Études
La période d’allaitement s’accompagnant chez la femme d’une indéniable perte osseuse, certains en ont conclu trop vite que l’allaitement augmentait le risque de souffrir d’ostéoporose à un âge avancé. Or il n’en est rien : les études sur le sujet montrent que la femme retrouve une densité osseuse normale quelque temps après le sevrage (Kalkwarf HJ et al., Bone mineral loss during lactation and recovery after weaning, Obstet Gynecol 1995 ; 86(1) : 26-32), et ce même en cas d’allaitement prolongé (Sowers M et al., Prospective study of bone density and pregnancy after an extended period of lactation with bone loss, Obstet Gynecol 1995 ; 85 : 285-89).
Plus intéressant encore : des études faites sur des femmes ménopausées ayant allaité plusieurs enfants ont montré que ces femmes avaient moins de fractures de la hanche (Cummings RG, Klineberg RJ, Breastfeeding and other reproductive factors and the risk of hip fractures in elderly women, International Journal of Epidemiology 1993 ; 22 : 684-691) et de fractures vertébrales (Aloia JF, Cohn SH, Vaswani A, Yeh JK, Yuen K, Ellis K, Risk factors for postmenopausal osteoporosis, American Journal of Medicine 1985 ; 78 : 95-100) que la moyenne.
Une étude, faite en 2001 par des pédiatres de l’UC Davis School of Medicine and Medical Center, a montré que même chez des mères adolescentes, qui sont donc encore en croissance, l’allaitement non seulement ne compromet pas les os mais peut au contraire les renforcer. Étudiées trois ans après leur dernier accouchement, les mères adolescentes ayant allaité avaient une densité osseuse supérieure de 5 à 7 % à celles des mères adolescentes n’ayant pas allaité.
Il n’est même pas sûr qu’il y ait une perte osseuse en cours d’allaitement : dans une étude canadienne récente faite sur des femmes qui allaitaient toujours à 12 mois (Cooke-Hubley S et al, Spine bone mineral density increases after 6 months of exclusive lactation even in women who keep breastfeeding, Arch Osteopor 2017 ; 12(1) : 73), la densité osseuse lombaire avait augmenté de 4 % entre 6 et 12 mois, et la densité osseuse au niveau des vertèbres dorsales avait augmenté de 5 %.
Effet de l'ocytocine ?
D'après : Elabd C et al, Oxytocin controls differenciation of human mesenchymal stem cells and reverses osteoporosis, Stem Cells 2008 ; 26(9) : 2399-2407.
On savait que les ostéoblastes (cellules qui participent à la construction osseuse) et les cellules graisseuses (adipocytes) sont issus d’une même lignée de cellules souches.
Or des chercheurs niçois ont découvert que l’ocytocine jouerait un rôle clé dans leur différenciation : peu d’hormone et l’on ferait du gras, plus d’hormone et on ferait de l’os.
De fait, on constate une diminution du taux circulant d’ocytocine chez des femmes ostéoporotiques et ménopausées par comparaison avec des femmes non ostéoporotiques du même âge.
Des souris rendues ostéoporotiques ont vu un ralentissement de la perte osseuse et une diminution de la masse graisseuse dans la moelle osseuse après injection quotidienne d’ocytocine pendant huit semaines.
Une explication du fait qu’avoir allaité diminue le risque de souffrir plus tard d’ostéoporose ?
L'ostéoporose gravidique
L'ostéoporose gravidique est une affection rare, mais à laquelle il faut penser en cas de rachialgies survenant au cours de la grossesse ou dans le post-partum immédiat. Son traitement, qui n'est pas codifié, fait appel au calcium, à la vitamine D et peut-être aux bisphosphonates.
Publié dans le n° 94 des Dossiers de l'allaitement, janvier 2013.
D'après : Five-year follow-up of a woman with pregnancy and lactation-associated osteoporo-sis and vertebral fractures. Iwamoto J et al. Ther Clin Risk Manag 2012 ; 8 : 195-9.
