Avertissement :
L'article ci-dessous, écrit par une pédiatre à destination des professionnels de santé, ne vise qu'à répondre à la question du titre : l'allaitement mixte (surtout dans le sens moitié sein / moitié biberon) est-il possible ?
Il n'est pas fait pour juger les femmes qui sont amenées à donner des biberons tout en allaitant. Ni à les aider à le faire. Voir plutôt pour cela le dossier Compléments - Allaitement mixte ou partiel.
Par ailleurs, pour répondre aux interrogations de certaines, bien sûr que quelques biberons n'annulent pas tous les bienfaits de l'allaitement. Ainsi, dans une étude qui a suivi des enfants bédouins jusqu’à 18 mois, les enfants encore partiellement allaités, notamment entre 4 et 6 mois, avaient moins d’infections intestinales, moins d’otites et moins d’asthme que ceux qui n’étaient plus allaités du tout (Bilenko N et al, Partial breastfeeding protects Bedouin infants from infection and morbidity, Asia Pac J Clin Nutr 2008; 17(2): 243-9).
Qu'on se le dise : toute dose d'allaitement est bonne à prendre !
L'expression « allaitement mixte » n’est pas citée dans les définitions proposées dans les recommandations sur l’allaitement de l’ANAES. L’expression « allaitement partiel » est utilisée. Celle-ci prend pour référence l’allaitement maternel qui ne remplit que « partiellement » son rôle, puisque l’allaitement maternel est alors complété par d’autres aliments (qui peuvent être une préparation pour nourrissons). L’expression « allaitement mixte » qualifie d’allaitement l’alimentation avec une préparation pour nourrissons. Cela ne pourrait-il pas conduire à une confusion entre deux comportements différents ?
L’allaitement mixte et/ou partiel dans le monde
L’allaitement exclusif, préconisé par l’OMS jusqu’à l’âge de 6 mois, est en fait peu pratiqué dans la plupart des sociétés traditionnelles qui « imposent » aux enfants dès la naissance des boissons et/ou des aliments marqueurs de leur culture. La norme reste l’allaitement maternel et la plupart des mères donnent très fréquemment le sein (dès que leur enfant le cherche). Les compléments sont donnés en plus et non à la place des tétées. La nature des compléments est dictée par les habitudes traditionnelles, associées aux influences « modernes ».
L’étude de Marques, au Brésil en 2001, a noté une prévalence de l’allaitement à la naissance de 99 %, mais l’introduction d’eau et de tisane dès le premier jour (dans 72 % des cas) et d’un autre lait dès le premier mois dans 58 % des cas. Selon P Van Esterik (2001), l’allaitement exclusif est très difficile à instituer là où les compléments sont considérés comme bons et nécessaires, et non comme des barrières à l’allaitement ; même pour les femmes de milieux urbains pauvres, l’allaitement exclusif signifie « refuser à l’enfant quelque chose qu’il devrait avoir ». Dans le rapport de l’UNICEF 2002, on note en moyenne 52 % d’allaitement exclusif dans le monde, avec une grande variabilité selon les pays et leurs habitudes culturelles.
Dans la plupart des pays industrialisés, la prévalence de l’allaitement à la naissance (chiffres 2000 ± 3 ans) est très supérieure à celle de la France qui est classée dans les derniers : sur 23 pays européens, 15 ont une prévalence à la naissance supérieure à 90 % (allaitement presque toujours exclusif), 5 sont entre 60 et 80 %, Malte est à 52 %, et l’Irlande à 36 % (en allaitement exclusif). La France arrive à 53 % (allaitements exclusif et partiel - chiffres 2000). L’enquête périnatale de 1995 (Crost 1998) donnait une prévalence d’allaitement pour la France métropolitaine de 52 % à la sortie de maternité (42 % exclusif et 10 % partiel). La prévalence 2001 (certificats de santé du 8ème jour) était de 54,5 % et en 2002 de 56,2 %.
L’allaitement exclusif est donc rare dans le monde, surtout dans les pays pauvres où l’allaitement partiel est majoritairement pratiqué : il s’agit d’un allaitement maternel à la demande (dès que l’enfant cherche) avec des compléments de nature variable.
L’allaitement mixte en France, dans l’histoire
Le fait de ne pas allaiter ou d’allaiter partiellement est très ancien en France. Toutefois, au Moyen-âge, il était rare qu’une mère n’allaite pas. L’allaitement était rarement exclusif, le père et la famille étant chargés d’introduire rapidement de la bouillie, mais il n’y avait pas de limites à la fréquence et à la durée des tétées. Le sevrage avait lieu habituellement vers 2 ans. Le terme d’allaitement mixte apparaît en 1806 (dans les références que j’ai trouvées), dans un livre de H. de Montgarny : Méthodes d’allaitement artificiel simple et d’allaitement mixte.
En 1898, H. de Rothschild, médecin, débute son livre de 650 pages intitulé L’allaitement mixte et l’allaitement artificiel par cette phrase : « Lorsque l’allaitement au sein, toujours préférable, est insuffisant ou impossible, on est obligé d’avoir recours à l’allaitement mixte ou à l’allaitement artificiel ». Et plus loin, il propose de « régler l’allaitement… toutes les deux heures pendant le jour et une fois pendant la nuit, … au sein ou au biberon. On obtient ainsi de huit à neuf tétées en 24 heures… et il faut peser le nourrisson avant et après chaque tétée ». Les observations cliniques de ce livre présentent des nourrissons à l’allaitement mixte avec 2 à 6 biberons de 50 à 150 ml de lait stérilisé par jour. Dans ces observations, il n’est pas précisé le nombre de tétées données parallèlement aux compléments.
Au 20ème siècle, la marque de notre société industrielle est manifeste dans l’allaitement mixte ou artificiel, avec la prétention de vouloir rationaliser l’alimentation (horaires, quantités…). Cette réglementation s’est renforcée peu à peu, avec une diminution de la fréquence des tétées « autorisées », et une augmentation du volume requis à chaque tétée, le modèle étant de plus en plus celui de l’alimentation au biberon.
La société de consommation a donné (et donne encore) l’illusion que les objets peuvent soutenir les parents dans leur fonction. Les fabricants de préparations pour nourrissons s’appuient sur cette culture pour présenter leurs produits comme proches et même équivalents du lait maternel et du sein. En utilisant des expressions telles que : « le lait maternel et le lait infantile apportent…, la tétée au biberon, la tétée au sein…, sein ou biberon à la demande…, l’allaitement mixte, alternant le biberon et le sein…», ils entretiennent une confusion entre l’allaitement maternel et l’alimentation au biberon.
