Publié dans le n° 140 d'Allaiter aujourd'hui, juillet 2024. Numéro en vente dans la boutique.
Illustration tirée de l'article Everything You Need to Nurse Your Baby (soit : tout ce dont vous avez besoin pour allaiter votre bébé. Vraiment ?).
Au cours des trente dernières années, le pourcentage de femmes françaises démarrant un allaitement n’a eu de cesse d’augmenter, passant de 45 % en 1995 à près de 70 % ces dernières années (1).
Dans le même temps, le nombre de produits et ustensiles proposés sur le "marché de l’allaitement" a explosé et représente un gros chiffre d’affaires (2).
Ceux-ci sont-ils tous utiles/nécessaires ? Comme on le voit dans les témoignages, un même produit/ustensile peut être considéré comme utile, voire indispensable, par certaines, alors que d’autres le verront comme complétement inutile, voire nocif dans certains cas.
Essayons donc de faire le point sur chacun d’eux.
Crèmes, pommades, etc.
Commençons par le commencement : nul besoin de se badigeonner d’huile ou de crème pour "préparer" ses seins avant l’accouchement, ils se préparent très bien tout seuls !
De même, une fois le bébé là, rien ne sert de se tartiner les seins de pommades diverses dans le but d’éviter les crevasses : si certains produits (notamment la lanoline purifiée (3)) peuvent aider à leur cicatrisation quand elles sont là, ils n’ont pas pour autant d’effet préventif.
Surtout, il existe un produit naturel, toujours disponible, qui a une odeur familière au bébé, un bon goût, est non allergisant et efficace, car rempli d’anticorps (pour éviter une surinfection) et de facteurs de croissance (pour régénérer la peau) … et gratuit, c’est le lait maternel !
Ainsi, on peut, à la fin de la tétée, étaler sur le mamelon et l’aréole un peu de colostrum ou de lait de fin de tétée.
On peut également, en cas de crevasses les premiers jours, faire des "pansements de colostrum", qui sont de vrais concentrés d’anticorps. Par contre, il n’est pas recommandé de faire des pansements de lait maternel sur des crevasses, des plaies qui peut-être durent depuis plusieurs jours, et pourraient être infectées par un germe ou un champignon (Candida). En effet, l'utilisation d'un pansement occlusif sur une muqueuse, la plaque aréole-mamelon, fait office d'étuve, ce qui peut générer la multiplication des germes et des Candida et, dans certains cas, conduire à une mastite infectieuse.
Des compresses Hydrogel (diverses marques) peuvent également soulager en rafraîchissant des mamelons douloureux, mais contrairement au lait maternel, ce n’est pas gratuit !
Des coussinets thérapeutiques fabriqués à partir de pansements Polymen soulagent et réparent considérablement les mamelons blessés. Ils peuvent aussi être utilisés en cas de lésions suite à un abcès. Ils ont également un coût.
Coupelles, coquilles, coussinets
Très nombreux sont les dispositifs visant à contrer les "fuites" de lait (à noter que certaines mères n’en auront jamais ou juste les premiers temps) : coupelles recueil-lait, coquilles "protège-mamelon", coussinets jetables, coussinets lavables, coussinets en silicone LilyPadz (qui fonctionnent non par absorption mais par compression : en appuyant sur le bout du sein, ils empêchent l’écoulement du lait)…
Les coussinets lavables sont faciles à confectionner soi-même. Cherchez sur votre moteur de recherche "coussinets d’allaitement à faire soi-même", et vous trouverez plein de tutos. Il est vrai que ce n’est pas de la couture compliquée ! Encore plus simple : utiliser de simples mouchoirs en coton doux pliés en quatre.
Et encore moins cher : comprimer le mamelon (en appuyant directement dessus ou en croisant fermement les bras sur la poitrine) peut suffire à stopper l’écoulement de lait !
À savoir : certains dispositifs antifuites risquent, en appuyant sur l’aréole, de… favoriser les fuites.
Coquillages, coupelles en argent, coques en cire d’abeille
Que pensez de ces produits apparus récemment ?
Vrais coquillages polis ou coupelles en argent (aussi appelées "silverettes"), certaines mères en sont vraiment fans (4), elles apprécient la sensation de fraîcheur, l’absence de frottement, l’aide à la cicatrisation de par la présence de lait maternel dedans.
