Les milliers d'animatrices LLL de par le monde ont depuis toujours observé que la plupart des bébés allaités ne manifestent pas d'intérêt pour d'autres aliments que le lait maternel avant le milieu de la première année. À cet âge, leur développement psychomoteur leur permet d'être actifs pour se nourrir en utilisant leur petite main. L'approche appelée DME pour Diversification Menée par l'Enfant leur permet de continuer à s'auto-réguler comme ils le font au sein.
Adriano Cattaneo, conférencier à la 10° JIA, le 1er avril 2016, sur "Durée de l'allaitement maternel exclusif et introduction d'une alimentation complémentaire"
Documentation LLL
Allaiter Aujourd'hui
- Hors-série 2018 - Comment mener la diversification alimentaire d'un bébé allaité
- AA n° 125 - Être allaité et néanmoins allergique
- AA n° 39 - Le nourrisson, le mixer et la cuillère : une fable qui finit mal !
Dossiers de l'allaitement
- Faut-il commencer la diversification dès 4 mois ?
- Études publiées dans les DA - Quand introduire le gluten
- Pour l'âge auquel introduire les allergènes potentiels, voir Allergie et allaitement : quelques études, notamment l'éude de 2016 "Introduction des aliments potentiellement allergisants chez les enfants allaités"
- DA n° 147- Recommandations concernant les aliments de sevrage et intérêts commerciaux
- DA n° 117- Allergie à l’arachide : des conclusions erronées ?
- DA n° 89 - Réflexions sur les aliments de sevrage
- DA n° 85 - La prémastication, une pratique à réhabiliter ?
- DA hors-série sur la JIA 2008 : Conférence du Dr Carlos González sur la diversification
Autres textes LLL
- Diversification alimentaire - Q/R pour les parents et les professionnels de santé
- Article de Katel Roddier-Deprez, M. Sc. Biologie moléculaire, animatrice LLL Canada, membre du RPS, "L’introduction des aliments complémentaires gérée par le bébé ou Baby-led weaning", paru dans La Voie lactée, bulletin de La Ligue La Leche (Québec), en avril 2013. À télécharger ci-dessous.
- Les flans : une autre utilisation du lait maternel !
- Pour le Parlement européen, pas de petits pots avant 6 mois, janvier 2016
Sur le forum LLL
La diversification alimentaire
Autres documents
- OMS, Lignes directrices de l'OMS pour l'alimentation complémentaire des nourrissons et des jeunes enfants âgés de 6 à 23 mois, 2023
- OMS, Alimentation du nourrisson et du jeune enfant, 2023
- EFSA, Âge d’introduction d’une alimentation complémentaire chez les nourrissons, 2019. Ce texte est à mettre dans son contexte, à savoir indiquer ce qui devrait être inscrit sur les aliments pour bébés du commerce. "La majorité des nourrissons n’ont pas besoin d'aliments complémentaires avant l'âge de 6 mois, l'allaitement maternel exclusif fournissant suffisamment d'éléments nutritifs jusqu'à cet âge." "Que le nourrisson soit prêt à un régime plus diversifié sur le plan développemental avant l'âge de 6 mois n'implique pas automatiquement qu'il soit nécessaire d'introduire des aliments complémentaires."
- Allergies Québec, Guide d'introduction des allergènes chez les nourrissons. Extrait : "Le plus récent document de principe de la Société canadienne de pédiatrie (SCP, 2021) indique que 'chez les nourrissons à haut risque, encourager l’introduction précoce des aliments allergènes (p. ex. œufs cuits [pas crus], arachides) à la maison, vers l’âge de six mois, mais pas avant l’âge de quatre mois, d’une manière sécuritaire et adaptée au développement. Chez les nourrissons à faible risque d’allergie alimentaire, les aliments allergènes peuvent également être introduits vers l’âge de six mois'."