Pour protéger les parents des effets de cette publicité, la législation française impose certaines mentions sur les boîtes de lait et les livrets d’information, mais ces mentions ne sont pas claires dans leur formulation : « Toute documentation… portant sur l’alimentation des nourrissons… doit comporter des informations sur… l’éventuel effet négatif sur l’allaitement au sein d’une alimentation partielle au biberon ; la difficulté de substituer un allaitement au sein à une alimentation utilisant des préparations pour nourrissons… »
Quelles sont les recommandations actuelles des pédiatres ?
Un article de 2003 du Comité de Nutrition de la Société Française de Pédiatrie décrit la réalisation pratique de l’alimentation du nourrisson. L’allaitement maternel y est présent durant toute la première année :
- De 0 à 5 mois, allaitement maternel (sans précision de nombre de tétées) ou x biberons…, possibilité de débuter légumes et fruits entre 4 et 6 mois.
- De 5 à 12 mois, l’allaitement maternel est proposé sous forme de 3 tétées (de 5 à 7 mois) puis 2 tétées (de 7 à 8 mois), puis 1 tétée le matin (de 9 à 12 mois). Après 1 an, l’allaitement maternel n’est plus mentionné.
La « norme » pédiatrique actuelle est donc un allaitement maternel exclusif à la demande de 4 à 6 mois, suivi d’un sevrage progressif sur 6 mois.
Quelle signification l’allaitement mixte a-t-il actuellement en France ?
Nous avons vu qu’en France prédomine une culture d’allaitement à horaires réguliers, avec des tétées alimentaires, de plus en plus espacées au fil des semaines, supprimées la nuit dès que possible. Beaucoup de mères (et de professionnels) voient comme un progrès de l’enfant la réduction régulière du nombre de tétées et le fait que l’enfant tète vite et fort. Or l’allaitement ne fonctionne pas bien de cette manière là. Dans l’étude de Ego à Lille, 25,21 % des mères qui souhaitaient allaiter 2 mois ou plus avaient arrêté d’allaiter au bout d’un mois, en particulier celles qui respectaient des intervalles réguliers entre les tétées. Ceci est à rapprocher de la constatation faite dans l’enquête de Labarère en Savoie : « La pratique d’un allaitement à horaires fixes était associée à une réduction de la durée de l’allaitement ». Dans ces conditions, les mères réalisent rarement le projet d’allaitement qu’elles s’étaient fixé.
Les mères d’origine française qui souhaitent un allaitement mixte d’emblée y pensent souvent pour instituer un rythme de tétées espacé et régulier, pour limiter l’accès au sein de leur enfant, pour se sentir moins dépendantes… Toutes ces raisons vont dans le sens de la culture d’allaitement à la française. Les femmes immigrées vivent souvent un allaitement mixte différent : elles donnent des biberons, signes de leur intégration sociale, et continuent à donner le sein à volonté à leur enfant ; mais ceci est de moins en moins vrai avec les jeunes générations qui adoptent le modèle français. Je constate là le passage du modèle que je qualifie « d’allaitement partiel traditionnel » au modèle « d’allaitement mixte moderne ».
L’allaitement mixte, expression très utilisée en France, désignerait donc l’allaitement maternel associé à l’alimentation avec une préparation pour nourrissons. Voici la lecture que je fais de ces comportements. Les mères qui pratiquent l’allaitement partiel veulent tout donner à leur enfant (leur lait, leur sein et ce que la société peut apporter). Les mères qui pratiquent l’allaitement mixte ou l’allaitement exclusif avec des horaires veulent donner leur lait en limitant le sein au nutritionnel (minimum). Certaines mères veulent tirer leur lait et le donner à leur enfant au biberon : c’est leur lait qu’elles veulent donner, mais pas leur sein.
L’allaitement mixte serait ainsi le marqueur d’une culture qui cherche à concilier 2 modes d’alimentation et de maternage antinomiques :
- Dans l’allaitement à la demande, la mère laisse l’accès libre au sein, elle le présente à l’enfant dès qu’il le cherche. Celui-ci est actif, il peut demander le sein pour se nourrir et/ou pour se rassurer ; il est réveillé et prend activement le sein en bouche, il peut faire venir le lait plus ou moins vite, il peut (dans une certaine mesure) choisir son sein, il peut faire augmenter la production en tétant plus souvent pendant 1 ou 2 jours ; il apprend à s’adapter au lait qui change en quantité et en qualité au cours de la tétée et au cours des journées. La pratique de l’allaitement selon la physiologie de la lactation et celle du nourrisson amène un nombre variable de tétées, de durée et d’efficacité variables, selon chaque couple mère-enfant.
- Dans l’alimentation au biberon, la mère est obligée de régler la fréquence et la durée des repas, car le biberon ne peut que nourrir. Lors de la prise du biberon, l’enfant est plus passif qu’au sein, la tétine est introduite et induit une succion réflexe, le biberon est retiré dès qu’il est vide. C’est l’adulte qui décide de la quantité à boire, et qui s’adapte selon les réactions de l’enfant en fin de biberon. Le petit nourrisson aime téter et a besoin de téter pour se sentir bien, il convient alors de lui donner autre chose à téter (doigt, sucette…). Certaines mères essayent de donner le biberon comme on donne le sein. Le biberon est toujours à disposition et proposé dès que l’enfant pleure. Outre les problèmes liés à l’hygiène et la conservation du lait, il y a risque de suralimentation de l’enfant qui ne peut pas se faire plaisir sans se nourrir.
A quelles conditions l’allaitement mixte ou partiel est-il possible ?
1. Du côté de la mère : les principes de base de la lactation permettent-ils l’allaitement mixte ?
La lactation fonctionne selon le principe de l’offre et de la demande : « Plus le sein est stimulé et plus il synthétise de lait ou bien, plus l’enfant tète et plus le sein produit de lait ».
Le 1er mois, le volume de lait augmente beaucoup surtout la 2ème semaine pour atteindre environ 700 à 800 ml par jour; les mères ont besoin en moyenne de 8 à 10 tétées par jour pour obtenir ce volume, certaines ont besoin de plus, d’autres de moins. Après le 1er mois, le volume de lait est assez stable ; mais il existe pour chaque mère un « seuil de fréquence » des tétées (très variable d'une mère à l'autre) qui permet d'entretenir la lactation. En dessous de cette fréquence minimale, la lactation risque de diminuer, avec involution de la glande mammaire si la mère ne donne pas plus de tétées. Ne pas limiter le nombre et la durée des tétées permet d’établir une lactation adaptée aux capacités de la mère, qui sont inconnues au démarrage.
Dans une étude suédoise portant sur 506 mères allaitant exclusivement, Hörnell a montré cette grande variabilité de la fréquence et de la durée des tétées (4 à 15 tétées par 24 h à 1 mois, 6 à 11 tétées à 6 mois, beaucoup de mères étant entre 6 et 9 tétées quel que soit l’âge de l’enfant). Les allaitements les plus prolongés étaient ceux dont le nombre de tétées était le plus élevé (et/ou dont la durée quotidienne des tétées était la plus grande). Le nombre moyen de tétées diminuait de 0 à 3 mois pour augmenter légèrement de 3 à 6 mois. La durée quotidienne des tétées diminuait régulièrement de 0 à 6 mois.
