Cet article a été publié dans Allaiter aujourd'hui n° 10, LLLFrance, 1992
Le sommeil des enfants en général et des bébés en particulier, a toujours été une des principales préoccupations des parents.
En effet, même dans le cas où le tout-petit dort près de sa mère, le sommeil crée entre elle et lui une séparation de fait qui inquiète. Quelle mère ne s'est jamais réveillée en sursaut en se demandant : "Est-ce que mon bébé respire toujours ?"
Face aux dangers de la nuit qui semblent guetter le nouveau-né, la stratégie de l'humanité depuis ses débuts a toujours été de garder ensemble mère et bébé. Et c'est encore ce qui se passe sur les trois-quarts de la planète.
Chez nous, les choses sont bien différentes. Le but à atteindre semble être au contraire que le bébé dorme le plus tôt possible le plus loin possible de sa mère. Mettre son bébé dans son lit est presqu'unanimement condamné, tant pour des raisons physiques ("vous allez l'étouffer !") que psychologiques ("vous risquez l'inceste !") (1).
À entendre les plaintes de beaucoup de jeunes parents face aux réveils nocturnes, à leur manque de sommeil, à leur épuisement, on peut se demander si cette "stratégie" n'est pas erronée quelque part...
Qu'est-ce qui est "normal" ?
Une des premières causes d'inquiétude des nouveaux parents tient souvent à une attente irréaliste quant aux capacités du bébé. Attente malheureusement bien souvent renforcée aussi bien par l'entourage que par les manuels de vulgarisation de puériculture.
Aussi n'est-il pas inutile ici de citer une spécialiste du sommeil, le Dr Françoise Delormas (2), qui déclare : "Connaître les cycles permet d'accepter les rythmes de sommeil et d'éveil chez les tout-petits sans dramatiser : leurs cycles sont plus courts que les nôtres, dans un sommeil encore fragile, mal structuré. À chaque fois qu'ils passent d'un cycle à un autre, ils peuvent se réveiller : ils babillent ou restent tranquillement les yeux ouverts, ou pleurent. C'est normal."
Citons également une récente étude de chercheurs finlandais qui ont relevé l'emploi du temps sur 24 heures de 270 bébés âgés de 0 à 12 mois. En voici les résultats :
- jusqu'à 3 mois, les bébés dorment un total de 15 h par jour en moyenne (fourchette de 12 à 20 h). 90 % se réveillent au moins une ou deux fois par nuit,
- de 3 à 5 mois, près des trois-quarts se réveillent une ou deux fois,
- de 6 à 8 mois, les deux-tiers se réveillent une ou deux fois,
- de 9 à 12 mois, ils sont encore 47 % à se réveiller une ou deux fois (3).
On est loin de la norme du bébé de 3 mois dormant 9 h d'affilée ! Et pourtant, c'est souvent par rapport à cette "norme" illusoire que les jeunes parents jugent le sommeil de leur enfant, en concluant que celui-ci "a des problèmes" ou "veut les faire tourner en bourrique"...
Inégaux face au sommeil
Savoir que "tout est normal" suffit dans bien des cas à dédramatiser la situation et à permettre d'attendre que cela passe.
Mais parfois, les choses sont moins simples, et objectivement, les parents sont sur le point de craquer à cause du manque de sommeil.
En effet, quand de façon régulière, les parents n'ont pas leur "compte" de sommeil, ils ont vite l'impression que leur enfant leur inflige quelque chose d'invivable. La privation de sommeil n'est-elle pas une forme de torture qui a été inventée justement pour faire craquer les gens ?
Pourquoi certains en arrivent-ils là (allant jusqu'à taper l'enfant tant ils sont exaspérés) alors que d'autres vivent sans mal un nombre égal de réveils nocturnes et un sommeil aussi réduit ?
C'est que, il faut bien le reconnaître, nous ne sommes pas égaux face au sommeil. Quoi de commun par exemple entre une mère qui a besoin de peu d'heures de sommeil, a un très bon sommeil, se rendort très facilement après une interruption, arrive à allaiter en sommeillant, peut éventuellement faire la sieste pendant la journée, et un père qui a besoin de 9 h de sommeil, n'arrive pas à se rendormir s'il est réveillé la nuit, et doit partir le matin à son travail ? Face à la même situation, par exemple un enfant qui se réveille deux fois par nuit, l'une le vivra sans problèmes, et le second vivra un véritable enfer.
Il y a aussi certains bébés qui objectivement se réveillent beaucoup plus que la moyenne. Naissance traumatisante ? Angoisse des parents ? Selon Christine Gallant, "quand Mélodie est née, après une grossesse difficile où j'avais eu peur de la perdre, j'étais très angoissée... Elle se réveillait pour me dire qu'elle était bien vivante, mais aussi pour vérifier que moi aussi, j'étais encore bien là, qu'elle ne m'avait pas perdue".
Comment survivre au mieux
Quelle que soit la cause (et bien souvent on ne la trouvera jamais), il faut trouver des solutions pour vivre au mieux cette période.
