Allergie... l'allaitement protège-t-il ou non ? Les études scientifiques publiées sur le sujet semblent, à première vue, présenter des résultats contradictoires. Ces différences de résultat (allaitement protecteur ou allaitement augmentant le risque d'allergie) sont fortement liées aux méthodologies et à la définition de l'allaitement (allaitement exclusif ou non, pour quelle durée...) retenues pour ces études.
Allergies chez l'enfant
Documentation LLL
Allaiter Aujourd'hui
- AA n° 125 - Être allaité et néanmoins allergique
- AA n° 62 - L'introduction des solides
- AA n° 39 - Le nourrisson, le mixer et la cuillère : une fable qui finit mal !
- AA n° 36 - Allaiter un bébé malade
- AA n° 27 - Allaitement et santé des enfants
Dossiers de l'allaitement
- DA n° 177 - Relations entre l’utilisation de produits hydratants et les allergies alimentaires chez les nourrissons allaités
- DA n° 176 - SEIPA chez 2 enfants exclusivement allaités
- DA n° 167 - Présentation et gestion des allergies alimentaires chez les enfants allaités
- DA n° 155 - février 2020 - Suspicion de sévère entérocolite induite par les protéines du lait de vache excrétées dans le lait maternel (ou SEIPA)
- DA n° 148 - juillet 2019 - Intolérance aux protéines de lait de vache simulant un choc septique (ou SEIPA)
- DA n° 133 - avril 2018 - Lait humain et pathologies allergiques, un puzzle non résolu
- DA n° 131 - février 2018 - Développement d'une tolérance chez des enfants souffrant de proctocolite allergique
- DA n° 117 - décembre 2016 - Allergie à l’arachide : des conclusions erronées ?
- DA n° 110 - mai 2016 - Immunisation via l'allaitement
- DA n° 66 - janvier 2006 - Constipation et intolérance aux protéines du lait de vache
- DA n° 65 - octobre 2005 - Manifestations d'allergies, et non troubles de la relation mère-enfant
- DA n° 63 - avril 2005 - Allaitement, asthme et atopie : perspectives actuelles
- DA n° 55 - avril 2003 - Prévention de l'allergie : et si tout (ou presque) se jouait à la naissance
Études
Questions/réponses
Q – Quand j’ai allaité mon aînée, elle a fait une grosse réaction aux protéines de lait de vache que je consommais. Moi-même, enfant, j’étais IPLV (Intolérante aux Protéines du Lait de Vache ; APLV est pour Allergie aux PLV). Je suis enceinte de mon second enfant, dois-je faire un régime sans lait de vache ni laitages ?
R de Marie, animatrice LLL France – Les résultats des études sur la prévention des allergies chez les enfants sont actuellement plutôt en faveur d'une non éviction des allergènes durant la grossesse (lait de vache, arachide, poisson, œufs, etc.) .
Dans la réalité, les mamans enceintes qui ont eu un enfant APLV réduisent souvent fortement leur consommation de PLV, sans forcément se mettre en éviction totale. Elles suppriment ou réduisent le lait visible et gardent le lait sous forme de traces dans les multiples aliments industriels
Mais vous qui dites avoir été IPLV dans l’enfance, tolérez-vous actuellement les PLV sans aucun souci ?
Avez-vous fait un régime d’éviction des PLV et protéines des autres laits animaux (brebis, chèvre) et des protéines de soja durant l’allaitement de votre aînée ?
Avez-vous alors vu des symptômes non expliqués disparaître transitoirement durant votre régime d’éviction (maux de tête, prurit, douleurs articulaires, difficultés de digestion, rhinite à répétition etc.) ?
La sensibilisation aux PLV peut se faire dès la grossesse, durant l’allaitement, ou avec un ou des biberons de lait lait industriel.
Les études les plus récentes ont montré que les laits industriels HA et les hydrolysats de protéines ou de caséine n’ont aucun effet préventif sur les allergies, même dans les familles à risques d’allergie
Voir Des laits "hypoallergéniques" qui... ne protègent pas de l'allergie
et la revue Cochrane Infant formulas containing hydrolysed protein for prevention of allergic disease
L’allaitement exclusif reste le meilleur choix.