Les conséquences pratiques d’un allaitement mixte sur la lactation sont les suivantes. Si une mère démarre un allaitement mixte pendant les 2 premiers mois, elle n’atteindra jamais la capacité maximale de sa lactation. En le démarrant entre 2 et 6 mois, il risque d’être difficile de maintenir la lactation. Une mère qui souhaite donner 1 ou 2 biberons par jour dès la naissance, dans le cadre d’un allaitement à horaires réguliers et espacés, ne parviendra pas à établir une lactation durable. En fait cette mère débute le sevrage de son enfant dès la naissance. Elle ne pourra réussir à démarrer et à maintenir une lactation qu’à la condition de laisser son enfant téter autant qu’il le souhaite, en dehors du ou des biberons institués. Il s’agit alors d’un allaitement partiel. En revanche, pour la lactation, le biberon « occasionnel » ne pose pas de problème. Mais s’il reste occasionnel, pourquoi introduire du lait infantile ? Il est possible de tirer un peu de lait, ou d’en recueillir dans les coquilles.
2. Du côté de l’enfant, est-il capable de s’adapter à l’allaitement mixte ?
Les effets des préparations pour nourrissons sur les fonctions métaboliques et la santé de l’enfant sont bien décrits par Renfrew (2000) : modification de la flore intestinale, pas d’apport d'IgA ni d'agents anti-infectieux, risque infectieux et risque allergique augmentés, risque d’intolérance aux protéines du lait de vache… Selon leurs facteurs de risque et leur état de santé, certains enfants auront du mal à s’adapter à une alimentation mixte. Les recommandations de l’ANAES nous rappellent que : « L’effet protecteur de l’allaitement maternel est dépendant de sa durée et de son exclusivité ».
Les effets des tétines des biberons sur la succion sont toujours mal élucidés. Le nouveau-né tète le sein avec la bouche grande ouverte, la langue basse et sortie. Des études radio- et échographiques ont tenté de différencier la succion au biberon et au sein (Weber 1986, Bu’Lock 1990) ; même quand l’enfant met bien la langue sous la tétine, le placement et l’action de la langue pour la succion et la déglutition ne sont pas tout à fait les mêmes au biberon qu’au sein (action de piston ou d’ondulation) ; de plus, il semblerait que certains bébés remontent l’arrière de la langue derrière la tétine.
Les effets des tétines des biberons (Renfrew 2000, Neifert 1995) sont plutôt qualifiés actuellement de « préférence tétine-sein », expression plus large que la « confusion sein-tétine » qui faisait seulement référence à cette position de la langue. La plupart des nouveau-nés sont capables de s’adapter aux deux techniques de succion, mais certains enfants ne risquent-ils pas de préférer le biberon, surtout ceux qui ont du mal à prendre le sein ? Le stimulus du palais par la tétine induit le réflexe de succion. Certains enfants ne risquent-ils pas ensuite d’avoir besoin de ce stimulus pour se mettre à téter ? Le flux du lait est plus régulier avec une tétine. Certains enfants ne risquent-ils pas de refuser le sein dont le flux est très variable ? Dans l’étude de Ego (2003), les mères qui sevraient à 1 mois avaient plus souvent déclaré en maternité que leur enfant « prenait mal le sein » ou « refusait le sein ». Righard (1992) a montré que l’allaitement dure moins longtemps quand la technique de succion de l’enfant est inadaptée. Plutôt que de se focaliser sur la « confusion sein-tétine », il est plus constructif de se centrer sur la difficulté de certains enfants à prendre le sein, et d’être particulièrement attentif au suivi de ces enfants là et au soutien de leurs parents.
Enfin, l’enfant, selon ses rythmes de sommeil et d’éveil, selon ses besoins alimentaires et selon son tempérament, peut avoir besoin de téter plus ou moins souvent et plus ou moins longtemps (I. Bayot 2001). Toute limitation l’oblige à une adaptation qui peut être difficile.
Dans la pratique, si elle est avertie de ces risques, la mère peut acquérir un savoir-faire lui faisant supprimer les biberons pendant quelques jours si le bébé refuse le sein, lui permettant de sentir ce que fait le bébé et de s’adapter. Mais elle n’est pas à l’abri d’un refus brutal, catégorique et persistant, auquel il sera difficile de faire face.
3. Du côté du père, comment voit-il et vit-il l’allaitement mixte ou partiel ?
Le père de l’enfant est aussi compagnon de la femme. Les couples qui souhaitent un allaitement mixte le veulent-ils pour préserver leur relation ? Que change dans cette relation le fait que l’allaitement soit exclusif ou mixte ? « Ma femme avait besoin que je lui dise qu’elle faisait bien d’allaiter,… l’allaitement, c’est le plus beau cadeau que vous pouvez faire à votre enfant…». Les paroles de ce père me semblent poser la place du père et du compagnon.
L’allaitement mixte, comme l’alimentation au lait industriel, serait signe d’une conception égalitaire de la place des deux parents, chacun apportant les « mêmes soins » à l’enfant. Quand les parents disent qu’ils souhaitent l’allaitement mixte pour faire participer le père à l’alimentation de l’enfant, c’est souvent parce qu’ils cherchent à définir la place de chacun auprès de leur enfant, aidons-les à y réfléchir.
L’allaitement partiel, comme l’allaitement maternel, s’intègre dans une conception identitaire, la mère donnant le sein pour son apport nutritionnel et relationnel, le père donnant d’autres soins, à sa manière, occasionnellement un biberon ou un repas qui introduit déjà l’enfant vers le monde social.
4. La pratique de l’allaitement mixte a-t-elle un effet sur la durée de l’allaitement ?
Les avis sont partagés sur l’effet des compléments donnés en maternité : pas d’effet significatif pour Gray-Donald (1985), Labarère et Ego (2001 et 2003) ; un effet très significatif pour Branger (1998), Howard (2003) et Bloonquist (1994). Selon Ekstöm (2003), les compléments donnés avec raison médicale n’avaient pas d’effet, et ceux donnés sans raison médicale réduisaient d’1 mois l’allaitement exclusif (5 mois au lieu de 6 mois). En maternité, les mères demandent un complément quand leur enfant pleure trop, surtout la nuit, pour pouvoir se reposer. C’est une réponse immédiate qu’elles demandent, sans projeter forcément pour l’avenir un allaitement mixte. Mais ce premier recours au biberon crée un précédent qui risque d’être reproduit plus tard.
