Même si de nombreuses études ont montré qu'avoir allaité diminue fortement le risque pour la femme d'être atteinte par un cancer du sein (ou un autre cancer féminin : ovaires, utérus), ce n'est pas une garantie à 100 %. On peut avoir allaité et être quand même atteinte.
On peut se découvrir un cancer, quel qu'il soit, alors qu'on est en train d'allaiter.
On peut avoir eu un cancer du sein et plus tard être enceinte et vouloir allaiter.
Nous avons voulu mettre dans cette page à la fois des études sur ces sujets et des témoignages de femmes qui ont vécu cette épreuve.
Allaiter et se découvrir un cancer
Évaluer une grosseur dans le sein - Dépistage du cancer du sein - Gestion de l'allaitement
- Feuillet Newman : Chirurgie mammaire et allaitement (troisième partie)
- Protocole clinique #30 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur masses mammaires, problèmes mammaires, et imagerie diagnostique chez la femme allaitante
- Protocole clinique #31 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur la radiologie et la médecine nucléaire chez la femme allaitante
- Protocole clinique #34 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur cancer du sein et allaitement
- DA 148 : Imagerie mammaire pendant la grossesse et l'allaitement
- DA 156 : Gérer l'allaitement chez les femmes qui présentent un cancer du sein
Témoignages et cas cliniques
Quand le comportement du bambin allaité fait découvrir le cancer.
Sarah Boyle, 28 ans, origine de la région du Staffordshire (Royaume-Uni), remarque, en septembre 2016, que son enfant pousse désormais des cris à chaque fois qu'elle souhaite le nourrir de son sein droit. « Teddy avait manifestement senti que le lait provenant de mon sein droit n'avait pas le même goût que celui du sein gauche, confie-t-elle au Daily Mail. Quand je lui présentais le sein droit, il paniquait complètement, ça l'angoissait et il se mettait à hurler ». Rétrospectivement, son bébé lui a sans doute sauvé la vie. Paniquée, elle se rend à l'époque chez son médecin, qui ne s'alarme pas. Bis repetita, quelques semaines plus tard. Jusqu'à ce qu'en novembre, face au refus systématique de son enfant et à la réduction de taille du sein droit, elle passe un scanner et une biopsie à l'hôpital universitaire de Royal Stoke. Lire la suite.
Pascale : Il y a quelques mois, alors qu'Isabel (3 ans ½) tétait au moment du coucher, elle s'est mise à "palper" mon sein droit, chose qu'elle ne fait pas habituellement. Puis elle m'a demandé qu'est-ce que c'était que ça qui était dur. Je lui ai dit que c'était une glande mammaire, comme un petit sac où le lait est fabriqué. Quelques semaines plus tard, même scénario, et je lui ré-explique. Lorsque je me suis retrouvée seule, j'ai repensé au fait que ma fille me demande deux fois la même chose, ce qui n'est pas dans ses habitudes. Puis je me suis souvenue du témoignage d'une mère dans New beginnings qui racontait que son enfant lui avait indiqué lors d'une tétée la présence d'une masse dans son sein qui s'était révélée être une tumeur cancéreuse, heureusement prise à temps. J'ai palpé mon sein droit et senti une boule grosse et dure comme une bille près de l'aréole ! De l'avantage d'allaiter un grand qui parle.. Merci Isabel !
Patricia : Ivano avait 15 mois lorsque j’ai repris le travail tout en continuant à l’allaiter. C’est un bébé aux besoins intenses. Il avait 17 mois lorsque j’ai senti une boule très distincte de quelques millimètres à la surface de mon sein gauche en le palpant (je n’avais jamais senti cela auparavant, c’était presque comme une bille). Cela m’a inquiétée. J’ai attendu un mois avant d’en parler. Je gardais ma crainte comme pour étouffer (fuir) une éventuelle confirmation. Un mois après, je faisais un contrôle par mammographie et échographie mammaire. L’écho a montré un nodule suspect. La biopsie a diagnostiqué des cellules cancéreuses. J’avais des antécédents familiaux de cancer du sein. J’étais suivie en préventif depuis mes 25 ans, j’en avais alors 45. Il fallait donc soigner ce cancer par chirurgie, chimiothérapie puis radiothérapie, et la poursuite de l’allaitement était impossible.
La première étape a donc été le sevrage. Le premier chirurgien rencontré m’a prescrit des comprimés et dit d’arrêter l’allaitement le jour même, il pouvait m’opérer quatre jours plus tard. C’était trop brusque, trop violent pour mon enfant et moi-même. Avec un autre chirurgien, j’ai eu le luxe d’avoir un mois afin de sevrer Ivano le plus en douceur possible, sans prendre de risque pour ma santé.