Pour essayer de limiter au maximum les allergies, les suggestions suivantes peuvent être appliquées :
- N’abusez pas de lait de vache, ni de laitages, que ce soit pendant la grossesse ou pendant l’allaitement. Si vous n'aimez pas le lait et les laitages, surtout, ne vous forcez pas à en consommer. Écoutez votre instinct ! Les vaches font des petits veaux costauds sur leurs pattes et produisent du lait sans boire du lait.
- Exprimez du colostrum en anténatal pour le donner en complément si nécessaire les premiers jours, et ainsi éviter le lait industriel
- Évitez la césarienne, et si césarienne il y a, voici un partage d'expériences pour contaminer néanmoins le nouveau-né avec la bonne flore vaginale de sa maman : introduire un mouchoir en tissu dans le vagin pour ensuite le passer sur le visage de l'enfant dès la naissance afin qu'il soit en contact le plus vite possible avec la flore maternelle plutôt qu'avec la flore de l'hôpital
- Évitez +++ les antibiotiques en peripartum, qui modifieraient les microbiotes maternel et du nouveau-né
- Évitez les compléments de lait industriels, HA ou non
- Si l’enfant a la peau sèche, pour éviter une sensibilisation transcutanée via la peau lésée, l’hydrater quotidiennement avec des produits hypoallergéniques contenant peu de composants chimiques, ni d’ingrédients type avoine, lait, germe de blé, huile d'amande douce etc.
- Soyez attentive aux signes d'IPLV chez le nouveau-né pour ne pas traîner à faire un régime d'éviction maternelle si besoin est. Voir AA 125 : Être allaité et néanmoins allergique
- Participez aux réunions LLL dès la grossesse et après la naissance pour recevoir informations et soutien.
Q – Notre fille de 4 mois, allaitée depuis sa naissance, a commencé à avoir des selles avec du sang (rouge vif). Parallèlement, son sommeil s’est énormément dégradé, les pleurs sont également plus nombreux, de grosses crises de larmes (en général une à deux heures après la tétée) où elle se cambre en arrière, il faut parfois une heure dans nos bras pour qu’elle se calme.
Notre pédiatre a pensé à une intolérance aux protéines de lait de vache via mon alimentation, j’ai donc arrêté tous les produits laitiers, pas de résultat après une semaine.
R – Pour en avoir le cœur net, le régime d'éviction pour la maman en allaitement exclusif consiste à éliminer tous les laits et produits contenant du lait animal visible (vache + chèvre + brebis + soja, car allergies croisées ) et ce pendant 3 semaines, donc zéro yaourt, zéro crème fraiche, zéro gruyère rapé, zéro fromage, zéro quiche, etc. Fruits, légumes, céréales, protéines animales à volonté.
Avec cet arrêt du lait visible, la plupart des mamans dont l’enfant réagit aux protéines de lait voient une amélioration nette ou progressive. Certaines mamans doivent passer par un temps d’éviction du lait caché dans les produits industriels, dont il faut étudier les étiquettes pour repérer les traces de lait qu’ils contiennent. Par la suite, remettre dans l’alimentation maternelle, dans un premier temps, les traces de lait va permettre à l’enfant de rencontrer l’allergène et d’apprendre à le tolérer.
– Mais les résultats de l’analyse de sang n’ont pas montré d’intolérance aux protéines de lait de vache.
– C’est normal que la prise de sang soit négative, car elle recherche les allergies rapides, aux manifestations dans les minutes qui suivent l’ingestion de l’aliment et que l’on nomme des allergies IgE médiées car il y a une production d’anticorps IgE. Ces allergies IgE médiées sont en général confirmées par des prick-tests cutanés qui reviennent positifs pour certains allergènes.
Ce n’est pas, la plupart du temps, ce type d’allergie qu’ont les bébés allaités, mais des allergies retardées : les signes vont apparaître le soir, le lendemain, et elles sont dites non IgE médiées, et donc invisibles à la prise de sang.
Les patchs tests collés dans le dos les mettent en évidence mais pas toujours (faux négatifs).