Le fait que les compléments soient donnés au biberon ou à la tasse (Ndlr : à ce jour, nous préférons utiliser le mot gobelet qui nous semble plus approprié pour désigner cet accessoire) ne semble pas avoir d’effet sur la durée de l’allaitement (ANAES). Howard (2003) note une durée plus grande de l’allaitement (uniquement dans les cas où les compléments sont nombreux), si les compléments sont donnés à la tasse plutôt qu’au biberon.
Je pense que l’effet des biberons de complément est surtout dû à la manière dont ils sont vécus par les parents : beaucoup de parents considèrent le biberon comme équivalent (ou concurrent) du sein. Il me semble que les parents acceptent mieux les compléments à la tasse qu’au biberon. Dowling (USA 2001), après analyse des différentes méthodes d’alimentation complémentaire, conclut que « le choix d’une méthode devrait être fait sur une base individuelle pour chaque mère et chaque enfant, le but étant la mise en route de l’allaitement ». En attendant que les professionnels soient suffisamment compétents et suffisamment nombreux pour une évaluation individuelle de chaque situation, en attendant que la culture française soit plus favorable au sein qu’au biberon, n’est-il pas raisonnable de limiter les compléments autant que posible, et de les donner autrement qu’au biberon ?
Après la sortie de la maternité, la pratique de l’allaitement mixte est liée à une réduction de la durée totale de l’allaitement (Hill 97, Vogel 99, Chezem 2002). Est-elle la cause de la réduction de durée ? Ou bien les 2 facteurs sont-ils les conséquences d’un état d’esprit de la mère, du père et de la société ? Dans l’étude de Cronenwett (USA 1992), l’usage des biberons de compléments était imposé aux mères, et il n’a pas eu d’impact (ou presque) sur la durée de l’allaitement. Les mères n’avaient pas choisi elles-mêmes cet allaitement « mixte » et l’ont intégré comme une contrainte de vie. Elles étaient aussi aidées par une infirmière spécialisée sur l’allaitement.
5. A quelles conditions l’allaitement mixte ou partiel est-il possible ?
D’après la physiologie de base de la lactation, les compétences et besoins du nourrisson, le regard du père sur l’allaitement et la durée des différentes formes d’allaitement, il apparaît que des tétées « suffisamment » fréquentes (ayant la possibilité d’augmenter en cas de baisse de lait) et un libre accès au sein de l’enfant sont les conditions d’un allaitement durable. L’allaitement mixte dès la naissance est-il possible ? Il semble bien que non puisqu’il y a limitation du nombre des tétées. Il s’agit en fait du début du sevrage. L’allaitement partiel est-il possible ? Oui, il semble même qu’il soit souvent inévitable dans de nombreuses sociétés ou situations, même s’il a des conséquences négatives sur la santé des enfants.
Evidemment, dans la pratique, les parents vivent des situations moins tranchées que cette approche théorique, mais s’ils sont bien informés, ils seront capables de mener l’allaitement de leur enfant à leur manière et aussi longtemps qu’ils le souhaitent. Dans la réussite de l’allaitement l’information ne suffit pas, la confiance en soi est indispensable aussi. Les études sociologiques retrouvent que les mères plus intellectuelles s’appuient plus sur leurs connaissances (modèle savant), les mères des milieux populaires s’appuient plus sur l’expérience familiale (Gojard 2002). Même là où les mères sont bien soutenues par les professionnels de santé, le soutien supplémentaire de mère à mère est « efficace » pour la durée de l’allaitement exclusif et la satisfaction des mères (Canada Dennis 2002). Les professionnels de santé ont intérêt à collaborer avec les associations de soutien entre mères, s’ils souhaitent vraiment aider les mères. De plus en plus d’associations de mères ont gagné la confiance des professionnels de santé. Là où la collaboration est effective, la prévalence et la durée de l’allaitement exclusif augmente rapidement (Macquart 1990).
À quelles situations pratiques sont confrontées les mères et les professionnels de santé, qui les amènent à proposer un allaitement mixte ?
Dans quels cas concrets les mères souhaitent-elles un allaitement mixte ?
Durant les premières semaines, c’est surtout l’impression de manquer de lait (à cause des pleurs du bébé en particulier) qui explique un allaitement mixte. La fatigue est souvent citée aussi, qui peut traduire en fait la difficulté à s’affirmer dans un milieu peu favorable à l’allaitement (dans certaines circonstances, le biberon permettrait d’éviter des remarques désagréables). Dans l’enquête de A. Hugon, ces raisons évoluent avec le temps : le premier mois, ce sont surtout le « manque de lait » (38,3 %), l’absence de la mère (17 %) et la fatigue (10,6 %) ; les mois suivants, c’est surtout la reprise du travail qui devient l’élément principal (27 % à 2 mois, 37 % à 3 mois et 60 % à 6 mois).
Certaines mères débutent un allaitement mixte pendant le 2ème mois, considérant que leur enfant sait bien téter au sein et qu’il risque de refuser le biberon si on attend trop longtemps. D’autres attendent le 4ème mois quand l’enfant porte tous les objets à sa bouche. Il est vrai que certains enfants développent une « préférence sein-tétine » et refusent catégoriquement le biberon, acceptant plus facilement la cuillère ou la tasse. Mais, à tout âge, le nourrisson est capable de s’adapter à une nouvelle situation, un nouvel objet, si on ne le force pas à y parvenir très vite… Il n’y a aucune urgence à habituer l’enfant au biberon. Si les parents souhaitent le faire, ils n’ont pas intérêt à suivre la consigne habituelle « remplacez une tétée par un biberon », car cela provoque souvent un refus violent et durable de l’enfant qui ne comprend pas ce qui se passe. Il est plus facile de procéder comme pour toute situation nouvelle (alimentation solide…), c’est à dire de lui présenter le biberon tous les jours, entre les tétées, à un moment où il est calme, jusqu’à ce qu’il accepte de boire un tout petit peu de lait. On réussit en une dizaine de jours à ce que le bébé boive un grand biberon.
Pour les mères « obligées » de s’absenter de longs moments (reprise du travail…) dès les premiers mois, l’idéal est de pouvoir tirer leur lait. Même si elles ne souhaitent pas tirer leur lait, elles peuvent continuer l’allaitement exclusif jusqu’au jour de la reprise du travail, puis dès qu’elles sont avec leur enfant (soirs, jours de repos…) ; cela relance la lactation si c’est nécessaire. Au fil des mois, l’allaitement mixte devient de plus en plus « possible » car le maintien de la lactation ne nécessite pas des tétées fréquentes. Comme les autres fonctions du corps humain, la lactation ne peut pas s’arrêter tout d’un coup. Il est facile de faire augmenter la lactation de nouveau. Par contre, même s’il sait bien téter, l’enfant peut ne plus vouloir téter pour des raisons qui ne sont pas toujours évidentes, amenant des sevrages non préparés.
