Le réflexe d'éjection dysphorique
Réflexe d’éjection dysphorique (RED) ? Mais qu’est-ce donc ? Un phénomène nouveau ? Sûrement pas. Mais un problème très récemment reconnu et nommé, certainement. On sait en effet depuis peu que certaines femmes éprouvent, juste avant le réflexe d’éjection, un sentiment brutal de dépression ou d’émotion négative, et que cela n’a rien à voir, contrairement à ce qu’on croyait jusque-là, avec une dépression post-partum ou une aversion psychologique vis-à-vis de l’allaitement.
Comment se manifeste le RED ?
Le RED se produit juste avant le réflexe d’éjection, que la mère mette son bébé au sein, tire son lait ou ait un réflexe d’éjection spontané entre deux tétées. Il cesse au bout de 30 secondes à 2 minutes. Si plusieurs réflexes d’éjection se produisent au cours de la tétée, il peut revenir à chaque fois, faisant alors de l’ensemble de la tétée une expérience désagréable (habituellement, il est moins intense au fur et à mesure que la tétée progresse, mais pas toujours...).
Les émotions les plus fréquemment rapportées sont une sensation de « trou » dans l’estomac, une impression de désespoir, d’angoisse, un sentiment de dépression, l’envie de fuir. Les femmes parlent également de boule dans la gorge, de pensées suicidaires, panique, frustration, agitation, hostilité, agressivité, sentiments paranoïdes...
Certaines femmes ressentent la même dysphorie dans un contexte sexuel : lors d’une enquête auprès de femmes ayant fait état d’un RED, 11 % disaient avoir le même type de vécu émotionnel en cas de stimulation des mamelons dans un cadre sexuel.
À quoi est dû le RED ?
Les données actuelles permettent de penser qu’il s’agit d’une réaction hormonale.
Pour certains, ce serait en rapport avec la sécrétion de dopamine. Au moment du réflexe d’éjection, il y a une augmentation rapide du taux d’ocytocine, et le taux de dopamine chute. La dopamine inhibe la prolactine, et la baisse de son taux favorise l’augmentation du taux de prolactine. La plupart du temps, cela ne pose aucun problème, mais chez certaines mères, il semble que la chute du taux de dopamine soit anormale, et que cela induise de façon réflexe les réactions émotionnelles négatives.
Pour d'autres, chez les femmes qui présentent un RED, les voies de l'ocytocine seraient mal "câblées", et la sécrétion d'ocytocine concomitante au réflexe d'éjection déclencherait, comme dans le syndrome de stress post-traumatique, une réponse combat-fuite, au lieu de la réponse positive qui se produit normalement. Il faudrait donc aider le système hormonal de la mère à réassocier le réflexe d'éjection à des sensations positives et le dissocier de la réponse au stress. Voir Kerstin Uvnas-Moberg et Kathleen Kendall-Tackett, The Mystery of D-MER. What Can Hormonal Research Tell Us About Dysphoric Milk-Ejection Reflex ?
Que peut-on y faire ?
Il n’y a rien qui l’arrête complètement, à part le temps. Pour certaines femmes, il ne disparaîtra complètement qu’avec le sevrage.
Mais presque toutes les mères interrogées par Alia Macrina Heise, la créatrice du site sur le sujet (elle-même concernée par le problème), disent que ce qui aide grandement (et est parfois suffisant en soi), c’est de savoir qu’elles ne sont pas folles, qu’elles ne sont pas seules à le vivre, et que cela ne va pas leur nuire ou nuire à leur bébé.
En cas de RED modéré et si l'"hypothèse dopamine" est la bonne, certaines plantes semblent pouvoir aider, car elles augmentent le taux de dopamine ou de levodopa (convertie en dopamine dans le cerveau) : le gattilier, les fèves, le Mucuna pruriens... On peut également tenter l’acupuncture, l’hypnose, la musicothérapie, les distractions pendant les tétées (lire, regarder la télévision...), faire plus d’exercice physique (qui augmente le taux de dopamine) et s’assurer de dormir suffisamment.
En cas de RED sévère, heureusement très rare, on peut envisager de prendre un traitement allopathique. D’après les quelques connaissances actuelles, le bupropion, un inhibiteur de la recapture de la dopamine, semble le meilleur choix. Mais ce traitement est pour l’instant encore totalement expérimental.