Je pense que tout le monde sera d'accord pour écarter la solution médicamenteuse, hélas souvent employée (16 % des bébés de moins de 1 an prennent régulièrement un produit somnifère) et qui n'est sans doute pas pour rien dans le fait que les Français sont champions du monde pour la consommation de tranquillisants et somnifères.
Laisser le bébé pleurer tout seul dans sa chambre pour qu'il "s'habitue" et qu'il "comprenne", n'aboutit en général qu'à le faire se résigner au fait que ses appels ne sont pas entendus et ses besoins pas satisfaits. Dur début dans la vie...
On croit parfois que si l'on arrêtait l'allaitement et si l'on "bourrait" l'enfant le soir, il dormirait mieux. Rien n'est moins sûr. Une équipe américaine a étudié un groupe de 77 bébés de 6 semaines, la moitié allaités, l'autre moitié au biberon, et qui ne faisaient pas leurs nuits. Ils ont été séparés en deux groupes, le premier recevant du riz avant le coucher, le second rien. Aucune différence ne fut observée entre les deux groupes... (4)
L'organisation de la nuit peut bien sûr faire la différence. En effet, si le bébé est à l'autre bout de l'appartement, peut-être ne l'entendra-t-on pas pleurer, mais si l'on doit se lever, il est sûr qu'on sera alors complètement réveillé (et le bébé aussi !) et qu'on aura beaucoup plus de mal à se rendormir. Au contraire, si la mère peut prendre l'enfant sans avoir à se lever, elle restera dans un demi-sommeil et se rendormira facilement, d'autant que l'on a observé que dans ce cas, ses cycles de sommeil seront synchronisés sur ceux du bébé.
Mais chaque famille est unique, et ce qui aura marché pour l'une sera peut-être inacceptable pour l'autre. Pour certains, le "lit familial" sera la solution, la révélation qui changera leur vie. Alors que pour d'autres, ce sera le début d'un engrenage fatal.
L'important est d'être à l'aise - parents et enfants - avec la solution choisie, et de rester assez souple pour savoir en changer quand le besoin s'en fait sentir.
Le rôle du père
En tout cas, on peut dire que lorsque les réveils nocturnes de l'enfant deviennent insupportables, gâchent les journées et la relation parents/enfant, provoquent des conflits dans le couple, il ne faut pas laisser la situation durer et se détériorer encore.
Beaucoup de petits "trucs" peuvent aider, mais ce qui "marche" vraiment à tous les coups, c'est que le père (à condition bien sûr qu'il soit présent et coopérant) sèvre le bébé de la mère la nuit. Qu'il se lève, lui, prenne l'enfant, lui explique que c'est la nuit, que tout le monde dort, et le recouche.
En général, quand tout le monde est d'accord, qu'il n'y a plus d'ambivalence, le problème se règle en quelques nuits...
Les besoins de l'enfant sont variables selon son âge. Un nouveau-né ne peut comprendre un compromis, et là c'est sans doute à l'adulte de prendre sur lui. Un enfant plus grand pourra, lui, accepter une limite à son désir et un remaniement à ses habitudes. A chaque famille de trouver la solution qui respecte au mieux les besoins de tous ses membres.
Claude Didierjean-Jouveau
(1) Quoiqu'une certaine évolution se fasse sentir. Il y a un an, dans l'émission de télévision "Tant qu'il y aura des bébés", on a pu entendre les Drs Cohen-Solal et Kramer revenir sur cette prohibition. Et Edwige Antier ne se prive pas de dire : "Si les parents ne sont pas gênés par la présence de l'enfant dans leur lit, pourquoi essayer à tout prix de le faire dormir ailleurs ?"
(2) Elle a créé à Grenoble l'Association nationale de promotion des connaissances sur le sommeil
(3) "Crying, feeding and sleeping patterns in 1 to 12-month old infants", par K. Michelson et al, in Child Care, Health and Development, mars-avril 1990
(4) American Journal of Diseases of Children, avril 1988
Peut être reproduit, imprimé ou diffusé à condition de mentionner la provenance de cet article.
Voir les autres articles du dossier Sommeil et nuits du bébé allaité.
Bonjour.
Ma fille n’a jamais eu de confusion jour / nuit et ne s’est jamais éveillée pour téter plus de 3/4 fois jusqu’à ses 2 mois puis deux fois pour téter seulement à ses 3 mois. À 4 mois tout à basculé, elle a maintenant 6 mois et se réveille jamais mois de 5/6 fois voire toutes les heures parfois.. je n’en peux w plus!!!! La journée elle dort simplement 3 fois 40 mn en moyenne . Elle est allaitée exclusivement. Que faire pour allonger ses périodes de sommeil ?.. je ne veux pas la laisser pleurer. C’est pire quand elle dort à mes côtés mais il arrive qu’elle ait du mal à déglutir la nuit en ce moment et comme elle ne fait pas de sons à ce moment-là j’ai peur qu’il arrive un tragique accident si je la mets dans son lit même dans ma chambre..