Au-delà de 4 à 6 mois, toutes les mères ne poursuivent pas l’allaitement de la même manière : dans l’étude de Hörnell (2001), celles qui introduisent des préparations pour nourrissons diminuent vite le nombre de tétées et sèvrent en moyenne 2 fois plus tôt que celles qui introduisent des solides (7 mois au lieu de 14 mois).
Y a-t-il des situations dans lesquelles l’allaitement mixte est médicalement indiqué ?
Comme l’a écrit justement G. Gremmo-Feger, « l’insuffisance de lait est un mythe culturellement construit »… Les professionnels de santé sont aussi imprégnés de la culture du biberon. Les prescriptions de la plupart des médecins sont manifestement beaucoup plus influencées par leurs représentations de l’allaitement que par leur connaissance de la physiologie. Pourtant, toutes les indications de compléments devraient pouvoir être argumentées par une raison médicale ou une demande motivée des parents.
L Marchand-Lucas (thèse 1998, à Paris), dans son enquête auprès d’une vingtaine de généralistes parisiens, note que pour 7 des 20 généralistes interrogés, la cause d’une hypogalactie est le désir plus ou moins conscient de la mère d’arrêter l’allaitement ou de ne pas allaiter. Un seul médecin mentionne l’inefficacité de la tétée ! Et l’attitude pratique proposée est la prescription d’un complément pour 10 médecins, le conseil d’augmenter la fréquence des tétées pour 3 sur 20. Certains médecins semblent connaître en théorie « la loi de l’offre et la demande » mais aucun ne l’utilise correctement en pratique. Face à un problème d’allaitement (pathologie de la mère ou de l’enfant), l’arrêt de l’allaitement ou l’apport de compléments fait souvent partie de leurs prescriptions. Les références sont la prise de poids et l’alimentation au biberon. Ces praticiens n’ont pas plus que les mères les connaissances nécessaires pour relancer une lactation.
Rappelons quelques situations médicales et la manière d’y faire face
- En maternité, la prescription de compléments peut être indiquée dans quelques situations particulières liées à l’état du nouveau-né : perte de poids, hypoglycémie, déshydratation, nouveau-né qui ne parvient pas à téter efficacement (nouveau-né avec « 3 ou 4 semaines d’avance » dormant beaucoup, nouveau-né avec un syndrome de sevrage, ou avec une nuque douloureuse…, nouveau-né dont la mère a des mamelons ombiliqués…).
- La prescription de compléments devrait toujours être faite après évaluation de l’efficacité des tétées (signes de déglutition, seins plus souples après la tétée).
- Le lait maternel exprimé à la main ou au tire-lait sera toujours préféré. La mère peut exprimer un peu de colostrum pour le donner à son enfant et pour « l’attirer » au sein. Il faudra quelquefois plusieurs jours pour que le nouveau-né parvienne à téter efficacement, et en attendant, il sera nécessaire de le nourrir avec le lait de sa mère, mais avec un moyen adapté à la situation. Il s’agit toujours d’allaitement maternel, bien que pas directement au sein.
- En cas de nécessité d’utilisation de lait infantile, les laits hydrolysés seront préférés (à cause du risque d’intolérance aux protéines du lait de vache).
- Etant donné la situation actuelle du biberon en France (et la difficulté d’éliminer tout risque dû à la technique de succion), il me semble préférable de proposer ces compléments autrement qu’au biberon. La technique de la tasse (Ndlr : à ce jour, nous préférons utiliser le mot gobelet qui nous semble plus approprié pour désigner cet accessoire) et du biberon-tasse ne me semble pas très compliquée pour les professionnels ou pour les parents.
- Les compléments ne devraient pas être proposés à la place des tétées, mais après les tétées (même courtes si le nouveau-né n’a pas une grande capacité d’éveil) ; cela n’est pas toujours facile à réaliser dans la pratique quand le complément est prescrit toutes les 3 heures.
- Dans d’autres situations du post-partum, c’est l’état de santé de la mère qui rend les compléments nécessaires : hémorragie importante, anémie profonde… La montée de lait (lactogénèse stade II) est retardée, mais se produira au fur et à mesure du rétablissement de la mère.
L’allaitement mixte est fréquent dans les services d’hospitalisation des nouveau-nés du fait de la réglementation actuelle, limitant à 12 heures [Ndlr : aujourd'hui 48 heures] la conservation du lait tiré par la mère et réfrigéré. Au-delà de ce délai, le lait doit être pasteurisé. Les services qui appliquent cette réglementation et qui n’ont pas de lactarium (ou de pasteurisateur) à proximité, sont souvent amenés à donner des préparations pour nourrissons aux enfants hospitalisés, même si la mère a beaucoup de lait ! Or, une étude sur la conservation du lait réfrigéré a constaté que le nombre de bactéries baissait régulièrement pendant plusieurs jours à une température comprise entre 0 et 4°C (Pardou et al, 1994).
En cas d’intervention chirurgicale de réduction mammaire, la suppression d’une partie de la glande mammaire n’est pas préjudiciable à l’allaitement car la partie restante produira plus. Mais le déplacement de l’aréole et du pédicule mamelonnaire (cicatrice péri-aréolaire) entraîne des lésions de l’innervation, freinant la réaction neuro-hormonale d’allaitement. Après une phase d’essai d’allaitement exclusif, si la lactation de la mère est insuffisante, ou bien si elle exige un nombre de tétées très important pour une croissance harmonieuse de l’enfant, il est possible d’avoir recours à des compléments. L’idéal est d’utiliser un dispositif d’aide à la lactation (DAL), qui permet de stimuler la lactation tout en apportant un complément à l’enfant, et de favoriser la lactation par un contact corporel le plus proche possible (portage sur le ventre…). Si les compléments sont donnés en dehors des tétées, il peut être utile que la mère tire son lait pour stimuler au maximum sa capacité de synthèse de lait. Cet allaitement mixte peut durer aussi longtemps que le souhaite la mère.
En cas d’intervention chirurgicale d’augmentation mammaire, l’allaitement est tout à fait possible. Mais s’il y a eu déplacement de l’aréole (incision péri-aréolaire), la lactation peut être insuffisante (voir plus haut).
L’insuffisance de tissu mammaire est extrêmement rare mais il arrive plus souvent que des mères n’aient pas la capacité de libérer beaucoup de lait à chaque tétée, même en donnant les 2 seins. Leur enfant a donc besoin de tétées fréquentes, et cela n’est pas toujours compris et accepté par la mère et surtout par l’entourage (y compris par les professionnels de santé qui peuvent pourtant les encourager et les aider à adapter leur mode de vie).
Les mères qui désirent allaiter un enfant adopté ont évidemment besoin d’induire la lactation et de la stimuler. Mais dans la majorité des cas, le bébé a besoin de compléments (donnés aussi avec le dispositif d’aide à la lactation – DAL).