En fait, c’est la clinique qui prime, c’est-à-dire que si le régime d’éviction bien conduit améliore la situation, c’est cela qu’il faut voir, et poursuivre avec un suivi allergo.
Q – Mon aîné de 3 ans, allaité pendant 2 ans et demi, est polyallergique sévère avec IgE élevé pour les PLV, œuf, céleri, poivron, moutarde, etc . Je suis enceinte de 6 mois. Bien sû,r je souhaite allaiter mon second également, même si je me doute qu'il aura aussi des allergies. Si je suis les recommandations médicales correctement, il faudrait commencer la diversification à 4 mois plutôt qu'à 6 mois, étant donné qu'il est "à haut risque de développer des allergies". Qu’en pensez-vous ?
R de Marie, animatrice LLLF – Je comprends que vous envisagiez que votre second enfant soit allergique comme l’est votre aîné, mais chaque enfants est différent. Qui sait, l’hérédité de votre cadet, la grossesse, les conditions de naissance, etc., seront différentes, et peut-être échappera-t-il à cette problématique ? Nous, animatrices LLL, de par l’expérience des mères, nos lectures, les conférences auxquelles nous avons pu assister, sommes persuadées que l’allaitement permet aux enfants de rencontrer les allergènes dès la naissance via le lait maternel. Dans la grande majorité des cas, cela va les aider à apprendre à les tolérer. Aussi, se précipiter pour diversifier à 4 mois avant que l’enfant ne soit prêt physiologiquement à manger des solides, nous laisse perplexe, mais nous ne pouvons pas nous opposer au corps médical dans un contexte d’allergie tel que le vôtre. Nous ne pouvons que vous encourager à faire suivre votre bébé à naitre par un allergologue "ami de l’allaitement".
Q – De façon assez exceptionnelle, certains enfants développent une allergie à l’histamine. Comment avez-vous fait le diagnostic pour votre petit garçon ?
R de C., animatrice LLLF – C’est l’allergologue qui a fait le diagnostic alors qu' Arthur avait 9 mois. Depuis sa naissance, notre petit garçon avait de nombreux problèmes digestifs : diarrhées (plus de 15 selles irritantes par jour, alors qu'il était allaité exclusivement), RGO, gastrite (diagnostiquée sous fibroscopie) ; et cutanés : érythème fessier résistant à l'application de lait maternel, eczéma. Nous avons donc tenté les évictions alimentaires les plus courantes : produits laitiers, gluten, œufs... Beaucoup de symptômes persistaient, notamment les signes cutanés. Nous avons donc procédé à d'autres évictions, pour moi qui l’allaitais et pour lui. Puis nous avons réintroduit les aliments un à un. Quand nous avons rencontré l'allergologue, elle a pu constater la liste d'aliments auxquels il réagissait et proposer un régime pauvre en histamine. Elle nous a confirmé que l'histamine passait dans le lait maternel. Il avait aussi une espèce d'eczéma résiduel sur ses deux joues qui étaient rouges, sèches, et cela s'accentuait avec les aliments à forte teneur en histamine. Ce qui a confirmé le diagnostic, c'est qu'il allait mieux suite au régime "sans histamine". Quand nous avons fait l'éviction puis la réintroduction, quelques minutes après avoir mangé de l'histamine, ses joues et ses lèvres ont commencé à rougir, il a également eu des troubles digestifs (RGO, diarhée). L'allergologue nous a donné une liste des aliments à éviter : chocolat, tomates, café, moutarde, avocat, choux, champignons, fraises, poireaux, crevettes..... D’autre part, les aliments devant être très frais sinon ils libèrent de l’histamine, je congelais dès l’achat la viande. Il ne pouvait manger aucun aliment préparé ou transformé, toutes les méthodes de conservation en dehors de la congélation étaient source d'histamine.... Aujourd'hui, il va bientôt avoir 5 ans, et même s' il ne mange pas vraiment comme tous les autres enfants de son âge puisqu'il conserve des allergies alimentaires, il peut manger en quantité modérée des aliments naturellement riches en histamine. Quand il dépasse la "limite" ou quand il mange des aliments industriels, nous savons que son corps réagit à l'histamine car ses joues deviennent toutes rouges et le démangent à la fin du repas.