On a commencé par supprimer une tétée, celle de 16 h 30 chez la nounou. Puis celle du retour à la maison dans la foulée. Le « protocole » à retenir, en tout cas celui qui s’est présenté naturellement à nous :
– ne rien faire dans la précipitation et y croire : SÉRÉNITE est le maître mot,
– suivre son instinct,
– croire en la capacité de compréhension et d’adaptation de son enfant (merci à LLL de me l’avoir fait comprendre),
– expliquer la vérité tout simplement à son enfant lors d’une tétée, quand on l’a contre soi et qu’il est pleinement avec nous : maman doit se soigner un sein, je ne pourrai plus t’allaiter, je n’ai pas choisi, mais tous les deux on en a bien profité, maintenant on va passer à autre chose, tu vas manger de nouvelles choses et ça, c’est bien aussi, et moi je vais me soigner,
– commencer par supprimer la tétée la moins nécessaire d’un point de vue de la faim et/ou de l’affect, la remplacer avec l’aide d’une tierce personne (le papa idéalement) par un jeu ou, si seule avec l’enfant, par un petit goûter attractif,
– puis, petit à petit, le nombre de tétées par jour diminue, cela demande un grand investissement du papa, qui doit se montrer très disponible et très patient, la fratrie aussi,
– l’homéopathie dès le début du sevrage nous a aidés aussi pour la séparation que le sevrage demande,
– puis vient le moment de supprimer la dernière tétée restante de la journée ; pour nous, c’était celle du soir pour l’endormissement ! Je l’ai continuée jusqu’à la dernière limite acceptable, quelques jours avant la chirurgie ; ce jour-là, je n’ai pu réfréner quelques larmes, mais c’était aussi des larmes de bonheur pour tous ces beaux mois à l’allaiter,
– j’ai continué le soir à l’endormir en le prenant dans les bras comme pour une tétée, et il posait une main sur un de mes seins ! Cela s’est fait naturellement, une belle transition en douceur ; puis mon mari a pris le relais pour l’endormir,
– j’ai eu un engorgement sévère des deux seins, une fois toutes les tétées stoppées. Je m’en suis sortie grâce à des massages par une sage-femme, mon mari, mon médecin traitant et, au final, par des cataplasmes épais d’argile verte deux à trois fois par jour sur les seins (mettre des gazes tissées stériles sur l’argile m’a permis de m’habiller tout en ayant les cataplasmes) les trois à quatre derniers jours avant la chirurgie,
Ivano a donc été sevré à 19 mois ! Je me suis soignée et nous allons tous deux très bien maintenant. Je suis heureuse de pouvoir partager cette expérience... extraordinaire grâce à LLL ! (Allaiter aujourd'hui n° 116, juillet 2018)
Marie-Thérèse : Ne pas allaiter son bébé ou le sevrer trop tôt contre sa profonde volonté, cela ébranle en nous la confiance en notre sens maternel et nous laisse des frustrations difficilement effaçables. Être empêchée formellement d'allaiter après plusieurs allaitements réussis et des sevrages naturels, provoque de profondes blessures qui ne cicatrisent que lentement, par le biais du maternage intensif façon LLL. La cicatrise peut néanmoins régulièrement faire mal.
Lorsque j'attendais mon quatrième enfant, il était clair que je l'allaiterais. J'avais tellement envie d'un allaitement facile après les difficultés d'anorexie du nourrisson de sa sœur, que j'étais sûre que ce bébé allait bien téter, aurait bon appétit. Je me préparais à un accouchement naturel, à la maison, soutenue par les deux sages-femmes qui m'avait accompagnée tout au long de ma grossesse.
Cependant, à huit mois et demi de grosesse, après avoir lutté (et gagné) contre les contractions, un dernier bilan sanguin me fit basculer dans une réalité à laquelle je ne m'étais pas préparée : l'accouchement déclenché sous haute surveillance à l'hôpital. Tâtonnant dans la recherche du diagnostic, l'équipe médicale a d'abord pensé que je souffrais de thrombopénie. Ils m'ont donc informée que je ne pourrais pas allaiter, car je devrais être deux mois sous corticoïdes. Marie Courdent, responsable du département santé à LLLF, m'envoya immédiatement maints articles médicaux assurant de la non-incompatibilité entre corticoïdes et allaitement, ce qui intéressa le chef du service des grossesses pathologiques. Il nous pria d'en informer son personnel qui, lui, ne mordit pas à l'hameçon.
On me fit ensuite une ponction de moelle osseuse, m'informant que moi seule était atteinte.
L'accouchement déclenché le lendemain matin se passa à merveille. Sophrologie, prière personnelle et des autres, foi en la Vie me permirent de vivre cet accouchement comme un acte d'amour et de foi.
Malgré l'avis contradictoire des médecins, et soutenue par Marie, je ne voulus pas priver mon bébé du colostrum tant que je ne recevais aucun traitement. Oriane trouva tout de suite le mamelon, téta immédiatement goulûment et avec apprétit. Les déglutitions étaient rapides, régulières... un rêve ! J'oubliai tout pour ne vivre que ces instants de bonheur intense. Elles prit trois tétées, toutes aussi copieuses. Il faut dire que Tiphaine, 2 ans et demi, tétait encore la veille de mon hospitalisation. De plus, née facilement après une seule poussée, Oriane n'avait apparemment pas souffert.
L'hématologue vint trois heures après l'accouchement briser cette osmose en m'annonçant le verdict : leucémie aiguë, un à trois ans de traitement devant commencer le plus tôt possible, car globules rouges, plaquettes et globules blancs chutaient à toute vitesse. Le traitement, très toxique, m'interdisait formellement l'allaitement.