La situation la plus fréquente d’insuffisance de lait est en fait due à une demande insuffisante de l’enfant. Il s’agit souvent d’un bébé né 3 à 4 semaines avant terme (ce qui explique le fait qu’il dort beaucoup), décrit comme très sage par les parents : il tète peu souvent (4 à 5 fois par jour), peu à la fois et se rendort. L’idée reçue est ici « qu’un enfant ne se laisse pas mourir de faim », donc personne ne s’inquiète jusqu’au jour où cet enfant est pesé. C’est souvent au bout de 2 à 3 semaines après la naissance que l’on s’aperçoit qu’il n’a pas grossi depuis la naissance, voire même qu’il est nettement en dessous de son poids de naissance.
La conduite à tenir proposée par de nombreux professionnels de santé est de l’ordre des idées reçues : « Mangez bien, buvez beaucoup et reposez-vous ». Pourtant, la production de lait est sans rapport avec les apports nutritionnels et la quantité de liquides absorbés par la mère (Gremmo-Feger 2003). Le stress peut inhiber la lactation (Lau 2001). Proposer à la mère de stimuler sa lactation en augmentant efficacité, durée et fréquence des tétées pendant 2 à 3 jours fait remonter la lactation. Même si sa mère n’a pas tout à fait assez de lait à une tétée, c’est en faisant plus téter l’enfant (efficacement, souvent et longtemps) qu’elle augmentera sa lactation.
Tous les signes d’insuffisance de lait proposés par la mère (pleurs du soir, tétées longues…) sont à discuter en fonction du contexte, ils ne constituent pas, à eux seuls, des signes de « pas assez de lait ». Rechercher les causes liées à l’efficacité, la durée ou la fréquence insuffisante des tétées (le bébé ne tète pas assez, dort trop, est apaisé par une sucette, prend mal le sein, il est malade…). Rechercher les causes liées à la mère (utilisation de protège-mamelons, pilule oestro-progestative, prise de médicaments ou de tabac, stress important…).
Les pleurs du bébé (pleurs du soir, besoin d’être porté…) sont souvent interprétés comme un manque de nourriture (I. Bayot), d’autant plus que cet enfant est allaité et « qu’on ne voit pas ce qu’il boit ». Une évaluation de l’efficacité de l’allaitement est nécessaire mais elle sera souvent normale.
Enfin, la croissance des enfants nourris au sein diffère de celle de la référence internationale (gain de poids supérieur les 2 premiers mois, suivis d’un gain inférieur entre 3 et 12 mois - Dewey 1995). Ces écarts, négatifs au premier abord, amènent à prendre des décisions inadéquates d’allaitement mixte ou de sevrage.
Dans la pratique, il devrait y avoir peu de situations dans lesquelles le professionnel de santé est amené à proposer l’allaitement mixte. L’augmentation du nombre de « consultants en lactation IBCLC »*, permettra dans les années à venir de leur adresser les mères qui présentent des difficultés d’allaitement non résolues.
Conclusion
La norme biologique pour l’espèce humaine est l’allaitement exclusif pendant 6 mois, suivi d’une diversification alimentaire progressive qui constitue un élément de l’ouverture de l’enfant vers l’extérieur. Mais la famille est inscrite dans une culture qui l’imprègne, et qui lui est également nécessaire. Notre culture française actuelle valorise l’alimentation industrielle et la séparation physique rapide de l’enfant avec sa mère. Pourrait-on leur laisser quelques mois, quand ils seront plus prêts d’un point de vue tout simplement physiologique ? Les pères actuels, en prenant une place plus grande dans leur famille, auprès de leur petit enfant et de leur compagne, peuvent accompagner cette relation privilégiée et pousser notre société à la respecter. Peut-on imaginer pour la France, comme dans d’autres sociétés qui allaitent avec plus de bonheur, que l’intervention de la société se fasse dans un sens de soutien et d’encouragement des mères ? Les associations de mères ont remis à l’honneur cette entraide admirable et efficace, les professionnels de santé (et les responsables de santé) pourraient-ils valoriser leur rôle et s’appuyer sur cette expérience ?
Le jour où toutes les mères françaises auront retrouvé la simplicité et le plaisir d’allaiter, où tous les pères auront découvert que l’allaitement les aide à construire leur famille, les enfants pourront téter autant qu’ils voudront, et on ne parlera plus jamais d’allaitement mixte…
Dr Claire LAURENT
Formatrice d’IPSN-Co-Naître, Consultante en Lactation attachée au service de médecine néonatale du Centre Hospitalier du Havre, secrétaire du CFDAM
Intervention à la JNA organisée par RENOAL – Caen – 19 mars 2004
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Peut être reproduit, imprimé ou diffusé à condition de mentionner la provenance de l'article.
Publié dans Les Dossiers de l'Allaitement n° 61, LLL France, octobre 2004
Merci de tous les commentaires qui remettent en cause l'article,
parce que je commençais à me dire que je suis une mauvaise mère là vraiment.
Je passe plus de deux heures par jour en compagnie de ma tireuse pour essayer le plus longtemps possible de nourrir mon bébé avec mon lait maternelle, et j'ai vraiment l'impression que je suis égoïste, alors qu'en fait, c'est un investissement de temps et d'énergie aussi. Malheureusement il consomme énormément (surement parce qu'il est grand!) et on doit compléter avec du lait maternisé (j'aurais voulu éviter mais VOILA, c'est loin d'être juste simple parce que naturel )
Mon bébé n'a jamais voulu prendre le sein, et j'ai demandé à toutes sortes de spécialistes des conseils, deux choses m'ont marquées:
- je n'essaye pas assez (il a presque 2 mois maintenant, à un moment donné il faut laisser tomber non? c'est dommage mais il ne va pas exploser et je suis fatiguée aussi, arrêtez de me dire de "faire un effort")
- je ne dois rien faire d'autre que d'être avec lui, en peau à peau toute la journée pour que ça marche..
Et ça ça me semble infiniment compliqué même si je lui consacre le plus de temps possible chaque jour, il y a des heures où il dort et je me lève et m'en vais faire autre chose, c'est la vie, je n'ai pas arrêter d'être une personne quand je suis devenue mère.
Je commence à me demander si les motivations de la LECHE league ne sont pas plus idéologiques que scientifiques.
D'ailleurs, en dehors du changement de flore intestinale et risque plus élevé d'allergie, personne n'a jamais su me dire ce qui posait tant problème avec le lait maternisé.. Vu le nombre de bébés uniquement nourris à l'artificiel dans le monde, (ne parlons même pas de mixte) ça se saurait s'ils étaient tous fragiles et perturbés maintenant non?^^
Bonjour La Leche League, bonjours les parents,
Merci pour les articles très complets et documentés sur l'allaitement maternel. Les parents devraient être mieux informés que durant les séances de préparation à la naissance, car les informations sur l'allaitement sont souvent insuffisantes (quid des tétées groupées ? de la fonction sécurisante et émotionnelle de la tétée ? du rythme, qui varie d'une dyade mère-enfant à l'autre ?)...
