Article publié dans les Dossiers de l'Allaitement numéro 65 (Octobre-Novembre-Décembre 2005)
Etude de la prévalence du sommeil partagé chez les nourrissons de moins de 6 mois en France. MP Streicher, F Undreiner, B Escande, C Langlet, J Messer. Congrès National de la Société Française de Pédiatrie, Lille, 2-5 juin 2004. Mots-clés : sommeil partagé, facteurs associés.
Le sommeil partagé est défini comme le sommeil de l’enfant dans la même chambre que la mère, voire dans le même lit. Cette pratique est plus ou moins taboue, et sa prévalence en France est inconnue. L’objectif des auteurs était d’évaluer cette prévalence, ainsi que les raisons pour lesquelles les parents pratiquent le sommeil partagé.
Pour cette enquête nationale anonyme, 2900 pédiatres répartis sur toute la France ont reçu un lot de questionnaires à remettre à tous les parents d’un enfant de moins de 6 mois venus les consulter un jour donné. 370 pédiatres ont participé, ce qui a permis le recueil de 1789 questionnaires interprétables.
L’âge moyen des enfants était de 13 semaines. 57,7% des enfants dormaient seuls dans une chambre à part, 5,7% dormaient avec d’autres enfants dans une chambre à part, 36% dormaient dans la chambre des parents dans un berceau, et 0,6% dormaient dans le lit parental. Au total, 62% des enfants de 0 à 6 mois ont dormi régulièrement dans la chambre parentale. Dans 95,1% des cas, le passage de la chambre parentale à une chambre à part n’a posé aucun problème. Le lieu de sommeil variait en fonction de l’âge de l’enfant. Ce dernier était mis dans une chambre à part en moyenne à 7,3 semaines.
En ce qui concernait le sommeil de l’enfant dans le lit parental (cité dans 32% des questionnaires), il durait en moyenne jusqu’à 8 semaines. 15% des enfants y passaient toute la nuit et 85% quelques heures par nuit. 16,5% y dormaient régulièrement, dans 70,4% des cas avec les 2 parents et avec la mère uniquement dans 27,3% des cas. 70% des parents prenaient des précautions. 9% des parents ont dit avoir rencontré une situation où l’enfant a été potentiellement en danger.
Les principales raisons pour lesquelles l’enfant dormait dans le lit parental étaient l’allaitement (30,9% des cas), les pleurs de l’enfant (43%) et le désir de mieux surveiller l’enfant (14,8%). 15,3% des parents approuvaient le partage du lit parental, essentiellement parce que cela rassurait l’enfant (37,8%), qu’il pouvait mieux être surveillé (22,8%), que cela facilitait les contacts affectifs (19,3%) et rendait l’allaitement plus facile (8,6%). 67,4% des parents désapprouvaient le partage du lit parental, essentiellement parce qu’ils estimaient que c’était une « mauvaise habitude donnée à l’enfant » (44%), une pratique dangereuse (26,7%), ou que cela empêchait l’intimité du couple (23,1%).
62% des enfants sur lesquels portait cette étude ont été allaités, en moyenne jusqu’à 9,2 semaines. L’allaitement était un facteur de choix du sommeil partagé pour 58% des parents, qui estimaient que la présence de l’enfant dans leur chambre facilitait l’allaitement (proximité lors des réveils nocturnes, possibilité d’allaiter allongée).
Cette étude permet de constater que le sommeil partagé est une pratique fréquente (62%) pendant les premières semaines, et que le sommeil de l’enfant dans le lit parental n’est pas exceptionnel, même si la majorité des parents y sont défavorables, peut-être en raison des avis officiels.
Ma fille a 7 mois et, même si nous avons son lit collé à notre, elle dort avec nous dans le grand lit. C'est la seule manière pour nous de dormir plus ou moins correctement car elle s'endort au sein uniquement, se réveille beaucoup et a besoin de contact physique (comme toucher mon bras par exemple). Pourtant nous avons toujours affirmé au pédiatre qu'elle dort dans son lit en co-dodo, car l'hostilité pour le partage du lit est trop présente parmis les professionnels de santé... Pas envie de se justifier.
Je précise que je ne fume et ne bois pas, ne suis pas obèse et le lit parental fait 180 cm de large.
J'ai dormi avec mon fils le 1er mois. Il n'arrivais pas à dormir sur le dos et dormais sur mon ventre, bien a plat. Je n'ai jamais senti que je le mettais en danger et les professionnels ne m'ont jamais culpabilisé (sage femme, puéricultrice, pédiatre...). C'est plutôt de l'entourage que je me sentais presque en besoin de me justifier (je lui donnais de mauvaises habitudes et je le mettais en danger). Aujourd'hui, mon fils dors en co-dodo dans son lit, collé à ma place car il ne dors que sur le ventre. J'ai donc besoin de le surveiller. En ce moment, il me réveille 2 fois par nuit (vers 1h puis 4h) en se couchant a 20h. Vive le co-dodo ! Je suis rassurée de l'avoir et ne pourrait pas le mettre dans une chambre à part ! Super les articles qui font du bien, je me nourris de les lire !
Effectivement le partage du lit au-delà de celui de la chambre est très mal vu en maternité par les puéricultrice etc. Heureusement certaines professionnelles de santé comme des sages femmes et notamment formées à l’allaitement comprennent et savent que le besoin de contacts peut se prolonger et nécessité un co dodo. Toutefois cela n’est pas simple car les injonctions sont contradictoires et l’on culpabilise de faire courir un risque au nouveau-né en le prenant avec soit dans le lit
Merci pour cet article qui permet de déculpabiliser quand finalement on se retrouve à pratiquer le sommeil partagé
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