J'aurais souhaité allaiter Oriane pendant les quelques heures qui me restaient à vivre avant notre longue séparation, mais l'hématologue me répondit qu'on ne savait pas encore à ce jour si des globules blancs contenus dans mon lait ne seraient pas dangereux pour mon bébé, ceux produits par ma moelle épinière étant malades.
Un océan de douleur m'envahit. Un peu de culpabilité aussi : aurais-je empoisonné mon bébé avec ces trois tétées ? Sentiment bien vite étouffé par la satisfaction de lui avoir donné le meilleur : le colostrum, provision de maman, d'amour et d'anticorps. Je décidai tout de même de lui donner désormais des biberons, dans les 15 heures qui nous restaient à vivre ensemble, et ainsi de la préparer à notre séparation. À chaque repas, je lui répétais que ce n'était pas ce que j'avais souhaité pour elle, mais que j'étais malade et que mon lait n'était pas sûr pour elle. Je lui demandais de prendre ces biberons avec moi, puis avec d'autres (famille, amies, personnel), de bien se nourrir en mon absence, afin d'être en forme pour nos retrouvailles.Je lui répétais que je l'aimais et que si je devais la quitter, c'était au nom de cet amour, afin de guérir pour elle.
Assistant à nos cascades de larmes à mon mari et moi, chaque membre de l'équipe soignante me proposait de lui donner les biberons. J'ai bien sûr toujours refusé. Épuisée par le choc, les pleurs, l'accouchement, transfusée en plaquettes, perfusée d'un produit devant arrêter l'hémorragie qui à lui seul contre-indiquait l'allaitement pendant la perfusion, je vivais pour ces moments de communion avec Oriane lorsqu'elle tétait... le biberon. Elle était là, bien vivante, affamée. Elle me fixait avec attention et souriait. Je n'osais pas le croire, mais une amie médecin et mère de quatre enfants, que j'avais appelée à mon chevet, s'en émerveilla. Et nous avons vécu, au cours de cette nuit de souffrances, des instants de bonheur lorsqu'Oriane m'écoutait avec amour, me rassurait de ses sourires et s'endormait dans mes bras où je l'ai pratiquement toujours maintenue dès que j'ai su que nous serions séparées avant qu'elle n'ait 1 jour.
Lorsqu'elle avait faim, elle cherchait d'abord le sein, puis elle prit 10 g lors de son premier biberon, 30 g au second et 60 g dès le trosiième. J'avais tout de suite fait part de mon inquiétude quant au risque d'allergie, car ses frères et sœur ont manifesté une intolérance au lait de vache. On lui donna donc du lait hypo-allergénique. Cependant, cela ne suffit pas à apaiser mes craintes, et je souffrais de ne pas pouvoir lui donner ce lait qui gonflais mes seins sur lesquels elle reposait et qui lui aurait si bien convenu.
Surgit aussi la question, ô combien douloureuse, de l'arrêt de la lactation.On voulut bien sûr m'ordonner du Parlodel. Je m'insurgeai contre ce choix, m'estimant assez malade comme ça et connaissant les risques (vomissements huit ans auparavant pour moi, syncope pour une amie, après, dans les deux cas, seulement un demi comprimé, ou pire ailleurs...). Le médecin céda devant mon insistance et m'ordonna un autre produit qui ne réussit pas à endiguer la montée de lait ! Heureusement, les "trucs" LLL se montrèrent là aussi beaucoup plus concluants, même s'il fut difficile à mon mari de trouver de la sauge un dimanche de Pentecôte ! Tisanes de cette plante miracle et vessies de glace (fournies à la demande par le service hospitalier) ont fini par venir à bout de ces flots de lait. (Ndlr : des données récentes semblent indiquer que la sauge n'est pas très indiquée pour diminuer la lactation). Quelle souffrance de désengorger mes seins si durs et de voir le lait orange (le premier traitement était composé d'acide rétinoïque dérivé de la vitamine A, dont le dixième de la dose prescrite était déjà gravement toxique pour le bébé).
La longueur prévue du traitement (trois chimiothérapies furent ensuite nécessaires, suivies d'isolement en chambre stérile), le temps d'évacuation des produits toxiques, ma faiblesse, le risque de rechute... excluaient la possibilité de tirer mon lait pour entretenir la lactation et reprendre plus tard l'allaitement. J'aurais aimé me raccrocher à cet espoir. Mais il ne me restait rien que des pleurs à verser sur ces seins vides. Des pleurs à verser lorsque Tiphaine me vit et se lova dans mes bras dans la position de la tétée, et qu'elle ne comprit pas pourquoi elle ne pourrait plus téter. J'eus le cœur broyé lorsque, le lendemain, j'ai su qu'elle avait pleuré deux heures dans son lit avant de se jeter dans les bras de son papa qui l'apaisa silencieusement en unissant leur souffrance. Des pleurs encore lorsque, à la faveur d'une remontée de mes globules blancs et d'un examen cardiaque, je pus passer un après-midi avec mon bébé. Je m'étais pourtant fait une fête de ces retrouvailles. Hélas, je trouvai ma fille amaigrie. Bien sûr, je me dis que, si elle avait eu mon lait, elle aurait grossi : elle tétait si bien à sa naissance. Puis, elle ne fit que chercher le sein pendant tout l'après-midi, et ne finit pas accepter le biberon qu'au bout de trois heures, épuisée d'avoir tant pleuré. Personnel soignant, papa, grands-mères, amie qui lui donnaient habituellement le biberon m'assuraient qu'elle ne s'était jamais comportée comme cela. Elle me demandait le sein parce qu'elle m'avait donc reconnue.