Il faut aussi savoir que tous les médicaments qui augmentent le taux de dopamine abaissent celui de prolactine, raison pour laquelle ils sont habituellement déconseillés pendant l’allaitement. Et qu’à l’inverse, les médicaments antagonistes de la dopamine (dont la dompéridone, utilisée pour augmenter la lactation) peuvent aggraver le RED (Ndlr : la dompéridone a un effet galactogène rapporté mais n'a pas d'AMM en France pour cette indication). Cruel dilemme...
Pour aller plus loin
- Réflexe d'éjection dysphorique : 3 cas, Les Dossiers de l'allaitement n° 138, septembre 2018.
- Contexte hormonal et réflexe d'éjection dysphorique, Les Dossiers de l'allaitement n° 150, septembre 2019.
- Le réflexe d’éjection dysphorique, Les Dossiers de l’allaitement 2011, n° 86, p. 6-7.
- Un site (en anglais) sur le sujet : www.d-mer.org
- The mystery of D-MER, de Kerstin Uvnas-Moberg et Kathleen Kendall-Tackett, qui rejettent l'hypothèse de la dopamine, et suggèrent plutôt que le corps de la femme victime du RED aurait une réponse anormale à l’augmentation de la sécrétion d’ocytocine liée au réflexe d’éjection.
- Aider les mères à comprendre le Réflexe d’éjection dysphorique (RED)
Témoignage
A.-L. : Des points, non, des bouffées d’angoisse... Voilà ce que je ressentais au creux de mon estomac... à chaque fois que j’allaitais Gabrielle.
Et, alors que je relisais des AA reçus pendant l’allaitement de Loan quelques années auparavant, les témoignages des mamans parlaient d’« une sensation de douceur, de chaleur et de bien-être ». Personne n’avait le ventre qui se serrait et le visage qui grimaçait.
J’ai tenté ma chance une fois en posant la question à Christelle. Pas d’angoisse pour elle... Ouh la la... Je suis bizarre, moi !
Je n’en ai plus parlé à personne, en dehors de Nicolas qui me voyait froncer les sourcils à chaque début de tétée et me disait : « T’as ton truc, là ?? »
Quand Gabrielle a eu 8 ou 9 mois, j’ai commencé à fréquenter le groupe LLL du coin. C’est seulement à la deuxième réunion que j’ai osé parler de cette bouffée d’angoisse.
En fait, elle arrivait à chaque début de tétée. C’était physique : un pincement, une brûlure dans l’estomac, le ventre qui se serre, comme on dit.
C’était dans ma tête aussi : des pensées noires affluaient en même temps.
Je me demandais si j’étais une bonne mère, si ma poulette allait bien, si j’avais bien réagi à tel événement de la journée, comment j’allais anticiper tel autre... J’avais envie de pleurer... Et puis, cela passait.
« D-MER » m’a dit une maman du groupe. Dysphoric Milk Ejection Reflex ou dysphorie liée au réflexe d’éjection.
À partir de ce moment-là, je me suis sentie mieux. Je supportais mieux cette bouffée d’angoisse, maintenant qu’elle avait un nom. Et puis, elle était physique, elle n’était pas justifiée.
Le plus ironique, c’est que lorsque j’en ai parlé avec ma mère, elle m’a répondu qu’elle connaissait bien le D-MER pour l’avoir eu... avec moi !
Ainsi, le D-MER est un sentiment bizarre et, souvent, on n’ose pas en parler. Moi-même, je n’ai pas osé poser la question à ma propre mère, qui est pourtant mère de quatre enfants, animatrice et consultante en lactation !
Je partage mon expérience en me disant qu’un jour, une mère sera peut-être soulagée de mettre un nom sur son mal et de savoir qu’elle n’est pas seule.
(Allaiter aujourd'hui n° 117, octobre 2018)
Une autre dysphorie en rapport avec l'allaitement ou avec les mamelons ?
Certaines femmes décrivent une hypersensibilité au niveau des mamelons, présente en permanence, et depuis très longtemps, même hors grossesse ou allaitement.