Par manque d'information, j'ai allaité mon premier enfant de façon mixte pendant 3 mois et demi, puis le sevrage a eu lieu sans que je ne sois prête. Mon garçon avait perdu du poids, un peu trop, à la naissance, et une préparation commerciale lui a été donnée dès la maternité. Pourtant, je me suis accrochée et je me suis battue (avec ma fatigue, mon énervement, ma frustration, mon conjoint et mon entourage) pour lui donner mon lait en priorité. Malheureusement le lait industriel a pris le dessus. Aujourd'hui mon fils va très bien. Mais j'ai voulu faire autrement pour le deuxième.
Actuellement, mon bébé de bientôt 4 mois est nourri exclusivement au sein, malgré quelques compléments ponctuels donnés pendant quelques jours en sortie de maternité (car hémorragie du post partum assez éprouvante et tétées ultra fréquentes engendrant de la fatigue). Il va bien, grandit et prend du poids de façon harmonieuse.
Oui mais.
Je fais partie des mères tiraillées entre deux modes de maternage antinomiques, comme le dit l'article. Très tiraillées. J'ai un lien très fort avec bb2, plus fort qu'avec bb1 (culpabilisation bonjour !), j'adore lui donner le sein, mais je déteste devoir interrompre mes activités. Et je déteste perdre mon indépendance. Ah oui, et j'aime dormir. Je dors bien peu depuis 4 mois, et c'est un problème. Je ne parviens pas à accepter cette promiscuité si merveilleuse, mais si contraignante. Suis-je égoïste ? Ne méritais-je point de devenir maman, moi qui n'ai jamais été dans le don de soi total et heureux ? Je n'ai à ce jour moi-même pas la réponse, et je défie quiconque de m'opposer une réponse ferme et définitive.
Je ne suis pas la seule à être ainsi. Et une chose est sûre, je mérite d'être aidée comme toutes les autres mamans.
Qui m'aide actuellement ? Mon conjoint, mes parents, la PMI, les sage-femmes et puéricultrices.
Chère Leche League, vous qui avez une renommée mondiale, militez-vous pour l'allongement du congé de maternité ET de paternité afin qu'ils soient alignés ? Ils sont où, les messieurs ? Loin d'être des spectateurs passifs qui rentrent tard le soir et regardent d'un air satisfait leur compagne donner le sein, ils ont un rôle prépondérant pour que l'allaitement soit réussi. Ils peuvent nous soutenir de jour comme de nuit, en prenant le bébé dans leurs bras au petit matin, en apprenant eux aussi à porter une écharpe, en assurant les tâches ménagères et les soins aux aînés quand leur épouse donne le sein au dernier né.
Expliquez-moi comment on fait pour cuisiner ou nettoyer la maison ou courir après un bambin tout en allaitant. Expliquez-moi comment on fait pour accepter de perdre énormément de liberté sans exploser en plein vol.
Certaines mères y parviennent, voire adorent ça. Et les autres ? On leur oppose une fin de non-recevoir ? On les laisse avec une impression infantilisante d'être de "mauvaises élèves" qui ne suivent pas les recommandations de l'OMS ?
Arrêter de travailler, prendre un congé parental... et la dépendance financière que cela engendre ? et les retraites précaires ?
Et le besoin de temps pour soi, en tant qu'être humain indépendant ?
Plus que jamais, le rôle du co-parent est prépondérant dans le maternage. Celui de la famille aussi. Soulager la mère pour qu'elle puisse sortir, militer, s'impliquer, s'amuser, travailler, "chiller". C'est important aussi.
En ce qui concerne l'écologie, on le sait, nourrir au sein est vertueux. Le biberon est une catastrophe écologique, oui, d'un point de vue objectif. Mais montrer l'image d'un bébé emprisonné dans un biberon, en souffrance, pour illustrer un article sur les méfaits du lait artificiel me semble déloyal. Cela effraie et culpabilise des mères souvent fragiles, en période de post partum. Et ce n'est pas juste. Ce ne sont pas les mères qui polluent, ce sont de grandes entreprises ayant la plupart du temps à leur tête... de bons pères de famille.
Pour un soutien à toutes les mères dans leur souhait d'allaiter. Et pour en faire une question politique, de société, et non une question d'essence féminine.
Sinon, il y a fort à parier que l'allaitement au sein ne décollera pas dans notre culture patriarcale.
Vive le féminisme, appelez-le égalitariste ou extrémiste. Et merci aux pères qui s'impliquent et donnent de leur temps, de leur patience et de leur énergie pour prendre leur part.
Sophie, je pense que vous trouverez la réponse à vos questions sur cette page : https://www.lllfrance.org/vous-informer/promotion-et-protection-de-l-allaitement/1683-laits-de-suite-et-laits-de-croissance
Bonjour,
Ma fille a 13 mois et je l’allaite exclusivement (en tirant mon lait et en lui donnant en biberons). J’ai suffisamment de lait et tout se passe très bien. Ma pédiatre m’a annoncé que je devais désormais lui donner du lait de croissance 3e âge car le lait maternel n’était pas assez riche en fer. J’étais surprise car je pensais passer directement au lait de vache entier (un jour, pas tout de suite) sans avoir à acheter de lait infantile. J’aimerais savoir ce que vous en pensez ? Merci par avance. Sophie
Mon fils jamais allaité, pas une goute. Préma, il n’a pas été malade avant ses 6 mois au moins. Après quoi... une otite vers 8 mois... une petite gastro vers 12 mois... pas mal de bronchites entre 18 et 22 mois à la crèche. Puis la crêche a fermé depuis 6 mois ou je vie à cause du covid et il n’a jamais plus été malade. Il a maintenant 29 mois.
J’ai pas été allaitée non plus j’ai quasi rien eu. Mon frère pareil. Mon mari pareil. Ses 5 soeurs pareil.
On met bcp trop de pression sur les mères. Comme si c’était pas déjà assez dur comme ca...
Je suis désolée que cet article soit aussi mal compris.
Avez-vous lu l'avertissement ? Il ne s'agit pas dans ce texte de juger le fait de donner des biberons à côté du sein. Pour ce qui est de continuer l'allaitement après la reprise du travail, sans nécessairement tirer son lait, vous trouverez de l'aide dans le dossier Travail et allaitement : https://www.lllfrance.org/vous-informer/votre-allaitement/l-allaitement-au-fil-du-temps/1229-travail-et-allaitement
Cet article ne dit qu'une chose : croire qu'on peut, dès la naissance, faire du mixte, moitié sein moitié biberon est illusoire. Dans l'immense majorité des cas, cela se conclut par un arrêt du sein dans les premières semaines.
C'est tout.