Dans tous les cas de figure, il est nécessaire de respecter une hygiène rigoureuse pour éviter un milieu propice à la macération.
À noter qu’à l’heure actuelle, aucune étude à notre connaissance ne s’est penchée sur l’efficacité de ces dispositifs.
Pour éviter tout frottement à un mamelon irrité, il existe également des coquilles "protège-mamelon", dotées de nombreux trous pour laisser circuler l’air.
En cas de mamelons plats ou ombiliqués
Beaucoup de femmes se font dire qu’elles ont les mamelons plats et qu’elles auront donc des difficultés à allaiter. À l’examen, très souvent, les mamelons s’avèrent tout à fait normaux. Donc première chose : faire vérifier !
Si le mamelon est effectivement plat, voire rétracté, mais qu’une pression douce permet de le faire ressortir, pas d’inquiétude à avoir : la succion du bébé, si elle est bonne, le fera aussi ressortir. Sachant par ailleurs que ce n’est pas seulement le mamelon que le bébé a en bouche quand il tète, mais une bonne partie de l’aréole.
Si, par contre, tout ou partie du mamelon reste invaginé dans le sein, les débuts de l’allaitement risquent d’être plus compliqués.
Pour remédier au problème, on a suggéré le port de coupelles ou "forme-mamelons" (5) dans le soutien-gorge, à partir du dernier trimestre de la grossesse, et/ou les exercices dits "de Hoffmann" (pressions fermes des pouces à la base du mamelon) destinés à assouplir le tissu péri-mamelonnaire. Mais l’efficacité de ces techniques a été fortement remise en cause par une étude datant de 1992, où l’on a demandé à des femmes ayant au moins un mamelon plat ou rétracté de porter des coupelles, ou de faire les exercices de Hoffmann, ou les deux, ou de ne rien faire. Résultat : le taux d’allaitement à l’arrivée était le plus élevé… chez celles qui n’avaient rien fait !
Depuis, deux nouveaux produits sont arrivés sur le marché : la Niplette, et le LatchAssist, petit bulbe en caoutchouc sur un embout. Avec ces deux produits, il s’agit de créer un vide qui aspire le mamelon (à utiliser juste avant la tétée). Même si des mères en sont satisfaites, il n’existe pas à notre connaissance d’étude un peu vaste sur leur efficacité.
Dans tous les cas, l’important sera de veiller à une bonne prise du sein par le bébé, qui arrivera généralement à faire ressortir le mamelon, même si ce dernier rentre à nouveau dans le sein dès que le bébé le lâche.
Et si les mises au sein sont vraiment trop douloureuses, on pourra utiliser un bout de sein, voire faire du tire-allaitement.
Bouts de sein : attention
Les bouts de sein (BDS) sont sans doute l’ustensile qui déchaîne le plus de passions. Pour certaines, ils ont sauvé leur allaitement et n’ont eu aucune incidence négative. D’autres y ont vu la cause d’une baisse de lactation et ont eu beaucoup de mal à s’en débarrasser (6).
En octobre 2023, la CoFAM (Coordination Française pour l’Allaitement Maternel) a publié une revue de la littérature qui plaide pour un "usage raisonné" des bouts de sein (7). On peut y lire : "Il est prudent d'éviter le BDS dans la phase colostrale, car les quelques millilitres de colostrum émis y restent piégés et sont perdus. Mieux vaut l’expression manuelle du colostrum pour le donner directement au bébé ou au moyen d'une cuillère, d'une pipette [...] C'est souvent au troisième jour qu'apparaît le BDS, quand les difficultés à saisir le mamelon sont les plus grandes. Mais comme le temps de la sortie suit de peu, les femmes sont renvoyées chez elles tributaires de cet accessoire. S'il a pu aider au démarrage de l'allaitement, il est légitime d'inciter les mères à s'en passer sans tarder dans un souci de simplification et d'hygiène [...] D'autre part, la dépendance à cet accessoire est une contrainte en contradiction avec le naturel de l'allaitement. Il est souhaitable d'intervenir le plus tôt possible avant d'observer une possible chute de la lactation et que mère comme enfant ne soient trop habitués à cette routine."
À savoir : les bouts de sein existent en différentes tailles, pour bien s’adapter à la morphologie du mamelon. Il est possible d’utiliser les doigts de la main pour avoir une idée de la taille du BDS : un mamelon de la taille du petit doigt d’une main ordinaire correspond à la taille S, le majeur à la taille M (taille standard, soit 24 mm), le pouce à la taille L. D’autre part, il existe des réglettes pour mesurer les mamelons, spécifiques à chaque marque de BDS.