- Déclaration de l'OMS sur les "laits de croissance", 17 juillet 2013
- Rapport de l'ANAES - Recommandations pour la pratique clinique. Allaitement maternel - Mise en œuvre et poursuite dans les 6 premiers mois de vie de l'enfant, 2002
- Allaitement exclusif et diversification à partir de 6 mois toujours recommandé ? Face à la valse des recommandations, ces dernières années, sur la question de la diversification alimentaire des nourrissons, l’OMS est restée droite dans ses bottes, et ses recommandations tiennent toujours : environ 6 mois d’allaitement exclusif. Une mise à jour dans la Cochrane Database Systematic Reviews fait le point sur la controverse : Smith HA, Becker GE. Early additional food and fluids for healthy breastfed full-term infants (Cochrane Database Syst Rev. 2016 Aug 30;(8):CD006462).
- La Diversification Menée par l'Enfant n'augmente pas le risque que l'enfant s'étouffe avec la nourriture (en anglais), 2016
- Recommandations de la CoFAM sur la diversification du nourrisson allaité au cours de la première année, 2018
- La diversification alimentaire menée par l’enfant est-elle faisable ?, 2010
- Pour boire, un simple gobelet plutôt qu'une tasse à bec : l'avis d'une orthophoniste, 2018
- Le site Allo Ortho contient plusieurs articles intéressants, notamment celui-ci : Malo grimace quand il goûte un nouvel aliment, est ce que je m’inquiète ?
- "L'allaitement maternel exclusif : faut-il imposer une règle à la diversification ?", article de Zoubida Touimer et Djamil Lebane paru dans le numéro 63 de Grandir autrement, mars-avril 2017. À télécharger ci-dessous.
- ARFID : un trouble du comportement alimentaire à connaître. ARFID est l’acronyme anglais pour Avoidant Restrictive Food Intake Disorder, ce que l’on pourrait traduire par trouble de restriction ou d'évitement de l'ingestion d'aliments. Il concernerait jusqu’à 2 % de la population. La Pre Véronique Abadie, du service de pédiatrie générale et maladies infectieuses à l’Hôpital Necker Paris a décrit les trois symptômes clés de l’ARFID sous forme de rébus : "Mon premier symptôme est une aversion sensorielle pour certaines textures, goûts, couleurs, plus rarement la température, des aliments. Mon second symptôme est un manque d’intérêt chronique pour l’alimentation ou "petit appétit" ou même "satiété précoce". Mon troisième symptôme est une peur vis-à-vis d’un risque associé à l’alimentation, que ce soit de vomissement, d’étouffement, de fausses routes ou de douleur voire d’inconfort abdominal post-prandial. Enfin, mon "tout" aboutit à une alimentation réduite, à un choix d’aliments très restreint et à des ingestas souvent insuffisants". A ne pas confondre avec le "petit mangeur sélectif" ou l’anorexie mentale. Pour différencier l’ARFID du "petit mangeur sélectif banal" et établir un diagnostic d’ARFID, au moins l’un de ces quatre éléments doit être présent : perte de poids ou vitesse de croissance insuffisante chez l’enfant ; déficit macro ou micro nutritionnel ; dépendance à une nutrition entérale ou à des compléments nutritionnels oraux ; conséquences délétères sur la vie psychosociale.
Questions/réponses
Q – Que veut dire exactement être "en allaitement exclusif" ?
R – S’appuyant sur les travaux de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Interagency Group for Action on Breastfeeding (IGAB), le groupe de travail ANAES a proposé les définitions suivantes :
• le terme allaitement maternel est réservé à l'alimentation du nouveau-né ou du nourrisson par le lait de sa mère ;
• l’allaitement est exclusif lorsque le nouveau-né ou le nourrisson reçoit uniquement du lait maternel à l’exception de tout autre ingestat, solide ou liquide, y compris l’eau ;
• l’allaitement est partiel lorsqu’il est associé à une autre alimentation comme des substituts de lait, des céréales, de l’eau sucrée ou non, ou toute autre nourriture.
En raison du manque de consensus dans la littérature, l'adjonction de vitamines ou de sels minéraux n'a pas été prise en compte dans les définitions.