Elle garda ce réflexe de fouissement de longs mois, avant chaque biberon qu'elle n'acceptait qu'en désespoir de cause. Elle n'avait ce réflexe qu'avec son père (qui dormait avec elle et la nourrissait pendant mes premiers mois d'hospitalisation) et avec moi.
Compenser ce non-allaitement fut et est encore le moteur de ma relation à mon bébé. Là, seule mon expérience d'allaitement me fut utile. La position : j'ai toujours mis mon bébé contre mon sein, sur mon cœur, en position d'allaitement, les yeux dans les yeux. Le rythme : je l'ai toujours nourrie à la demande. Si un bébé fait des pauses au sein, pourquoi n'en ferait-il pas au biberon ? Oriane n'a jamais souffert de prendre ses biberons en plusieurs fois, comme un bébé prenant un jour six tétées, un autre jour douze plus rapprochées. Comme je mesurais au biberon, je pouvais dire au médecin : elle prend tant de biberons de tant, même si c'était un nombre double de prises. Je l'ai toujours endormie au biberon comme on endort au sein, l'ai mise dans notre grand lit, chauffe-biberon, biberon et lait à portée de main. Je ne laissais personne d'autre que moi lui donner le biberon quand j'étais à la maison, et m'arrangeais pour toujours la nourrir avant de partir à l'hôpital, quitte à arriver en retard à mes rendez-vous médicaux. J'expliquais que je ne pouvais rentrer dans le service si je n'avais pas quitté mon bébé calme et repu. Je ne pus beaucoup la porter à cause de ma fatigue et de douleurs musculaires, mais elle le fut par ses grands-parents, la jeune fille au pair, toute personne valide passant à la maison (son papa marche avec des cannes). Elle reçut même du lait de ma co-animatrice. Elle reçut de l'amour à foison, ce qui en fait une petite fille d'aujourd'hui 14 mois très enjouée, gourmande de la vie, enthousiaste et très câline.
Cependant, compenser la frustration de ne plus téter de sa grande sœur fut et est encore plus difficile. Ayant eu une première enfance très difficile (dépression du nourrisson, anorexie, enfant aux besoins intenses), ce sevrage brutal l'a d'abord soudée à ses deux grands frères (de 8 et 5 ans à l'époque), puis l'a refragilisée, car elle avait du mal à compenser mes absences. Elle nous a fait comprendre un an après qu'elle n'était toujours pas sevrée, régressant, voulant téter. J'ai réussi à comprenser ses besoins en lui proposant, lors de ses "crises" de besoin de téter, du lait de chèvre (celui que prend sa petite sœur) au verre.
Au cœur de cette année difficile (dont cinq mois d'hospitalisation), les mamans LLL furent mon meilleur soutien. Recevoir leur compassion, leur profonde compréhension des souffrances que je vivais d'être ainsi séparée de mon bébé et des miens, de ne pouvoir l'allaiter, leur amour attentif à ce qu'elles pourraient faire pour permettre à notre famille de s'en sortir, m'aidèrent réellement. À l'hôpital, on sut m'écouter pleurer, on me dit que j'avais la fibre maternelle très développée, mais on ne comprit pas ma détresse de ne pas allaiter mon bébé.
Merci à vous qui m'avez soutenue. Sans allaiter ce quatrième enfant, je me sens tout de même toujours membre de notre belle association qui comprend si bien les besoins des bébés et de leurs mamans (Allaiter aujoud'hui n° 33, 1997).
Sur les cancers de la thryroïde, voir ICI.
Recommandations
- Cancer du sein, grossesse et allaitement. Directive clinique rédigée par le COMITÉ SUR LES MALADIES DU SEIN et approuvée par le Comité exécutif et le Conseil de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. À télécharger en bas de la page.
Signaux d'alerte
Cette photo de citrons montre les différentes déformations du sein qui peuvent alerter et amener à consulter :
Points clés à connaître
Traduit de Breastfeeding et breast cancer.
- Pour améliorer la qualité des images, les patientes devraient exprimer leur lait (tétée ou tire-lait) avant tout examen radiologique des seins
- Il n’est pas nécessaire de tirer et jeter le lait après n’importe quel examen radiologique des seins et l’allaitement devrait continuer comme d’habitude
- Les mammographies en 3D de dépistage ou de diagnostic durant la grossesse et l’allaitement sont sans danger
- L’IRM de dépistage ou de diagnostic avec du gadolinium est sans risque durant la lactation, ce qui n’est pas le cas pendant la grossesse
- Lorsqu'une femme enceinte ou allaitante a un nouveau souci au niveau du sein, l'évaluation doit commencer par une échographie et se poursuivre par une mammographie et une IRM si cela est recommandé.