Coussins d’allaitement
Là aussi, certaines ne jurent que par leur coussin d’allaitement, d’autres se plaignent qu’il "vieillit" mal (surtout le modèle rempli de billes), voire qu’il leur fait mal au dos.
En effet, si l’on pose le coussin, puis qu’on pose le bébé dessus, et qu’on se penche vers lui, aïe, aïe, aïe, il est fort probable que la prise du sein ne sera pas bonne et/ou que la mère se fera mal au dos.
Pour Anne Catteau, animatrice de LLL Flandres, "le coussin d'allaitement est super pour le confort des mamans de jumeaux. Pour les autres, il est important qu'il serve d'abord à la maman, qu'elle s'en fasse des accoudoirs. Si elle s'installe bien penchée vers l'arrière – position "transat" ou "bain de soleil" –, le bébé sera enroulé autour d'elle, une grande partie de son poids sera réparti sur le torse, et le bras de la maman ne servira plus à porter le bébé, mais juste à le maintenir".
Attention aussi à ne pas devenir dépendante du coussin, au risque de ne plus pouvoir allaiter sans lui. Pour allaiter "partout tout le temps", ce n’est pas idéal !
Tisanes etc.
La peur de "manquer de lait" étant malheureusement très répandue, beaucoup de marques proposent maintenant des "tisanes d’allaitement", des "biscuits d’allaitement", des "snacks d’allaitement"... censés contenir des
ingrédients galactogènes et donc booster la lactation.
Que certains de ces produits puissent éventuellement donner un petit coup de pouce, pourquoi pas ? Mais disons-le haut et fort : c’est le fait que les seins sont très régulièrement "vidés", soit par le bébé soit par le tirage (à la main ou au tire-lait) soit par les deux, qui fait fabriquer du lait. Le bébé est le meilleur galactogogue qui soit !
Sans compter qu’on peut découvrir un jour que certains de ces produits ne sont pas aussi anodins qu’on le croyait. Voir l’exemple des infusions de fenouil... (8)
Soutien-gorge
Contrairement à ce qui existait il y a une vingtaine d’années, où l’on ne trouvait que quelques rares spécimens plutôt austères et tristounets, les marques ont multiplié les modèles, tous plus affriolants (et chers) les uns que les autres. Mais même si l’on peut avoir envie de rester sexy en allaitant, ce genre d’achat n’est vraiment pas une obligation.
On peut en effet très bien utiliser un soutien-gorge "ordinaire" dans lequel on se sent bien, qui ne comprime pas les seins et sans armatures (sinon, gare aux canaux bouchés…), et l’adapter à l’allaitement. Il suffit pour cela de découdre ou couper les bretelles au niveau des bonnets, puis d’y coudre soit des attaches de maillot de bain, soit des agrafes de soutien-gorge, soit des boutons pression. On trouve facilement des tutos sur Internet en cherchant "fabriquer un soutien-gorge d’allaitement".
On peut aussi, sans aucune couture pour le coup, utiliser une simple brassière souple, qu’on peut facilement abaisser ou remonter pour dégager le sein, sans rien avoir à décrocher.
On peut même, sauf si l'on a une poitrine lourde et volumineuse, se passer de soutien-gorge (9).
A contrario, certaines pourront avoir besoin d’un soutien spécial pendant la tétée, afin que le poids de leurs seins ne gêne pas la succion du bébé. On a depuis toujours conseillé dans ce genre de cas de coincer sous le sein une serviette éponge roulée. Il existe maintenant au moins deux dispositifs qui ont le même effet de soutien et de rehaussement du sein : le Breast Sling, une sorte de "porte-sein", et le Utterly Yours Breast Pillow, un petit coussin triangulaire en mousse qu’on coince sous le sein.
Dernière innovation en date : F'Latté, un soutien-gorge absorbant (qui promet un maintien au sec pendant 12 heures) pour lequel nous n’avons pas encore eu de retour.
Vêtements d’allaitement
Longtemps, on n’en a pas trouvé en France et il fallait les acheter aux États-Unis si on en voulait. Aujourd’hui, on en trouve facilement, en boutique ou sur Internet, à des prix plus ou moins élevés.