Q – Mon bébé a 5 mois, je mange un peu de lait de vache et du fromage, mais souvent à base de lait de chèvre. Pour la deuxième fois, j’ai mangé une raclette. Une heure plus tard, j’ai allaité mon bébé et il a eu ensuite des douleurs de ventre, des pleurs qui ont duré longtemps. Le lendemain, tout était rentré dans l’ordre. Est-ce possible que l’aliment passe si vite dans mon lait ?
R de Rachel, animatrice LLL – La raclette, c'est terrible ! Dans mon expérience, sans avoir un bébé trop sensible aux PLV, après une raclette (ou une pizza 4 fromages), mon bébé régurgitait du liquide transparent avec de petits cubes de fromage caillé (comme des petits cubes de fromage dur), c'était vraiment typique et un peu impressionnant. C'est passé petit à petit, mais j'ai passé une année sans abuser du fromage fondu et du fromage en général.
R d’Eva, animatrice LLL – J'ai eu pas mal de témoignages en ce sens ! Des mamans dont le bébé est sensible aux PLV et chez qui raclette ou fondue se sentent illico.
R d’Armelle, animatrice LLL – J’ai pu plusieurs fois constater chez moi une augmentation nette de la quantité de lait produit pendant les deux jours suivant la prise d’une raclette. Pour la plus grande joie de mes bébés. Au point que je m’en suis parfois servi comme galactogogue quand le besoin s’en faisait sentir ;))
Q – Mon enfant (allaité exclusivement ou déjà diversifié) a un sommeil très, très compliqué, avec de multiples réveils en hurlant. Est-ce que cela pourrait être une manifestation d‘allergie ?
R de Marie Courdent, animatrice LLLF – Plusieurs études datant de la fin des années 1980 ont fait un lien entre troubles du sommeil de l’enfant et intolérance aux protéines du lait de vache. A priori, tous ces enfants étaient nourris avec une Préparation Pour Nourrissons. Aucune mention de l’allaitement maternel, ni d’un régime maternel d’éviction des PLV. Depuis, de nombreuses études ont montré que les PLV consommées par la mère passent dans son lait, entraînant dans un certain nombre de cas une Intolérance aux Protéines du Lait de Vache (PLV) chez le bébé allaité. Si votre bébé pleure beaucoup, hurle même et a de gros soucis de sommeil, renseignez-vous sur la possibilité que, bien qu’allaité exclusivement, il réagisse aux PLV que vous consommez. Un régime d’exclusion des PLV + PLChèvre + PLBrebis + Soja de votre propre alimentation, très bien mené durant 3-4 semaines, pourrait vous en apporter la preuve.
Les études en question (qui ne semblent pas avoir été refaites depuis) : Milk Intolerance in Children With Persistent Sleeplessness: A Prospective Double-Blind Crossover Evaluation, A. Kahn; M.J. Mozin; E. Rebuffat; M. Sottiaux; M.F. Muller, Pediatrics 1989;84(4):595–603 ; Insomnia and Cow's Milk Allergy in Infants, A. Kahn; M.J. Mozin; G. Casimir; L. Montauk; D. Blum, Pediatrics 1985;76(6):880–884 ; Sleep Characteristics in Milk-Intolerant Infants, A. Kahn, G. François, M. Sottiaux, E. Rebuffat, M. Nduwimana, M.J. Mozin, J. Levitt, Sleep 1988;11(3):291–297.
Autres documents
- Allaitement et allergies - Extrait de Allaiter, c'est bon pour la santé, Claude Didierjean-Jouveau - Petits pratiques (éditions Jouvence, 2003)
- Protocole de l'Academy of Breastfeeding Medicine - Proctocolite allergique chez le bébé exclusivement allaité
- Allergies Québec - Prévention des allergies alimentaires
- Article de Marie Courdent, "Pleurs inexpliqués", publié dans Profession sage-femme n° 205. À télécharger ci-dessous.