- Une biopsie à l’aiguille pour une masse ou une autre lésion du sein durant la grossesse et l’’allaitement est sans danger, et l’allaitement ne nécessite pas d’être interrompu
- Un écoulement sanguin persistant pendant la grossesse ou l'allaitement doit être évalué par imagerie.
Traitements anticancéreux
Médicaments
L’utilisation des anticancéreux chez une mère allaitante est à très haut risque, ces produits ayant une toxicité importante. Nous n’avons presque aucune donnée sur leur excrétion lactée. Pour certains d’entre eux, la mère pourra toutefois suspendre l’allaitement pendant une période donnée, tirer et jeter son lait, puis reprendre l’allaitement. Mais d’autres produits sont pris selon des protocoles tels que l’allaitement ne sera possible que quelques jours de temps à autre. En pareil cas, l’arrêt de l’allaitement sera plus ou moins inévitable.
Le coin du prescripteur paru dans les Dossiers de l'allaitement n° 70 et 71 est à télécharger plus bas.
Radiothérapies
Les radiothérapies anticancéreuses se font :
- soit en irradiant la zone souhaitée par une source extérieure de rayons ionisants (ce qui est le cas le plus fréquent). L'irradiation en elle-même est toxique pour la personne irradiée, mais elle n'induit chez elle aucune radioactivité. La poursuite de l'allaitement est parfaitement compatible (y compris en cas d'irradiation mammaire),
- soit en implantant dans le corps une "aiguille" de matériel radioactif qu'on va laisser sur place plus ou moins longtemps, et qui va délivrer la radioactivité sur place. La femme est alors porteuse de matériel radioactif et peut donc dégager une certaine radioactivité (plus ou moins forte suivant le matériel, le niveau d'implantation, l'isotope utilisé et son niveau de concentration). Dans ce cas, l'allaitement (voire même le contact avec le bébé) pourra être contre-indiqué pendant le port du matériel radioactif.
Voir aussi le Protocole clinique #31 de l'Academy of Breastfeeding Medicine sur la radiologie et la médecine nucléaire chez la femme allaitante
Hormonothérapie
Voir le DA 156 : Gérer l'allaitement chez les femmes qui présentent un cancer du sein
Question/réponse
Q – J'ai (j'ai eu) un cancer du sein. Est-ce que j'ai pu transmettre le cancer à mon enfant en l’allaitant ?
R de la Société canadienne du cancer – "Les cellules cancéreuses ne peuvent être transmises au nourrisson par le lait maternel. Mais les agents chimio thérapeutiques et d’autres médicaments peuvent être transférés au bébé, ce qui peut engendrer des effets nuisibles. Les substances radioactives qu’on prend sous forme de boisson ou de pilule (comme l’iode radioactif employé pour traiter le cancer de la glande thyroïde) peuvent aussi passer dans le lait maternel et nuire au bébé. Il est donc possible qu’on vous demande d’arrêter l’allaitement pendant un certain temps ou bien de ne pas allaiter du tout si vous devez recevoir un traitement systémique, comme la chimiothérapie.
Il faut toujours demander à l’équipe de soins si l’allaitement est sans danger."
Témoignage
Maud : J'allaite ma deuxième fille qui a 22 mois.
Il y a quelques mois, on m'a découvert un cancer rare au niveau des sinus.
J'ai été hospitalisée pour extraire la tumeur et les médecins m'ont dit qu'il était temps de sevrer, car après la chirurgie, il y aurait une radiothérapie.
Une semaine passée à l'hopital n'a pas suffi à arrêter l'allaitement, nous avons repris les tétées. À l'heure où je vous parle, c'était il y a 5 semaines.
Encore hier, je me demandais comment j'allais réussir le sevrage, car ni elle ni moi ne le voulons.
J'ai effectué des recherches sur internet, et n'ai trouvé aucun article parlant d'interdiction de l'allaitement durant une radiothérapie. La plupart des articles ou témoignages évoquent l'arrêt lors d'une radiothérapie pour un cancer du sein ou la reprise après un cancer du sein, mais absolument rien pour l'allaitement durant une radiothérapie quand les rayons ne vont pas directement à la poitrine.
J'ai décidé de rappeler l'hôpital où je suis suivie, et l'interne en oncologie du jour, après s'être renseignée auprès d'autres spécialistes, m'a indiqué que je pouvais poursuivre l'allaitement si je le souhaitais, que mon niveau de lactation n'allait pas être perturbé, sauf peut-être par la fatigue. (Ma fille ne me demande plus la nuit)
Cette réponse m'a reboostée dans ce combat. Sans cette information, j'allais mettre un terme à l'allaitement.
Albums pour enfants
- Maman est malade, Quima Ricart Claver et Antònia Bonell Solsona, éditions du Hêtre, 2017. Marie, 10 ans, raconte comment elle et sa famille ont vécu le cancer du sein de la maman, l’annonce du diagnostic, les chimios, la radiothérapie, les effets secondaires (fatigue, nausées, etc.), l’importance du soutien de l’entourage familial et amical.