L'une d'elles explique que lors de la mise au sein de son premier bébé, elle a ressenti de tels sentiments négatifs, de violence, qu’elle a arrêté tout en essayant de tirer son lait. Elle l’a fait en larmes durant dix jours, mais n’a pu continuer.
Peut-on penser à un RED ? Pour Alia Macrina Heise (du site www.d-mer.org), si cette sensation n'est pas liée à un réflexe d'éjection du lait, il s'agit probablement d'une dysphorie en rapport avec la stimulation des mamelons. Elle en parle un tout petit peu dans son livre sur le RED (Before the Letdown: Dysphoric Milk Ejection Reflex and the Breastfeeding Mother). C'est différent du RED, où il n'est pas nécessaire qu'il y ait contact avec le mamelon.On ne sait pas si les deux sont liés ou non, bien qu'il semble que les réactions émotionnelles soient assez similaires.
Certaines femmes en parlent sur des forums en l'appelant le syndrome du téton triste (sad nipple syndrome). Bien qu'il ne s'agisse pas d'une affection officiellement reconnue, de nombreuses femmes souffrent de dysphorie par contact avec les mamelons. Elles disent ressentir un mélange d'émotions désagréables et incontrôlables. Sur TikTok, de plus en plus d'internautes affirment ressentir une sensation étrange de mélancolie, de tristesse, d'irritabilité, voire de jalousie, lorsque leur partenaire manipule leurs mamelons, ou lorsque ceux-ci sont stimulés par un vêtement trop étroit par exemple. En parler permet de se rendre compte qu'on n'est pas seule à en souffrir. Voir cet article.
Et quid du syndrome AAA pour Aversion ou Agitation pendant l'Allaitement ?
"L’aversion pour l'allaitement est un phénomène vécu par certaines femmes allaitantes. En anglais, on l’appelle Breastfeeding aversion and agitation (BAA) ou nursing aversion (NA).
Les femmes peuvent vivre une aversion pour l’allaitement à n'importe quel moment durant leur expérience d’allaitement. Cela peut se produire dès les premiers jours, durant une grossesse ou durant l’allaitement en tandem (deux enfants ou plus). L’expérience varie d’une femme à l’autre, l’aversion pouvant avoir une durée et une intensité différentes. Certaines femmes ressentent l’aversion une seule fois, tandis que d’autres la vivent constamment, à chaque tétée."
Lire la suite sur le blog BAA
Pour aller plus loin
- DA 143 - Sentiments d’aversion et d’agitation liés à l’allaitement
- DA 165 - Sentiments maternels d’aversion pendant les tétées
- Un site (en anglais) sur le sujet : www.breastfeedingaversion.com/
- Un groupe Facebook francophone sur l'aversion : https://www.facebook.com/groups/724068181127531/posts/1797320033802335/
- Un groupe Facebook anglophone sur l’aversion : https://www.facebook.com/groups/breastfeedingaversion
Témoignages
Nathalie : J'ai deux enfants de 7 et 5 ans. Mon mari et moi étions pour l'allaitement. C'est donc tout naturellement que notre fille a été allaitée.
Lorsqu'elle a eu 14 mois, je suis de nouveau tombée enceinte. Nous voulions des enfants avec peu d'écart, c'était donc parfait.
Je n'ai pas eu de problème particulier lors de mes allaitements : pas de crevasses, pas de mycose, quelques engorgements, mais rien de dramatique. En revanche, j'ai connu l'aversion.
Dès le début de ma deuxième grossesse, j'ai commencé à trouver la succion de ma fille désagréable, gênante. J’ai un peu cherché, cela pouvait être dû aux hormones, mes seins redevenant sensibles. Mais ensuite, j'avais carrément un sentiment de colère envers ma fille. Les tétées me rendaient agressive. C'est un sentiment très particulier. Je souhaitais sincèrement allaiter mon enfant, lui donner le meilleur de moi-même, de mon corps. Et, en même temps, il se passait une chose incontrôlable dans ma tête : un sentiment de rejet très fort vis-à-vis de mon enfant. Ce sentiment m'a profondément marquée : aujourd'hui, en écrivant ces mots, les larmes me montent encore aux yeux alors que plusieurs années se sont écoulées depuis.
