Ce dossier a été publié dans Allaiter aujourd'hui n° 61, LLL France, 2004
Continuer à allaiter pendant la grossesse, puis allaiter ensuite les deux enfants simultanément, ça ne se décide généralement pas à l’avance.
Simplement, un beau jour, alors qu’on allaite encore son enfant plus ou moins grand, on se retrouve enceinte. Et l’on n’arrive pas à imaginer de le sevrer comme ça, brutalement. Alors, si l’on sait – notamment par les témoignages d’autres femmes – qu’allaiter pendant la grossesse est tout à fait possible, on va peut-être se lancer dans l’aventure.
Car c’est bien d’une aventure qu’il s’agit. D’une expérience tout à fait spéciale, dont on ressortira sans doute chamboulée, et où très souvent les choses se seront passées différemment de ce qu’on avait prévu.
Pendant la grossesse
Ecartons tout d’abord les trois craintes les plus courantes que peut avoir la mère et que, n’en doutons pas, va lui renvoyer son entourage.
Non, l’allaitement ne va pas priver le fœtus de nutriments indispensables.
Une femme qui se nourrit correctement n’aura pas de mal à répondre aux besoins à la fois du fœtus et de l’enfant allaité. Il lui faut simplement s’assurer qu’elle prend du poids normalement, ajoute des aliments nutritifs à son alimentation et se repose suffisamment.
Dans une étude faite au Guatemala (1) sur les suppléments nutritionnels, la moitié des femmes participantes se sont retrouvées enceintes alors qu’elles allaitaient encore. La poursuite de l’allaitement n’a pas affecté la croissance du fœtus. En fait, aucune étude n’a jamais mis en évidence un impact négatif sur la croissance du fœtus in utero ou sur le poids du nouveau-né lorsque la mère allaitait pendant sa grossesse et qu’elle était correctement nourrie. Toutefois, l’étude précitée a montré que ces mères avaient des apports nutritionnels plus élevés et une masse grasse moins importante pendant la grossesse.
Non, le lait ne devient pas mauvais pour l’enfant allaité.
C’est malheureusement une idée répandue dans beaucoup d’endroits, où il est tabou d’allaiter pendant la grossesse, pendant les règles (ou dès que la femme a son retour de couches), comme il est tabou de donner le colostrum (2).
Certes, la quantité de lait baisse, plus ou moins selon les femmes, et plutôt au cours des derniers mois de la grossesse (et se transforme alors en colostrum, qui aura éventuellement un léger effet laxatif sur l’enfant). Mais il est vraisemblable que celui-ci aura alors également une alimentation solide, et ne dépendra pas exclusivement du lait maternel (dans le cas contraire, il faudra bien évidemment surveiller attentivement la croissance de l’enfant).
D’autre part, les hormones de la grossesse ne sont retrouvées dans le lait que dans des quantités très faibles, guère susceptibles d’avoir un impact sur l’enfant allaité. Ces quantités seront d’autant plus basses que la sécrétion lactée se tarira progressivement. Le foetus est d’ailleurs exposé aux mêmes hormones, présentes dans le sang à des taux considérablement plus élevés.
Pour sa part, l’Organisation Mondiale de la Santé estime qu’il est « certainement préférable d’améliorer le régime de la mère avec des aliments facilement disponibles que d’interrompre l’allaitement à cause d’une nouvelle grossesse, surtout dans les endroits où l’on n’est pas assuré de trouver des aliments de sevrage appropriés » (3).
Non, le risque de fausse couche ou d’accouchement prématuré n’augmente pas si l’on allaite pendant la grossesse.
Une des principales craintes, tant chez les mères que chez les professionnels de santé, est que la stimulation des mamelons due à l’allaitement puisse provoquer des contractions utérines susceptibles d’induire une fausse couche. Toutefois, les études n’ont jamais retrouvé un tel impact, et les grossesses normales ne semblent pas affectées par les décharges d’ocytocine survenant pendant les tétées, même si certaines mères ressentent des contractions utérines plus fréquentes en fin de grossesse lorsqu’elles allaitent toujours. La situation pourrait par contre être différente chez les femmes qui ont des antécédents de fausse couche ou d’accouchement prématuré, ou qui présentent une grossesse multiple (jumeaux ou triplés), mais aucune étude n’existe sur le sujet.
