La relactation (le fait de reprendre l'allaitement après un arrêt plus ou moins long) et la lactation induite (provoquer une lactation sans qu'il y ait eu de grossesse préalable) sont des phénomènes que connaissaient certaines mères allaitantes, que connaissaient les animatrices LLL, que connaissaient les ethnologues, mais qu'ignorait totalement tout le reste de la société, à commencer par les professionnels de santé. Au mieux, ils étaient considérés comme des mythes et légendes. Là aussi, les choses sont en train de changer. Certes, l'allaitement par une mère adoptive est encore une rareté en France, mais on commence à savoir que c'est possible. Dans une émission de "Ça se discute" l'an dernier, une femme dans le public en a même témoigné.
Aux Etats-Unis, c'est beaucoup plus courant. Au point que dans les nouvelles recommandations de l'Académie Américaine de Pédiatrie en matière d'allaitement, figure parmi les « nouveautés » (ces recommandations sont actualisées tous les cinq ans) l'allaitement par une mère adoptive. Il y est dit que la société devrait « fournir des conseils aux mères adoptives qui décident d'allaiter grâce à une induction de la lactation, processus qui demande une aide et un encouragement professionnels ». Certaines agences d'adoption américaines incluraient même dans leurs fiches de renseignements le fait que la future mère adoptive envisage d'allaiter...
Dans les programmes humanitaires aussi, la possibilité que l'enfant soit allaité par une autre femme que sa mère biologique est connue, et utilisée en cas de besoin. Savez-vous qu'au Kenya, on incite des grands-mères à allaiter leurs petits-enfants quand la mère est séropositive ? Et qu'en Afghanistan, on fait de même quand la mère est défaillante pour une raison ou pour une autre ?
C'est ainsi qu'un nombre croissant de bébés pourront quand même bénéficier des bienfaits du lait maternel, malgré des circonstances difficiles en début de vie.
Extrait de Allaiter aujourd'hui n° 63.
Vous pouvez aussi consulter le dossier sur adoption et allaitement.
Documentation LLL
Allaiter Aujourd'hui
- AA n° 116 - Relactation et lactation induite
- AA n° 63 - Le point sur... les tire-lait
Dossiers de l'allaitement
- DA n° 193 - Co-lactation par un couple queer
- DA n° 193 - Dompéridone, de possibles effets indésirables
- DA n°170 - Stratégies et succès de l’induction de la lactation
- DA n° 170 - Impact de la prise de testostérone par un homme transgenre sur le lait maternel et l’enfant allaité
- DA n° 139 - Allaitement induit par une femme transgenre
- DA n° 134 - Induction d’une lactation par la mère biologique de jumeaux mis au monde par une mère porteuse
- DA n° 129 - Induction d’une lactation par la mère d'un enfant né par GPA
- DA n° 128 - Une mère adoptive devient donneuse de lait
- DA n° 66 - Induction d’une lactation pour l’adoption de triplés
- DA n° 65 - Induction d’une lactation dans des circonstances difficiles : 2 cas
- DA n° 54 - Induction d'une lactation
Autres textes
Forum LLL
Françoise-Marie, animatrice LLL, modératrice Forum Alllaiter Sans Accoucher : Allaiter sans accoucher est un parcours singulier à chaque personne. Si vous ressentez le besoin d’être soutenu·e par des personnes vivant, comme vous, le projet d’induire une lactation, alors le forum LLL est une pépite pour s’informer et partager , se réunir dans la bienveillance et la confiance mutuelles. À bientôt !
Adoption – Lactation induite
Témoignages
Lorsque l'on adopte un enfant, même nourrisson, on ne pense pas d'emblée à l'allaitement. Pourtant, cela se pratique depuis plus de 30 ans au Canada pour le plus grand bonheur des mamans et des enfants. Lors des démarches d'agrément, personne ne m'avait jamais parlé de cette possibilité, si bien que pour ma fille aînée qui n'avait pourtant que quelques mois lorsque je l’ai rencontrée, je ne savais pas que cela était possible. Une fois maman, j'ai continué à assister aux réunions de l’association "Enfance et Familles d’Adoption", et un jour j'ai entendu parler d'un congrès sur "Adoption et allaitement", et un membre éminent de l’EFA a eu ces quelques mots : "Pour qu'il y ait un congrès, cela ne doit pas être si loufoque que ça", et l'idée a fait son chemin pendant près de 4 années. Il faut du temps pour se préparer à allaiter…
Le plus dur fut bien sûr de trouver des informations sur le "protocole" médical permettant d'induire la lactation. Car bien sûr, pour allaiter, il faut du lait, et sans grossesse, comment faire ? Heureusement, Internet était là et j'ai pu découvrir un site canadien contenant des articles de Jack Newman qui définit très clairement le traitement nécessaire. Il suffisait alors d'en parler à mon médecin afin qu'il me prescrive les médicaments. Mais voilà, mon médecin ne savait pas que c'était possible, il a donc fallu le persuader et discuter longuement avec lui de mon projet. J'ai fini par le convaincre, et nous avons mis en place un traitement d'intensité adaptée à la date présumée de l'arrivée de mon enfant. Le traitement est simple puisqu'il consigne à prendre pendant un certain temps une pilule contraceptive en continu, à l'époque la Jasmine, tout en prenant de la Dompéridone à forte dose. Dès que l'on tire son lait, on peut arrêter la pilule Jasmine et ajouter du fenugrec. Conseillée par une spécialiste de l'allaitement, j'ai su avoir des attentes réalistes. Dans ma situation, le but ne serait pas de nourrir mon enfant, mais de trouver autre chose…
Quelques semaines avant l'arrivée de mon enfant, j'ai commencé à tirer mon lait, et le miracle s'est produit. J'avais suffisamment de lait (que j'ai pu congeler) et je pouvais envisager sereinement de nourrir largement mon futur bébé.
