aucun danger pour les bébés et les enfants. Il est donc tout à fait légitime d’encourager les mères qui souhaitent poursuivre l’allaitement après la reprise de leur travail à tirer leur lait pour que leur enfant continue à en recevoir autant que possible.
Analyse bactériologique du lait humain restant après un repas donné au biberon
Bacterial analysis of refrigerated human milk following infant feeding. R Brusseau. May 1998. pw1.netcom.com/~rbruss/family/thesis.html.
De plus en plus de femmes choisissent de continuer à allaiter après la reprise du travail, et nombre d’entre elles décident de tirer leur lait pour qu’il puisse être donné à leur bébé pendant leur absence. Certains auteurs ont recommandé de jeter le lait maternel qui pouvait rester dans le biberon après un repas, en raison de la possible contamination bactérienne. Cette étude avait pour but d’apprécier la contamination bactérienne dans le volume résiduel d’un biberon de lait humain partiellement consommé, puis réfrigéré pendant 48 heures à 4-6°C.
Un groupe de 6 femmes, allaitant un bébé âgé de 1 à 9 mois, a participé à cette étude. Une semaine avant l’étude, ces femmes ont reçu des informations détaillées sur celle-ci, ainsi que des biberons propres mais non stérilisés, une glacière et un thermomètre. Elles devaient tirer 170 à 220 ml de lait à l’aide d’un tire-lait électrique, 12 à 36 heures avant le début de l’étude. Avant de tirer leur lait, elles devaient laver soigneusement leurs mains à l’eau savonneuse chaude. Le lait tiré était ensuite placé pendant 12 à 26 heures au réfrigérateur à 4-6°C. Les mères devaient le placer dans la glacière pour l’apporter au laboratoire. Dès son arrivée, le lait était également réparti dans 2 autres biberons propres, tous deux chauffés à 37°C pendant 10 à 20 mn. L’un des biberons était donné à l’enfant pendant un temps donné (biberon E), de façon à ce qu’il le consomme partiellement ; l’autre servait de témoin (biberon T). Les échantillons étaient ensuite remis au réfrigérateur à 4-6°C pendant un total de 48 heures. Des échantillons de lait ont été prélevés dans tous les biberons pour analyse bactériologique à 0, 12, 24, 36 et 48 heures après don du lait à l’enfant (examen au microscope, mise en culture sur divers milieux, comptage du nombre de colonies bactériennes, identification des souches obtenues).
Il n’y avait pas de différence significative pour chaque mère entre les biberons E et T en ce qui concernait la prolifération microbienne et la nature des germes retrouvés. Les variations constatées l’étaient entre les mères (le nombre de bactéries était plus élevé dans le lait de certaines mères, sans qu’il soit possible de savoir à quoi était dû ce fait). Les bactéries retrouvées dans le lait peuvent provenir de différentes sources : mains de la mère, sécrétions nasopharyngées, flore cutanée au niveau des seins, matériel d’expression du lait. Les germes retrouvés étaient des Escherichia Coli, Acinatobacter sp et Klebsiella pneumoniae. Des coliformes ont été retrouvés chez 2 femmes. Il n’y avait ni streptocoques b-hémolytique, ni staphylocoques doré.
Pour déterminer si le niveau de contamination du lait humain exprimé est suffisamment bas, il faut définir une limite. Les lactariums ont leurs propres limites très strictes, mais il n’est pas indispensable d’être aussi strict lorsqu’une mère utilise son lait pour son bébé né à terme et en bonne santé, pour un usage « domestique ». Plusieurs auteurs ont fixé des limites : 103 colonies bactériennes/ml de lait, absence d’entéropathogènes (Sauve, 1984) ; 105 colonies bactériennes/ml de lait, absence d’entéropathogènes, de streptocoques b-hémolytique, de staphylocoques doré, de pneumocoques et de coliformes (Tyson, 1983) ; 2,5 x 104 colonies bactériennes/ml, absence d’entérobactéries, nombre de colonies de Staphylocoque doré inférieur à 103/ml de lait (Williamson, 1978).
Il existait d’importantes variations entre les mères ; pour 3 d’entre elles, le nombre de colonies bactériennes/ml était compris entre 600 et 1000/ml ; pour les 3 autres, il allait de 12 000 à 36 000. Ce fait concorde avec ce qui avait déjà été rapporté. Une étude de Hamosh (1998) avait retrouvé dans du lait humain exprimé et réfrigéré un nombre moyen de 2000 colonies bactériennes, avec des extrêmes allant de 0 à 113 000 colonies/ml de lait. Il serait intéressant de savoir dans quelle mesure le niveau de contamination bactérienne serait affecté par des facteurs tels que conservation du lait à température ambiante, congélation du lait, réchauffage du lait avant mise en culture, et de comparer cette contamination à celle que l’on pourrait observer dans du lait industriel utilisé dans les mêmes conditions.