- Guide de survie pour l'éviction des PLV de l'alimentation
- Hôpital Necker, 100 questions/réponses sur la mastocytose, qui parle du SAMA, syndrome d'activation mastocytaire, dans lequel les mastocytes sont déréglés mais de forme et taille normales. Cela donne des réactions de type allergie de type 1 sans qu'on retrouve l'allergène en cause dans la réaction du moment.
- Dr Newman, Baisse de lactation après les premiers mois (à propos de faux diagnostics d'allergie)
Témoignage
Allaiter un bébé souffrant de RGO (V.B.)
Sites utiles
- ABRA, site de l'association de tous les parents confrontés à l'allergie ou au reflux de leur bébé.
- AFPRAL, Association française pour la prévention des allergies.
- Allergies Québec.
- À propos du SEIPA : https://fpiesfoundation.org/wp-content/uploads/2016/03/fpies-at-a-glance-french-translation.pdf
Vidéo
Les symptômes de réaction allergique à surveiller lors de l'introduction des aliments solides
Allergies chez la mère qui allaite, anaphylaxie lactationnelle
L’anaphylaxie lactationnelle est un problème rare dont la cause reste à déterminer. Elle pourrait être en rapport avec la baisse brutale du taux de progestérone après l’accouchement, tandis que le taux d’œstrogène baisse plus lentement. Cela pourrait induire une instabilité des mastocytes, avec risque élevé de dégranulation. Il est également possible que l’ocytocine, la prolactine, les hormones surrénaliennes ou d’autres hormones jouent un rôle. Actuellement, le mécanisme qui semble le plus probable serait une dégranulation des mastocytes en rapport avec l’augmentation du taux de prolactine suite à la tétée, les IgE ne jouant aucun rôle. Le diagnostic d’anaphylaxie lactationnelle est clinique, et l’intérêt de tests cutanés ou de la mesure du taux sérique d’IgE est très discutable. Elle pourra être confondue avec une anaphylaxie idiopathique si le lien avec les mises au sein n’est pas détecté. Le traitement fait classiquement appel aux antihistaminiques, aux corticoïdes et à l’adrénaline. L’arrêt de l’allaitement permettra la disparition des crises anaphylactiques. Toutefois, un cas de mère ayant allaité avec succès et sans problèmes grâce à un traitement antihistaminique débuté avant le démarrage de l’allaitement a été rapporté.
Voici plusieurs cas rapportés.
Cette primipare de 38 ans s’est présentée pour la troisième fois aux urgences d’un CH américain à 3 semaines post-partum. Elle présentait des difficultés respiratoires, un wheezing, des vomissements et un rash, symptômes similaires à ceux présents lors des deux visites précédentes, qui avaient été traités par adrénaline, diphénhydramine, famotidine et prednisone. On a noté qu’elle présentait une urticaire diffuse, une détresse respiratoire et une hypotension, signes compatibles avec le diagnostic d’anaphylaxie, et on a donc de nouveau diagnostiqué une réaction de type anaphylactique. Il a été décidé de l’hospitaliser et on lui a administré le même traitement qu’à l’occasion des visites précédentes, ainsi qu’une réhydratation par perfusion. Le traitement a permis la disparition rapide des symptômes. L’interrogatoire plus détaillé a retrouvé qu’elle présentait un rash suite à chaque tétée, et que les manifestations sévères qui l’avaient amenée aux urgences étaient toujours apparues suite à une tétée. On a donc diagnostiqué une réaction anaphylactique liée aux mises au sein. La mère est sortie du service après 6 heures d’observation et on lui a recommandé d’arrêter l’allaitement. Trois mois plus tard, la mère a dit ne plus avoir présenté de manifestations allergiques après le sevrage.
A case of lactation anaphylaxis. Pescatore R et al. Cureus 2019 ; 11(8). Anaphylaxie induite par l’allaitement. Dossiers de l'allaitement n° 160, juillet 2020.
Cette mère a allaité son premier enfant sans aucun problème. Après la naissance de son second enfant, elle a présenté une urticaire géante. Elle n’avait jamais présenté de manifestation allergique auparavant. La première poussée est survenue à J6. L’urticaire était permanente, avec des poussées paroxystiques le soir au coucher. Elle était aggravée par le stress, la fatigue et les tétées. Elle touchait le cuir chevelu, les avant-bras, la totalité des membres inférieurs et le visage. Les poussées étaient aussi plus sévères lorsque la mère augmentait la fréquence des mises au sein.