- Toi, moi et la tétée, Mònica Calaf et Mikel Fuentes, éditions du Hêtre. Stéohanie : "J'ai arrêté brutalement l'allaitement le jour avant le PET scan. Manoé avait 2 ans ½. Heureusement, Marie m'avait recommandé Toi, moi et la tétée, qui a permis de recréer un moment de partage avant les endormissemnts et a beaucoup aidé Manoé à passer le cap.
- Maman, le cancer et nous, Brigitte Labbé et Éric Gasté. Un album-documentaire, pour aborder, sans tabou, les bouleversements face à l’arrivée du cancer au cœur de la famille. Un livre solidaire réalisé avec le soutien d'Harmonie Mutuelle en faveur de la Fondation Toulouse Cancer Santé. Parution le 03/10/2024.
Un site
Jeune & Rose est un site par et pour les jeunes femmes touchées par un cancer du sein. Elles ont réalisé un film documentaire, Cancer et grossesse, pour aider à sensibiliser les soignants et futurs soignants sur les cancers du sein pendant la grossesse et/ou l'allaitement, dont voici la bande-annonce :
Se découvrir un cancer après la fin de l'allaitement
Plusieurs mois après son accouchement, Michelle Lee Friesen a fait quelques mastites. Elle croyait que cette bosse dans son sein était due à l’allaitement. Finalement, en janvier dernier, le verdict - qui semblait improbable - est tombé: la jeune femme de 36 ans est atteinte d’un cancer du sein. Lire la suite.
Allaiter après un cancer du sein
Azim HA et al, Breastfeeding in breast cancer survivors : pattern, behaviour and effect on breast cancer outcome, Breast. 2010 ; 19(6) : 527-31.
On le savait déjà, mais une étude médicale, présentée en octobre 2010 lors d’un congrès de cancérologie en Italie, l’a confirmé : l’allaitement est sans danger après un cancer du sein, que ce soit pour le bébé ou pour la mère.
Selon le Dr Hatem Azim (département d’oncologie de l’Institut Jules Bordet à Bruxelles), « II y a encore trop de médecins qui conseillent à leurs patientes d'éviter l'allaitement après un cancer du sein, mais ces conseils ne reposent sur aucune étude concrète. Il s'agit de peurs fantaisistes, de croyances populaires, et il est regrettable d'empêcher ces femmes de vivre sereinement leur grossesse et de bénéficier des bienfaits de l'allaitement ».
Son équipe a suivi pendant quatre ans 20 femmes qui venaient d'accoucher après un cancer du sein. 10 d'entre elles ont fait le choix d'allaiter leur enfant, 9 autres y ont renoncé sur avis médical, et 1 a fait le choix de ne pas allaiter. Au terme de cette période d'observation, il y a eu un cas de rechute du cancer du sein dans le groupe des allaitantes et un cas de rechute dans le groupe des non-allaitantes.
Cela confirme une étude de la même équipe, publiée en 2009 sur le même thème, qui avait suivi 90 patientes.
Selon le Dr Azim, les seuls obstacles à l'allaitement sont la faible production de lait du sein traité après certaines radiothérapies ou les difficultés que peut rencontrer l'enfant à téter un mamelon qui aurait été modifié par l'acte chirurgical.
Sophie : Je souhaite partager, avec des familles qui vivraient la même situation que moi, le bonheur que m’a apporté l’allaitement après avoir traversé l’épreuve d’un cancer, et témoigner qu’il est tout à fait possible d’allaiter exclusivement avec un seul sein.
Mon cancer du sein a été diagnostiqué en 2012. J’avais alors 30 ans et, avec mon conjoint, nous avions le projet à ce moment-là de fonder une famille. Les traitements (chirurgie, chimio, radio, hormonothérapie) nous ont obligés à patienter plusieurs années avant de pouvoir relancer ce projet et, après un long parcours, d’accueillir notre fils, qui a aujourd’hui 18 mois.
Assez tôt dans la grossesse, l’allaitement a été source de questionnement pour moi, sans que je puisse obtenir de réponses ni beaucoup de soutien de la part des professionnels de santé. J’avais très envie d’allaiter mais, en même temps, j’étais inquiète à l’idée que cela ne soit pas possible.
Malgré un démarrage compliqué à la maternité, avec peu de soutien et parfois même un discours assez culpabilisant, j’ai vécu ensuite un allaitement formidable. J’ai pu allaiter mon bébé exclusivement jusqu’à la diversification vers 5-6 mois, avec un seul sein (puisque je n’ai pas eu de montée de lait sur le sein traité, probablement en raison de la radiothérapie), sans aucune complication.
Cette expérience a été une grande source de joie et de fierté, et un symbole particulièrement fort de ma reconstruction.
J’encourage les femmes qui le souhaitent à y croire et à s’entourer des bonnes personnes, des personnes qui vous encourageront dans ce choix et qui vous aideront à surmonter les éventuelles difficultés.
(Allaiter aujourd'hui n° 117, octobre 2018)
Bo, une Américaine atteinte d'un cancer du sein et ayant subi une mastectomie du sein gauche, allaite son bébé né trois ans plus tard et publie une photo d'allaitement montrant sa cicatrice : "Je ne peux expliquer la sensation que j'ai chaque jour de voir que je suis capable d'allaiter mon fils après avoir perdu un sein à cause du cancer et qu'on m'ait dit que je n'aurais jamais la chance de tenir un bébé dans les bras. Je n’ai pas honte de ce corps. Il ne cesse de me rappeler la chance que j’ai d’être ici aujourd’hui."