Bonjour,
merci @Amandine pour votre commentaire, en lisant cet article j'ai commencé à me sentir mal et culpabiliser ne serait-ce que d'envisager de passer à un allaitement mixte. Je suis convaincue des bienfaits inégalables de l'allaitement exclusif et cela fait bientôt 3 mois que mon bébé tête, au début à la demande avec des douleurs insupportables mais je me suis accrochée et, si je continue de mettre mes seins à sa disposition dès qu'il le veut et le temps qu'il souhaite (de jour comme de nuit), il a lui-même instauré un rythme assez régulier de tétées toutes les 3 à 4h. Dans un monde idéal je continuerais comme ça, en lui donnant la priorité malgré la fatigue, les nuits trop courtes, un diastasis douloureux et la charge mentale que toute mère se trimballe au quotidien, juste parce que je sais que c'est ce que je peux lui donner de mieux. Seulement dans ce monde réel, il va falloir que je reprenne le travail et que je laisse mon bébé de 3 mois à la crèche, ce qui me fend le cœur. Je voudrais avoir la volonté de tirer mon lait au travail pour qu'il puisse lui être donné au biberon à la crèche mais j'ai déjà du mal à trouver le moment de le faire chez moi sans être stressée d'avance du résultat (au mieux 20ml par sein par 15 minutes de tirage) alors au boulot je ne m'imagine même pas pouvoir le faire de manière détendue et que ça fonctionne. Vous me diriez alors que je ne me donne pas les moyens, que je n'ai pas la volonté de faire le choses bien pour mon bébé et sa santé. Je fondrais probablement en larmes et vous dirait que je sais bien que l'allaitement mixte n'est pas le mieux mais vous demanderais quand même si mon amour inconditionnel et ma volonté d'essayer de faire du mieux que je peux ne pourraient pas suffire? Je voulais trouver du réconfort sur votre site et des conseils pour mettre en place cet allaitement mixte mais à la place je me sens nulle et coupable.
Bonjour à toutes les mamans
J’ai eu trois enfants
Pour le troisième j’ai fait du MIXTE assez vite. MAIS avec un seul biberon d’artificiel au départ par 24h.
Pas le choix : tumeur au sein, allaitement d’un seul sein sans mamelon (tirage de lait) pendant 8 mois.
Merci aux article lèche league qui m’ont confirmé qu’on peut même allaiter d’un seul sein!
Pour moi le tire list à très bien fonctionné. Papa a pu donner rapidement le biberon de mon lait.
Le sommeil m’a aussi permise de produire plus.
Pour bb1 allaitement exclusif avec embout (pas de tétons) et sevrage de sa part à 5 mois. Il en pouvait plus.
Pour bb2 la grippe a eu raison de ma production de lait à 2,5 mois et j’avais commencé le mixte.
Donc pour moi il est très difficile d’établir un lien entre mixte et sevrage. Il y a le facteur sommeil épuisement et alimentation qui joue beaucoup.
Bref l’allaitement est tout un voyage familial, où la maman doit être le capitaine du navire.
J’ai longtemps envié ces dames avec des beaux tétons et de gros seins. Après 3 allaitements totalement différents et uniques je me rend compte que cela ne fait pas tout.
C’est long c’est dur, on ne le dit pas assez. Ce n’est pas facile. Cela ne tient pas qu’à la maman
Il faut s’écouter et s’autoriser. Nous sommes des femmes libres.
Tout comme beaucoup de commentaires que j'ai pu lire, je trouve cet article trop tranché.
Autour de moi, j'ai l'impression que les mamans qui n'ont pas réussi à maintenir un allaitement mixte faisaient surtout face à deux freins: soit un sérieux manque de motivation, soit un épuisement général.
J'ai très mal commencé mon allaitement puisque mon bébé ne demandait pas suffisamment le sein; et malgré qu'il soit né dans un hôpital "ami des bébés", je n'ai pas eu l'information sur les enfants qui ne demandent pas. Et c'est donc à mon plus grand malheur que Bébé s'est vu octroyer des biberons à l'âge de ... deux semaines! Par une sage-femme pro allaitement! J'ai préféré cela à un séjour en hôpital.
Je n'ai effectivement jamais réussi à corriger le tir pour revenir à un allaitement exclusif. En fait, j'ai sûrement raté le moment où notre corps apprend la quantité nécessaire.
Ben ça fait 7 mois que j'allaite mon bébé en mixte, il va bien, il prend aussi bien le sein que le biberon, n'est pas malade. Il mange maintenant toute sorte de purées et morceaux de fruits (DME, mais de temps en temps).
J'ai repris le travail et je ne tire pas mon lait, pour éviter d'être trop épuisée, je privilégie la relation avec mon fils qu'avec un tire-lait, et cela me permet de rentrer à la maison plus vite, et d'être avec lui pour des vraies tétées de retrouvailles.
Et en plus, comble de l'horreur, mon mari et moi lui imposons des horaires réguliers! Et pourtant, ça marche très bien ! Le seul bémol, c'est que j'aurais voulu un allaitement exclusif "parce que c'est ce qu'il y a de mieux pour le bébé". Mais le mieux, c'est que tout le monde y trouve son compte non? Mieux vaut un mixte qui dure (c'est possible! Je n'envisage pas d'arrêter avant ses un an) qu'un exclusif qui s'arrête au bout d'un mois, à mon avis.
Déculpabilisons et soutenons les mamans qui n'y arriveront jamais, parce que ce déjà celles qui souffrent de cette situation. Nous aurions tant voulu un allaitement exclusif, et pourtant, les circonstances ne nous le permettent pas.
LLL, si tu me lis, sache que les personnes qui viennent sur ce site sont déjà convaincues du bien fondé de l'allaitement et souhaitent réussir. Alors sois moins tranché dans tes propos au risque de dégoûter celles qui galèrent et font tout pour réussir, parole de prof. On veut des conseils, du concret, des paillettes dans nos vies Kevin, du soutien. J'ai envie d'entendre : "Amandine, ça fait 7 mois, t'as géré, continue aussi longtemps que possible. Montre-nous que tu peux battre des statistiques défaitistes, c'est ce dont a besoin ton enfant."
Ps: c'est quand même cool d'avoir des articles scientifiques et des statistiques, mais c'est plutôt la manière de présenter.
Merci pour cet article impressionnant de valeurs qui devraient être évidentes dans notre société si savantes! Valeurs pour lesquelles j'ai eu a me battre pour parvenir à allaiter 8 mois mes 2 premiers enfants, et pour lesquelles je suis en train de me battre ( contre famille, amis et papa) pour allaiter 8mois mon petit bouchon ( 3kg grace aux laboratoires Gallia, je suis dégoûtée)
Maintenant, je sais que rien n'est perdu, et qu'il n'y a qu'en m'isolant dans une PMI, ou je trouverai du personnel bienveillant et patient, que lui et moi parviendrons à surmonter cette étape au biberon.
Bises
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