L’ocytocine a une demi-vie plasmatique très brève (moins d’une minute) ; elle est très rapidement détruite par l’ocytocinase. De plus, même s’il existe toujours des décharges d’ocytocine pendant les tétées pendant au moins toute la première année d’allaitement, l’amplitude des pics observés baisse avec le temps.
Rappelons à ce sujet que les rapports sexuels, que la plupart des couples poursuivent au cours d’une grossesse normale, provoquent eux aussi des contractions utérines.
En fait, les vrais problèmes ne sont pas là où on les attendrait (sauf si l’on a été mise au courant par des femmes ayant vécu la chose). Ils sont dus aux sensations physiques et aux sentiments que la poursuite de l’allaitement va susciter chez la mère.
La première de ces sensations (c’est souvent même elle qui va mettre la puce à l’oreille quant à une grossesse éventuelle) et l’une des plus courantes, c’est une sensibilité accrue des mamelons, pouvant aller jusqu’à une douleur intolérable.
Cette sensation étant d’origine hormonale, les recommandations qu’on donne aux mères de nouveau-nés pour éviter ou soulager les douleurs de mamelons (bonne position du bébé aux seins, pommades diverses…) ne sont d’aucune aide.
Un certain nombre de femmes qui pensaient poursuivre l’allaitement finissent à contrecœur par sevrer en raison de ces douleurs. D’autres arrivent à les « gérer », notamment en demandant à l’enfant de limiter le nombre, la durée et l’intensité des tétées (« on compte jusqu’à 10 et on arrête », ou « tu tètes doucement »).
Autre phénomène : la baisse de lait et son changement de goût peuvent rendre la relation d’allaitement difficile, donnant l’impression que l’enfant tète « à vide », « à sec » (sans le « lubrifiant » du lait). Ils font d’ailleurs qu’un certain nombre se sèvrent d’eux-mêmes à un moment ou un autre de la grossesse. Dans deux études portant sur des mères devenues enceintes pendant l’allaitement (4), une majorité d’enfants (respectivement 57 % et 69 %) s’étaient sevrés pendant la grossesse.
Dernière chose, qui trouble beaucoup certaines femmes : un changement d’humeur, qui se traduit par un malaise ou de l’irritation pendant les tétées.
Dans l’étude précitée de Newton et Theotokatos (4) qui a étudié plus de 500 femmes membres de La Leche League, trois préoccupations ressortaient : 74 % des femmes avaient ressenti des douleurs de mamelons à des degrés divers, 65 % avaient noté une baisse de la lactation, et 57 % avaient ressenti un certain malaise ou de l’irritation pendant les tétées. En fin de compte, 66 % des participantes sevrèrent leur enfant à un moment ou un autre de la grossesse (à noter que dans la mesure où 44 % des enfants avaient 2 ans ou plus, un certain nombre se seraient sans doute sevrés même s’il n’y avait pas eu la nouvelle grossesse).
Il ne faudrait pas en tirer une vision trop sombre de l’allaitement pendant la grossesse. Beaucoup de femmes le vivent sans problèmes, sans mamelons douloureux, sans ambivalence. Et même celles qui expérimentent des difficultés peuvent être satisfaites de l’avoir fait. Toujours dans l’étude de Newton et Theotokatos, sur les 158 femmes qui n’avaient pas sevré pendant la grossesse, 77 % dirent qu’elles recommenceraient probablement, et seulement 6 % qu’elles ne recommenceraient sûrement pas.
Néanmoins, trop de femmes le vivent de façon pour le moins problématique pour qu’on ne donne pas un petit avertissement : vivez les choses au jour le jour, voyez comment vous réagissez, vous et votre enfant, et prenez les décisions qui vous semblent préférables.
Lorsque l’enfant paraît
Une fois le bébé né, un certain nombre de choses vont s’améliorer : les douleurs de mamelons disparaissent (sauf si la succion incorrecte du nouveau-né en provoque de nouvelles, mais c’est une autre histoire…), le lait revient en abondance, suffisamment pour les deux enfants. Mais de nouvelles questions se posent : vaut-il mieux allaiter les deux enfants en même temps ? Comment s’y prendre concrètement ? Comment assurer la priorité au nourrisson ? Comment faire face aux demandes incessantes de tétées de la part du plus grand ? Que se passe-t-il si l’un des enfants est malade ? Etc., etc.