Salomé : Quiconque rencontre une femme enceinte s’empresse généralement de la féliciter : c’est l’usage. Pourtant, lorsque j’ai moi-même été enceinte, j’ai réalisé, à mon grand étonnement, qu’il ne s’agissait pas là uniquement d’un simple usage, mais qu’une sincère et véritable intention se percevait derrière les habituelles formules. Je confiai un jour à une amie ma surprise, de voir tous ces gens de mon entourage proche ou lointain se réjouir si profondément de ma grossesse. Celle-ci rétorqua alors : « Oui, mais c’est aussi que tu as une histoire ! »
Oui, c’est vrai, le cancer du sein… Les gens s’étonnent qu’après un tel événement, à la portée généralement morbide dans l’inconscient de la plupart d’entre eux, on puisse s’apprêter à donner la vie. Pour ma part, je n’ai plus cette image du cancer, du moins plus exclusivement. L’avoir vécu m’a montré combien, de nos jours, on pouvait vivre avec cette maladie, bien vivre, même pendant la dure année des traitements ; et poursuivre après cette « année du cancer », une existence tout aussi complète que celle d’avant, et sans doute même plus riche, plus joyeuse.
L’année du cancer, pour moi, c’était 2005. Chirurgie en janvier, chimiothérapie de janvier à juin, radiothérapie en juillet et août, curiethérapie en septembre. L’année d’après, reconstruction sur mon sein droit, qui avait pu être majoritairement préservé, d’un mamelon artificiel. Puis les contrôles bisannuels se sont succédé, abordés toujours sereinement : on avait fait le maximum pour me soigner, j’étais absolument confiante dans la compétence de ma cancérologue, je ne craignais une récidive qu’à la hauteur du risque statistique qu’elle avait de se produire, c’est-à-dire faible, grâce à tout ce qui avait été fait pour l’éviter. Voilà pour l’historique.
À la fin de l’année 2009, mon compagnon et moi nous sommes apprêtés à ce qu’un enfant naisse de notre amour. Curieuse façon de formuler les choses… mais c’était bien là notre état d’esprit : concrètement, il s’agissait de retirer mon stérilet et de voir ce qui allait se passer, avec bien sûr l’espoir qu’une grossesse démarre un jour ou l’autre, mais sans la vouloir avec acharnement. Nous nous disposions simplement à laisser la nature faire les choses, comme on dit. Un mois et demi après le retrait du stérilet, nous attendions notre premier enfant.
Ma grossesse a été merveilleuse. Et si j’écris cela, ce n’est pas pour me conformer docilement au diktat selon lequel toute femme enceinte se doit de ressentir une plénitude et un épanouissement absolus, répétant à qui veut l’entendre qu’elle n’a jamais été aussi heureuse de sa vie. J’écris cela parce que c’était bel et bien un temps merveilleux : je n’ai souffert d’aucun des « petits maux », j’étais à la fois très excitée de ce qui se tramait mais aussi profondément paisible, je me sentais protégée par cet état, je n’ai pas eu à me plaindre de trop de fatigue, j’ai pu profiter pleinement de cette bienheureuse attente sans devoir modifier outre mesure mes habitudes de vie.
Cependant, très vite, la question de l’allaitement s’est posée. La gynécologue qui me suivait au début de ma grossesse a considéré que ce serait impossible. Mais ma cancérologue, de son côté, a affirmé que les spécialistes dont elle faisait partie ne voyaient aucune contre-indication à l’allaitement après un cancer du sein. Il s’agirait simplement de se débrouiller avec un seul sein, le gauche, qui n’avait pas été malade… J’ai récolté d’autres avis ; et j’ai laissé l’idée cheminer.
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Allaiter avec un seul sein après mastectomie partielle et radiothérapie
Donner un même et unique sein à chaque tétée est possible. Mais d’autres paramètres peuvent influer sur la poursuite de l’allaitement. Dans le cas présenté, la production lactée a probablement été affectée par une rétention placentaire prise en charge tardivement.
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Allaiter avec un seul sein après mastectomie partielle, chimiothérapie et radiothérapie
DA n° 130, janvier 2018. Le cancer du sein est le cancer le plus répandu chez les femmes. Près d'une femme sur neuf sera concernée au cours de sa vie. Le risque de survenue du cancer du sein augmente avec l’âge ; cependant 10 % des cas surviennent avant 40 ans. Dans cette tranche d’âge, les femmes sont encore en âge de procréer et donc potentiellement d’allaiter. L’auteure présente un cas d’allaitement chez une femme ayant développé un cancer du sein.
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Vivre après un cancer du sein
Avoir allaité augmente le taux de survie chez les femmes souffrant de cancer du sein
Breastfeeding associated with reduced mortality in women with breast cancer. Lööf-Johanson M et al. Breastfeed Med 2016 ; 11(6) : 321-7.