Mais sont-ils vraiment nécessaires ? La bonne vieille méthode consistant à porter un haut et un bas séparés, le haut (chemise, T-shirt, sweat-shirt, pull…) étant assez large et vague pour être facilement soulevé, n’est-elle plus valable ? Bien sûr que si ! Pour raffiner, on peut superposer deux hauts, ce qui permet, en en soulevant un et en abaissant l’autre, de ne pas se retrouver le ventre à l’air.
On peut aussi adapter des vêtements existants, par exemple en créant une fente dans un pli. On peut enfin, si l’on a la fibre couturière, confectionner soi-même des vêtements spécial allaitement. Là encore, Internet regorge de patrons de robes, nuisettes, pulls et débardeurs.
Allaiter sous cape ?
L’une des raisons pour lesquelles on peut avoir envie de vêtements adaptés à l’allaitement, c’est le souci d’être discrète, de ne pas exposer plus de "chair" que nécessaire. Mais jusqu’où aller dans la discrétion ? Et certains produits faits pour l’assurer ne risquent-ils pas d’avoir exactement l’effet inverse ?
Pensons par exemple au "bavoir d’allaitement" qu’on s’accroche au cou et qui couvre le sein et le bébé, créé aux Etats-Unis et qu’on trouve maintenant aussi en France (qu’on peut bien sûr très facilement confectionner soi-même : un grand bavoir, ce n’est pas bien compliqué…). Ou le chapeau pour bébé à très larges bords, qui cache le sein complétement. Ou encore, le fauteuil cache-allaitement, dont le dossier pourvu de larges oreillettes cache le sein et le bébé aux regards.
Dans les témoignages, on trouve à la fois des mères très satisfaites d’utiliser ce genre d’objet, et d’autres qui trouvent ça compliqué, "car bébé tire dessus et s’énerve ; les gens regardent, mais plus pour savoir ce que je fais, car bébé est complétement couvert." (10)
Eh oui, les bébés n’aiment généralement pas se retrouver "sous cape", et ces "bavoirs d’allaitement" aboutissent souvent à l’effet inverse de celui recherché : au lieu d’être discrète, on se fait remarquer. Comme l’écrit Diane Wiessinger à propos des bavoirs, tabliers, couvertures…, il pourrait aussi bien y avoir écrit dessus en gros "IL Y A UN BÉBÉ EN TRAIN DE TÉTER LÀ-DESSOUS" !
Sans compter que s’il l’on veut vraiment cacher le bébé en train de téter, un simple châle peut faire l’affaire et attirera beaucoup moins l’attention.
Colifichets
Dans cette veine, on trouve pêle-mêle : le collier d’allaitement (à se mettre autour du cou pour "occuper" la main du bébé au lieu qu’il tripote l’autre sein, les cheveux, le grain de beauté, etc., ce que certaines mères trouvent particulièrement énervant…) ; la "bague d’allaitement" (qui remplace l’épingle à nourrice pour savoir si l’on a donné le sein droit ou le sein gauche à la dernière tétée…), le bracelet d’allaitement (pour noter l'heure de la dernière tétée…) ; les bijoux faits à partir de lait maternel…
Tirer son lait
Loin des colifichets, le tire-lait est un produit qui a toute son utilité dans un certain nombre de circonstances.
Mais comme le rappelle Marie Courdent (animatrice LLL, puéricultrice, consultante en lactation et titulaire du DIULHAM), «"on oublie que tirer son lait à la main est ce qu’il y a de plus pratique, de plus silencieux, de plus économique et de plus hygiénique (pour peu que l’on se soit lavé les mains au préalable). C’est un coup de main qui s’apprend vite et peut rendre de grands services" (11) .
Sinon, choisir un tire-lait dépendra de l’usage que l’on veut en faire. S’il s‘agit de lancer une lactation car le bébé est hospitalisé ou s’il faut stimuler la production de lait, le choix ira directement vers les bons tire-lait électriques double pompage dont la location est remboursée.
Quand une mère qui allaite un nourrisson veut disposer ponctuellement de lait réfrigéré ou congelé, elle peut utiliser un tire-lait manuel moderne. Pas de bruit, pas de prise de courant, juste l’énergie manuelle.
Un compromis entre les tire-lait électriques en location et les tire-lait manuels consiste à acheter un tire-lait mini électrique, soit à piles rechargeables soit sur secteur.