La mère a commencé à prendre du Zyrtec 15 jours après l’accouchement (1 cp par jour), produit qui était rapidement efficace. Mais la mère estimait que le Zyrtec rendait son bébé somnolent, et a donc décidé de tenter de limiter sa prise à 1 comprimé tous les 3 jours. Cela lui permettait de ne pas souffrir d’urticaire 1 jour sur 3. Elle a aussi été consulter une dermatologue, qui lui a prescrit un régime alimentaire sans aliments "histamino-libérateurs", sans aucun succès. Elle a ensuite été consulter un homéopathe, et a suivi pendant 15 jours un régime végétalien strict, là aussi sans aucun succès. Elle a donc poursuivi l’allaitement en prenant du Zyrtec un jour sur trois, pour tenter de limiter les démangeaisons et les lésions de grattage.
Elle a allaité exclusivement pendant 6 mois, la diversification étant commencé au 7ème mois (mal acceptée par l’enfant dont la prise de poids a chuté). L’urticaire s’est progressivement améliorée parallèlement à la diminution de la fréquence des tétées. Mais la mère n’a pu arrêter le Zyrtec que lorsque son enfant a été complètement sevré. Par la suite, elle a continué à présenter de petites poussées d’urticaire, juste avant ses règles, ou après une épilation. Mais ces poussées sont très faibles et limitées, et ne nécessitent aucun traitement.
L’urticaire ayant quasiment disparu spontanément à l’arrêt de l’allaitement, la mère est convaincue qu’il y a un rapport entre l’allaitement et l’urticaire. Son accouchement a été déclenché avant terme, avec application d’un gel vaginal, perfusion de Syntocinon, et péridurale. A J2, elle a pris 1 g d’aspirine pour le traitement d’un engorgement. En 2009, cette mère a accouché de son 3ème enfant. Elle n’a reçu aucun médicament, uniquement une voie veineuse avec du glucose. Elle n’a présenté aucune urticaire.
Quelques cas d’allergie liée à l’allaitement ont été publiés dans la littérature médicale. Le premier cas rapporté était lié à la prise par la mère d’un anti-inflammatoire en post-partum précoce. Il est possible que les traitements suivis par cette mère à l’occasion de son accouchement et du post-partum précoce aient joué un rôle dans le déclenchement de cette allergie, en conjonction avec les hormones de l’allaitement (prolactine et oxytocine). Il reste encore beaucoup à apprendre sur ce phénomène, sa fréquence (qui est peut-être sous-estimée), et ses causes.
Depuis la naissance de son premier enfant, Mme A. a ressenti à chaque tétée une impression de dessèchement intense, puis au bout de quelques minutes, des démangeaisons sur le cou. Au cours du deuxième mois d’allaitement, les démangeaisons se sont étendues au visage, puis sont apparues des plaques et des boutons sur le visage. A 3 mois, elle a commencé le sevrage, les symptômes se sont nettement améliorés à partir de trois biberons/jour. L’arrêt total de l’allaitement et la disparition totale des symptômes ont eu lieu à 4 mois. Mme A. n’a aucun antécédent allergique connu.
Deux ans plus tard, elle donne naissance à une petite fille, les symptômes réapparaissent immédiatement. Elle allaite malgré tout exclusivement jusqu’à 4 mois, mais les symptômes s’aggravent, les lésions s’étendent derrière les oreilles, et les démangeaisons sont de plus en plus importantes, avec apparition d’une conjonctivite rebelle à tout traitement. Elle débute le sevrage à 4 mois, et constate une nette amélioration dès que le nombre de biberon dépasse celui des tétées. Le sevrage est total à 4 mois ½, avec disparition totale des symptômes.
Cette jeune maman désire un autre enfant et ne conçoit pas de ne pas l’allaiter, ces arrêts à 4 mois et 4 mois ½ ne sont pas satisfaisants pour elle.
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