Dans les premières semaines, il est conseillé de faire d’abord téter le nouveau-né, afin qu’il bénéficie pleinement du colostrum. Plus tard, il faut s’assurer que le bébé ne tète pas exclusivement un sein toujours « vide » ou toujours « plein ». Comme il a un fort besoin de succion, il doit pouvoir de temps en temps téter un sein déjà bien drainé. Mais nul besoin de limiter la tétée à un côté par enfant ni d’essayer d’imposer un schéma rigide aux deux enfants (5). Le nouveau-né a à la fois besoin du lait « de début de tétée » et du lait « de fin de tétée », mieux vaut donc alterner les seins et les tétées entre les deux enfants.
Si l’un des enfants est malade, on peut ne faire téter qu’un seul sein à chaque enfant, pendant la durée de la maladie. Cela dit, les microbes responsables des rhumes et autres infections de ce genre se répandent avant d’avoir pu être diagnostiqués, ce qui fait que lorsqu’un des enfants allaités présente les signes d’une maladie, cela fait déjà plusieurs jours qu’il partage le même sein avec l’autre enfant… Donc, sauf en cas de maladie grave particulièrement contagieuse ou de mycose, cela n’est pas vraiment utile.
Beaucoup d’enfants qui ne tétaient presque plus (voire plus du tout) en fin de grossesse vont se mettre à réclamer à nouveau très souvent en voyant le nouveau-né téter. C’est un phénomène assez courant, une façon pour l’enfant de réagir à l’arrivée du bébé dont il a peur qu’il lui prenne sa place : « faire le bébé » puisque apparemment, le bébé, avec ses façons de bébé, provoque le ravissement des parents. S’il n’était plus allaité, l’enfant pourrait se remettre à faire pipi au lit, à « parler bébé », à faire de grosses colères ; mais comme il est toujours allaité, il « fait le bébé » en voulant à nouveau « téter comme un bébé ». C’est aussi pour lui une façon d’attirer l’attention de sa mère, et de se réconforter dans un moment où il se sent inquiet ou menacé par ce nouveau membre de la famille.
Cette phase, qui normalement n’a qu’un temps, peut mettre à rude épreuve les nerfs de la mère, qui peut se sentir en « overdose » de contact, avec l’impression d’avoir constamment quelqu’un niché sur elle en train de téter. Quand on commence à se sentir submergée, à se demander quand on pourra à nouveau s’appartenir, il est bon de demander de l’aide (le papa ou un autre adulte pourrait peut-être aller faire une promenade avec le grand) et aussi de se remettre en tête pourquoi on a décidé de co-allaiter et de se demander s’il serait vraiment plus facile de s’occuper des deux enfants si le grand était sevré (6).
Une autre difficulté rencontrée par bon nombre de mères ayant co-allaité, c’est le sentiment d’irritation face au grand, qui peut devenir très intense. Cette impression qu’ont toutes les mères que, tout d’un coup, l’aîné est devenu un « géant » à côté du nouveau-né, ce besoin de protéger, voire de privilégier le petit, en même temps que la culpabilité et la peur de ne plus autant aimer le grand, tout cela semble exacerbé chez les femmes qui allaitent des non-jumeaux.
Certains pensent qu’il pourrait y avoir une cause physiologique à ce malaise lorsque les deux enfants tètent ensemble, à savoir la différence de succion entre le bambin et le nourrisson. En effet, les mères de jumeaux ne semblent pas ressentir un tel malaise.
D’autres se demandent si les tétées simultanées ne causeraient pas une surstimulation hormonale. Une mère qui avait toujours été d’accord avec ce qu’on disait sur l’effet calmant de la prolactine s’est aperçue que le co-allaitement avait sur elle l’effet opposé.
Même si les tétées simultanées font de « belles photos », les mères qui témoignent disent presque toutes les éviter dans la mesure du possible, même si elles les ont pratiquées dans les débuts du co-allaitement. Raison supplémentaire pour les éviter : difficile de co-allaiter discrètement en public !
Le co-allaitement n’est pas pour tout le monde, et une mère qui le comprend ne souhaitera pas prolonger une situation où chaque tétée de son bambin la met mal à l’aise ; car lui sentira sa réaction négative, et un tel double message peut provoquer en lui plus d’anxiété qu’un sevrage mené graduellement et avec amour.