De nombreux facteurs reproductifs ont un impact sur le risque de cancer du sein. Entre autres, le taux de survie suite à un tel cancer est d'autant plus bas que le délai entre le dernier accouchement et la découverte du cancer du sein est court. L'allaitement semble également avoir un impact, mais il est difficile de l'évaluer en raison de divers facteurs : âge variable des femmes incluses, utilisation d'hormones, durées variables d'allaitement et de délai entre le dernier accouchement et le diagnostic de cancer, mutations des gènes BRCA... La mortalité semble la plus élevée chez les femmes de 20 à 45 ans, qui ont accouché dans les 12 mois précédant le diagnostic.
Le but de cette étude était de rechercher les éventuelles corrélations entre la mortalité par cancer du sein et les antécédents d'allaitement, en prenant en compte de nombreuses autres variables.
Entre 1988 et 1992, 630 femmes de 25 à 74 ans ont été traitées pour un cancer du sein sans métastases dans deux comtés de Suède. Les femmes de ≤ 50 ans au moment du diagnostic (26 %) ont été considérées comme non ménopausées. Au démarrage de cette étude, 275 femmes (44 %) étaient décédées, et 10 femmes (1,6 %) étaient en phase terminale. Un questionnaire a été expédié aux 345 autres femmes, pour recueil de données sur leurs antécédents reproductifs, et en particulier sur l'allaitement. 250 femmes ont retourné le questionnaire. Afin d'obtenir des données sur les facteurs reproductifs des 380 autres femmes incluses au départ, on a analysé les données des registres nationaux pour les naissances afin d'obtenir des données sur leurs accouchements, puis les dossiers médicaux de leurs enfants, qui fournissaient habituellement des données sur l'allaitement. Cela a permis de retrouver les données nécessaires pour 91 femmes, et l'analyse a été menée sur un total de 341 femmes. Une durée nulle d'allaitement a été assignée aux nullipares. On a pris en compte les divers marqueurs de pronostic (taille de la tumeur, extension, histologie...), les facteurs reproductifs, la durée d'allaitement (≤ 6 mois ou > 6 mois), l'âge au moment du premier accouchement, le temps écoulé entre le dernier accouchement et le diagnostic de cancer (≤ 26 ans ou > 26 ans). La mortalité globale et la mortalité pour cancer du sein ont été analysées séparément, les données étant analysées selon l'estimateur de Kaplan-Meyer, la régression de Cox, et le Khi carré.
Dans l'ensemble de cette cohorte, la survie était de 87 % à 5 ans, 78 % à 10 ans, 71 % à 15 ans et 63 % à 20 ans. Le cancer du sein était à l'origine de 91 % des décès avant 5 ans, 85 % des décès avant 10 ans, 83 % des décès avant 15 ans et 80 % des décès avant 20 ans. Les autres causes de décès étaient la survenue d'un autre cancer, les pathologies cardiovasculaires, les infections, la démence, ainsi que diverses autres causes. 18 % des femmes avaient un cancer lobulaire, 72 % un cancer ductal, et 10 % un autre type de cancer du sein, la mortalité étant similaire dans ces divers groupes. Les femmes qui sont décédées étaient plus âgées que celles qui ont survécu, mais le taux de décès n'était pas significativement corrélé à l'âge au moment du diagnostic.. Parmi les femmes qui ont eu au moins un enfant, la durée totale d'allaitement était plus courte chez les femmes décédées pour toutes les causes confondues (7,4 mois contre 12,1 mois), et chez les femmes décédées suite au cancer du sein (6,8 mois contre 11,2 mois). Après analyse multivariable, le risque de décès lié au cancer du sein était positivement corrélé au score de Nottingham pour les facteurs de pronostic. Il était 1,35 fois plus élevé chez les femmes qui avaient ≤ 50 ans au moment du diagnostic, 4,15 fois plus élevé chez les nullipares par rapport aux femmes qui avaient > 2 enfants, et 2,74 fois plus élevé chez les femmes qui avaient allaité au total pendant ≤ 6 mois par rapport à celles qui avaient allaité > 6 mois. Il était par ailleurs intéressant de constater que le taux de mortalité pour toutes les causes confondues était 2,61 fois plus élevé chez les nullipares par rapport aux femmes qui avaient eu > 2 enfants, et 3 fois plus élevé chez celles qui avaient allaité pendant ≤ 6 mois par rapport à celles qui avaient allaité > 6 mois.
La principale limite de cette étude est l'absence de données précises sur « l'intensité » de l'allaitement (allaitement exclusif, durée précise d'allaitement pour chaque enfant...).. Par ailleurs, les données utilisées concernaient essentiellement les femmes qui avaient survécu le plus longtemps, et qui ont répondu au questionnaire ; elles pourraient ne pas être représentatives de la cohorte de départ, les données n'ayant pu être obtenues que pour un petit pourcentage des autres femmes, et de façon indirecte. Le non-allaitement ou une courte durée d'allaitement sont corrélés à divers facteurs susceptibles d'avoir un impact sur la santé (niveau socioéconomique et culturel, tabagisme, consommation d'alcool, obésité...). Cette étude permet toutefois de penser que les antécédents en matière d'allaitement ont un impact indépendant sur le taux de survie chez les femmes qui souffrent de cancer du sein, mais également sur le taux de mortalité pour toutes causes confondues. D'autres études sont nécessaires sur le sujet.
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