Dans tous les cas de figure, il est important de choisir la bonne taille de téterelles, qui peut être différente d’un sein à l’autre, et changer au fil de l’allaitement. Pour les très petits mamelons, on trouve sur Internet des inserts de téterelle qui permettent de réduire la taille du tunnel jusqu’à 15 mm et même 13 mm. Bien vérifier leur compatibilité avec le tire-lait utilisé..
Pour tirer son lait en gardant les mains libres, un bustier (qu'on peut fabriquer soi-même) peut être utile.
Et pour avoir vraiment les mains libres et pouvoir vaquer à ses occupations tout en tirant, on dispose depuis peu de modèles nomades (plusieurs marques, à des prix très variables) qui se placent dans le soutien-gorge (là, il faut un soutien-gorge !). On met parfois en doute leur "rendement", mais celles qui les ont utilisés en sont généralement très satisfaites.
Les recueil-lait en silicone diffèrent des tire-lait : le lait sort par aspiration grâce au vide réalisé sur le corps souple du recueil-lait. On peut ainsi recueillir un peu de lait avant une tétée, sur le sein controlatéral pendant la
tétée, entre deux tétées en urgence..., car il peut se glisser dans le sac à main.
Pour conserver ce lait tiré, on peut bien sûr acheter tout un tas de récipients ad hoc (petits pots de conservation, sacs de congélation spéciaux...), mais on peut tout aussi bien utiliser des sacs de congélation ordinaires (parfois doublés pour éviter une fissure pouvant provoquer une fuite de lait à la décongélation), des sacs à glaçons ordinaires, des bacs à glaçons, des petits pots pour bébé en verre, des pots à confiture, des pots à yaourt en verre, des petites bouteilles de jus de fruit en verre, etc.
Pour le transporter, il existe des sacs spéciaux permettant de transporter soit uniquement le lait, soit également le tire-lait. Mais une glacière portative, voire un sac isotherme ordinaire avec un pain de glace réfrigérant, peut très bien convenir et reviendra moins cher.
Et pour le (faire) donner au bébé, pas besoin d’acheter des biberons (qui comportent toujours le risque de perturber la succion du sein), d’autres contenants peuvent très bien faire l’affaire : cuillère, pipette, seringue à médicaments, petit gobelet sans couvercle, tasse à bec, paille...
DAL, Lact-Aid
Nous terminerons ce tour d’horizon par un matériel très spécifique, qui rend un réel service à des mères dans des situations particulières : le DAL (Dispositif d’aide à la lactation) ou le Lact-Aid, un fin tuyau en silicone fixé sur l’aréole et relié à un flacon suspendu au cou de la mère, qui apporte du lait au bébé qui tète donc à la fois le sein et le tuyau ; ce qui permet d’éviter les biberons, de stimuler la fabrication du lait, et de garder le bébé au sein même si la mère ne peut pas produire suffisamment.
Si le bébé est dans l’incapacité de téter au sein, la sonde peut être fixée avec du sparadrap sur le doigt d’un des parents ou d’un professionnel de santé, le bébé tétant le doigt propre, pulpe tournée vers le palais pour éviter de griffer celui-ci avec l’ongle.
Cette technique de "sonde au doigt" peut dépanner en cas d’absence de la mère, mais n’apprend pas au bébé à ouvrir grand la bouche comme il le ferait au sein et a donc des indications limitées chez un nouveau-né pour qui il est vraiment préférable d’utiliser la "sonde au sein". Le pédiatre canadien Jack Newman utilise la "sonde au doigt" uniquement pour calmer un bébé avant de lui proposer le sein. Elle est parfois proposée à la reprise du travail pour un nourrisson qui maîtrise bien la succion
au sein.
À savoir : on peut fabriquer sans difficulté un DAL « fait maison » (12).
Cette solution artisanale (une sonde plongée dans un flacon contenant le lait) est maintenant commercialisée. Un de ces nouveaux modèles ("Système de nutrition supplémentaire") propose une sonde très fine qui peut éviter que certains bébés, plutôt futés, finissent par comprendre que le lait vient de la grosse sonde à nutrition gastrique et fassent glisser leur bouche pour ne prendre que la sonde.