L'animatrice LLL de l'époque m'a dit que, parfois, ça arrivait, mais que ce sentiment disparaîtrait avec la naissance du deuxième. Et aussi que certains enfants se sevraient d'eux-mêmes pendant la grossesse. Je me suis donc accrochée, en me disant que ce n’était que temporaire.
Ce ne fut pas le cas. Ma fille a continué de téter, et ce sentiment n'est pas parti à la naissance de mon fils. Il a même empiré. Lorsque je donnais le sein aux deux enfants en même temps, la sensation que me procurait la succion de ma fille était insupportable, alors que du côté de mon fils, tout allait bien. Je ne supportais plus que la grande tète. Que ce soit seule ou avec son frère. J'ai donc amorcé petit à petit le sevrage. Et même si, aujourd'hui, je suis très fière de dire que j'ai allaité ma fille 33 mois, dont 10 mois de co-allaitement, je regrette sincèrement que plus de la moitié de ce temps se soit passé dans ces conditions.
Par la suite, j'ai pensé que tout irait bien pour le second. Nous n'avions pas envie d'un troisième. Donc aucune raison pour que le sevrage vienne de moi cette fois-ci. Mais vers ses 2 ans ½, le phénomène a recommencé, alors qu'il n'y avait aucune grossesse en vue. J'ai commencé le sevrage vers ses 3 ans, il a tété 3 ans et demi.
L'aversion est un sentiment terrible, très déstabilisant et visiblement très peu connu. Mais quand j'observe les mammifères, je vois que les femelles rejettent leurs petits au bout d'un certain temps. Qui n'a pas déjà vu une chatte se lever et aller s'installer plus loin alors même que des chatons tétaient ?
Étude de cas parue dans le n° 143 des Dossiers de l'allaitement : "Avec le recul, la chose la plus difficile a été de traverser seule cette épreuve en ignorant quelle était la cause de son vécu. Elle a réalisé qu’elle avait tellement peur que son vécu très négatif des tétées avec sa fille aînée s’étende à d’autres aspects de son maternage qu’elle s’était désespérément efforcée de faire comme si tout allait bien pendant les tétées. Mais ce vécu très négatif est toujours resté strictement limité aux tétées pendant toute cette période difficile." Lire la suite.
Hélène : Lorsque j’étais enceinte de mon premier fils, pas une seule seconde je n’ai envisagé autre chose que l’allaitement. Je suis infirmière puéricultrice, je voulais le meilleur pour mon bébé. Je savais que la confiance en moi et lui était la clé de réussite. De fait, je n’ai eu aucun souci, de petites crevasses vite réglées par l’identification d’un REF et allaitement en BN, petite mycose réglée au Daktarin, et un premier allaitement qui a duré 33 mois.
Mon deuxième garçon a 4 mois, il y a eu allaitement pendant la grossesse et en tandem pendant trois mois.
Ça pourrait paraître idyllique, un récit plein de fierté et de tendresse comme ceux que l’on lit dans les pages d’AA.
Sauf que.
Sauf que je n’ai jamais aimé ça, allaiter. La sensation me déplaît, et je n’ai jamais eu ce fameux shoot d’ocytocine tant promis. Le pire a été pendant ma grossesse. Avant, pour me distraire, j’ai toujours eu livre ou smartphone à la main, et fort heureusement, grâce au REF, les tétées n’ont jamais duré trop longtemps. Mais lors de la grossesse s’installait en plus une sensation très éloignée de ce que je suis : moi qui suis d’habitude plutôt calme et patiente, j’ai véritablement eu des crises de rage totale... obligée de repousser mon enfant, parfois violemment, à m’enfermer dans une pièce pour m’éloigner de lui, pauvre petit hurlant désespérément derrière la porte...
Le sevrage aurait été une solution, mais mon fils aîné est un bébé aux besoins intenses, et toutes mes tentatives de sevrage auparavant ont échoué. Il a fallu attendre qu’il soit prêt lui aussi. Méditation, yoga… m’ont un peu aidée, mais il y a eu quelquefois des scènes vraiment dures.
J’ai pensé au RED, mais ma situation ne rentrait pas "dans les cases" : cette violence n’était présente que depuis la grossesse de bébé 2, et je n’ai jamais eu de pensées vraiment dépressives, même si j’étais bien sûr épuisée avec mon BABI. Pourtant je pense bien qu’il s’agit de cela. Ce n’est pas toujours horrible, c’est sans problème la plupart du temps, mais jamais agréable.