Selon l‘OMS (Note d’orientation sur l’allaitement au sein), "L’allaitement exclusif au sein – défini comme la pratique de ne donner au nourrisson que du lait maternel au cours des 6 premiers mois (sans apport d’eau ni aucune alimentation complémentaire) – est, parmi les différentes interventions préventives, celle dont les effets sur l’enfant sont les plus marqués. Il s’inscrit dans le cadre des pratiques optimales d’allaitement au sein qui comprennent aussi l’initiation dans l’heure suivant la naissance et la poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de 2 ans ou au-delà."
Cela signifie qu’un enfant qui :
• ne boit que du lait maternel au sein ou avec un biberon est en allaitement exclusif,
• est diversifié, mange des solides et même s'il ne boit de lait que le lait de sa mère n’est PLUS en allaitement exclusif.
Q – J’allaite ma petite fille de 14 mois. Elle ne s’intéresse absolument pas aux solides. Est-ce problématique ?
R d’Isabelle, animatrice LLLF : Mes enfants n° 3, 4 et 5 ont commencé à s'intéresser aux solides après 1 an avec, pour tous, un allaitement exclusif pendant un an et une diversifcation que l'on peut considérer comme acquise à plus de 2 ans. Entre 1 et 2 ans, ils goûtaient un peu aux solides, mais leur nourriture principale restait l'allaitement à 70 % (au moins) pendant la deuxième année. Il n'y avait pourtant, à ma connaissance, aucun problème d'intolérance. Il n'y avait pas non plus de carence. Je me suis simplement rendue disponible pour eux autant que nécessaire, mais je ne peux pas donner de raison...
R d’Anne, animatrice LLLF : Nous avons souvent vu des enfants se "protéger" en retardant la prise de solides, ça vaut la peine de chercher ce que son organisme a du mal à supporter.
R de Roselyne, animatrice LLLF : Mon troisième enfant ne mangeait toujours pas de solides à 14 mois. Il a fallu attendre encore plusieurs mois pour qu’il démarre une alimentation solide. On a découvert une allergie aux œufs. C’est maintenant un fin gourmet. Et après 2 ans, il a apprécié tous les mets, n’a même jamais demandé un régime pâtes/riz/patates ! Il appréciait tous les légumes...
R d’Isabelle, animatrice LLLF : Ma dernière fille a commencé les solides vers 10 mois et ne mangeait que des pêches. Elle a davantage mangé vers 14 mois, mais quand elle est allée à l’école peu avant ses 3 ans, elle tétait encore beaucoup et mangeait peu de solides. Par contre, aucun souci à la cantine : elle mangeait de tout :) Aucune allergie chez elle.
R de Marie, animatrice LLLF : Les carences en fer ou/et en zinc peuvent entraîner une perte d’appétit qui se résout avec une supplémentation médicamenteuse. Proposer aussi des protéines animales à volonté. Pour que l’enfant soit encouragé à manger des solides, il a besoin d’imiter les personnes de sa famille et donc de les voir manger. Le mettre à table avec ses parents, frères et sœurs est important. L’enfant allaité aime la nourriture familiale dont il connait les saveurs via le liquide amniotique puis le lait maternel. Lui proposer ce qu’il y a dans les assiettes des personnes à table a souvent plus de succès que la nourriture industrielle pour bébé. Néanmoins, certains enfants qui ne portent rien à la bouche, ni jouet, ni leurs doigts, ni nourriture peuvent souffrir d’un trouble de l’oralité qui demande une prise en charge par des orthophonistes spécialisés. Si la prise de poids se ralentit ou stagne, il est important de consulter.