Quoi qu’il en soit, en dépit d’une contamination bactérienne pouvant être considérée comme importante (mais pas plus élevée dans le lait partiellement consommé que dans le lait servant de contrôle), aucun bébé n’a été malade. On peut donc raisonnablement dire que les bactéries présentes dans le lait d’une mère présentent vraisemblablement moins de risque pour son bébé que celles présentes dans le lait d’une donneuse, car elles sont le reflet de l’environnement maternel, et la mère sécrète dans son lait les anticorps correspondants. A priori, il n’est pas nécessaire que la mère jette le lait qu’elle a tiré et que son bébé n’a pas consommé ; elle peut mettre le biberon au réfrigérateur, pour le donner à un autre repas.
Pas de croissance microbienne dans le lait humain pasteurisé après 4 jours à 4°C
Pasteurized donor human milk maintains microbiological purity for 4 days at 4°C. Vickers AM et al. J Hum Lact 2015 ; 31(3) : 401-5.
Lorsque la mère ne souhaite pas allaiter ou n’arrive pas à obtenir suffisamment de lait, le second choix pour l’alimentation des prématurés et des enfants malades est le lait humain provenant de donneuses. La majorité des lactariums pasteurisent le lait, dont la qualité microbiologique est vérifiée par mise en culture pendant 48 heures. Le lait humain est livré aux services de néonatalogie dans des récipients qui contiennent habituellement 100 ml. Or, un prématuré peut n’avoir besoin que de quelques ml à chaque repas. Même s’il peut être donné à un certain nombre d’enfants, l’intégralité du volume contenu pourra ne pas être utilisé en une seule fois. En pareil cas, il est remis au réfrigérateur, et jeté au bout de 24 heures. Mais ces pratiques ne reposent sur aucun réel fondement scientifique. Le but de cette étude était de voir combien de temps du lait humain pasteurisé et réfrigéré pouvait rester indemne de toute prolifération microbienne.
Le lactarium du nord du Texas regroupe le lait provenant de 2 à 5 donneuses avant pasteurisation, afin de remplir des récipients de 100 ml. Un récipient a été sélectionné au hasard dans chaque lot de 42 récipients après pasteurisation, et placé dans un réfrigérateur ordinaire, ouvert en moyenne 27 fois par jour, une fréquence significativement plus élevée que la fréquence habituelle d’ouverture d’un réfrigérateur de néonatalogie. Pour simuler le prélèvement de lait pour le repas d’un nourrisson, chaque récipient a été ouvert environ toutes les 3 heures (par une personne portant des gants stériles), et 3 ml de lait ont été prélevés avec une seringue stérile, le récipient étant ensuite refermé et replacé au réfrigérateur. Les échantillons prélevés 0, 24, 48, 72 et 96 heures, ainsi que 9 jours après la pasteurisation, ont été évalués sur le plan bactériologique. Au temps 0, tous les échantillons étaient stériles, et tous le sont restés non seulement jusqu’à 4 jours, mais même jusqu’au 9ème jour.
Le lait humain n’est pas un produit stérile. De plus, il peut être contaminé par divers germes pendant son expression ou sa conservation. Par ailleurs, il contient diverses molécules bactéricides, et on a constaté que le nombre de bactéries baissait dans du lait humain frais placé au réfrigérateur. Une étude a constaté que du lait maternel frais stocké dans le réfrigérateur d’un service de néonatalogie conservait pendant 96 heures une qualité microbiologique satisfaisante. La principale limite de cette étude est que, si elle permet de constater que du lait humain pasteurisé peut se conserver bien plus longtemps que 24 heures au réfrigérateur, elle ne permet toutefois pas de fixer une limite précise pour sa conservation ; au bout de 9 jours, le lait pourrait ne plus convenir à l’alimentation de prématurés pour des raisons autres que microbiologiques. Il serait donc utile d’évaluer également l’évolution d’autres paramètres de la composition du lait humain pendant une longue réfrigération.
Porter à 48 heures la durée de conservation du lait humain pasteurisé entreposé au réfrigérateur permet de limiter le gaspillage de lait humain dans les services de néonatalogie, tout en conservant une large marge sur le plan de la sécurité microbiologique.
Impact de la température et des conditions de stockage sur la croissance bactérienne dans du lait humain pasteurisé
Effect of temperature and storage conditions on bacterial growth in donor milk pasteurized using the PCMC-ASTI fourth generation microprocessor controlled pasteurizer. Banez AFU et al. Breastfeed Med 2009 ; 4(4) : 238.
Aucune étude n’a été publiée sur la prolifération bactérienne dans du lait humain pasteurisé. Les auteurs ont conduit cette étude afin de déterminer l’impact de diverses conditions de stockage et de température sur la croissance bactérienne dans du lait humain.