Pourtant je ne regrette pas mon choix, j’ai fait le mieux pour mes fils et pour moi. Mais je pense tout le temps à la phrase de Dolto "mieux vaut un biberon donné avec amour que le sein à contrecœur", avec beaucoup de culpabilité. Néanmoins je ne pense pas avoir donné le sein sans amour, même si je le donnais parfois à contrecœur.
Mon deuxième allaitement se passe mieux, car mon cadet tète moins, ayant des besoins "normaux". Mais ça n’est jamais pour moi un "beau" moment, la tétée. J’adore le voir chercher, et puis quand il est rassasié et satisfait. Mais j’occupe ma tête dans l’entre-deux. Ma vie de mère reste merveilleuse, et le lien avec mes fils est indestructible.
Question/réponse
Q – J’ai un aîné de 5 ans, que j’ai sevré à regret quand il y avait 2 ans ½ à cause d'une aversion. Je me sens encore très triste et coupable de ce sevrage. Actuellement enceinte de mon second, je suis inquiète que la situation se reproduise, et surtout, je crains que cela se reproduise plus tôt. Avez-nous des informations concernant la répétition de l'aversion au fil des allaitements ?
R Lise-Laure, animatrice LLLF – Dans mon cas, l'aversion débute avec le retour de couches et est cyclique (aversion +++ les quelques jours avant les règles, et beaucoup plus discrète le reste du temps). Et cela va en s'accroissant au fil du temps. Pour mon premier, j'ai eu mon retour de couches à presque 12 mois, j'ai serré les dents jusqu'à être enceinte à ses 24 mois, et l'ai sevré à 28 mois à contrecœur car la grossesse avait démultiplié cette aversion. Je garde un très mauvais souvenir des dernières tétées, c'était insoutenable...
Pour mon deuxième, ça a été beaucoup plus étalé dans le temps. J'ai eu mon retour de couches vers 16 mois et j'ai eu des cycles très longs jusqu'à 2 ans et demi. À 3 ans, l'aversion est bien là, mais ça a été très progressif (l'absence de grossesse aide aussi !), et j'arrive beaucoup mieux à faire des compromis en jonglant avec son envie de téter et mon aversion. Le sevrage est beaucoup plus doux.
En résumé, comme on dit souvent, d'un allaitement à l'autre les choses peuvent être très différentes !
Nausées
Certaines mères ressentent des nausées pendant les tétées. C'est le cas de Shirley qui a témoigné dans le n° 104 d'Allaiter aujourd'hui :
Tout a commencé dès la maternité, je pense, dès la première montée laiteuse. J'étais prise de nausées très fortes, et je ne savais pas d'où cela venait.
On m'a d'abord dit que cela devait être la fatigue. J'ai attendu d'être plus reposée, et j'ai consulté. Une prise de sang n'a rien montré.
Les nausées ne passant pas, je suis allée reconsulter. J'ai fait une échographie de tout le ventre, et tout allait bien.
Le tableau est le même depuis le début. Ces nausées viennent d'un coup, je suis alors écœurée, j'ai vraiment l'impression que je vais vomir. Je ressens aussi comme un grand vide dans l'estomac, et toute idée de nourriture ou de boisson m'écœure davantage. Puis la nausée se calme, au bout de 30 secondes à une minute. Et très vite, je sens la montée de lait dans mes seins. Ça picote et ça tire.
Les nausées peuvent arriver plusieurs fois par tétée, à chaque montée de lait, en fait.
Le plus étonnant, c'est que je n'ai pas le réflexe de me dire que je vais avoir une montée de lait. Non, je me dis que je suis malade. J'oublie à chaque fois, et je ne pense pas que ce soit une question d'étourderie. Au bout d'une petite dizaine de secondes, je me souviens et je sais ce qui se passe.
Cela arrive plus fréquemment et plus fortement à proximité ou pendant les heures de repas. Mais cela correspond aussi au moment des tétées centrales de la journée.
J'ai essayé plusieurs choses : changer mon alimentation, boire ou manger au moment des nausées, respirer profondément, respirer de bonnes odeurs, voir les choses du bon côté... Mais rien n'y fait.