R de Christella, animatrice LLLF : Lorsque des mamans s'interrogent sur une diversification "tardive", j'évoque les pistes suivantes :
- chaque bébé a son propre rythme et la diversification reste dans un premier temps de la découverte ; il arrive que des petits picorent un certain temps avant d'augmenter les quantités mangées,
- la diversification peut être retardée ou boudée temporairement pour des raisons diverses (autres découvertes ou acquisitions en cours, le petit est trop fatigué au moment des repas, maladie, poussée dentaire, chaleur, changement d'habitudes avec besoin de se rassurer...),
- certains bébés sont plutôt intéressés par le partage du repas familial : manger en même temps et proposer la même chose peut aider. Il arrive aussi qu'ils préfèrent des plats épicés, des morceaux, le principe de la DME et/ou s'alimenter par eux-mêmes... Il est également possible de proposer une palette d'aliments à bébé (protéines, féculents, légumineuses, légumes, fruits, laitages, matières grasses...) avec des textures, formes, couleurs différentes, et le petit prend alors ce qui lui fait envie. On constate parfois que la diversification est devenue un sujet d'inquiétude et/ou de crispation. Les petits sont souvent décrits comme étant des éponges émotionnelles. Il peut être judicieux de verbaliser sur le sujet, d'évoquer ses sentiments et ceux de l'entourage au bébé, de ne pas forcer à manger, de tenter de lâcher prise, de proposer à différents moments de la journée sans se formaliser s'il y a un refus, de faire une pause sur l'introduction des solides et/ou d'attendre que le petit en manifeste l'envie. Ça peut aider à passer cette période délicate plus facilement.
Q – Mon enfant exclusivement allaité présente une APLV via mon lait (ou une autre allergie alimentaire, ou est à risque d'allergie). L'âge de la diversification alimentaire approche. 4 mois ? 6 mois ? Nous sommes perdus, comment procéder ?
R – En plus des informations fournies par le professionnel de santé qui suit votre enfant, ce guide d'Allergies Québec devrait répondre à vos questions : Guide d'introduction des allergènes chez les nourrissons.
Q – Mon fils de 7 mois vient d’avoir un bilan pour un trouble de l’oralité. L’orthophoniste me dit d’utiliser une grignoteuse. Jusqu’à maintenant, je n'ai rien donné à mon fils qu’il puisse mâchouiller comme avec cet objet, par peur qu’il me morde après ou d'entraîner une confusion avec le sein. Est-ce possible ? Qu’en pensez-vous ?
R d'Amélie, maman LLL – Je suis orthophoniste et un peu étonnée de voir qu'un diagnostic a déjà été posé à un si jeune âge. C'est encore l'âge des découvertes… N'hésite pas à proposer à ton loulou de manipuler différentes textures avec ses mains (pâte à modeler, sable, peinture à doigt, etc.) et à tripoter +++ la nourriture sous toutes ses formes, du sec, du croquant, du mouillé, du crémeux... Car déjà, ce qu'on a du mal à toucher aura du mal à arriver jusqu'à la bouche ! Et ensuite, la grignoteuse, ce sera bien pour désensibiliser, mais tout autant les brosses à dent en silicone, les jouets de dentition, les bouts de pain.… Concernant la succion, je ne sais pas si ça peut avoir un impact. C'est du mâchouillage plus que de la succion normalement, mais si tu le vois téter la grignoteuse de manière intense, il faudra voir si c'est vraiment une bonne idée.
Q – Je suis un peu embêtée, j’ai eu le rendez-vous avec la pédiatre pour mon fils de 9 mois. Il a un trouble de l'oralité alimentaire depuis ses 7 mois. Elle me dit de ne plus lui donner à téter à volonté pour qu’il ait une sensation de faim au repas et qu’il veuille bien manger plus. Ça me dérange un peu, vous en pensez quoi ?
R de Sylvie Sergent, animatrice LLLF – Des mamans sur un groupe Whatsapp LLL parlent régulièrement d'un Trouble de l'Oralité Alimentaire pour lequel leur bébé est suivi par un orthophoniste. En général, le suivi commence soit parce que le bébé refuse de boire au biberon soit parce qu'il refuse les solides... à partir de 4 mois. S'agit-il vraiment d'un TOA, et pourquoi pas plutôt le signe que le bébé n'est pas prêt pour les solides ?
