Dans un contexte d’augmentation mondiale du taux de diabète, de même que des décès qui y sont associés, il convient de ne pas sous-estimer l’effet potentiel de l’allaitement sur la diminution de cette épidémie (communiqué de LLLI).
Communiqué de LLLI à l'occasion de la Journée mondiale de la santé, 7 avril 2016
En cas de diabète gestationnel, allaiter diminue le risque d'avoir plus tard un diabète de type 2
- Diabète gestationnel et allaitement, quelques études
Mères diabétiques et allaitement
- Expression anténatale du colostrum chez des femmes diabétiques, voir ICI et ICI
- Traitement du diabète pendant qu'on allaite. Voir le Coin du prescripteur "Médicaments des troubles de la glycémie" paru dans les Dossiers de l'allaitement n° 87. À télécharger en bas de page.
Lactmed à propos de la metformine (Effects in breastfed infants) :
"Sept nourrissons âgés de 5 à 25 mois dont la mère prenait de la metformine (date de début et durée non précisées) ont été jugés en santé, leur croissance et leur développement ont progressé comme prévu. Deux des nourrissons avaient également des résultats normaux aux Denver Developmental Screening tests [1].
Trois nourrissons âgés de 2, 5 et 14 mois dont la mère prenait 500 mg de metformine deux fois par jour n'ont présenté aucun effet indésirable décelable de la metformine [3].
Chez 3 nourrissons allaités au sein (étendue non précisée) âgés de 10 à 11 jours après l'accouchement dont la mère prenait une dose moyenne de metformine de 9,6 mg/kg (intervalle de 7,5 à 12,4 mg/kg) par jour, aucun des nourrissons n'avait un taux de glycémie faible. Leurs mères n'ont signalé aucun effet indésirable chez les nourrissons [4].
92 mères de 111 nourrissons ont reçu une dose moyenne de 2,2 g de metformine par jour (de 1,5 à 2,55 mg par jour) pendant la grossesse et après l'accouchement. Un essai prospectif en aveugle non randomisé d'une durée de six mois a suivi 61 nourrissons principalement allaités et 50 nourrissons nourris au lait industriel. Les observateurs n'ont constaté aucune différence dans les résultats à 3 et 6 mois entre les deux groupes de nourrissons en ce qui concerne la taille, le poids, le développement moteur et social ou le taux de maladie [6] [7]."
- Mères allaitantes diabétiques, quelques études
Allaiter un enfant diabétique
- Allaitement du bébé diabétique
- DA 154 : Allaitement du bébé souffrant de diabète de type 1
- Allaitement du bébé ou du jeune enfant souffrant de diabète insulinodépendant, protocole clinique #27 de l'ABM
Thomas : Le diabète de Mia a été diagnostiqué à 8 mois. Je ne reviendrai pas sur les modalités de traitement, mais sur la particularité d'un bébé "encore" allaité à 8 mois. Elle était diversifiée depuis ses 5 mois. Une diversification menée par l'enfant. C'est-à-dire qu'elle a toujours mangé des morceaux, et à ce moment-là, les quantités de solides qu'elle prenait étaient faibles comparées à la quantité de purées et autre compotes que peut prendre un bébé de 8 mois diversifié de façon "traditionnelle". De plus, elle était allaitée à la demande.
Voilà donc les deux éléments qui ont posé problème à l'ensemble de l'équipe médicale et paramédicale (auxiliaire de puériculture, infirmière, puéricultrice, diététicienne, et jusqu'à l'assistante sociale) qui nous a entourés lors de la découverte de la maladie de notre fille. Car au-delà de la maladie, c'est bien autour de l'alimentation que se sont cristallisées les tensions. Pour eux, un enfant de 8 mois doit avoir quatre repas par jour et faire ses nuits. Pour nous, connaissant la physiologie de l'allaitement, il n'est pas possible d'allaiter, comme le dit l'OMS, jusqu'à 2 ans et plus si l'enfant n'est pas décisionnaire des tétées. D'autant qu'avec la maladie, l'ambiance pesante de l'hôpital et la nourriture d'une qualité douteuse du centre hospitalier, Mia n'était pratiquement plus qu'au sein, avec 10 tétées par jour. Ce que l'équipe médicale voulait donc imposer était anti-physiologique et par là-même contre les préconisations internationales.
L'hospitalisation a été un enfer pour ma femme, qui était bien sûr à l’hôpital 24h/24, pour ma mère qui soutenait ma femme en mon absence, et pour moi aussi qui était là dès que je n'étais pas au travail. Y compris la nuit, même si c'était interdit, pour pouvoir la soutenir face aux attaques incessantes du personnel. Car c'est comme ça que nous avons perçu la présence du personnel à notre égard. Chaque entrée dans la chambre était l'occasion de critiques gratuites sur notre "parentage" ; même l'assistante sociale s'y est mise, allant jusqu'à nous culpabiliser de mettre l'équipe en difficulté.