Les nausées évoluent et changent dans le temps, selon le nombre de tétées par jour. Cela finit par arriver moins souvent, sans jamais disparaître totalement. Aujourd'hui, j'en ai encore beaucoup, mais un peu moins que quand mon fils avait 1 mois.
C'est très désagréable, car cela vient toujours s'imposer, et je grimace malgré moi, puisque la plupart du temps, je suis surprise par ce qui m'arrive !
Cela me vaut toujours des questions de mon entourage, mais mes proches ont pris le pli et me laissent tranquille le temps que ça passe...
J'allaite mon deuxième enfant qui a bientôt 8 mois. J'ai allaité ma fille jusqu'à ses 18 mois, avant de retomber enceinte et qu'elle arrête d'elle-même. (À noter qu’enceinte, je ne suis pas nauséeuse).
C'est désagréable, c'est tout, mais cela ne m'empêche pas, j'adore allaiter !
Dernièrement, j'ai aussi fait une expérience étonnante. Lors d'une séance d’ostéopathie, un appui du médecin à un endroit de ma tête m'a donné à plusieurs reprises une montée de lait... mais sans nausée ! C’est à creuser...
A notre connaissance, il n'existe pas d'éléments sur ce genre de manifestations chez un homme.
Voir un sexologue ?
Bonjour,
Je suis un homme et je ressens aussi cette sensation quand ma copine me suce les tétons ou quand je me caresse le bout de la poitrine Est-ce normal selon vous ?
Bonjour,
J'ai ressenti cette aversion quasiment dès le départ de l'allaitement, une sensation de dégoût quant à l'idée de me faire sucer les seins régulièrement, et je n'ai jamais réussi à passer outre. Pourtant, j'ai tout essayé, consultation avec sage femme, consultation avec conseillère en lactation, tirage de lait, traitement par les plantes, traitement homéopathique... Tout ceci m'a épuisée, et je n'ai trouvé personne pour m'aider à résoudre ce blocage. Aujourd'hui je m'en veux encore et culpabilise car je n'ai pas pu allaiter mon enfant très longtemps, mais rien que le mot allaiter, ou le mot tétée me dégoûtent. Je ne comprends toujours pas ce qui s'est passé, je voulais le meilleur pour mon enfant, mais je me retrouvais, malgré toute ma volonté, incapable de lui donner car bloquée psychologiquement et physiquement par cette sensation de dégoût. Je précise que j'ai subi des viols à 13 ans et que j'ai grandi dans une famille qui déconsidérait les femmes, surtout quand elles étaient enceintes, en les traitant de vaches, et que ma mère n'a jamais été heureuse d'être mère. Pourtant j'ai travaillé tout ça, je suis heureuse d'être mère, je l'ai été dès le premier jour à vrai dire, et je ne suis plus dégoûtée par mon corps...
Si quelqu'un a la réponse, merci de m'aider, car même si je n'allaite plus, je vis encore très mal le fait de ne pas avoir pu le faire, je me sens coupable vis à vis de ma fille, et mauvaise mère, comme si je ne me méritais pas cet enfant car en d'autres temps elle serait peut être morte à cause de moi, faute de n'avoir pu la nourrir...
Je dois dire aussi que de voir des femmes tout déballer au grand jour parfois pour allaiter ne m'aidait absolument pas, je sais que certaines font cela pour briser le tabou et que ça part d'une bonne intention, mais ça produisait l'effet inverse chez moi : voir le corps des autres, que je n'avais pas demandé à voir, me renvoyait une image encore plus négative de l'allaitement et il me fallait retrouver encore plus de courage pour continuer à essayer de le faire. A côté de ça, je n'ai aucun problème avec les femmes qui allaitent en public de manière discrète, là, je trouve cela absolument normal, voire très beau, et ça me donnait encore plus envie de me battre pour pouvoir le faire. Je trouve qu'un peu de pudeur préserve la beauté du geste et l'intimité du lien mère enfant, c'est très beau et très touchant, comme un don d'amour qu'on fait en silence, loin de ce monde agité où tout le monde se sent obligé de jouer un rôle ou de revendiquer quelque chose.