Je me demande si la méconnaissance de l'allaitement, mais aussi du développement "normal" d'un bébé allaité quant à la diversification n'induit pas ce genre de diagnostic, et la médicalisation pour un trouble qui n'en est pas un.
R d'Amélie, maman LLL – Je tiens juste à te dire, si ça peut te rassurer, que mes deux filles, à 9 mois, ne mangeaient pas, elles se contentaient de tripoter. Et mon petit dernier, 7 mois ½, a "ingéré" ce midi une demi-tartine craquante et un morceau de concombre. Et hier, rien du tout, car il a pleuré pendant tout le repas, il voulait dormir. On est loin de parler de "repas", mais je sais qu'il n'y a aucun problème. Il a mis les doigts dans de la purée d'aubergine ce midi, a goûté la texture de la tomate, de la carotte cuite, de la banane, il s'amuse à écraser... (voir Il ne faut pas jouer avec la nourriture ? Mais si !) Il tète toutes les 2-3 heures la journée, et pareil la nuit, avec un pic autour de 5 h du matin, et je sais que c'est normal ! Je ne connais pas ton petit garçon, mais surtout n'arrête pas de lui donner du lait à volonté ! S'il est en difficulté avec l'alimentation – qu'il découvre ! – le priver de ce qu'il connaît et maîtrise serait bien dommage !
Q – Bébé prend-il la même quantité d'aliments en DME qu’en purée ? J’aurais bien envie de tester, mais quand je vois ce que représente les 150 g en purée recommandés par le praticien qui le suit, je me dis qu’il ne mangera certainement pas autant que si je lui avais donné sous forme de purée…
R de Sylvie Sergent, animatrice LLLF – Personne ne sait finalement quelle quantité, quel poids de nourriture va prendre en DME un bébé au cours de son repas. C'est lui qui MÈNE, il est autonome sur ce point. Et c'est intéressant parce qu'ainsi, le bébé apprend à manger selon ses besoins et son appétit, et non pas selon des quantités qui lui sont imposées, et peut-être pas adaptées à ses besoins au moment d'un repas, qui ne seront pas les mêmes à un autre repas. Il apprend à manger selon SON appétit, et non pas selon l'appétit qu'il devrait avoir d'après une fiche indicative. Je rappelle accessoirement que l'épidémie d'obésité continue d'augmenter dans le monde...
Et ce n'est pas le tout de comparer 150 g de purée à un repas DME. Que compare-t-on ? C'est une purée de quoi ? Légumes uniquement ? Avec du gras ? Avec de la viande ? Avec de l’œuf ? Avec des féculents ?
Un repas en DME pour un bébé (surtout s'il lui est proposé la même chose que ce que ses parents mangent) va être très varié. Il va choisir de manger plusieurs choses au cours du repas : une pincée de carottes râpées, une petite poignée de pâtes (avec du beurre et un peu de sauce tomate que Papa lui a ajoutée quand le bébé a trépigné en voyant Papa en mettre sur ses pâtes), des rondelles de carottes bien cuites, des petits morceaux de poulet (il a trépigné aussi pour avoir de la peau), une croûte de pain, non pas les choux de Bruxelles, ça ne lui dit rien. Tiens, Maman prend du fromage, je trépigne pour qu'elle m'en donne ! Et si je finissais avec des quartiers de clémentines ? Non, seulement un !
Combien ça fait ? 145 g de… on sait pas. Mais c'était pas mal !
Le soir, le bébé a juste voulu tremper sa croûte de pain dans la soupe, et manger une poire... C'est comme ça !
Et puis… il y a encore le lait de maman !