En conclusion
Si une mère décide de continuer à allaiter son enfant pendant la grossesse, puis après la naissance du nouveau-né, c’est bien parce qu’elle sent intimement que son enfant a encore besoin de cette relation.
Cette « intime conviction » l’aidera à surmonter les éventuels problèmes évoqués ci-dessus, et à résister aux pressions de l’entourage, qui comprendra sans doute mal qu’elle s’obstine à allaiter un « si grand », surtout dans sa situation (c’est là que le soutien du père se révèle capital, ainsi que la compagnie d’autres femmes vivant la même expérience).
La « récompense » viendra d’elle-même. Comme le dit une mère ayant vécu plusieurs co-allaitements, « ce qui m’a le plus plu, dans ces expériences, c’est de laisser l’enfant continuer son chemin, aller au rythme qui est le sien, même s’il se retrouvait aîné d’un nouveau petit ».
Et puis, il est possible que ce « partage du sein » crée entre les « non-jumeaux » une tendre complicité tout à fait spéciale et bien réjouissante à voir… (7)
Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau
(1) Merchant K. et al, Maternal and fetal responses to the stresses of lactation concurrent with pregnancy and of short recuperative intervals, Am J Clin Nutr 1990, 52 : 280-288.
(2) Voir “Le lait contrarié”, Agnès Fine, in Mémoires lactées, éd. Autrement, mars 1994, p. 161.
(3) L’alimentation infantile. Bases physiologiques, supplément au Bulletin de l’OMS, vol. 67, 1989, p. 53.
(4) Moscone S et Moore J, Breastfeeding during pregnancy, J Hum Lact 1993, 9(2) : 83-88.
Newton N et Theotokatos M, Breastfeeding during pregnancy in 503 women : does a psychological weaning mechanism exist in humans, Emotion and reproduction 1979, 20B : 845-849.
(5) Gromada K, Breastfeeding more than one : multiples and tandem breastfeedings, NAACOG 1992, 3(4) : 656-666.
(6) Si l’on regarde autour de soi, on s’aperçoit qu’à l’arrivée d’un nouveau bébé, beaucoup de bambins semblent devenir exaspérants pour leurs parents. Attention à ne pas tout attribuer au co-allaitement.
(7) Attention, le co-allaitement n’est pas une garantie contre la jalousie fraternelle ! Mieux vaut donc ne pas décider de co-allaiter dans le seul but de l’éviter.
Nature ou culture ?
Existe-t-il un mécanisme psycho-biologique prévu par la nature et poussant au sevrage chez les femmes enceintes (mécanisme qui inclurait les douleurs de mamelons et le sentiment d’irritation décrit plus haut) ? Ou est-ce un phénomène culturel qui enjoint aux femmes de sevrer dès qu’elles se savent à nouveau enceintes, comme on leur enjoint, dans les sociétés traditionnelles, de ne pas donner le colostrum ?
Difficile de répondre à cette question. On peut bien sûr aller voir ce qui se passe chez les autres mammifères. Mais leur situation est très différente de la nôtre, puisqu’en règle générale, la femelle n’est en chaleur et ne redevient enceinte que lorsque le petit est sevré. On ne trouve donc pas, sauf exception, ce « chevauchement » de l’allaitement pendant la gestation. Par contre, on voit parfois des femelles allaiter des petits de portées différentes.
On connaît bien sûr le cas des kangourous, où les femelles peuvent allaiter deux petits d’âge différent, chacun ayant sa tétine et un lait spécifiquement adapté.
Chez les cebus, des singes d’Amérique du sud, les mères ne sèvrent leurs petits que lorsqu’elles sont fort avancées dans leur grossesse. Dans un documentaire qui a suivi une famille de chimpanzés sur plusieurs années, on voit à un moment la mère tenter de sevrer son dernier-né de 5 ans, et l’on comprend plus tard qu’elle est enceinte. Chez les bonobos, « il arrive que les mères finissent par nourrir deux petits en même temps » (1).