À tous les pères expulsés des chambres parents-enfant sous prétexte qu'il n'y a qu'un lit adulte, que la chambre est trop petite ou qu'il n'y a pas de lit du tout, je rappellerai que la charte de l'enfant stipule qu'en aucun cas, l'enfant ne peut être séparé de ses parents : les deux parents ! Avec tout ça, Mia était devenue passive, bougeait peu, bref elle était triste. Comment pouvait-il en être autrement, vu le contexte ? Il nous a fallu le soutien de nos proches et de LLL pour nous conforter dans nos connaissances, résister à ces assauts et trouver une solution pour soigner notre fille correctement.
Finalement, nous avons rencontré en consultation un pédiatre hospitalier d'un autre CHU, qui a accepté de nous transférer tous les trois dans son unité de pédiatrie, et de nous accepter avec nos particularités : bébé allaité, mais aussi mère diabétique et père puériculteur, donc avec une grande expérience de la maladie. C'était là aussi un grand point d’achoppement avec l'équipe précédente, car selon nous, les consignes thérapeutiques n'étaient pas non plus adaptées.
Nous avons trouvé dans ce second CHU une acceptation de nos particularités, et une plus grande compétence de l'équipe dans la gestion du diabète. Ou du moins une façon de gérer la maladie plus en phase avec la façon de faire de la famille, même si, là aussi, nous n'avons pas eu le choix entre pompe à insuline ou stylo par exemple.
Donc oui, il est possible d'allaiter à la demande un enfant diabétique. Pour ce faire, il est complètement inutile de chronométrer la durée de la tétée ou l’écart entre les tétées, ou que sais-je encore. Il faut accepter de procéder par tâtonnement, de se tromper et d'apprendre de ses erreurs. Pour être concret : on part d'un postulat pour la quantité de sucre d'une tétée, et si ça se vérifie, tant mieux, sinon on adapte à la prochaine tétée. En quelques jours, l'affaire est réglée. Par la suite, il faut savoir faire de même à la maison puisqu'en retrouvant ses habitudes et son cocon familial, notre fille a moins tété et mangé plus de solides. Et donc, finalement, les tétées qui contenaient 5 g de sucre dix fois par jour à l'hôpital en contenaient 7 g cinq fois par jour quelques semaines plus tard.
En conclusion, il est tout à fait possible d'allaiter un bébé diabétique comme bon lui semble. Et je dirais même, il le faut absolument. C'est déjà un moment assez dur à passer pour toute la famille, un deuil à faire, celui d'un enfant "normal". Alors, gardons nos habitudes. Et si l'équipe médicale ne vous soutient pas, changez ! Aujourd'hui, le quotidien du diabète est devenu une habitude à laquelle on ne prête plus attention. En tout cas, pas plus que nécessaire. Mia va sur ses 2 ans, elle a été allaitée jusqu'à 14 mois, et maintenant, elle mange de tout avec grand appétit. Bref, elle est en pleine forme et c'est l'essentiel ! (Allaiter aujourd'hui n° 109)
Avoir allaité diminue le risque d'être atteinte de diabète
- Diminution du risque de diabète pour la mère qui a allaité, quelques études
Avoir été allaité diminue le risque de devenir diabétique, notamment pour les enfants génétiquement prédisposés
- Diminution du risque de diabète pour l'enfant qui a été allaité, quelques études
Question/réponse
Q – Je suis enceinte de 8 mois, et les professionnels de la maternité viennent de se rendre compte que je fais du diabète gestationnel et que mon bébé est "macrosomique". Je serai donc déclenchée, et ils me disent que je devrai tirer mon lait car je ne pourrai pas donner le sein à mon bébé au début (1ères heures, 1ers jours ?) à cause du risque d'hypoglycémie.
R de France Thouaille, animatrice LLLF – Mon expérience personnelle de diabétique avec des bébés dits macrosomiques (mais mon mari fait 2 m, mes bébés sont grands, donc si je fais un bébé à 3 kg, on s'inquiète !) : on ne m'a jamais dit que je ne pourrais pas allaiter dès la naissance, on ne m'a jamais empêchée de tirer en anténatal mon colostrum, de venir avec des seringues congelées de colostrum et de prévoir cela en cas de problème, en complément de tétées au sein très très fréquentes. Oui, on m'a embêtée avec des glycémies pour mes nouveau-nés, on a essayé de me faire croire qu'il fallait attendre entre les tétées pour voir si bébé arrivait à gérer ses taux de glycémie (ben non, en fait, je ne vais pas attendre si bébé demande, justement pour éviter une hypoglycémie), et on m'a dit que des compléments seraient "sûrement nécessaires", ils n'en ont jamais eu.
Sur 4 bébés, 3 maternités, 3 régions différentes, et une période de 10 ans !
Que dieu vous porte de l'aide pour tous ce que vous faite.merci
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