Q – Ma fille a 7 mois, elle est en crèche, tout se passe très bien, la diversification alimentaire se passe bien. Nous en sommes aux purées de légumes avec un peu de viande ou de poisson pour introduire les protéines. Et après cela, elle a une tétée quand elle est avec moi ou un biberon de lait maternel quand elle est à la crèche. La directrice me dit qu’à partir de maintenant, étant donné qu’elle a des protéines dans le repas du midi, elle ne peut plus avoir son biberon de lait maternel et qu’à la place, elle aura un fromage ou bien un yaourt. Elle dit que le biberon, c’est un apport protéique et qu’on ne peut pas donner des protéines dans une purée + des protéines avec le lait maternel. Il faut faire très attention à ne pas donner trop de protéines à un bébé pour ne pas fragiliser ses reins.
À aucun moment, le pédiatre ne m’a dit d’arrêter le lait maternel, bien au contraire. Mais la directrice m’a dit qu’en collectivité, ça se passait comme ça.
Avez-vous des articles pour m’aider à défendre mon choix ? Car j’ai fait un peu de recherches, et ils disent bien que le lait de vache a un apport protéique bien plus élevé que le lait maternel !
R Claude Didierjean-Jouveau, animatrice LLLF – Les composants majeurs du lait maternel sont : l'eau (87,5 % environ), les glucides (7 % environ), les lipides (4 % environ), les protéines (1 % environ), les micronutriments (0,5 % environ).
Est-ce que la prochaine fois, ils vont dire que :
- ça fait trop d’eau avec l’eau que les enfants boivent à table ?
- ça fait trop de sucres en plus des compotes que les enfants mangent au goûter ?
- ça fait trop de gras en plus du beurre sur leurs épinards ?
Et remplacer le biberon de lait maternel par du fromage ou un yaourt ?? La directrice ne sait pas qu'il y a des protéines dans le lait de vache ?!
R de Marie Courdent, animatrice LLLF – Une fois de plus les professionnels de santé ne tiennent pas compte qu'il s'agit de lait maternel, et non de lait de vache en poudre.
Un peu d'histoire médicale pour comprendre pourquoi les PS sont préoccupés par un éventuel excès de protéines dans l'alimentation des enfants. Le lait de vache, selon les textes, c'est 32 g/l, voire 35 g/l de protéines, pour permettre au petit veau de se mettre debout sur ses pattes dès la naissance, de suivre sa mère et de grossir énormément. Au siècle dernier, dans les débuts de son utilisation pour les bébés, en remplacement du lait maternel, le lait de vache a été coupé d'eau pour diminuer le taux de protéines. Puis les industriels vont le chauffer, cela modifie l'albumine, et la dessiccation aboutira au lait en poudre.
Pendant longtemps, les laits industriels pour bébés ou PPN auront autour de 18 g/l de protéines. Ensuite le législateur a demandé de baisser ce taux pour se rapprocher du taux de protéines du lait maternel qui est de 8 à 12 g/l. En 2025, comme l'indique un document de la firme qui commercialise le lait P. que j'ai sous les yeux, le taux de protéines des PPN de cette marque est de 13 g/l, mais il peut monter pour certaines PPN à 19 g/l.
Et n'oublions pas que ce ne sont pas les mêmes protéines, dans leur quantité et dans leur forme chimique, dans le lait de femme et le lait de vache. Nos bébés humains sont des petits mammifères qui survivent car ils sont portés pour être en sécurité, pour se développer dans la tendresse, la relation et l'imitation des adultes qui les entourent. Ils n'ont pas besoin de grossir à outrance mais ont besoin, pour nourrir leur cerveau, organe plus important que pour le veau, de galactose, qui vient du lactose, le sucre du lait, et de protéines, mais pas celles qui font grossir, celles qui protègent, majoritaires dans le lait maternel (voir ci-dessous l'article de GIFA). Donc oui, il est bon de limiter les excès de lait de vache, mais pas de lait maternel adapté à l'enfant, sans risque pour ses reins puisque c'est le lait normal pour les bébés humains.
L'enfant allaité reçoit donc un lait normalement dosé en protéines adaptées à son organisme. Aucun risque de surdosage s'il a en parallèle peu de lait de vache, de moins bonne valeur nutritionnelle que le lait maternel, Il aurait chez lui à midi tétée et repas avec des protéines, en particulier riches en fer, ou repas et tétée.