Bridget Ingle, IBCLC venue d’Australie pour une JIA, précisait que l’utilisation d’un DAL maison est acceptable quand on pense que ce sera ponctuel, mais que dès qu’on sait que cela va durer plus de quinze jours, il faut partir tout de suite vers un "vrai" DAL. Le nouveau modèle cité ci-dessus peut être une option intermédiaire intéressante.
Enfin, pour encourager un bébé à téter le sein, on peut utiliser l’alimentation "goutte à goutte" qui, pour le coup, ne nécessite comme matériel qu’une simple cuillère (ou un compte-gouttes) (13).
En conclusion
On arrive avec le DAL au cœur de la contradiction concernant le matériel autour de l’allaitement.
Comme on l'a dit, le nombre de femmes allaitantes ayant beaucoup progressé depuis trente ans, elles sont devenues un marché intéressant et sont la cible de propositions commerciales en nombre toujours croissant, pour des produits plus ou moins utiles qu’on leur présente comme indispensables.
Et d’un autre côté, des femmes qui n’auraient auparavant jamais eu l’idée d’allaiter en raison de difficultés particulières en ont maintenant envie et peuvent susciter l’invention de nouveaux produits susceptibles de les aider.
Aux femmes, bien informées, à faire le tri entre l’utile, l’inutile et le nocif !
Claude Didierjean-Jouveau
avec Marie Courdent
Utilisation d’accessoires pour l’allaitement maternel à 1 mois :
- parmi les 2427 mères qui allaitaient à la maternité, 59,5 % déclaraient, à 1 mois, utiliser des accessoires, 16,5 % n’en utilisaient pas et 24 % n’ont pas répondu ;
- plus de la moitié des mères ayant précisé le type d’accessoires (56,4 %) avaient utilisé un tire-lait, ce qui représentait un peu plus d’un tiers des mères allaitantes ;
- pour les autres accessoires, les pourcentages d'utilisation étaient les suivants : soutien-gorge 84,1 % ; coussinets d’allaitement 80,8 % ; crème pour les mamelons 71,1 % ; bouts de seins 36,5 % ; coques 19,6 % ; autres (coussins d’allaitement, compresses…) 2,9 %.
(Extraits de l'étude Epifane 2012-2013 sur l'alimentation des nourrissons pendant leur première année de vie, page 25).
Notes
(1) Même si le chiffre chute après les tout premiers mois et qu’il stagne depuis quelque temps.
(2) Les analystes prévoyaient que le marché des tire-lait et autres accessoires d’allaitement connaîtrait, aux États-Unis, une croissance de près de 6 % par an. Au niveau mondial, il devait atteindre en 2020 1,2 milliard de dollars pour les tire-lait et environ le double pour les accessoires. Sachant que les États-Unis représentaient, en 2013, 63 % de ce marché. Voir Le business du maternage proximal.
(3) Attention, même si la lanoline purifiée est censée ne pas être allergisante, on a vu des cas d’allergie à la lanoline.
(4) Voir la page du site Coquillages, coupelles en argent, qu'en penser. À noter que les coquillages existent en différents diamètres (si on se les prête entre femmes, le diamètre de la plaque aréolo-mamelonnaire de l'une peut être différent pour l'autre).
5. Il peut être intéressant de couper à la taille du mamelon la pointe du bonnet du soutien-gorge pour laisser la possibilité à un mamelon "timide" de sortir un peu. Et aussi de ne pas porter le soutien-gorge en permanence, ce qui évite la compression du mamelon.
(6) Voir sur le site la page Se sevrer d’un bout de sein.
(7) https://www.cofam-allaitement.org/bout-de-sein-en-silicone-son-utilisation-est-elle-un-obstacle-a-lallaitement/
(8) Voir sur le site le dossier Galactogogues.
(9) Voir Soutien-gorge, en avoir ou pas.
(10) Voir Allaiter aujourd’hui n° 131 Allaiter partout tout le temps.
(11) Voir cette page https://allaitement.ca/allaitement/lexpression-manuelle-du-lait-humain/, et http://m2b79.free.fr/Marmet.pdf
(12) Dépliant détaillant le matériel nécessaire, le montage du dispositif, l'entretien de la sonde, la mise en place pour la tétée, à télécharger en bas de cette page.
(13) Voir sur le site L'alimentation goutte à goutte.
Ressources
Vous trouverez beaucoup d’informations complémentaires sur le site dans les dossiers :
- Le matériel autour de l’allaitement
- Tirer son lait
- Conservation du lait maternel
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