J'ai informé l'orphelinat de mon projet afin que je puisse proposer librement le sein mon enfant dans leurs locaux. Ils ont été surpris, mais pour eux, l'allaitement maternel est la seule alternative, et ils savaient que, parfois, des grands-mères ou des tantes pouvaient nourrir les enfants de leur fille ou sœur en cas de besoin.
Mon projet a donc été plutôt bien accueilli.
Quand le moment de la rencontre est venu, j'ai connu les angoisses de la future mère, mon enfant allait-il savoir téter ? Allait-il accepter de régresser au sein maternel ? Avait-il été nourri par sa mère de naissance ? Si oui, le retour au sein allait-il provoquer une crainte d'un ré-abandon en activant des souvenirs ? J'ai alors eu beaucoup de chance : après quelques hésitations, ma fille a accepté le sein.
Ce ne sont pas que quelques gouttes de lait que je lui apporte : par ce geste ancestral qu'est l'allaitement, j'ai pu créer un lien très fort avec ma fille. Pour avoir eu un premier enfant adopté que je n'ai pas allaité, je sais que le lien est plus vite très fort. Ma fille a montré tout de suite un plaisir intense au contact avec le sein. Elle s'y abreuvait, mais faisait aussi provision de tendresse et de câlins. Je ne sais pas si, adolescente, elle aura moins de problèmes ou si elle sera une adulte plus équilibrée grâce à l'allaitement, mais grâce à cette expérience, j'ai fait un pas de plus dans la maternité. J'ai donné quelques gouttes de fluide vital à ma fille, j'ai su remplacer sa mère de naissance dans sa fonction nourricière, même partiellement. Chaque tétée est pour nous deux un moment d'échange intense, et je souhaite à toutes les mères adoptives qui le souhaitent de pouvoir vivre cette expérience un jour. L'enfant a tant à recevoir, mais la maman aussi ! (témoignage paru dans la revue Enfance et Famille d’Adoption 26-7, 2007).
Cécile et Sonia : Nous sommes un couple de femmes, et ma compagne a mis au monde notre fille à 8 mois et 3 jours de grossesse. C’est une grossesse partagée, car je lui ai fait don de mes ovocytes, et nous souhaitions allaiter à deux. Nous voulions le meilleur pour notre bébé, et l’allaitement s’est présenté d’emblée comme une évidence, le lait maternel étant incomparablement le meilleur, car le seul rempli d’anticorps. C’est tout naturellement qu’étant la "2ème maman", je souhaitais profiter d’être une femme pour pouvoir moi aussi allaiter, et surtout pour ne jamais être à court de lait :)
Dès l’annonce de la grossesse, nous nous sommes renseignées sur la lactation induite. Rendez-vous fut pris avec une sage-femme spécialisée dans le domaine (assez difficile à trouver d’ailleurs). Dès le troisième mois de grossesse, j’ai commencé le protocole : pilule contraceptive et 8 cachets de dompéridone par jour. Le traitement était assez difficile à suivre au départ : beaucoup de maux de ventre, à tel point que, quelques jours plus tard, je suis passée à 4 cachets par jour (en accord avec la sage-femme). J’étais un peu stressée que l’allaitement marche réellement, de ce fait...
À 8 mois de grossesse, j’ai arrêté la pilule contraceptive pour ne prendre que la dompéridone plus du fenugrec, tout en commençant à tirer mon lait. Au départ, je m’attendais à n’avoir qu’une goutte de lait, mais dès le premier tirage, plusieurs millilitres sont apparus, quel bonheur !
Trois jours après le début de la lactation, notre fille a pointé le bout de son nez à La Salpêtrière, à Paris, et en parallèle, je continuais à tirer mon lait en salle d’accouchement. Les sages-femmes n’avaient jamais vu une lactation induite, certaines ne savaient même pas que c’était possible ! Nous avons été extrêmement bien suivies dans cette maternité, le personnel médical me donnait même des conseils d’allaitement alors que j’étais la compagne.
La crise du coronavirus ne m’a pas permis de rester avec ma compagne et notre fille durant le séjour. J’ai donc continué à tirer mon lait.