Chez les chasseurs-cueilleurs du paléolithique, la question ne devait pas souvent se poser. En effet, leur mode de vie et leur mode d’allaitement engendraient des intervalles de trois à cinq ans entre les naissances. Ce n’est qu’avec le néolithique, la sédentarisation, le développement de l’agriculture et de l’élevage que les allaitements se sont raccourcis et les intervalles entre les naissances également (2).
Dans ces sociétés, quand une femme se retrouve enceinte alors qu’elle allaite encore, elle est censée sevrer immédiatement.
Mais il y a des exceptions. Par exemple, dans le documentaire « Bébés du monde », on voit une femme africaine allaiter son enfant alors qu’elle est visiblement enceinte.
Et même si, selon l’OMS, la grossesse est une des principales causes de sevrage dans les pays en développement, celui-ci n’est pas toujours immédiat. On sait par exemple que dans les années 70, environ 70 % des femmes enceintes de l’Inde rurale et urbaine pauvre allaitaient toujours. Dans les mêmes années, au Sénégal, 30 % des femmes tombaient enceintes alors qu’elles allaitaient ; parmi elles, 62 % allaitaient toujours à trois mois de grossesse, 19 % à six mois, et un peu moins de 4 % à neuf mois et après l’accouchement. Dans les zones rurales du Guatemala, une étude de 1990 avait trouvé 50 % de femmes tombant enceintes alors qu’elles allaitaient, 41 % allaitant encore pendant le second trimestre de grossesse, et 3 % au cours du troisième trimestre.
Chez les Yao, un peuple de Thaïlande, le sevrage s’achève vers 2 ans ou lorsque la mère est à nouveau enceinte. Les femmes yao considèrent qu’il est impossible de nourrir simultanément un enfant « de l’intérieur » et un autre « de l’extérieur ». Mais ce principe n’est plus appliqué une fois la grossesse terminée : quand sa mère allaite le cadet, l’aîné quémande du lait qui ne lui est jamais refusé (3).
Sur l’île de Pohnpei, en Micronésie, l’allaitement s’arrête aux trois mois de grossesse, mais reprend éventuellement après l’accouchement. D’autres cas de co-allaitement sont attestés en Papouasie Nouvelle-Guinée, au Mali, en Mongolie…
Dans les pays occidentaux, on ne trouve pour le moment d’allaitement pendant la grossesse et de co-allaitement que dans des sous-cultures comme les membres de La Leche League. Une étude faite par Kathleen Kendall-Tackett et Muriel Sugarman en 1995 sur un groupe de 179 mères LLL ayant allaité au moins six mois a ainsi montré que 61 % d’entre elles avaient allaité enceintes et 38 % avaient co-allaité.
Alors, nature ou culture ? Impossible de répondre. Mieux vaut se poser une autre question : est-ce que je me sens ou non capable de m’occuper de deux petits d’âges rapprochés, avec ce que cela implique de maternage proximal, d’allaitement long, etc. ? La façon dont on répond à cette question (à laquelle il est d’ailleurs bien difficile de répondre avant d’y être…) conditionnera l’intervalle souhaité entre les naissances et l’envie ou non de se lancer dans l’aventure du co-allaitement. D’ailleurs, un certain nombre de femmes qui témoignent dans les pages qui suivent le disent : je ne regrette pas d’avoir co-allaité, mais pour la prochaine naissance, j’attendrai que cet enfant soit sevré !
(1) Frans de Waal et Frans Lanting, Bonobos. Le bonheur d’être singe, Fayard, 1999.
(2) Voir Sarah Blaffer Hrdy, Les instincts maternels, Payot, 2002.
(3) Enfants et sociétés d’Asie du Sud-est, L’Harmattan, 1994.
A lire
L’art de l’allaitement maternel, LLL.
Co-allaitement, Gail E. Berke, LLLF, feuillet F11.
Traité de l’allaitement maternel, LLLI.
La mère, le bambin et l'allaitement
L'auteur remet dans un contexte d’ensemble la relation mère-enfant et l’expérience d’allaiter un bébé plus âgé ou un jeune enfant.
25,00 €
Pour celles qui lisent l’anglais, il existe un ouvrage de plus de 300 pages tout entier consacré au co-allaitement : Adventures in tandem nursing (qu’on pourrait traduire par : Les aventurières du co-allaitement) de Hilary Flower, LLLI, 2003. On y trouve tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’allaitement pendant la grossesse et le co-allaitement sans jamais oser le demander…
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