Bonjour,
J'ai un bébé de 3 mois qui est allaité exclusivement. Il s'endort le plus souvent au sein.Jusqu'a ces dernières semaines il dormait bien et ne se réveillait plus qu'une seule fois la nuit et max 2. J'étais ravie! Nous sommes partis en vacances et depuis, il se réveille 5, 6 fois la nuit voir plus.Il tête ou tetouille et se rendort. Je le met alors dans son petit lit qui est a côté du mien. J'ai l'impression qu'il cherche le contact et aussitôt qu'il l'a il se rendort. J'avoue que je ne le laisse pas pleuré lorsque je le prend la nuit.je l'entends se retourner et j'attends qu'il couine un peu et je le prends. Je ne veux pas qu'il réveille son papa qui est dans la même pièce. J'aimerais revenir au temps où il ne me réveillait pas toute la nuit car c'est un peu fatiguant et du coup j'ai moins de patience avec mon grand garçon de 4 ans.merci pour votre aide.
Bonjour,
Je suis à la recherche de témoignages de parents qui pratiquent le sommeil partagé avec leur(s) bébé(s).
Notre fille de 5 mois et demi a toujours dormi ainsi avec nous mais je me questionne quant à la mise en place d'une routine du soir...
En effet, jusqu'a présent, elle s'endormais vers 20H au sein ou en écharpe et nous continuions notre soirée avec le papa dans le calme ou chez des amis avec elle endormie mais encore "au coeur de l'action". Impossible de la poser une fois endormie de toute façon, c'est réveil et pleurs assurés.
Elle nous suit partout et est devenue vraiment "tout-terrain"!
Mais voilà, depuis une semaine, elle a beaucoup de mal à se laisser aller au sommeil le soir et tient jusqu'à 22h-23h en étant épuisée avant que j'aille finalement me coucher avec elle.
Je me demande quel rythme/ routine du soir ont les parents qui co-dodotent car il est vrai qu'au final nous n'avons pas beaucoup changé le notre par rapport à avant sa naissance...
Comment préserver des moment ensemble en couple le soir tout en respectant le rythme de bébé?
Il est difficile de rencontrer des gens dans notre situation je trouve :o
Merci d'avance,
Cordialement,
Alison
Bonjour
Je suis maman d'un petit garçon de 5 mois.
Il est allaité exclusivement. Il n'a jamais vraiment eu de rythme : impossible de prévoir quoique se soit. Il refuse la tétine, ainsi que les biberons.
Depuis un mois, les réveils nocturnes sont devenus de plus en plus fréquents. Alors qu'il arrivait à tenir jusqu'à 4h d'affilées entre les tétées (de très rares fois 6/7h), il se réveille maintenant toutes les 2h, alors qu'il n'a pas forcément besoin de téter. Je commence à être très fatiguée.
Pourquoi ces réveils nocturnes ?
On me conseil de débuter la diversification, voir de mettre des céréales le soir...ce qui veut dire, dans une certaine mesure d'arrêter l'allaitement, et ça je n'y tiens pas.
Est-ce que je fais quelque chose de travers?
Je précise que je ne souhaite pas en arriver au point de laisser mon fils pleurer, c'est au dessus de mes forces.
Merci pour votre aide.
Bonjour,
Mon bébé à 5 mois il est allaité exclusivement. Il refuse de dormir dans son lit, dort avec moi et refuse de prendre le biberon. J aurai souhaité lui donner qqs biberons en journée afin que je le confie à une personne pour me reposer mais la encore refus. Je suis exténuée et ne trouve aucune solution apaisante. Tout se fait en force le bain, au départ il refusait et pleurait à chaque fois, les ballades en voiture et poussette idem. Après des pleurs (malheureusement) il accepte les ballades et le bain. J ai le sentiment de ne pas pouvoir me détacher et pouvoir me reposer. Les nounous m indiquent qu il doit faire ses siestes et dans son lit pour qu il puisse être gardé. Quelle impasse !!! D un Côte il n est pas bon de le laisser pleurer et je ne le supporte pas mais la c est ma santé mentale et physique qui en pâtissent.
Merci pour vos articles, ils me sont une aide précieuse!
Bonjour,
Mon bébé qui à 3 mois 1/2 est allaité exclusivement depuis sa naissance. En terme de sommeil il a parfois dormi jusqu'à 7 heures d'affiler. Depuis plusieurs semaines ce n'est plus le cas et son rythme est en moyenne 22h/2h/6h ou 20h/1h/5h. Ceci ne me posant pas de souci dans la mesure où j'arrivais à me rendormir presque instantanément après les tétées. Malheureusement depuis 1 semaines il m'est impossible de me rendormir en milieu de nuit et je me retrouve à redonner le sein sans avoir dormi entre deux. Je me sens très fatiguée mais assure encore la journée avec mon aînée et la vie de famille.
Avez vous des conseils à me donner ? Puis je prendre des plantes pour m'aider à me rendormir ? Ou aider mon bébé à dormir
Je precise que mon bébé est dans un lit cododo ouvert sur mon lit.
Merci par avance
Cordialement
Laetitia
Merci pour cet article pleins de bon sens.
Cordialement
Elodie N
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