Notre fille était née à 2,7 kg, et a perdu 300 g. Elle ne prenait que le sein, mais le personnel nous a proposé un complément. Nous avions peur que ça mette en péril notre allaitement, mais au final, pas du tout. Elle a eu un complément pendant deux jours à la maternité et deux jours chez nous, puis nous sommes vite passées à un allaitement exclusif et à la demande.
Dès le retour de la maternité, notre fille passait d’une poitrine à l’autre et buvait au biberon, absolument sans aucun souci. Sur le conseil d’une animatrice LLL, je mets maintenant beaucoup plus ma fille au sein, et ma lactation a fait un bond ! Au départ, je tirais 20/30 ml par tétée, aujourd’hui c’est 60/80 ml sans souci.
Notre fille est un bébé très goulu qui adore les seins de ses mamans. Elle est ultra zen, dort bien jour et nuit, n’a aucune colique ni régurgitation. Seul petit souci : l’endormissement en fin de soirée, qui est difficile pour notre fille, car des hoquets et des rots l’empêchent de trouver
le sommeil. Mais là encore, le sein nous rend de grands services et l’aide à être rassurée et à passer ces petits désagréments.
Témoignage d'Élodie et Anne-Charlotte sur FR3 Bourgogne-Franche-Comté
Question/réponse
Q – Le tire-lait Spectra S peut-il être utilisé pour stimuler une lactation ou lancer une lactation induite ?
R de Maeva, animatrice LLL France – Le Sectra est un bon tire-lait qui permet de tirer en double pompage et d’adapter différentes tailles de téterelles, comme d’autres tire-lait tel que l'Elite d'Améda ou le Symphony de Médela. Les réglages sont intéressants, car on peut régler indépendamment le rythme et la puissance. Son avantage dans le cadre d’une utilisation fréquente, c'est qu'il fonctionne aussi sur batterie rechargeable et qu'il est petit et peu encombrant, donc cela permet une liberté intéressante.
Il n'est pas le seul dans sa catégorie à pouvoir convenir aux mères qui ont des petits mamelons. Les téterelles de taille 21 mm ou en S existent aussi dans les autres marques, et la marque Maymom sur internet fait même des embouts encore plus petits, adaptables sur les Spectra et d autres marques tel que le Symphony. Ça va jusqu'au 17 mm, mais c'est un achat personnel en plus de la location ou de l'achat du tire lait.
Il faut quand même se poser quelques questions. Comme c' est un tire-lait qui est sur le marché depuis seulement quelques années, fabriqué à bas coût en Asie, le seul bémol est la robustesse du moteur. Il peut avoir une durée de vie limitée. De plus, en location, les tire-lait passent de mère à mère, parfois pendant plusieurs années. Certaines mères l’utilisent peu, mais d autres l‘utilisent de façon intensive (prématurés, baisse de lactation, travail à plein temps, relactation...). Certaines machines arrivent en fin de vie avec des pertes de puissance au bout d'un moment. Et il vaut mieux le louer pour en changer sans frais plutôt que de l'acheter et risquer la panne à ses frais.
Dans le même genre, il y a aussi le Moon pro qui a les mêmes caractéristiques : tire-lait sur batterie et peu encombrant.
Si la mère a l‘impression que le tire-lait "tire" peu, un échange peut être demandé au loueur.
Comme pour tout les tire-lait, il faut aussi avoir une bonne taille de téterelle. La mère peut tester différentes tailles pour voir si elle exprime plus avec certaines.
Un des inconvénients de ce tire-lait, c’est que lorsqu’il est branché en double pompage (plus stimulant), la pression est divisée par 2. Il est parfois alors nécessaire de mettre la puissance maximale confortable. Si la mère n' est pas au maximum de la puissance en double, alors inutile de changer, mais si elle est au max en double pompage et pense qu’elle pourrait augmenter encore la pression sans avoir mal, alors cela peut être intéressant de changer pour un autre tire-lait double pompage sans pertes de puissance (Symphony ou Sensitiv).
Feuillets du Docteur J. Newman
- La lactation induite
- Feuillet n° 5 - Utilisation d'un dispositif d'aide à la lactation (ou dispositif d'aide à l'allaitement)
Protocoles de l'Academy of Breastfeeding Medicine
- Utilisation des galactogènes pour l'induction ou l'augmentation de la sécrétion lactée
- Soutien à l’allaitement chez les lesbiennes, gays, bisexuel(le)s, transgenres, queer, en questionnement et autres
Autres documents
- Lenore Goldfarb et Jack Newman, Les protocoles pour induire la lactation. Guide pour maximiser la production du lait maternel. Ou à télécharger ci-dessous.
- Une fiche de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, La dompéridone comme galactagogue
- Au Québec, cette maman et son épouse allaitent toutes les deux leur fils.
Podcast
- Bliss stories, épisode 130, Pauline, l'une porte, l'autre allaite
Vidéos
- Dr J. Newman - Utiliser un Dispositif d'aide à la lactation (DAL)
Liens utiles
- Groupe Facebook Lactation induite, si on en parlait
- Allaitement pour tous
Pour poser une question, n'utilisez pas l'espace "Commentaires" ci-dessous, envoyez un mail à la boîte contact. Merci