C'est bien de vouloir limiter les protéines données aux bébés, mais ne nous trompons pas de cible.
Comme, à la crèche, le biberon de lait maternel est proposé après le repas, les parents pourraient-ils demander ? exiger ? négocier avec le médecin de PMI qui supervise cette crèche ? fournir une ordonnance de leur médecin pro-allaitement demandant que leur enfant (pas celui de la crèche, c'est bien le leur, n'est-ce pas ?) n'ait pas de yaourt de lait de vache, ou de fromage de lait de vache, de moins bonne valeur nutritionnelle que du lait maternel, comme cela semble être l'habitude d'après le message, et que ce dessert soit le biberon de lait maternel, l'enfant buvant ce qu'il veut, avec le biberon donné quasi à l'horizontal pour respecter sa satiété. Le reste éventuel de lait maternel du biberon étant rendu à la mère car il lui appartient, c'est son corps qui l'a fabriqué. À 80 € le litre remboursé par la CPAM pour les prématurés, le jeter serait la dernière chose à faire.
Les parents peuvent aussi demander le texte sur lequel s'appuie cette directrice, pour rencontrer l'auteur, mais dommage d'en arriver là.
Extrait d'un article de GIFA sur la composition du lait maternel.
La faible teneur en protéines du lait maternel (environ 8 à 12 g/l, 4 Kcal/g) est adapté à l’immaturité rénale et hépatique du bébé (4 fois moins de protéines que dans le lait de vache).
Ces protéines se décomposent d’une façon plus complète et sont mieux absorbées par le système digestif du nourrisson que les protéines des PPN.
Les protéases du lait maternel clivent activement les protéines au niveau de la glande mammaire, amorçant la libération de peptides fonctionnels, soit plus de 1 100 peptides uniques dérivés de cette hydrolyse.
Ainsi l’enfant reçoit des protéines partiellement prédigérées et de nombreux peptides bioactifs potentiels.
Les caséines ne représentent que 40 % des protéines du lait maternel contre 80 % pour le lait de vache, et forment des micelles beaucoup plus petites que celles du lait de vache.
Lors de sa dégradation, la caséine Béta libère des peptides à activité biologique (activité opioïde ou anti-infectieuse).
Les caséines favorisent un rapport calcium/phosphore optimal pour leur absorption.
Le pourcentage élevé de protéines solubles et les micelles de caséine de petite taille favorisent une vidange gastrique plus rapide qu’avec les PPN.
Cette coagulation fine permet une vidange gastrique de 60 à 90 minutes à la différence de la coagulation en gros blocs des PPN avec une vidange gastrique de 3 heures.
Les protéines du lactosérum représentent 60 % des protéines :
∙ l’alpha-lactalbumine (3,5 g/l), productrice de lactose nécessaire à la construction du cerveau humain,
∙ la lactotransferrine ou lactoferrine (1,5 g/l) s’approprie le fer sérique nécessaire au développement de certaines bactéries. Elle serait capable de cibler les bactéries pathogènes en formant des capsules qui viennent encercler la bactérie et percer sa membrane cellulaire pour l’englober et la tuer,
∙ le lysosyme est une glycoprotéine dont le rôle essentiel est la lyse bactérienne. Son taux lacté augmente avec le temps,
∙ des immunoglobulines, en particulier les IgA de type sécrétoire (IgAs, 0,5 à 1 g/L),
∙ des facteurs de croissance comme l’Insuline-Like Growth Factor (IGF1), le Transorming Growth Factor (TGF), les facteurs de croissance leucocytaires (g-CSF) et l’Epidermal Growth Factor (EGF) qui a une action trophique sur les muqueuses gastrique et intestinale,
∙ des cellules immunocompétentes : macrophages, polynucléaires, lymphocytes,
∙ des immunoglobulines : le bébé reçoit des immunoglobulines A dirigées contre les bactéries pathogènes du milieu de vie de sa mère,
∙ la Neuréguline-4 (NRG4), une protéine présente seulement dans le lait maternel, procure l’effet protecteur contre la destruction intestinale en cause dans l’entérocolite ulcéronécrosante chez le prématuré,
∙ des acides aminés essentiels. Le lait maternel est riche en taurine et en cystine. Il est 5 à 10 fois plus riche en acides aminés libres que les PPN, notamment en glutamate/glutamine, auxquels on attribue un rôle trophique sur l’intestin.