Aussi, j'aurais aimé que l'on me parle de toutes les difficultés réelles de l'allaitement avant, car aujourd'hui, pour contrer les lobbys (et vous avez raison de le faire) on a tendance à vendre l'allaitement comme quelque chose de plutôt facile, du coup, quand on rencontre des difficultés, on se sent encore plus nulle et incapable.
Merci de publier mon témoignage.
Je suis une jeune maman allaitante et lors de mes premières montées de lait, mon papa m'a demandé si j'angoissais. Je n'ai pas bien compris ce que cela voulait dire jusqu'à ce que ma maman m'explique qu'elle ressentait toujours une angoisse lors des montées de lait. Ça ne l'a pas empêché d'allaiter ces 7 enfants longuement mais je comprends mieux et je lui en parlerai.
Merci pour cet article!
MERCI pour cet article je commençais à me dire que j’allais arrêter d’allaiter mon bébé. Je ne suis pas folle.
Même si pas de solutions réelles, mettre des mots sur ce creux dans l’estomac et cette profonde tristesse qui m’envahit va m’aider à déculpabiliser!!!
Merci
Merci beaucoup pour cet article, il permet de mettre un nom et une explication sur ce que je ressens lorsque j'allaite. Surtout cela permet de déculpabiliser...
Merci merci ! Je mets un mot sur ce que je ressens..... parfois de l'énervement et de l'irritabilité +++ mais en fait je pense même que cela joue sur des angoisses plus lourdes. Le REF accentue t-il cela ?
Merci merci !
Bonjour,
Il existe aussi un groupe de support sur Facebook qui est très apprécié des femmes avec un D-Mer (RED) puisqu'elles peuvent s'y confier et échanger des trucs et réflexions. Le groupe en anglais est déjà très actif : https://www.facebook.com/groups/1864083636/?multi_permalinks=10154262525021365%2C10154257042296365¬if_t=group_activity¬if_id=1483009137796491
Et il existe maintenant un groupe en français pour celles qui sont plus confortables dans cette langue. https://www.facebook.com/groups/1641435769483395/
Bon courage !
Merci enfin une définition de ce que j'ai subi pour mes allaitements. Ça fait du bien de comprendre le mécanisme et d'être recconnue.
Je ne sais pas si on pouvait déjà trouver cet article sur votre site en 2011, j'aurais tellement aimé tomber dessus à l'époque...!
Grand merci pour ces infos réconfortantes qui viennent "réparer" l'immense mélange de mal-être,de culpabilité, de désespoir et d'incompréhension vécu lors de mon premier allaitement........j'ai tenu bon uniquement parce que j'étais convaincue des bienfaits de l'allaitement maternel, les premiers mois ont été extrêmement pénibles, ce qui ne m'a pas aidée à établir une relation sereine avec ma fille ( qui avait déjà vécu une naissance très difficile ).......
J'ai pu en parler avec mon compagnon qui a été d'un grand soutien, même s'il ne comprenait pas vraiment ce que je vivais. Les quelques femmes auxquelles je me suis également confiée ont eu l'air stupéfait et n'ont rien répondu...pour elles, allaiter n'était que plaisir...J'en ai vite conclu que je devais être la seule dingo à avoir de telles sensations, et que je devais transgresser un tabou en osant dire que ça pouvait être horriblement désagréable, alors j'ai cessé d'en parler.
J'ai fini par "apprivoiser" ce que j'éprouvais, et je ne sais pas si ça s'est atténué naturellement au fil du temps ou si l'habitude faisait que je ne me laissais plus envahir par le désagrément....mais c'est allé de mieux en mieux après 4mois, et j'ai pu poursuivre jusqu'à 9mois.
J'en suis à mon 3ème allaitement, il y a eu des épisodes avec des sensations semblables,mais de moins en moins intenses et de moins en moins souvent pour chacun.
J'espère que ce témoignage pourra rassurer et encourager d'autres mamans à poursuivre l'allaitement ( et à recommencer à la naissance suivante ! )
Je vous assure qu'on découvre progressivement le fameux bonheur de donner le sein à son bébé ( ce plaisir, cette plénitude, cette tendresse absolue... qui sont a priori une évidence pour une majorité de femmes...mais pas pour nous )....oui, oui, c'est possible, tenez bon....
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