L’ostéoporose liée à la grossesse et à la lactation est une pathologie rare, qui se caractérise par d’importantes modifications dans l’homéostasie osseuse suite aux besoins calciques plus élevés pendant ces périodes. Les auteurs présente un cas de femme ayant présenté une ostéoporose avec fractures vertébrales, qu’ils ont suivie pendant 5 ans.
Cette femme de 32 ans a consulté en raison d’une douleur lombaire aiguë. Elle pesait 57 kg pour une taille de 1,55 m. Elle avait accouché trois mois plus tôt, et elle allaitait son enfant. Elle n’avait aucun antécédent de pathologie osseuse, et n’avait jamais pris de médicaments susceptibles d’avoir un impact osseux. Elle n’avait pas non plus de facteurs de risque de problème osseux. L’IRM a constaté des fractures au niveau de L2 et de L5. Une ostéoporose a été constatée, et le bilan biologique a montré une augmentation importante du turn-over osseux. Elle a arrêté l’allaitement, et a été hospitalisée, mise au repos allongée, avec prise occasionnelle d’AINS. Après deux semaines d’alitement, la douleur avait significativement diminué, et elle a commencé la rééducation. Un traitement par 1 µg/jour d’alfacalcidol (un précurseur de la vitamine D3) a été débuté, et elle est sortie de l’hôpital. Deux mois plus tard, la douleur avait disparu, et tous les paramètres cliniques et biologiques s’étaient normalisés, sauf la densité osseuse qui restait légèrement inférieure à la normale pour son âge. Le traitement par alfacalcidol a été poursuivi. Après 5 ans de traitement, il n’y a eu aucune récidive, tous les paramètres osseux étaient normaux, et la femme n’a présenté aucun effet secondaire.
La grossesse et la lactation modifient le métabolisme osseux de la mère, afin de couvrir les besoins calciques du fœtus et du bébé. Normalement, ces modifications permettent de pallier l’augmentation des besoins en calcium de la mère, même si une baisse temporaire de la densité osseuse est constatée pendant l’allaitement. Chez cette patiente, la fonction des parathyroïdes était partiellement inactivée, probablement en raison de modifications de l’absorption intestinale du calcium, et de sa réabsorption rénale. L’ostéoporose liée à la grossesse et à l’allaitement disparaît habituellement 6 à 12 mois après l’arrêt de l’allaitement, même en l’absence de traitement.
Voir aussi DA 167 : Ostéoporose associée à la grossesse et à l’allaitement
Question/réponse
Q – J’allaite mon second enfant qui est maintenant un bambin. Ma médecin me dit qu'il faut que je me supplémente en calcium car l'allaitement augmente le risque d'ostéoporose.
R de Pascale, animatrice LLLF – Peut-être pourriez-vous demander à votre médecin sur quelles études elle se base, car son affirmation va à l’encontre des données que nous avons.
J'ai allaité mes trois enfants : 3 ans l’aîné, 3 ans le cadet, et 5 ans le benjamin, soit 11 ans en tout.
J'ai 54 ans et j'ai posé la question à ma généraliste : dois-je me supplémenter en vitamine D ? Elle m'a demandé si j'avais des antécédents d'ostéoporose. "Oui, ma mère s'est fracturée lesdeux2 poignets et a de l'ostéoporose." Je suis repartie avec une ordonnance pour passer une ostéodensitométrie, car je suis en effet à risque.
La rhumatologue qui m’a vue pour l’ostéodensitométrie m'a interrogée au début de la consultation. Une de ses questions a été : "Avez-vous allaité ?" Comme je répondais oui, elle m'a demandé la durée et pour combien d'enfants. Elle m'a félicitée en insistant sur le fait que c'est l'allaitement long qui protège les femmes de l’ostéoporose.
Bonjour,
Je travaille dans le milieu médical et suis également atteinte d'ostéoporose post-gravidique ou de l'allaitement. Je n'avais jamais entendu parlé de ce risque lié à la maternité.
Mais finalement, il y a des cas autour de moi. En deux mois, j'ai déjà trouvé 3 personnes concernées.