Liens
- Sur la DME, diversification menée par l'enfant :
- article de Katel Roddier-Deprez, M. Sc. Biologie moléculaire, animatrice LLL Canada, membre du RPS, "L’introduction des aliments complémentaires gérée par le bébé ou Baby-led weaning", paru dans La Voie lactée, bulletin de La Ligue La Leche (Québec), en avril 2013. À télécharger ci-dessous.
- diversificationalimentaire.com- http://bougribouillons.fr/dme-diversification-menee-par-lenfant/, une page du blog de Bougrie, graphiste et illustratrice freelance. - Quand manger est compliqué : le Syndrome de Dysoralité sensorielle ou trouble de l’oralité alimentaire :
- Page Facebook Les doigts dans le nez
Vidéos
• Vidéo d'Adriano Cattaneo, conférencier à la 10° JIA, le 1er avril 2016, sur "Durée de l'allaitement maternel exclusif et introduction d'une alimentation complémentaire"
• Vidéo de l'intervention du Professeur Turck lors de la conférence du 14 mars 2023, au CHU de Lille "Alimentation : un enjeu santé pour maman et bébé", dans le cadre des 1000 jours.
• Pour rire, une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux montrant des bébés manifestement prêts à démarrer la diversification !
Une chanson
De Laurelbang : "Moi, je mange avec les doigts"
Témoignages
Diversification alimentaire menée par l'enfant - Témoignages
Livres
Alimentation de la mère qui allaite et diversification du bébé allaité
Quand on commence à allaiter son bébé, on se pose souvent beaucoup de questions sur sa propre alimentation. En fait, il n’est nul besoin d’avoir une alimentation particulière quand on allaite. Comme le dit l’un des concepts LLL, « une bonne alimentation signifie un régime varié et bien équilibré, composé d’aliments servis dans un état aussi proche que possible de leur état naturel ». Ce qui est vrai qu’on allaite ou pas, et couvre une très large palette de régimes alimentaires. Cela dit, la période d’allaitement est parfois l’occasion de changements alimentaires. Soit que certains aliments semblent provoquer des réactions indésirables chez le bébé (allergies, coliques…), soit qu’il y ait alors prise de conscience que l’alimentation de la famille gagnerait à être améliorée, pour le bien de tous ses membres. Puis, quand le bébé grandit, c'est sur son alimentation à lui qu'on se pose des questions. Quand commencer la diversification ? Quels aliments proposer ? En quelles quantités ? En purée ou en morceaux ? À toutes ces questions, les manuels de puériculture et les professionnels de santé ont des réponses qui, par leur précision minutieuse, engendrent en fait plus d’inquiétude que de confiance chez les parents. Ne serait-il pas plus simple, plus logique et finalement plus efficace, de se laisser mener par l’enfant ? D’attendre qu’il soit prêt ? D’attendre qu’il demande lui-même à goûter autre chose que le lait (souvent en mettant la main dans l’assiette du père ou de la mère !) ? De le laisser découvrir les solides à son rythme, selon son goût, dans les quantités qu’il souhaite et dans les textures qu’il préfère ? Sur ces deux sujets, nous avons publié plusieurs numéros d'Allaiter aujourd'hui, avec à chaque fois de nombreux témoignages de parents. Ce sont ces témoignages que vous retrouverez dans ce hors-série, découpés et regroupés par thèmes : changer son alimentation ?, précautions particulières, évictions, les solides quand ?, comment ?, quoi ? Et
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