Des échantillons de lait provenant de 5 mères ont été regroupés. Le pool de lait a été partagé en 2 fractions ; l’une est restée crue, l’autre a été pasteurisée. Les échantillons de lait ont ensuite été répartis en aliquots de 1 ml qui ont subi divers traitements : placement à 30°C pendant 2, 4 ou 6 heures ; à 7°C pendant 2, 4, 6, 12, 24 48 ou 72 heures ; à 0°C pendant 12, 24, 48, 72, 168 et 336 heures ; et à – 20°C pendant 24, 48, 72, 168, 336, 720, 2160 ou 4320 heures. D’autres échantillons ont subi les mêmes traitements après passage dans un tire-lait contaminé. Enfin, une 3ème série d’échantillons est restée à 30°C pendant 12 heures, et à 7°C pendant 168 heures. Tous les échantillons ont ensuite été cultivés pour évaluation de leur degré de contamination.
Aucune prolifération microbienne notable n’était constatée dans le lait cru jusqu’à 4 heures à 30°C, jusqu’à 48 heures à 7°C, jusqu’à 336 heures à 0°C, et jusqu’à 4320 heures à – 20°C. Le lait pasteurisé restait stérile dans toutes les conditions testées. Dans le groupe des échantillons passés dans un tire-lait contaminé, la charge microbienne était importante immédiatement après ce passage. Elle baissait à un niveau acceptable au bout de 2 semaines de congélation dans le lait cru. Le lait qui avait été pasteurisé après ce passage restait stérile jusqu’à 6 heures à 30°C, jusqu’à 168 heures à 7°C, jusqu’à 336 heures à 0°C, et jusqu’à 4320 heures à –20°C.
La prolifération microbienne est nettement plus basse dans le lait humain pasteurisé placé dans des conditions difficiles que dans le lait humain cru. Toutefois, il devrait être consommé rapidement après son traitement.
Impact du récipient sur l’activité bactéricide du lait maternel exprimé
Container type and bactericidal activity of human milk during refrigerated stockage. Takci S, Gulmez D, Yigit S et al. J Hum Lact 2013 ; 29(3) : 406-11.
De plus en plus de mères allaitantes tirent leur lait, en particulier lorsqu’elles reprennent le travail, et souhaitent que leur bébé continue à recevoir leur lait. Ces mères auront besoin d’information sur les meilleurs moyens de conserver leur lait. Pour une conservation à court terme, la réfrigération à 4° C pendant 2 à 8 jours est l’option recommandée.
On sait que certains facteurs du lait maternel peuvent être altérés pendant son stockage, et le récipient utilisé peut avoir un impact. Actuellement, les récipient en verre et en plastique sont les plus utilisés. Le but de cette étude était d’évaluer l’impact des récipients en pyrex et en polyéthylène sur les propriétés bactéricides du lait humain.
Cette étude prospective turque a été menée entre janvier et avril 2012. Les mères étaient bien nourries, en bonne santé, n’avaient pas utilisé d’antibiotiques pendant les 7 jours précédent, et elles allaitaient un enfant âgé de 15 à 30 jours. On leur a demandé de se laver les mains, et de tirer manuellement environ 10 ml de lait directement dans un récipient en pyrex, et 10 ml dans un récipient en polyéthylène, ces récipients étant stériles. Dans la mesure où la composition du lait change pendant une tétée, on a demandé à la mère de tirer son lait dans les récipients par 5 ml (donc à 2 reprises dans chaque récipient, en les alternant, le premier récipient utilisé étant déterminé par tirage au sort). Les récipients ont été immédiatement transférés au laboratoire d’analyse, et on a prélevé 1 ml de lait dans chacun d’entre eux pour tester l’activité bactéricide du lait frais. Les récipients de lait ont été placés à 4° C, et on a de nouveau prélevé un peu de lait pour le test au bout de 24 et 48 heures. L’activité bactéricide a été testée sur une suspension d’E coli ATCC25922 contenant environ 1,5 x 108 UFC, incubée avec du lait à 37° C pendant 2 heures.
22 mères âgées de 30,3 ± 4,8 ans ont fourni les échantillons de lait. Elles avaient accouché à 38,3 ± 1,2 semaines. Tous les échantillons de lait frais avaient une activité bactéricide ; le lait recueilli dans le récipient en pyrex détruisait en moyenne 87 % des germes, contre 86 % pour celui recueilli dans le récipient en polyéthylène. Au bout de 24 et 48 heures, le lait stocké dans les récipients en pyrex détruisait en moyenne 69,5 % et 74 % des germes. En revanche, le stockage dans le récipient en polyéthylène avait un impact majeur sur l’activité bactéricide : au bout de 24 heures, on constatait une augmentation de 11,4 % du nombre de bactéries après incubation avec le lait humain, et une destruction de 6 % des germes par le lait stocké pendant 48 heures.
La principale limite de cette étude est que les échantillons de lait provenaient d’un petit groupe de femmes, et que l’activité bactéricide a été testée sur une seule souche. Elle permet toutefois de penser que pour un stockage à court terme au réfrigérateur, les récipients en pyrex préservent significativement mieux l’activité bactéricide du lait humain que les récipients en polyéthylène. D’autres études sur le sujet seraient utiles.