Et je suis sûre que c'est beaucoup plus fréquent mais non diagnostiqué. D'ailleurs, cela pourrait aussi expliquer beaucoup de tassements vertebraux diagnostiqués chez les femmes ménopausées, car il est tout à fait possible que ce soit antérieur à leur ménopause et lié à leur(s) grossesse(s). Surtout que des fractures vertébrales peuvent être indolores (!) et ainsi passées inaperçues.
Ainsi, combien de femmes seraient concernées ?
Ma gynécologue n'était absolument pas au courant de cette pathologie, alors qu'elle est en fin de carrière. Elle ne s'est pas du tout sentie concernée et m'a tout bonnement dit de m'orienter vers un rhumatologue.
Dans l'apologie de l'allaitement, il semblerait qu'une fois de plus, la femme /maman soit ignorée.
Et cela risque de prendre encore 10 à 20 ans avant que l'on soit formé et informé sur ce sujet.
Bonjour, j’ai 26 ans je viens d’accoucher de ma première fille en juillet et j’avais de grosses douleurs au dos et on m’a découvert une ostéoporose
Je suis actuellement sous traitement
J’aimerai entrée en contact avec des personnes qui ont la même chose que moi afin de connaître votre histoire .!
Bonjour
J'ai 40, j'ai eu 4 enfants de 2010 à 2017, allaités entre 1 et 3 ans (j'ai calculé, cela a fait 8 ans d'aménorrhée). Suite à une fêlure de la côte sur un mouvement du quotidien, on m'a détecté de l'ostéoporose. Pourtant, supplémentation en vitamine D pendant les grossesses, alimentation équilibrée, nombreux légumes de saison, protéines animales 1f/jour, produits laitiers 3 fois par jour, pas d'antécédents familiaux. D'après ma généraliste, ma constitution frêle (IMC de 19) et les grossesses et allaitement doivent en être la cause. Je vais donc être traitée, avec l'espoir de récupérer une densité osseuse normale (-38% sur la hanche aujourd'hui, ça fait peur!). Mais je regrette que votre site ne véhicule aucune alerte sur ce sujet, ni mon cabinet pédiatrique très pro-allaitement. Je suis peut-être un cas hors raison statistique, mais au cas où, je vous préviens.
Cordialement
Bonjour ,
Je m'appelle Judith j'ai 27 ans et j'ai deux enfants , un garçon de 4 ans et une fille de 10 mois allaité tous les deux .
Durant la premiere année d'allaitement votre site étais mon livre de chevet .
Dès que j'avais un moment de libre je le consulté.
Après mon 2nd bébé , on m'a découvert de l'ostéoporose post partum . Et en tombant sur cette article, je me suis dis que j'étais obligée de vous envoyer un message afin de vous parler de cette maladie rare causé par l'allaitement.
J'ai donc une diminution de la masse osseuse , provoqué par une hormone présente durant l'allaitement.
Ainsi , fracture et tassement vertébrale ont été la suite de mon accouchement.
Les douleurs de dos ( en choc électrique ) ont été le facteur du début de recherche de diagnostic.
De se fait, j'aimerais que ce témoignage figure sur votre site , car je reste persuadé que cette maladie est trop peut expliquer et si j'avais pas été aussi bien entourée, je n'aurai pas continuer les examens ( car il y en a eu beaucoup , les dr n'auraient jamais pu penser que j'avais de l'ostéoporose a 27 ans ! )
J'aimerais aidé d'autre femme dans mon cas , en leur partageant mon vécu .
je m'appelle ZALIFA Issa Ibrahim,j'ai 30 ans. je suis technicienne supérieure en santé publique,option Nutrition Humaine.
je vous encourage pour votre travail.vos doc m'aide a me perfectionner encore plus dans mon domaine professionnel.
dans mon pays je travaille dans une structure qui intervient dans le cadre de la prévention de la malnutrition. l'allaitement maternel exclusif est un élément clés très important dans la prévention de la malnutrition.
merci et cordialement.
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